- 1 - THEATRE 1 U.V : FR 107 Professeur : Mr Mohamed RAHMOUNI Institut Supérieu
- 1 - THEATRE 1 U.V : FR 107 Professeur : Mr Mohamed RAHMOUNI Institut Supérieur de l’Education Et de la Formation Continue 2005/2006 - 2 - LE COMIQUE ET LA COMEDIE Le terme «comédie» apparaît dans la langue, selon toute vraisemblance, au XIVéme siècle et n’entre dans l’usage qu’au XVI ème. Il désigne d’abord le théâtre d’une manière générale, et aucunement un genre dramatique particulier. Ainsi ce mot recouvre à l’origine un certain nombre de notions et concepts, aujourd’hui bien distincts : - Aller à la comédie : aller au théâtre c’est-à-dire à l’édifice où on donne une représentation théâtrale - Ecrire une comédie : une pièce de théâtre, qu’elle soit comique, tragique ou dramatique. - Faire partie d’une comédie : d’une troupe théâtrale. Donner ou jouer la comédie : donner une représentation théâtrale. Cependant si le mot a commencé à se spécialiser à partir du XIV ème siècle c’est moins pour se rattacher à la notion de rire que pour marquer deux différences fondamentales : • La comédie est différente de la tragédie, conçue comme la parfaite expression de l’art dramatique. • La comédie n’est pas la farce, genre de ……………………………… ne pouvant prétendre à une quelconque qualité littéraire. Ainsi, on a peu à peu défini les grandes lois régissant le genre de la comédie • Son univers, c’est la ville. • Son personnel dramatique, ce sont des représentants de l’humanité moyenne. • Sa tonalité, celle de la détente et de la gaieté Son objectif, enseigner la demi-mesure et la sagesse dans toutes les situations de l’existence. Mais la théorie proprement dite du genre est demeurée longtemps d’une extrême prudence. Après avoir énoncé un certain nombre de principes et délimité certaines frontières, les théoriciens ont pu constater que la comédie reste malgré tout le domaine de la diversité et de l’insaisissable. Jusqu’à nos jours, la comédie demeure rebelle à toutes codification, et peut ainsi s’aventurer dans une infinité de directions. - 3 - Voici un court texte emprunté au dictionnaire de théâtre de PATRICE PAYIO qui nous servira de point de départ à une réflexion sur le comique et la comédie : « Le comique n’est pas limité au genre de la comédie, c’est un phénomène que l’on peut saisir sous plusieurs angles et dans divers domaines. Phénomène anthropologique, il répond à l’instinct du jeu, au goût de l’homme pour la plaisanterie et le rire, à sa faculté de percevoir des aspects insolites et ridicules de la réalité physique et sociale. Arme sociale, il donne à l’ironiste les moyens de critiquer son milieu, de masquer son opposition par un trait d’esprit ou une farce grotesque. Genre dramatique, il centre l’action autour de conflits et de péripéties qui témoignent de l’inventivité et de l’optimisme humains devant l’adversité ». Dictionnaire de théâtre Article « comique » P.PAYIO Cette définition par son caractère général, met en lumière l’universalité du comique, la pluralité de ses manipulations, l’abondance de ses procédés et la diversité de ses objectifs. Phénomènes anthropologiques Rabelais n’a pas dit autre chose sur le rire comme phénomène anthropologique, c’est-à-dire comme particularité de l’homme. « Mieux est de ris que de larmer, écrire pour ce que rire est le propre de l’homme » (Gargantua, Aux lecteurs) La paraphrase de ces deux vers serait : il vaut mieux écrire sur le rire que sur les larmes, parce que le rire est une qualité distinctive de l’homme. Le comique répond donc à un penchant naturel pour la plaisanterie et le jeu. • Arme sociale : Le comique suppose une attitude d’homme libre à l’égard de tout ce qui est de nature à contrarier, à choquer. Le comique est dévastateur. Pour celui qui s’en sert, c’est un moyen de lutte au nom de l’harmonie et de la vérité. Le comique utilise la mystification pour démystifier tout ce qui entrave l’équilibre, la justice et le bonheur. • Genre dramatique : Selon Molière, le but suprême de la comédie est « de faire rire les honnêtes gens ». Dans la critique de l’Ecole des femmes, il invite le spectateur à « se laisser prendre aux choses, (à) n’avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule. » (5ème scène). - 4 - La comédie qui tente de nous faire retrouver notre innocence originelle est une réaction contre la rouille et les pesanteurs du réel. Qu’est ce qu’une comédie ? Comme la tragédie, la comédie se définit par des critères formels et psychologiques. Nous lisons la définition suivante dans la Poétique d’Aristote : « Imitation d’hommes de qualité morale inférieure…non en toute espèce de vice, mais dans le domaine du risible, lequel est une partie du laid car le risible est un défaut et une laideur sans douleur ni dommage. » Aristote, Poétique L’article fourni par Le petit Larousse comporte un précieux complément d’information. «Pièce de théâtre ayant pour but de divertir en représentant les travers, les ridicules des caractères et des mœurs d’une société (au début, elle dépeint les bourgeois)» Récapitulation : • Critère formel : imitation d’homme ou de femme dont les travers, quoi que condamnables, n’ont rien de dangereux. • Critère psychologique : parce que ces travers n’ont pas atteint un seuil dangereux, ils excitent chez le spectateur rire et détente et leur spectacle lui donne le sentiment de supériorité. Peut-être trouve-t-on sous la plume de l’écrivain Jean-François Marmontel (1723 – 1799) une définition plus complète de la comédie. «C’est l’imitation des mœurs, mise en action : l’imitation des mœurs, en quoi elle diffère de la tragédie ou du poème épique ; imitation en action, en quoi elle diffère du poème didactique et moral et du simple dialogue » Eléments de Littérature, 1787. Article « Comédie » Ainsi, Marmontel utilise deux oppositions pour tenter une définition du genre comique - 5 - • La comédie imite les mœurs, contrairement à la tragédie qui met en scène les actions et l’histoire des grands de ce monde et des personnages mythologiques (Giraudoux fait dire au jardinier dans Electre « on réussit chez les rois les expériences qui ne réussissent jamais chez les humbles, la haine pure, la colère pure. C’est toujours de la pureté, c’est cela que c’est la tragédie, avec ses incestes, ses parricides : de la pureté, c’est-à-dire en somme de l’innocence. ») Si la tragédie est affaire de Dieux et de Rois, la comédie est le genre populaire par excellence. A cet égard, les mœurs théâtrales du XVIIème siècle français sont éclairantes. Les tragédies (de Corneille, Racine) se donnaient à la cour, devant le roi, tandis que les comédies étaient représentées en ville pour peuple et bourgeoisie. Le poème épique, quant à lui, relate les faits et gestes des héros. Dans ce genre, le merveilleux se mêle au vrai, la légende à l’histoire. L’Iliade, L’Odyssée, L’Enéide sont des épopées antiques. La chanson de Roland est une épopée du moyen âge. Dans la comédie, ce qui prime, c’est le réel, la situation quotidienne. • Imitation en action : La comédie ne se raconte pas, elle se joue ; autrement dit, la comédie, comme toute autre pièce de théâtre, appelle le phénomène de la représentation. Le texte théâtral a une clef décisif, c’est le jeu des acteurs dans une mise en scène étudiée. La séquence minimale de la comédie : D’une manière générale, une comédie comporte trois phases : - Une situation initiale que définit un équilibre relatif : famille vivant normalement, amour partagé et projet de mariage. - Une phase centrale où s’instaurent le déséquilibre et le désordre. La crise éclate, mariage contrarié, installation de rapports conflictuels entre différents membres de la famille. Menace, chantage, ruses. L’ombre du dénouement malheureux plane. - 6 - - Nouvel équilibre instauré par le dénouement. La crise est surmontée. Chez Molière, c’est souvent le « deus ex machina » (cette expression latine signifie mot à mot : un dieu descendu au moyen d’une machine), c’est-à-dire personnage ou événement dont l’intervention dénoue d’une manière invraisemblable une situation devenue inextricable et même dangereuse. La comédie opère par catégories antinomiques, ou, pour mieux dire, oppose un monde normal, celui du spectateur et des personnages positifs de la comédie, à un monde anormal peuplé par des individus ridicules, originaux, constituant un sérieux obstacle au bonheur (Harpagon, Arnolphe, Bartholo) La comédie est faite d’une série d’obstacles et de retournements de situations. Elle a pour moteur principal le quiproquo ou la méprise (du verbe se méprendre, c’est-à-dire se tromper). Exemple : dans l’Ecole des femmes toute l’intrigue est construite sur le double nom du personnage principal : Arnolphe – monsieur de la Souche Les principes du comique A/. La bizarrerie 1. La mécanique humaine : C’est à partir des théories Bergsoniennes qu’on a décelé une source du comique dans la reproduction mécanique d’un geste, d’un mot, d’une attitude, d’une réaction. La phrase de Bergson résumant le mieux cette dimension du comique est « du mécanique plaqué sur du vivant (…) les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l’exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique. uploads/Litterature/ theatre 1 .pdf
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- Publié le Apv 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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