Dossier la Publication, formes et enjeux Tout d’abord, nous allons parler du li

Dossier la Publication, formes et enjeux Tout d’abord, nous allons parler du livre de science fiction Racconti e Novelle (récits et nouvelles) écrit par Antonio Ghislanzoni en 1874. Pour cerner le personnage de Ghislanzoni, une petite biographie s’impose. Il est considéré comme un des premiers acteurs comiques et chanteur lyrique du 19 ème siècle pour ensuite continuer sur une carrière journalistique avec en 1857 la création d’un journal humouristique intitulé « L’Uomo di Pietra » (l’homme de pierre). Il s’éloigne au fur et à mesure du théâtre et du journalisme pour laisser place à la poésie avec son livre Libro Proibito (livre interdit) un mélange de vers et de prose. Il se trouve ensuite une vocation pour les nouvelles jusqu’à se développer en romans entiers. Il touche donc à beaucoup de domaines artistiques variés et surtout différents styles d’écriture. Maitenant revenons à l’oeuvre principale qui est Racconti e Novelle, nous sommes en droit de nous questionner sur l’influence que l’Italie du 19ème siècle a eu sur celle-ci. En identifiant dans une première partie le contexte de l’oeuvre et l’importance de la musique. Pour nous pencher dans une seconde partie sur l’éditeur Edoardo Sonzogno et comment cela démontre t-il une nouvelle façon de publier à l’époque. L’Italie de 1817 jusqu’à 1871 est connue pour être risorgimentale, elle se manifeste par un temps de transition et de bouleversements politiques et sociaux. Les courants qui sont nés de cette période ont fortement impactés toute l’Italie et ils sont encore aujourd’hui considérés comme des références très importantes pour le fondement de la société italienne moderne. Les évènements, comme de nombreux débats et notamment des guerres d’indépendances, ont permis à l’Italie son unification au 19 ème siècle même si après cela la question risorgimentale a été ravivée par l’actualité politique. Les oeuvres d’Antonio Ghislanzoni s’encrent pleinement dans cette période puisqu’il a vécu de 1821 à 1893. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque la censure est encore fortement présente avec l’empire autrichien qui est sur place. Cette autorité ne permet pas à Ghislanzoni d’exprimer librement son art écrit à travers le journalisme puisque par sa publication quotidienne il fait face aux multiples critiques politiques d’un régime qu’il ne supporte pas. Le mouvement littéraire dont il fait parti à ce moment là se nomme « Scapigliatura ». Toutefois il n’y a pas d’équivalence en français mais le mouvement peut se résumer comme un refus certain des Mélanie ION 21603526 Master 1 Lettre et Humanité spécialité Littératures italiennes règles et des traditions italiennes. Ghislanzoni comme beaucoup d’autres veut donnait naissance à un art extrêmement original et excentrique qui renferme des principes révolutionnaires. L’objectif principal de ces artistes était de ne pas suivre une règle donnée pour éxecuter le mouvement. Ils combattaient toutes les manifestations d’autorité dans la vie politique comme dans celle littéraire et artistique. Ghislanzoni écrit dans un environnement ou l’artiste s’exprime dans une société indifférente qui est forgée dans la littérature de masse. Avec ces antécedents de journalisme, libréttiste et directeur de revues, sa vision est très panoramique et complexe puisqu’il a touché à un maximum de domaines de publication. C’est une expérience non négligeable pour distinguer la différence entre les publics. Il est tiraillé entre une envie d’invention et une nécessité de communiquer ses idées à un public très large pour bénéficier du produit culturel. Cela se ressent dans le titre de son livre Racconti e Novelle qui s’exprime par sa sobriété, il ne donne aucune indication sur l’ouvrage à part le genre du texte. Il ne veut pas de titre aguicheur pour attirer un public superficiel et féru de littérature de masse. À l’inverse, Ghislanzoni recherche un public qui se questionne, qui voit plus loin que simplement le contenu du titre, il présélectionne donc le public visé. En approfondissant cet aspect artistique de l’auteur dans cet ouvrage nous avons relevé 9 récits sur 18 qui parlaient de musique, soit par le charactère principal « il Violino a corde umane » (le violon à cordes humaines) soit dans son contenu propre. Par ce choix il est certain que la musique est un aspect essentiel dans son écriture, mais pourquoi ? Les écrivains « scapigliati » sont les premiers à revendiquer les arts comme une nécessité dans la société contemporaine pour qu’ils compensent la bassitude d’esprit de la société bourgeoise uniquement fondée sur le profit. La musique en particulier est connue depuis longtemps comme un moyen de transmettre des émotions puissantes par un pouvoir évocatif. Sa capacité à concevoir un sentiment individuel puissant et direct sans pour autant utiliser le langage parlé, fait qu’elle dépasse la sphère communicative et rationnelle pour émouvoir le public. Ce qui est très différent de l’écriture qui ne peut faire réagir que par les mots. Ghislanzoni étant en premier lieu un musicien il voulait garder ce dialogue inimitable avec le public grâce à la musique. Mais par la publication du livre il fait connaître la musique à un autre public que celui visé puisque ces derniers ne s’y attendent pas. Comme précisé avant, le domaine musical parle à chacun de manière individuelle ou collective mais sans mot il est compliqué de revendiquer une idée concrète. Ghislanzoni se bat aussi contre l’unification de l’Italie dans le sens extrême de la chose qui est vue plus comme une massification du peuple. Il veut faire surgir l’identité et l’individualité de la personne qui lit son livre. La musique qui, au départ n’est pas touchée par la publication se montre plus proche que jamais du texte donc du public. Par ailleurs, une dédicace de l’auteur lui même au début de Racconti e Novelle nous éclaire sur ses intentions premières. DEDICA « Poichè piace al mio ottimo amico Edoardo Sonzogno raccogliere in un solo volume e pubblicare queste mie Novelle da tanti anni disperse e vaganti, io profitto della occasione per sciogliere un debito di riconoscenza. » (Puisque cela plaît à mon très bon ami Edoardo Sonzogno de receuillir en un seul volume et de publier mes Nouvelles dispersées et errantes depuis tant d’années, je profite de l’occasion pour effacer cette dette de reconnaissance.) Il ne publie pas parce qu’il voulait partager ses créactions mais juste pour réaliser l’envie de l’éditeur qui est un ami à lui, Edoardo Sonzogno. Il démentie toute responsabilité sur son livre, par conséquent la publication n’est pas de son ressort, il n’avait donc pas envie de partager ses récits au public. Cela peut aussi expliquer le peu d’entrain pour un titre aussi simple que celui-ci Racconti e Novelle, une simple énumération du contenu. Pourquoi renier une quelconque implication de sa part concernant cette publication ? Une hypothèse se fait persistente par le fait qu’il ne voudrait pas encourager et participer à la production culturelle de masse en Italie. Pour lui le seul rôle de la publication de son ouvrage est de confronter la société. Pour réussir une telle action il est nécessaire d’avoir de l’impact. Non seulement Edoardo Sonzogno est un ami très cher en plus d’être son éditeur, mais lui aussi participe activement au même combat. Ghislanzoni choisit Sonzogno parce qu’il est moins encré dans la publication que d’autres éditeurs plus connus comme la maison d’édition Ricordi. Le succès économique de ses œuvres ne l’intéresse pas, ses idéaux de publications sont politiques et humanitaires à l’égard toutes les classes sociales dans leurs cultures populaires. Il lance par exemple « La Biblioteca del popolo » (la bibliothèque du peuple), « la Universale » (l’Universelle) qui informent le peuple par l’histoire, par la médecine ou encore les sciences. Sonzogno s’inspire des plus grands auteurs classiques comme Virgile, Dante, Boccace ou encore Petrarque. Il veut défendre du mieux que possible la littérature classique et moderne pour une éducation culturelle et professionnelle du peuple. Ainsi comme Ghislanzoni le précise dans sa dédicace ce n’est pas lui qui à l’idée de publier ses nouvelles pourtant il publie chaque semaine un journal de critique musicale sur le théâtre pour informer. Mais alors pourquoi n’a t-il pas eu le réflexe de publier ? Cette réticence peut s’expliquer par un changement du genre narratif littéraire, ici de la science fiction humouristique. D’autant plus que Ghislanzoni est l’un des premiers italiens à faire émerger ce genre. Ici la manifestation de la science fiction est plus une innovation, une activité qui est loin d’être marginale pour l’auteur même si il y accorde une certaine importance. Son activité journalière prend plus d’ampleur autant que celle de libréttiste dans sa production. Son rapport de publication avec la science fiction diffère totalement du point de vue de l’accessibilité pour le public italien. De ce fait il prend énormément de liberté sur ses créations parce qu’au départ il n’avait pas l’intention de les destiner à un public. Justement tout l’intérêt de ces récits et nouvelles c’est qu’ils ne devaient pas être prédéstinés à la publication. Nous pouvons nous questionner sur la volonté de l’auteur de s’exprimer en nouvelles de fiction. L’activité journalistique de Ghislanzoni s’est encrée dans une période sociale pré et post risorgimentale. Cette phase comprend une volonté d’expérimenter toujours plus uploads/Litterature/ dossier-publication-et-enjeu.pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager