Histoire Auguste - Hadrien 1. Originaire du Picentin, la famille de l'empereur

Histoire Auguste - Hadrien 1. Originaire du Picentin, la famille de l'empereur Adrien passa ensuite en Espagne. En effet, ses ancêtres, nés à Adria, allèrent, du temps des Scipions, s'établir à Italica, comme il le rappelle lui-même dans l'histoire de sa vie. Son père Elius Adrien, surnommé l'Africain, était, par sa mère, cousin germain de l'empereur Trajan. Sa mère, Domitia Paulina, était de Gadès ; sa soeur Paulina fut mariée à Servien, et il eut pour femme Sabine. Son aïeul Marullinus fut le premier de cette famille qui devint sénateur du peuple romain. Adrien naquit à Rome, le neuf des calendes de février, sous le septième consulat de Vespasien et le cinquième de Titus. Ayant perdu son père à l'âge de dix ans, il eut pour tuteurs son cousin germain Ulpius Trajan, qui avait été préteur et qui parvint ensuite à l'empire, et Célius Tatien, chevalier romain. II fut soigneusement instruit dans les lettres grecques, pour lesquelles il avait un goût si prononcé, que quelques personnes l'appelaient le petit Grec. 2. A quinze ans il retourna dans sa patrie, et il entra de suite au service. Mais sa passion pour la chasse lui attira quelques reproches, et le fit même rappeler par Trajan, qui en prit soin comme de son fils, et qui le fit recevoir, peu de temps après, au nombre des décemvirs chargés de juger les procès. On le créa ensuite tribun de la seconde légion adjutrice ; et, vers la fin du règne de Domitien, il fut envoyé dans la base Mésie, où l'on prétend qu'un astrologue lui confirma, sur son futur avénement à l'empire, la prédiction de son grand oncle paternel Elius Adrien, très versé dans la science des observations célestes. Lorsque Nerva eut adopté Trajan, Adrien, qu'on envoya porter au vieil empereur les félicitations de l'armée, fut transféré dans la haute Germanie, d'où il partit presque aussitôt, pour annoncer, le premier, à Trajan la mort de Nerva. Servien, son beau-frère, qui avait indisposé Trajan contre lui, en l'instruisant de ses dépenses et de ses dettes, chercha à le retenir longtemps en route, et imagina, pour retarder sa marche, de faire briser sa voiture. Adrien fit le reste du chemin à pied, et devança même le courrier qu'avait dépêché Servien. Il jouit quelque temps de la faveur de Trajan. Mais les instituteurs des mignons de ce prince, lesquels avaient sur lui beaucoup de pouvoir, parvinrent, à l'instigation de Gallus, à exciter sa jalousie contre ce nouveau favori. C'est alors qu'Adrien, inquiet sur les sentiments de l'empereur à son égard, consulta les sorts Virgiliens ; il reçut cette réponse : «Quel est ce vieillard qui paraît dans le lointain, avec la couronne d'olivier et les objets sacrés du culte ? Je le reconnais à sa chevelure et à sa barbe blanche ; c'est un roi, c'est le premier qui fondera sur des lois la naissante grandeur de Rome : de sa petite ville de Cures et de l'humble champ de ses pères, il sera appelé au gouvernement d'un puissant empire.» D'autres prétendent que sa destinée lui fut révélée par les livres Sibyllins. Ce qui est certain, c'est qu'il conçut l'espoir de devenir empereur d'après une réponse qui lui fut donnée dans le temple de Jupiter Vainqueur, et dont le philosophe platonicien Apollonius de Syrie a fait mention dans ses livres. Enfin les bons offices de Sura le firent rentrer en grâce auprès de Trajan, qui, à la sollicitation de son épouse Plotine (car Marius Maximus dit que ce prince y était faiblement disposé), consentit qu'il épousât sa nièce, fille de sa soeur. 3. Adrien prit la questure sous le quatrième consulat de Trajan et le premier d'Arunculéius. L'accent un peu provincial dont il lut dans le sénat un discours de l'empereur ayant excité les rires de l'assemblée, il étudia avec ardeur la langue latine, et il finit par y acquérir autant de savoir que d'éloquence. Après sa questure, il fut chargé de la rédaction des actes du sénat, et, devenu le familier de Trajan, il le suivit à la guerre contre les Daces, pendant laquelle il avoue que, pour flatter les goûts du prince, en feignant de les partager, il s'adonna au vin ; complaisance qui lui valut de riches présents. Il fut fait tribun du peuple sous le second consulat de Candidus et de Quadratus, et il nous dit avoir eu, pendant cette magistrature, le présage d'un tribunat perpétuel, en ce qu'il perdit le manteau que portaient les tribuns en temps de pluie, et dont les empereurs ne se servaient jamais : aussi, de nos jours, se distinguent-ils encore par là de ceux qui viennent les saluer le matin. Trajan l'emmena avec lui dans sa seconde expédition contre les Daces, et le mit à la tête de la première légion Minervine. Adrien se signala dans cette guerre par un grand nombre d'actions d'éclat, dont l'empereur le récompensa en lui donnant le diamant qu'il avait lui-même reçu de Nerva ; présent qui lui fit espérer de succéder à ce prince. Il fut fait préteur sons le second consulat de Sura et de Servien, et il reçut de Trajan quarante mille pièces d'or, pour donner des jeux. Envoyé ensuite dans la basse Pannonie comme lieutenant de l'empereur, il repoussa les Sarmates, maintint dans son armée la discipline militaire, et réprima les prétentions et l'audace des administrateurs impériaux. Cette conduite lui fit obtenir le consulat. Il apprit alors de Sura que Trajan songeait à l'adopter, et dès ce moment les amis du prince cessèrent de le négliger et de lui témoigner du mépris. La mort de Sura ne fit même qu'augmenter son crédit auprès de l'empereur, auquel il se rendit, à son tour, nécessaire, en composant ses discours. 4. Il fit servir aussi à son avancement la faveur de Plotine, dont le zèle le fit nommer lieutenant du prince dans la guerre contre les Parthes. Il avait alors pour amis, dans l'ordre des sénateurs, Sosius Pappus et Plétorius Népos, et, dans l'ordre des chevaliers, Tatien, autrefois son tuteur, et Livianus Turbon. L'espérance qu'il avait conçue d'être adopté par Trajan se confirma plus que jamais par la disgrâce de Palma et de Celsus, qui avaient toujours été ses ennemis, et qu'il persécuta ensuite à son tour, quand ils furent devenus suspects d'aspirer au trône. Son second consulat, qu'il obtint par la protection de Plotine, acheva de lui faire regarder son adoption comme certaine. Bien des raisons font penser qu'il profita de ses entrées à la cour pour gagner les affranchis de Trajan, et s'insinuer, par d'indignes complaisances, dans les bonnes grâces de ses mignons. Le cinquième jour des ides d'août, il reçut en Syrie, où il servait comme lieutenant, ses lettres d'adoption, et il voulut que ce jour-là fût toujours consacré à célébrer l'anniversaire de cette faveur. Le troisième jour des mêmes ides, qui, d'après son ordre, fut aussi fêté désormais comme l'anniversaire de son avènement au trône, on lui apporta la nouvelle de la mort de l'empereur. Une opinion assez générale veut que Trajan ait eu l'intention formelle, intention approuvée par la plupart de ses amis, de se donner pour successeur, non Adrien, mais Nératius Priscus, et qu'il ait même dit un jour, à celui-ci : «S'il m'arrive malheur, je vous recommande les provinces.» Beaucoup d'écrivains disent aussi qu'à l'exemple d'Alexandre de Macédoine, Trajan voulait mourir sans désigner son successeur ; d'autres, qu'il se proposait d'adresser au sénat un discours par lequel il aurait prié cette assemblée de donner elle-même, après lui, un chef à la république romaine, et de choisir le plus digne parmi ceux dont il lui eût alors envoyé les noms. Il en est enfin qui prétendent que l'adoption d'Adrien fut l'oeuvre de la faction de Plotine, laquelle, aussitôt après la mort de Trajan, lui substitua un imposteur qui parla, d'une voix mourante, au nom de ce prince. 5. Parvenu à l'empire et fidèle à l'ancien usage, Adrien s'occupa immédiatement d'entretenir la paix dans l'univers. Outre les nations qu'avait subjuguées Trajan et qui s'étaient retournées contre nous, les Maures ne cessaient de nous inquiéter, les Sarmates nous faisaient une guerre ouverte, la Bretagne avait secoué le joug, l'Egypte était troublée par des séditions, la Lycie et la Palestine étaient en pleine révolte. Aussi le nouvel empereur abandonna-t-il tout ce que nous possédions au delà de l'Euphrate et du Tigre : il disait imiter en cela Caton, qui avait accordé la liberté aux Macédoniens, parce qu'il ne pouvait les retenir sous la domination romaine. Voyant que Psamatossiris, à qui Trajan avait donné le trône des Parthes, n'avait pas sur eux une grande autorité, il le donna pour roi à des nations voisines. Adrien montra d'abord tant de clémence, que Tatien lui ayant écrit, dès les premiers jours de son règne, pour l'engager à faire mourir le préfet de Rome, Bébius Macer, s'il refusait de le reconnaître, et Labérius Maximus, alors exilé comme suspect d'aspirer au trône, ainsi que Frugi Crassus, il ne prit contre eux aucune mesure rigoureuse. Mais Crassus ayant plus tard quitté l'île où il uploads/Litterature/ sources-histoire-auguste.pdf

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