Chaque séminaire sera suivi d’une synthèse mise en ligne pour aider à compléter

Chaque séminaire sera suivi d’une synthèse mise en ligne pour aider à compléter vos notes prises en cours et à récapituler les points essentiels dans leur organisation générale. Exceptionnellement, afin de vous aider à aborder notre premier objet d’étude, l’écriture poétique, ce séminaire n°1 est reproduit presque intégralement. Les prochains séminaires seront simplement repris par des synthèses beaucoup plus succinctes et ne fonctionneront qu’en complément du séminaire - ne pouvant aucunement le remplacer. L.A. Séminaire n°1 ( première et deuxième années) : La place de la poésie dans la littérature Organisation de l’année L’année se composera de trois grands axes d’étude : un axe méthodologique où vous apprendrez ou peaufinerez les techniques d’analyse littéraire de la dissertation, du commentaire composé et de l’explication de texte, un axe générique où nous présenterons les spécificités des trois grands genres littéraires (genres poétique, théâtral et romanesque) et enfin un axe thématique organisé autour des conférences des trois professeurs invités - on reviendra dans ce séminaire sur les interventions de ces professeurs à la fois pour reprendre de manière synthétique les objets d’études développés et pour réévaluer ensemble des points centraux de ces interventions qui pourraient vous avoir poser des difficultés. Ainsi que vous l’avez vu sur le site du CUF dans le message évoquant les œuvres au programme, nous aborderons les trois genres majeurs de la littérature sous deux angles distincts : une œuvre complète par genre et une série de textes extraits de plusieurs œuvres majeures de la littérature française. On devra lire pour le genre poétique Les Fleurs du Mal de Baudelaire dans les deux classes, pour le roman Perceval ou Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes (deuxième année) et Illusions Perdues de Balzac (première année), enfin, concernant le genre théâtral la classe de deuxième année étudiera les pièces Athalie et Phèdre, tandis que celle de première année étudiera uniquement Athalie; trois époques littéraires pour la classe de deuxième année et deux pour celle de première année à travers ce programme seront donc évoqués. Pourtant, notre cours sera moins tourné vers l’histoire de la littérature que vers les méthodes d’analyse de textes. Les éléments de bibliographie critique donnée sur le blog sont également obligatoire (concernant Bakhtine, il est évident que vous n‘avez pas à le lire en français. Par contre le livre d‘Auerbach contenant de nombreuses explications de textes à partir d‘œuvres française, lisez-le en français dans l‘édition signalée). Nous allons mettre l’accent en ce début d’année sur la composante méthodologique du travail, car plus celle-ci sera comprise et intégrée, plus les difficultés des autres axes d’études deviendront abordables. Par ailleurs, c’est à partir de ce critère méthodologique que commence toute étude littéraire. En effet, on ne peut pas concevoir une étude des genres sans une capacité à les analyser. Sur la méthodologie de l’étude littéraire Même si notre premier cours sera plus théorique que proprement tourné vers la méthode, je tiens ici à dire quelques mots sur l’approche méthodologique qui sera un point important de notre travail cet année. Je suppose que vous avez déjà des bases méthodologiques très claires grâce aux cours que vous avez eu en première année. Cependant, nous entretiendrons ces bases à travers des analyses de textes et des dissertations au long de cette année universitaire. Le développement d’une méthodologie littéraire avec un certain nombre de codes qui lui sont propre n’est jamais sans conséquences subjectives sur la lecture et l’interprétation d’un texte. Vous êtes en train d’apprendre durant ces deux années au CUF une méthodologie de la recherche littéraire telle qu’elle se pratique en France - cette méthodologie n’est ni parfaite, ni complètement objective mais elle possède l’avantage définitif de vous ouvrir à une manière d’étudier le texte littéraire, une forme de langage de l’herméneutique littéraire telle qu’elle se pratique en France. L’exercice du commentaire composé, n’est ni mieux ni moins bien que l’explication de texte linéaire, mais en produisant une analyse organisée de l’étude du texte, elle prépare au type de structuration nécessaire pour formuler un plan de mémoire de recherche. Pour cette raison précise, je vous encouragerai plutôt cette année à choisir le commentaire composé lors de l’étude d’un texte. La Russie a produit une méthodologie littéraire brillante, celle dite du « formalisme russe » qui a laissé une influence certaine sur la manière d’aborder les textes, en France également. Elle a aussi donné le grand théoricien Mikhaïl Bakhtine, qui s’opposa au formalisme et qu’on utilisera aussi cette année, comme le montre la bibliographie critique de notre séminaire. Cependant, des différences importantes demeurent dans l’approche des textes entre la méthodologie française et celle pratiquée dans les université russes. Un important travail de votre part, cette année, consistera à vous adapter à une nouvelle manière d’étudier le fait littéraire. Ce travail présuppose la connaissance d’un lexique d’étude propre à son sujet. C’est vrai pour le roman (les cours sur la focalisation - interne, externe, zéro - utiliseront par exemple une terminologie développée par G. Genette que vous devrez connaître), ça l’est plus encore pour la poésie (où la terminologie de la versification doivent être connus, mais aussi ceux de la rhétorique classique). Enfin, indépendamment du genre, une introduction au vocabulaire de la stylistique et ses procédés sera nécessaire. Tout cela constituera un complément bibliographique que je mettrai en ligne sur le blog et qui sera indispensable. ***************** La place de la poésie dans la littérature Poser la question de ce qu’est la poésie, c’est inévitablement s’interroger sur sa place au sein de la littérature. Et poser la question du statut de la littérature, c’est inévitablement s’interroger sur sa place parmi les arts en général. Tout cela nous ramène donc à la question de l’art. Or, tout art confondu, jusque dans la première moitié du vingtième siècle encore, la propriété de « représenter quelque chose » apparaissait comme intimement liée à l’idée même d’œuvre d’art. « […] très récemment encore, les choses clairement identifiables comme œuvres d’art étaient, soit des objets manifestement représentationnels, soit des objets supposés l’être. Les peintures et les sculptures l’étaient de manière évidente, et on pensait généralement que la musique elle aussi devait l’être en un certain sens. La littérature était « représentationnelle » au sens où elle décrivait des scènes familières de la vie. Il était donc tentant de penser que l’imitation était l’essence de l’art. La théorie de l’imitation se concentrait sur une propriété relationnelle manifeste des œuvres d’art, à savoir la relation entre l’art et le sujet traité. Le développement de l’art non figuratif a montré que l’imitation n’est même pas toujours une propriété concomitante de l’art, et encore moins une propriété essentielle (George Dickie, Définir l’Art, in Esthétique et Poétique p. 10) Malgré ses limites qui sont diverses, la théorie de l’art comme représentation d’un ou plusieurs éléments de la réalité reste une manière d’approcher la littérature qui a tenu une certaine légitimité et a le mérite de pouvoir proposer une vision se voulant globale de la littérature occidentale et pouvant expliquer un certain nombre d’évolution. C’est le choix d’Erich Auerbach dont le livre Mimésis reprend la conception aristotélicienne de l’art comme imitation et l’applique, suivant un plan chronologique à un ensemble de textes majeurs de la littérature occidentale qu’il étudie pour montrer les différents apports de chaque œuvre traitée dans la représentation de la réalité. Nous évoquerons souvent cette conception de la littérature non parce qu’elle serait « vraie », mais parce qu’elle correspond à une manière d’ appréhender l’œuvre littéraire qui joua un rôle fondamental dans la création même de la littérature occidentale. Pourtant comme nous le dit George Dickie, « l’imitation n’est pas toujours une propriété concomitante de l’art ». Et, ce que l’art non figuratif a montré en peinture, le roman moderne l’a également montré au milieu du XXème siècle, en rejetant la nécessité du contenu narratif/diégétique traditionnel (avec, entre autres, le « nouveau roman »). A cet égard, le roman de Nathalie Sarraute, Portrait d’un inconnu est remarquable : la trame narrative ne devient plus qu’un squelette difficilement descriptible où ne se situe pas du tout l’enjeu de l’œuvre. Quant à la poésie, elle s’est - bien avant la peinture, le roman ou le théâtre - écartée des idées d’imitation et de représentation, si tant est qu’elle l’ait jamais eu ce modèle de mimesis pour objet. Mais c’est un débat sur lequel nous reviendrons plus tard. Bien avant que Mallarmé ait vidé le poème du contenu discursif, la poésie visait déjà à bien autre chose que le fait de peindre le monde avec des mots. Si l’élément de base de repérage du texte poétique est l’attention qu’il porte au rythme, il n’en ait pas moins vrai que les premiers poèmes sont très majoritairement narratifs. Il est bien question dans ces textes de représentation mais cependant, tous visent quelque chose d’autre que la simple représentation du monde. En effet, la caractéristique commune des épopées mésopotamienne (Gilgamesh), indienne (Mahabharatha) grecques ou romaines, les textes en vieux norrois des Eddas, le poème vieil anglais Beowulf ou les épopées orales multimillénaires portées par écrit uploads/Litterature/ synthese-seminaire-n01.pdf

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