2 Inalco - Crb CENTRE DE RECHERCHE BERBERE – INALCO (PARIS) PROPOSITIONS POUR L
2 Inalco - Crb CENTRE DE RECHERCHE BERBERE – INALCO (PARIS) PROPOSITIONS POUR LA NOTATION USUELLE A BASE LATINE DU BERBERE Atelier « Problèmes en suspens de la notation usuelle à base latine du berbère » (24-25 juin 1996), Synthèse des travaux et conclusions élaborée par Salem Chaker * L’atelier organisé par le Centre de recherche berbère faisait suite à la table-ronde internationale « Phonologie et notation usuelle dans le domaine berbère » (avril 1993), dont les actes ont été publiés dans les volumes 11 et 12 de la revue Etudes et documents berbères (1994 & 1995). – Ont participé aux travaux de l’atelier : Inalco, Crb : Salem Chaker, Abdellah Bounfour, Mohamed Aghali, Kamal Naït-Zerrad, Mena Lafkioui, Ramdane Achab (Montréal), Mohamed Tilmatine (Berlin), Mouloud Lounaouci, Slimane Hachi (Cneh, Alger), Rachid Bellil (Cneh, Alger). Université de Bgayet (Bougie/Béjaïa) : Allaoua Rabhi, Nasreddine Kroun Université de Tizi-Ouzou : Ahcène Taleb Université de Fès : Miloud Taïfi, Meftaha Ameur, Mohyédine Benlakhdar – Ont participé à l’atelier par l’envoi d’une contribution écrite : Yidir Ahmed-Zaïd (Univ. de Tizi-Ouzou) Amar Mezdad (Bgayet) Mohamed Guerssel (Montréal, UQAM) – Ont également participé à la rencontre, à titre d’observateurs et d’experts extérieurs : Dominique Caubet (Inalco, arabe maghrébin) Patrice Pognan, Michel Fanton, Marie-Anne Moreau (Inalco, Traitement automatique des langues). * Notation 3 I. PRELIMINAIRES 0. Quelques principes généraux a)- La langue écrite dont il s’agit de fixer la notation usuelle est une koiné dialectale (kabyle, chleuh, rifain...), ouverte, à construire sur la durée. Toute hypothèse de koiné pan-berbère est à rejeter, en tout cas comme objectif immédiat. Il faut éviter de constituer dans le champ berbère une nouvelle situation diglossique du type de celle de l’arabe classique/arabe dialectal, qui serait tout à fait contre-productive par rapport à l’objectif de promotion de la langue berbère et notamment à sa généralisation de l’écrit. La langue de référence est donc le dialecte réel, dans ses réalisations effectives. C’est à partir de ces formes dialectales que se fait la nécessaire standardisation. Le critère de pan- berbérité est à utiliser avec précaution, comme outil de décision subsidiaire. b)- La notation usuelle ne peut être la reproduction mécanique des notations scientifiques (phonétique, phonologique ou morpho-phonologique). L’appareillage conceptuel (et technique) que nécessitent les notations scientifiques ne peut être exigé de l’utilisateur moyen. Les analyses linguistiques éclairent les choix de la notation usuelle : elles ne s’imposent pas mécaniquement à ce niveau. On distinguera donc soigneusement notation scientifique et notation usuelle. – Le passage à l'écrit implique une certaine distanciation par rapport à la réalité orale : l'idée d'une notation qui serait le reflet fidèle de la prononciation est un mythe. L'écrit implique une formation préalable et un minimum d'analyse. – La notation usuelle n’est pas seulement un ensemble de conventions définies pour l’émetteur (celui qui écrit) : elle doit également tenir compte de la réception et permettre un décodage aussi rapide que possible par le lecteur, en lui évitant ambiguïtés et hésitations, notamment au niveau syntaxique. En conséquence, les groupements syntagmatiques, les phénomènes intonatifs à fonction syntaxique... doivent être pris en compte dans la notation pour permettre une lecture fluide et assurée. – La notation usuelle doit viser avant tout à la simplicité. Pour cela, elle doit répondre notamment aux critères de : Stabilité : élimination du maximum de variations contextuelles et locales pour aboutir à une représentation stable des segments. Représentativité : les formes les plus largement répandues au niveau du dialecte (et subsidiairement au niveau pan-berbère) doivent être privilégiées. 1. Quelques rappels préalables Les problèmes de notation du berbère sont complexes et embrouillés. Depuis la parution des premières études consacrées à la langue berbère, au milieu du XXe siècle, une multitude de systèmes de transcription ont été utilisés. L’atelier organisé par le Centre de recherche berbère avait pour but de faire le point sur cette question et, surtout, de proposer un système de notation usuelle à base latine, cohérent et praticable par tous. 4 Inalco - Crb Pour ce qui est du kabyle, une uniformisation progressive s'est opérée depuis une trentaine d'années, sous l'influence des pratiques du Fichier de Documentation Berbère d’abord, puis de l’oeuvre et de l'enseignement de Mouloud Mammeri, de l’action des associations culturelles, en émigration et en Algérie, des publications scientifiques et littéraires qui se sont multipliées depuis 1970. Il existe donc déjà un usage dominant, assez largement répandu. C'est d'emblée dans ce courant que l’on se place ; on essaye seulement d'en affiner et d’en améliorer certains points qui ne paraissent pas pleinement satisfaisants ou pour lesquels on constate des hésitations et des fluctuations dans les pratiques. Il s’ensuit que les solutions retenues peuvent être considérées comme des propositions fermes et définitives pour la notation usuelle du kabyle. En revanche, pour les autres dialectes, notamment pour les variétés marocaines, il n’est pas certain que l’ensemble des propositions soient toutes parfaitement adaptées et qu’elles reçoivent l’assentissement de tous les spécialistes et des praticiens. Pour le Maroc, il ne s’agit donc que de solutions possibles, qui demandent encore vérifications et expérimentations. En outre, la notation usuelle de certains dialectes, notamment le rifain, pose des problèmes très particuliers, induits par des spécificités phonétiques et/ou phonologiques fortes, qui restent à explorer et à régler. 2. Le système graphique (l'alphabet) Trois types d'alphabets peuvent être envisagés : l'alphabet berbère (tifinagh) l'alphabet arabe l'alphabet latin Les trois écritures connaissent actuellement des utilisations effectives dans le monde berbère. – Les tifinagh sont encore employés de nos jours par les Touaregs. Certains milieux kabyles (« Académie berbère ») les ont adoptés et adaptés pour noter leur dialecte : depuis le début des années 1970, il existe des publications dans lesquelles l'alphabet tifinagh sert de support à du berbère, surtout du kabyle. On constate cependant que, quelle que soit la force symbolique de cette écriture, ses usages restent réduits et essentiellement emblématiques (titres d’ouvrages, enseignes, textes courts...) ; aucune publication conséquente, aucune oeuvre littéraire n’a été écrite et publiée en tifinagh au cours des dernières années. – L'écriture arabe a été employée, de façon plus ou moins systématique, dans tous les groupes berbérophones pour noter le berbère. La tradition la plus dense et la plus ancienne est celle des Chleuhs du Maroc. Aujourd'hui encore, c'est au Maroc que cette pratique est la mieux représentée ; la majorité des publications récentes « grand public » (notamment en littérature) utilisent les caractères arabes. En milieu kabyle, la notation en caractères arabes, qui ne semble jamais avoir eu une grande diffusion, ne se maintient guère qu'à titre d’usage individuel, chez les personnes de formation arabisante. – L'alphabet latin est pratiqué, surtout en Algérie, depuis plus d'un siècle. Tous les intellectuels kabyles qui ont écrit leur langue ont eu recours aux caractères latins : Bensedira, Boulifa, Feraoun, Amrouche, Mammeri... Toutes les productions littéraires publiées récemment (poèsies, romans, nouvelles...), toutes les publications scientifiques, toutes les revues associatives kabyles utilisent l’alphabet latin. Notation 5 Au Niger et au Mali, les deux premiers pays qui ont reconnu le berbère (touareg) comme l'une de leurs langues nationales, on a officiellement adopté (1966) les caractères latins. Au Maroc, la prédominance de l’alphabet arabe n’est que relative : la plus grande partie du corpus d’origine scientifique est notée en caractères latins et de nombreuses associations utilisent désormais également le latin, notamment dans le domaine rifain. L’atelier « Notation usuelle » considère unanimement que, quelles que soient les résonances historiques et symbolique du recours aux tifinagh ou l’intérêt idéologique de l’utilisation de l'écriture arabe, il faut impérativement s’en tenir, en accord avec la tendance largement dominante à l’échelle du monde berbère, aux caractères latins pour la notation usuelle. Ceci étant posé, choix n'implique pas exclusive : rien n'empêche l'utilisation de systèmes d'écriture concurrents pendant une période transitoire. De plus, même à long terme, il faut maintenir l'usage des tifinagh dans des circonstances et à des fins bien précises : notations de prestige, enseignes, en-têtes... 3. Le type de notation (phonétique, phonologique...) Plusieurs types fondamentaux de notation peuvent être envisagés : a)- La notation phonétique : la plus précise et la plus proche possible de la prononciation réelle que l'on vise à reproduire dans ses moindres détails. Une notation phonétique peut donc être plus ou moins fine, en fonction de l’ouïe, de l'attention de l'individu qui transcrit, voire de l'utilisation d'auxiliaires instrumentaux (kymographe, appareillages d’analyse acoustique...). b)- La notation phonologique : qui ne rend compte que des différences phoniques distinctives (c'est-à-dire, pouvant distinguer des mots ou des énoncés). A ce niveau, on ne tiendra pas compte : - des variations individuelles de prononciation, - des variations régionales, - des variations contextuelles, c'est-à-dire conditionnées par l'environnement phonique. Un /a/ n'a pas du tout le même timbre au voisinage d'un /z/ ou d'un /å/ emphatique ... Sauf à sombrer dans un pointillisme sans fin, il est évident qu’une notation usuelle du berbère doit être de type phonologique ou, du moins, s'inspirer fortement du principe phonologique. Seul ce principe permet une stabilité dans la représentation graphique de la langue. La (ou plutôt, les) notation phonétique doit être réservée à des travaux strictement uploads/Litterature/ tira-de-tamazight 1 .pdf
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- Publié le Mai 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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