Tous droits réservés © Théologiques, 2009 Ce document est protégé par la loi su

Tous droits réservés © Théologiques, 2009 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 5 fév. 2021 09:59 Théologiques Trois approches du messianisme de Qumrân Une revue sélective de la recherche récente Jean Duhaime Les charismes Volume 17, numéro 1, 2009 URI : https://id.erudit.org/iderudit/039503ar DOI : https://doi.org/10.7202/039503ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal ISSN 1188-7109 (imprimé) 1492-1413 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Duhaime, J. (2009). Trois approches du messianisme de Qumrân : une revue sélective de la recherche récente. Théologiques, 17 (1), 163–184. https://doi.org/10.7202/039503ar Résumé de l'article Plusieurs textes de Qumrân évoquent la figure d’un ou plusieurs « messies », c’est-à-dire des personnes qui ont reçu une onction comme signe de leur choix par Dieu pour une mission en vue de laquelle il leur confère une force ou un charisme particulier ; il s’agit souvent d’agents de salut dont l’action aura lieu dans les jours à venir. D’autres textes évoquent également l’intervention de diverses figures eschatologiques assimilées à des personnages messianiques. Cet article passe en revue trois études du messianisme des textes de Qumrân représentatives d’approches centrées respectivement sur la terminologie (J. A. Fitzmyer), la typologie (G. G. Xeravits) et le contexte socio-historique (G. S. Oegema). Chacune est illustrée par une présentation de l’objectif, de la méthode, des textes étudiés et des résultats obtenus. La conclusion formule des réflexions sur la contribution de ces travaux et sur l’avenir de la recherche sur le messianisme dans les textes de Qumrân. Théologiques 17, nº 1 (2009) p. 163-184 © Revue Théologiques 2009. Tout droit réservé. Trois approches du messianisme de Qumrân Une revue sélective de la recherche récente Jean DUHAIME* Théologie et sciences des religions Université de Montréal La découverte des manuscrits de Qumrân, au bord de la mer Morte, a révo - lutionné notre connaissance du judaïsme ancien en nous fournissant des témoins de première main pour l’étude de la transmission du texte biblique et le développement des idées religieuses durant la période du Second Temple. Plusieurs textes de Qumrân évoquent la figure d’un ou de plu- sieurs «messies», c’est-à-dire des personnes qui ont reçu de Dieu une onction comme signe de leur choix et pour une mission en vue de laquelle celui-ci leur confère une force ou un charisme particulier. Souvent, mais pas tou- jours, il s’agit d’agents de salut dont l’action aura lieu dans les jours à venir. D’autres textes évoquent également l’intervention de diverses figures escha- tologiques que l’on assimile également à des personnages messianiques, bien qu’ils ne soient pas explicitement désignés comme tels dans les textes. Depuis le début des années 1990, l’accès à l’ensemble des textes de Qumrân a relancé l’étude de la question du «messianisme» à Qumrân et suscité de nombreux travaux. Il est impossible de rendre compte de tout dans un bref exposé. On peut cependant regrouper les diverses approches selon leur tendance dominante, en les classant sous trois rubriques aux- quelles correspondent les trois points de cette revue de littérature: 1) les * Jean Duhaime est professeur titulaire en interprétation biblique à la Faculté de théo- logie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Il dirige un groupe de chercheurs québécois qui participent à la publication de La Bibliothèque de Qumrân (Paris, Cerf, 2008-). Il a récemment achevé un commentaire de la Règle de la guerre de Qumrân (1QM) pour une anthologie américaine intitulée The Lost Bible. Ancient Jewish Writings Outside of Scripture. 164 jean duhaime approches centrées sur la terminologie; 2) les approches centrées sur la typologie ; 3) les approches centrées sur le contexte socio-historique. Chacune est illustrée par une présentation de l’objectif, de la méthode, des textes étudiés et des résultats obtenus par un de ses représentants majeurs, soit Joseph A. Fitzmyer, Géza G. Xeravits et Gerben S. Oegema. En guise de conclusion, je propose quelques réflexions sur la contribution de ces travaux et sur l’avenir de la recherche sur le messianisme des textes de Qumrân1. 1. Approche centrée sur la terminologie (J. A. Fitzmyer) Joseph A. Fitzmyer, professeur émérite de la Catholic University de Washington, a publié en 2000 un article substantiel sur le messianisme des textes de Qumrân. Il déplore d’entrée de jeu qu’on ait donné récemment au nom «messianisme» et à l’adjectif «messianique» un sens élastique, de sorte qu’on les étire pour les appliquer à «toutes sortes de figures attendues dans l’histoire juive et chrétienne» (Fitzmyer 2000, 73). Il réagit, entre autres, à l’étude de Collins, The Scepter and the Star (1995) et de Zimmermann, Messianische Texte aus Qumrân (1998), dont les recherches portent sur le concept de messie, tel qu’ils le définissent, plutôt que sur le terme hébreu משיחd’où dérive le français «messie». On risque ainsi, à son avis, d’amalgamer des notions différentes, particulièrement lorsqu’il s’agit de titres de Jésus. Par exemple, le titre «Fils de Dieu» est-il un titre « messianique » ? Le problème est d’autant plus complexe que le terme משיחn’est pas toujours utilisé dans le même sens dans l’Ancien Testament. Il est clair pour Fitzmyer que les seuls textes «messianiques» sont ceux qui utilisent le terme «messie» et qu’une étude du messianisme doit se limi- ter à ces textes, en cherchant leur signification dans leur contexte d’origine, puis leur réception postérieure. Il présente son travail comme une contri- bution à l’histoire des idées et le développe en trois points: 1) Les données de l’AT, 2) Les données de Qumrân et de la littérature connexe, 3) Les implications du messianisme de Qumrân concernant l’usage du terme «messie» dans le NT. Je passe en revue les deux premiers points. 1. Texte remanié d’un exposé présenté aux Anciens et Amis de l’École Biblique de Jérusalem à Paris (octobre 2009) à la suite d’un travail amorcé dans un séminaire sur la Littérature juive en marge de la Bible (THB 6420, hiver 2009). trois approches du messianisme de qumrân 165 1.1 Les données de l’AT Fitzmyer distingue d’abord le substantif «messie» ( ,)משיחqui désigne une personne ayant reçu une onction d’huile (un «oint»), des usages du verbe «oindre» ( .)משחLe verbe est utilisé quarante-six fois dans l’AT, mais rare- ment pour désigner quelqu’un que l’on attend dans un futur proche ou lointain. Fitzmyer se concentre donc sur les trente-neuf emplois du nom. Il désigne le plus souvent un roi passé ou présent: «Sa connotation de base est qu’un dirigeant historique est ou était un agent auquel Dieu a conféré une onction le désignant pour guider, gouverner ou délivrer Son peuple» (2000, 76). Cela s’applique au roi en général, à Saül, David, Salomon, Sédécias et Cyrus (28x: 1S 2,10; 24,7; 2S 19,22; 2C 6,42; Lm 4,20; Is 45,1). Le terme a aussi été utilisé pour parler du grand-prêtre (3x: Lv 4,3; 5,16; 6,15), des patriarches (en parallèle avec le terme «prophètes» (1C 16,22 et // Ps 105,15). Lorsqu’il s’agit d’un roi, le terme fait référence à son accession au trône, jamais à l’attente qu’on aurait de lui dans le futur. Les textes qui décrivent une telle attente n’emploient pas ce vocabulaire (Jr 23,5-6). L’attente d’un «messie» comme «futur agent que Yahvé enver- rait dans l’intérêt de Son peuple» n’apparaît qu’une seule fois dans un pas- sage du livre de Daniel qui réinterprète un oracle de Jérémie; Fitzmyer le traduit comme suit: Depuis l’instant que sortit une parole pour qu’on revienne et qu’on rebâtisse Jérusalem jusqu’à la venue d’un oint, un prince ( ,)משיח נגיil y aura sept semaines. Puis, pendant 62 semaines on restaurera places et fosses, mais dans une période trouble. Et après les 62 semaines (cet) oint sera supprimé et n’aura plus rien (Dn 9,25-26; voir Jr 25,11-12; 29,10; 2000, 80, nous traduisons). Toujours selon Fitzmyer, les passages de l’AT qui contiennent des pro- messes de succession perpétuelle au trône de David ne sont pas messia- niques au sens propre (Gn 49,10; Nb 24,15-19; 2S 7,11-17; Is 11,1-9; etc.). 1.2 Les données de Qumrân et de la littérature connexe Fitzmyer note qu’il n’existe pas de consensus sur la chronologie des textes messianiques de Qumrân. Il présente donc les divers témoins au meilleur de sa connaissance en attirant l’attention sur ce qui lui paraît essentiel. Il étu- die vingt-trois textes. Je reprends les principaux ici, en les regroupant dans un ordre différent. En tête de liste, le passage bien connu de la Règle de la communauté qui précise comment seront gouvernés les membres qui s’y joindront: 166 jean duhaime IX 5 En ce temps-là, les hommes de la Communauté 6 seront mis à part comme une Maison de Sainteté pour Aaron, pour [être] la Communauté des Saints par excellence, et [comme] la maison uploads/Litterature/ trois-approches-du-messianismes-juifs-a-qumran.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager