BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE SESSION 2021 FRANÇAIS EPREUVE ANTICIPÉE DE FRANÇAIS
BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE SESSION 2021 FRANÇAIS EPREUVE ANTICIPÉE DE FRANÇAIS Epreuve du mercredi 12 mai Durée de l’épreuve : 4 heures Coefficient : 5 L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé. Dès que le sujet vous est remis, assurez-vous qu’il soit complet. Ce sujet comporte … pages, numérotées de 1/ à /. Vous traiterez au choix, l’un des deux sujets suivants : Page 1 sur 9 1) Commentaire de texte (20 points) Jacques Prévert, Paroles, « La Grasse Matinée ». Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim elle est terrible aussi la tête de l'homme la tête de l'homme qui a faim quand il se regarde à six heures du matin dans la glace du grand magasin une tête couleur de poussière ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde dans la vitrine de chez Potin il s'en fout de sa tête l'homme il n'y pense pas il songe il imagine une autre tête une tête de veau par exemple avec une sauce de vinaigre ou une tête de n'importe quoi qui se mange et il remue doucement la mâchoire doucement et il grince des dents doucement car le monde se paye sa tête et il ne peut rien contre ce monde et il compte sur ses doigts un deux trois un deux trois cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé et il a beau se répéter depuis trois jours Ça ne peut pas durer ça dure trois jours trois nuits sans manger et derrière ces vitres ces pâtés ces bouteilles ces conserves poissons morts protégés par les boîtes boîtes protégées par les vitres vitres protégées par les flics flics protégées par la crainte que de barricades pour six malheureuses sardines… Un peu plus loin le bistrot café-crème et croissants chauds Page 2 sur 9 5 10 15 20 25 30 35 40 l'homme titube et dans l'intérieur de sa tête un brouillard de mots un brouillard de mots sardines à manger œuf dur café-crème café arrosé rhum café-crème café-crème café-crime arrosé sang !… Un homme très estimé dans son quartier a été égorgé en plein jour l'assassin le vagabond lui a volé deux francs soit un café arrosé zéro franc soixante-dix deux tartines beurrées et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon. Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim. Vous ferez le commentaire de ce texte en vous aidant des pistes suivantes. 1. Le parcours sans fin d’un homme qui a faim. / L’errance d’un homme affamé. ? 2. La critique de la société / La critique de la misère. ? Autre ? Si vous le souhaitez, je peux mettre le poème sur une seule page (avec deux colonnes mais dont les contours n’apparaitraient pas). Cela rend la justification des lignes plus compliquée mais c’est faisable. Page 3 sur 9 45 50 55 60 5 2) Contraction de texte (10 points) et essai (10 points). Compte tenu de l’œuvre et du parcours étudiés durant l’année, vous traiterez l’un des trois sujets suivants : A- Montaigne, Essais, « Des Cannibales », I, 31. Parcours : Notre monde vient d’en trouver un autre. Texte de Stefan Zweig, Érasme, grandeur et décadence d’une idée (1935), trad. de l’allemand par A.Hella. Question : mettons-nous ce texte de Montaigne pour leur montrer qu’il y a trois sujets ou faisons-nous des économies de papier ? B- Jean de La Fontaine, Fables, livres VII à IX. Parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle. Texte d’ Alain Dubourg, Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes (2019). C- Voltaire, L’Ingénu. Parcours : Voltaire, esprit des Lumières ; Texte d’Antoine Compagnon, La Littérature, pour quoi faire ? (Leçon inaugurale, prononcée le 30 novembre 2006 au Collège de France). Autre question : est-ce que nous numérotons les lignes des textes à contracter ? Page 4 sur 9 B. Jean de La Fontaine, Fables, livres VII à IX. Parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle. Texte d’ Alain Dubourg, Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes (2019). Contraction de texte. Vous résumerez ce texte de 797 mots en 200 mots (hors titre), avec une marge autorisée de plus ou moins 10 %. Votre travail comptera donc au moins 180 mots et au plus 220 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de la contraction, le nombre total de mots utilisés. Introduction Donner la parole aux animaux afin qu’ils se fassent entendre : voilà une proposition singulière qui pourrait apporter un éclairage salutaire à la cause animale. Mais comment trouver les mots justes ? Comment traduire les émotions, les questionnements ou les revendications du peuple des bêtes ? En se retournant sur nos propres comportements, tout simplement. S’ils nuisent au bien-être du monde animal, ils ne peuvent qu’être condamnés. Pourtant, le principe même d’offrir aux animaux notre langage pour exprimer leurs doléances se heurte à une contrariété : sacrifier à l’anthropocentrisme. Or j’ai souvent rejeté cette démarche qui prête aux animaux des sentiments humains. La diversité et la singularité du monde animal me paraissent se suffire à elles-mêmes, sans avoir besoin de pasticher les bipèdes que nous sommes. Cela dit, ressentir, s’émouvoir, agir en fonction des événements est-il le propre de l’homme ? L’éthologie prouve, chaque jour davantage, combien le fossé que nous avons creusé entre nous et le monde animal mérite d’être comblé au fil des découvertes. L’animal se sert de l’outil, il sait rire, tricher, établir des stratégies. Il peut faire l’amour par plaisir, témoigner de la compassion sans arrière-pensée, soigner, adopter ou se sacrifier dans l’intérêt général… Nous est-il si différent pour mériter notre mépris ? Michel de Montaigne, humaniste précurseur, a toujours rejeté l’indifférence à l’égard du monde animal. Mieux, il a défendu les analogies qui devraient nous rassembler : « La manière de naître, d’engendrer, de se nourrir, d’agir, de se mouvoir, de vivre et de mourir qui est celle des animaux est si proche de la nôtre que tout ce que nous ôtons aux causes qui les animent et que nous ajoutons à notre condition pour la placer au-dessus de la leur ne peut relever d’une vision raisonnée. » Et d’enchaîner avec cette recommandation : « Nous devons la justice aux hommes, et la bienveillance et la douceur aux autres créatures qui peuvent les ressentir. » Comment cette invitation élémentaire à la compassion n’a-t-elle pas été entendue ? Charles Darwin a peut-être trouvé l’explication en disant : « Les animaux dont nous avons fait nos esclaves, nous n’aimons pas les considérer comme des égaux. » Ce constat archaïque fait encore recette, mais je ne peux imaginer qu’il soit durable. La question demeure donc de savoir quand la société humaine décidera enfin de supprimer pour autrui toute souffrance évitable. La révolution socioculturelle des années 1960-1970, invitant au pacifisme, à la libération sexuelle, à la communion avec la nature ou à l’ouverture vers l’autre, aurait pu entraîner dans Page 5 sur 9 10 sa mouvance une reconsidération de notre relation à l’animal. Il n’en fut rien. Ce rendez-vous raté de l’histoire reste à susciter… Lettre à l’animal que nous sommes Si je vous traite d’hominidés, vous n’y verrez pas malice. Mais si je vous rappelle que ce vocable vous associe au bonobo, au chimpanzé, au gorille ou à l’orang-outan, vous trouverez peut-être à redire. Et pourtant, nous appartenons au même clan, celui des primates. À force de rejeter cette évidence, une heureuse cohabitation avec nous n’a pas pu se dessiner. À bien des égards, vous avez banni vos voisins de planète, les animaux, de votre civilisation. Pourtant, lorsque l’on revisite notre passé commun, la mixité, voire la promiscuité, apparaît comme une évidence. Il y a près de 15 à 20 millions d’années, les gibbons, puis les orangs- outans et les gorilles se séparèrent de la branche qui deviendra humaine. Les chimpanzés et les bonobos firent de même il y a 6 à 7 millions d’années. Enfin, après bien des épisodes aléatoires de la saga homo sapiens finira par s’imposer, il y a quelque 300 000 ans. Certes, ce compagnonnage historique n’implique pas nécessairement de devoirs. Il est le fruit d’une stupéfiante aventure de la vie, dont chaque individu n’est qu’un modeste mais indispensable acteur. En revanche, il ne peut générer votre indifférence et encore moins votre mépris. Au XVIIe siècle, votre grand philosophe Pascal estimait que la vérité était prioritairement accessible par le cœur et l’esprit. Mieux, il concluait que c’est l’intuition du cœur qui conduit à la raison. Avouons-le, sa démonstration visait la croyance religieuse. Mais pourquoi ne s’étendrait-elle pas à la place que vous pourriez nous accorder à vos côtés ? Certains d’entre vous sont par principe opposés à l’idée d’une symbiose. Ils prétendent qu’en rehaussant l’animal uploads/Litterature/ sujet-bac-blanc-sti-2020-2021.pdf
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- Publié le Nov 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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