« Héroïnes tragiques » - Synthèse des cours de Sophie Marchand (Paris IV) De Co
« Héroïnes tragiques » - Synthèse des cours de Sophie Marchand (Paris IV) De Corneille à Racine Chez Corneille la présence d’une femme est toujours un problème pour le héros. (On trouvera chez Racine des vestiges de la conception cornélienne à travers le personnage d’Hyppolyte). Le dilemme entre amour et devoir filial, devoir héroïque dans le Cid en témoigne. (Note L.A. : on remarquera que la conception « chevaleresque » pour Corneille n’a rien à voir avec la conception chevaleresque médiéval où l’idéal était représenté comme une bonne adéquation entre courtoisie, fin’amor d’une part et devoir guerrier d’autre part). 1640, Horace => Refus des larmes dureté extrême. Le vieux Horace, plus ferme encore que ses fils, au moment des adieux dis aux Horaces de ne pas rester aux côtés des femmes, dangers qui ramollissent les hommes. Rime larmes/armes très fréquente dans le théâtre classique et mettant souvent en valeur les différentes conceptions des auteurs. Chez Corneille, impuissance des larmes face aux vertus de l’héroïsme. Deux premiers actes : les femmes acceptent les valeurs masculines. A partir de l’acte III, les femmes se rebellent : Elles n’acceptent pas d’accueillir Horace en héros. Remise en question de l’héroïsme romain, Sabine revendique pour les femmes un droit à d’autres valeurs. Pris de rage, Horace tue sa sœur presque sur scène (très rare dans le théâtre classique). Dans la première époque du théâtre classique, l’idéal serait presque un théâtre sans femmes (on voit des retour de ce théâtre par la suite : cf. Voltaire, La Mort de César => pas de femmes; Révolution, période historique qui y est prédisposée : on laisse Racine et revient à Corneille). La deuxième époque est encore représentée dans le théâtre de Corneille : La femme s’élève en imitant l’homme. 1634, Médée Magicienne, femme de Jason. Jason désigné comme calculateur et condamné en tant que tel : « Je ne suis pas de ces amants vulgaires J’accommode ma flamme au goût de mes affaires » Identité autonome du personnage de Médée trouvé dans la vengeance. Revendication par la négativité. Désignée comme « incomparable tigresse » (qu’on se rappelle le terme tigres employé par les femmes pour désigner les Horace. Les femmes de cette seconde époque ne deviennent des héroïnes qu’en devenant des monstres. Autre pièce du même ensemble : Rodogune (personnage de Cléopâtre // Médée) Pour Corneille, à la différence de ses contemporains, le héros n’a pas besoin d’être un modèle. Trois discours sur le poème dramatique : « Aristote prescrit aux mœurs des protagonistes d’être bons, semblables, convenables et égaux » Corneille précise que le terme « bons » ne désigne pas une valeur morale mais une adéquation à la situation. La troisième époque du théâtre classique voit arriver l’invention de la tragédie galante. L’importance de la place des femmes dans la vie littéraire et comme public théâtral est en hausse exponentielle / émergence des salons; les femmes vont écrire et publier sous leur noms Romans précieux > Madeleine de Scudéry Elle co-écrit avec son frère; sans doute également pour le théâtre mais sans signer. Elles peuvent signer des romans mais pas encore du théâtre. La France n’est plus en temps de guerre. Emergence du héros galant. Le type en est Sélédon dans l’Astrée. Succès des précieuses. Corneille du côté du grand et du terrible // Racine du côté du tendre, du touchant et de l’émouvant. Andromaque : première controverse sur le théâtre racinien. La « chaine des passions » => Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui ne l’aime pas. Bérénice : Seconde controverse. Problème : pas de mort à la fin : tragédie qui sort de son domaine habituel. Racine explique qu’il a voulu mettre en valeur le pathétique plutôt que la terreur (cf. théorie de la catharsis d’Aristote) (Corneille va, de son côté, chercher à mettre en valeur une troisième catégorie : l’admiration). On passe à un théâtre de l’intime - de l’action aux passions. Iphigénie : fille d’Agamemnon, amoureuse d’Achille doit être sacrifiée, mais le roi des grecs hésite. Cependant, elle part au sacrifie. Pour ne pas la sacrifier, Racine invente qu’il faut un personnage du sang d’Hélène, il fera intervenir un autre personnage. Idoménée => Mozart, Danchet, Camprat Fausse image : croire que le genre de la tragédie périclite après Racine (c’est Hugo qui développera cette idée). Racine, PHEDRE Phèdre ; fin de la carrière de Racine Fait suite à Iphigénie. Evolution du traitement de la femme, héroïne. On passe de la tragédie du tendre (pièces précédentes) à la tragédie des passions extrêmes. Racine voulait revenir à la terreur plutôt qu’à la pitié (élément de dramaturgie spectaculaire, type « effet spéciaux » - le monstre marin qui vient tuer Hyppolyte). Les machines (monstres chars qui volent…) très présent à l’Opéra. Phèdre de Pradon, plus galante que celle de Racine, elle plus radicale. Phèdre = pièce de transition entre l’exaltation de Bérénice et les pièces morales Athalie et Esther. René Picard / Roland Barthes : querelle sur Phèdre !!! Ce sont des jésuites qui ont relu la pièce et aidé Racine à améliorer la pièce. D’où nécessité de modérer la lecture janséniste de la pièce (cf. Lucien Goldman, Le Dieu caché) Georges Forestier, (dernier très grand spécialiste de Racine), biographe de Racine, montre que ce n’est pas une pièce idéologiquement janséniste. Phèdre aurait été demandé par Mme de Champmêlé (grande actrice de son temps, maîtresse de Racine). Le personnage d’Hyppolyte : Hyppolyte : angoisse de l’amour, cherche à) devenir héroïque en fuyant l’amour. Ecrasé par le poids de l’hérédité paternelle (Thésée). Héritage maternel également lourd : sa mère était une amazone. Il veut être dès le début tueur de monstre, et mourra tué par deux monstres (le marin et Phèdre). Double vie de Thésée : héroïque et galante - Hyppolyte refuse d’imiter son père sur la part galante de Thésée. Fuir devant l’amour est un signe de faiblesse. Héritier du système de valeur de sa mère => en refusant d’être naturel (Théramène cherche à le déculpabiliser) Aricie, ^même type de personnage, condamnée à ne pas se marier, à ne pas être « naturelle ». Théramène, fin psychologue. Phèdre, tragédie de l’aveu et de la parole. Hyppollyte, paradoxalement, fuit l’amour - si c’est son monstre, il devrait le combattre et non le fuir. Aricie => elle aussi d’une lignée guerrière. Descendante de Trésène. Sera finalement couronnée. Elle envisage l’amour comme une conquête. C’est un personnage féminin de type cornélien : elle utilise des métaphores guerrières, militaires. C’est une discussion politique qui introduit l’aveu Acte II, sc. 2 => Hyppolyte dans l’aveu montre qu’il a fait du chemin en un acte. Il utilise « monstre » dans le sens d’un être féminin. Suave mari magno (Lucrèce) La passion est ce qui aliène ce qui rend étranger à nous-mêmes. Ironie tragique (annonce la fin) : Hyppolyte : « Je ne me souviens plus de Neptune » Pitié pour Hyppolyte mort Terreur devant la vengeance des Dieux « J’ai cru lui devoir donner quelques faiblesses » [Question : Le manquement envers Thésée étant condamné, cela rapproche -t-il Racine de Corneille? ] Phèdre => Chez elle, la passion est décrite de manière pathologique. Descende de la lignée du soleil. Dérèglement de sa branche : elle devient ombre Très peu de didascalies dans la tragédie classique. Les actes existent pour changer les bougies. On joue la tragédie debout, visage face au public et on ne bouge pas (parfois jusqu’à 200 personnes du public sont assis sur la scène, d’où scène de jeu très réduite). Il s’agit avant tout de poème dramatique. => Le roi et la reine en temps que spectateur ne peuvent pas s’asseoir dans la représentation. La didascalie Elle s’assied souligne un signe d’extrême faiblesse chez Phèdre : ce n’est plus une reine. Elle est très proche de mourir. 1er aspect de la passion chez Phèdre : pathologie physique, pathologie du langage Phèdre dès son entrée en scène ne parle que d’elle et des symptômes physiques de sa passion. 2ème aspect : la présence à l’esprit de Phèdre de puissances absentes Thésée, absent, est plus présent que les personnages présents. Pièce hantée par Thésée, Vénus, Neptune et un certain nombre de fantômes (disc. de Phèdre : sa sœur, sa mère…=> destinée tragique pour les femmes de cette lignée). « O haine de Venus, o fatale colère » Phèdre fille de Pasiphae « j’ai concu pour mon crime une juste terreur » On est dans une conception entièrement négative des passions. Ces vers montrent que le tragique provient du fait qu’elle est parfaitement consciente et qu’elle ne cautionne pas sa passion. Quelle est l’éthique de cette mise en scène de la passion? Phèdre : monstre et non-monstre / monstre malgré elle Racine développe cette idée de la culpabilité. Dans la tragédie de Phèdre, il n’y a pas de responsable. « La faute tragique n’est pas la faute de l’individu » => Première revendication d’une héroïne humaine. Tragédie => ce qui tombe sur l’individu de la part des Dieux. !! La pièce célèbre et accepte l’humanité des uploads/Litterature/ synthese-des-cours-de-sophie-marchand 1 .pdf
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- Publié le Apv 22, 2022
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