La Civilisation, ma Mère !... Driss Chraïbi Édition de Marianne Chomienne Deux

La Civilisation, ma Mère !... Driss Chraïbi Édition de Marianne Chomienne Deux fils racontent avec tendresse la vie de leur mère dans le Maroc des années 1930 jusqu’à l’indépendance du pays. Grâce à ses deux garçons, cette femme finit par prendre son destin en main. Avec ce récit engagé et plein d’humour, Driss Chraïbi célèbre l’émancipation des femmes. ISBN 978-2-7011-6170-9 224 pages Classe de Troisième ☛ Formes du récit aux xxe et xxie siècles © Éditions Belin/Éditions Gallimard. La Civilisation, ma Mère !… 2 Arrêt sur lecture 1 3 Arrêt sur lecture 1 p. 38-44 Un quiz pour commencer p. 38-39 1 Où l’histoire racontée par le narrateur se déroule-t-elle ? Dans une ville marocaine. 2 De qui la famille du narrateur est-elle composée ? Son père, sa mère et son frère. 3 Pourquoi le narrateur doit-il se laver la bouche en rentrant chez lui ? Parce qu’il a parlé français à la maison. 4 Comment la mère occupe-t-elle ses journées ? En prenant soin du logement et des membres de sa famille. 5 Quelle définition les deux garçons donnent-ils de la radio ? C’est une boîte qui parle. 6 Comment les enfants font-ils accepter à leur mère l’installation de l’électri- cité ? Ils lui font croire que c’est l’œuvre d’un magicien. 7 Que fait la mère pour écouter la radio la première fois ? Elle met de beaux habits. Des questions pour aller plus loin p. 40-41 ☛ Découvrir la mise en place d’un récit d’enfance Un récit rétrospectif 1 De quelle période de la vie du narrateur les souvenirs racontés datent-ils ? Peut-on les situer précisément dans le temps ? Les souvenirs remontent à l’en- fance du narrateur. À la fin du chapitre 2, le narrateur donne un âge (6 ans) et une date (1936) mais les autres souvenirs ne sont pas aussi précisément datés, on devine juste, par la nature des souvenirs évoqués, qu’ils remontent à la période où le narrateur est scolarisé, entre 1936 et la Seconde Guerre mondiale (fin du chapitre 3). 2 Dressez la liste des procédés qui donnent au premier chapitre une tonalité lyrique (expression des sentiments, rapport avec la nature, images). Quel senti- ment domine le narrateur lorsqu’il se remémore son passé ? Le premier chapitre présente une tonalité lyrique qui se traduit par plusieurs indices : — l’expression des sentiments : c’est un récit à la première personne qui évoque la nostalgie et le regret du temps qui passe (« souvenirs », « passé », l. 10 ; « souve- nirs », l. 12 ; « autrefois » employé à deux reprises comme adverbe, l. 1 et 4 ; une fois sous la forme substantivée, l. 15-16) ; — le rapport à la nature : la nature est omniprésente dans ce chapitre (« mer et montagne », l. 1 ; « arbre », l. 4 ; « la terre entière », l. 4-5 ; « L’Océan », l. 6 ; « [le] ciel », l. 7 ; « la falaise », l. 7 ; « la plage », l. 9). De plus, le narrateur semble en parfaite adéquation avec cet environnement. On peut en effet y lire à la fois son amour de la nature et son inscription dans l’univers (« Et peut-être y retour- nerai-je pour mourir en paix, un jour… », l. 3 ; « La terre entière, humanité com- prise […] », l. 5-6) ; — L’éloquence des images créées : métaphore des « entrailles de la mer » (l. 5) et métaphore filée de la vague ; comparaison des « bulles d’écume » (l. 12) ; personni- fication de l’océan (l. 6). Face à son passé, le narrateur éprouve un sentiment de regret, de nostalgie. Les mots du texte parlent de « souffrance et amertume » (l. 13), de « gigantesque mélancolie » (l. 15). Il déplore à la fois la perte du « paradis » (l. 1, 4) de l’enfance, « quand tout était à commencer, à espérer » (l. 16), mais il est aussi négatif face au chemin parcouru dans la vie : « avoir tant lutté pour presque rien » (l. 13). 3 Retrouve-t-on dans le chapitre 2 la tonalité lyrique du chapitre 1 ? Citez trois différences entre ces deux premiers chapitres. Non, la tonalité lyrique du cha- pitre 1 ne se retrouve pas dans le chapitre 2. Les différences entre les deux pre- miers chapitres sont nombreuses. Parmi elles on peut citer : — la présentation typographique : l’italique du premier chapitre vient souligner visuellement le hiatus entre les deux chapitres ; — l’âge du narrateur : le narrateur du chapitre 1 est arrivé à l’âge adulte, puisqu’il se retourne sur son passé et fait le bilan de sa vie, alors que le deuxième chapitre met en scène le narrateur enfant dans l’évocation des souvenirs de classe ; — la tonalité des chapitres : poétique et lyrique dans le premier chapitre, avec un travail sur les sonorités (« étincelle et ruisselle d’une vie nouvelle », l. 18-19) et sur les rythmes (« naissent et meurent, se couvrant et se renouvelant, ajoutant leur vie à la vie », l. 20-21), alors que le deuxième chapitre est un texte narratif, comme le prouvent le temps employé et l’organisation chronologique, aux accents comiques, avec notamment les scènes de la mère chassant le frère à coups de © Éditions Belin/Éditions Gallimard. La Civilisation, ma Mère !… 4 Arrêt sur lecture 1 5 torchon, de l’enfant obligé de se laver la bouche parce qu’il a parlé français, du récit de la confection des habits. 4 En quoi la succession des chapitres 2 et 3 peut-elle rappeler les « bulles d’écumes » (p. 15, l. 12) ou les « vagues […] se couvrant et se renouvelant » (p. 15, l. 20-21) évoquées dans le chapitre 1 ? Comme des bulles, les deux chapitres sont indépendants, chacun centré sur un événement différent (la confection de l’habit pour l’un, l’arrivée de la radio pour l’autre), ils sont autonomes et se recouvrent comme des vagues successives. Ce sont deux moments de vie, distincts, qui, par leur enchaînement dressent un portrait du narrateur et de sa famille. 5 Dans quelle mesure le narrateur adulte fait-il sentir sa présence dans les cha- pitres 2 et 3 ? Citez un passage dans lequel il commente son récit. Le narrateur adulte revient de façon visible au chapitre 2 quand il s’adresse directement au lec- teur (« Vous savez bien : de ces célèbres ciseaux japonais des années 20 », p. 18), évoquant la machine à coudre de sa mère dans sa bibliothèque (p. 23) ou encore dans le chapitre 3, quand il fait allusion à sa fille Dominique (p. 33). Mais on le devine également derrière la remarque sur son frère, « Jamais il ne s’est marié » (p. 16), ou dans les commentaires qu’il fait sur sa mère, sa solitude (p. 19, 25), son manque d’amour (p. 25, 37), son inculture (p. 17). Ce sont davantage des commen­ taires d’un adulte qui se retourne sur son passé que des paroles d’enfant, et comme des clins d’œil fait au narrateur devenu adulte. Une enfance entre tradition et modernité 6 Quels sont les deux mondes dans lesquels évolue le narrateur enfant ? Relevez les termes qui opposent ces deux univers (p. 16-17, l. 1-43). Les deux uni- vers opposés dans lesquels le narrateur enfant évolue sont celui de l’école et de la maison : — l’école est l’univers du colonisateur et du savoir : connaissances d’hygiène, apprentissage du français, vêtements « de civilisé » (p. 17) ; — la maison est l’univers de la mère qui fabrique savon et habits de façon artisa- nale et traditionnelle. Ces deux univers ne communiquent pas, ils sont fermés sur eux-mêmes : il faut se laver la bouche en rentrant et se changer (p. 17), l’Histoire reste derrière la porte (p. 20). 7 Relevez les images et les comparaisons employées par le narrateur dans l’épisode de la tonte (p. 18-19, l. 55-108). Qu’apportent-elles au récit ? La mère est comparée à un « corsaire se préparant à l’abordage » (l. 59-60), elle sautille ensuite « à pas de Sioux » (l. 73) ; le mouton est quant à lui « transformé en un mus- tang fou furieux » (l. 88) : c’est une véritable bataille, un rodéo auquel s’apprête à assister le narrateur. La tonte en elle-même devient une « danse rituelle » : « dan- sait » (l. 67), « valsait », « tanguait… » (l. 70). La scène devient ainsi une aventure et le narrateur lui confère les accents d’un récit épique en lui donnant du rythme. Ces métaphores donnent au récit un aspect comique et décalé qui se retrouvera dans toute la première partie du roman. 8 Sur quel ton l’épisode de l’installation de la radio est-il raconté ? Justifiez votre réponse à l’aide de quelques citations. Le récit de l’installation de la radio est raconté sur un ton humoristique : les difficultés d’aménagement puis les expli- uploads/Litterature/ sur-la-civilisation-ma-mere-classico.pdf

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