1 V21PY5 – Marie Blaise Concepts fondamentaux de la psychanalyse (II) (24h) V21

1 V21PY5 – Marie Blaise Concepts fondamentaux de la psychanalyse (II) (24h) V21PY5 [Cours partagé avec P. Macary dont je rappelle ici le propos : Nous verrons à partir du moment structuraliste, moment d’élaboration où les champs disciplinaires se trouvaient en écho et s’enrichissaient les uns les autres (linguistique, anthropologie, psychanalyse, philosophie, littérature, histoire etc …), comment Lacan s’est servi de la théorie du signifiant et de la notion de « structure » pour relire Freud en un temps où la psychanalyse dérivait vers une psychologie du moi, qu’il faut bien dire encore très majoritaire aujourd’hui. Nous aborderons comment 1) l’inconscient « structuré comme un langage » est devenu 2) un inconscient troué et comment le réel a pris de plus en plus de place dans l’élaboration lacanienne. 3)Enfin, nous tenterons de cerner ce « réel », en abordant la question clinique de l’angoisse (dans laquelle la phobie et la psychose nous guideront) et la question de la création. Biblio P. Macary Freud S. « L’inquiétante étrangeté » (1919) Freud S. « Au-delà du principe de plaisir » (1920) Freud S. « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926) Lacan J. L’angoisse, Le Séminaire livre X (1962-1963) Lacan J. L’envers de la psychanalyse, Le Séminaire livre XVII (1969-1970) Lacan J. Les non-dupes errent, Le Séminaire livre XXI (1973-1974) Morin I. La phobie, le vivant, le féminin. Toulouse : PUM. 2005.] Poétiques de l’angoisse. À partir des théories freudiennes de l’angoisse et de leur synthèse par Lacan, nous lirons quelques œuvres littéraires, du romantisme de Byron et Edgar Allan Poe jusqu’au roman post- apocalyptique contemporain. Nous reviendrons sur la notion d’inquiétante étrangeté et celle de sublime pour interroger la possibilité même d’une « poétique » de l’angoisse. Byron, « Ténèbres » (édition indifférente), 1816. Edgar Poe, « La chute de la maison Usher » (édition indifférente) Première publication 1839. et Ray Bradbury, « Usher II », Chroniques martiennes, 1950 Cormack McCarthy, La Route, Paris, Éditions de l’Olivier, 2008. 2 En guise d’exergue, nous commencerons par lire, sans le commenter immédiatement, ce poème de Verlaine : L’angoisse Nature, rien de toi ne m’émeut, ni les champs Nourriciers, ni l’écho vermeil des pastorales Siciliennes, ni les pompes aurorales, Ni la solennité dolente des couchants. Je ris de l’Art, je ris de l’Homme aussi, des chants, Des vers, des temples grecs et des tours en spirales Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales, Et je vois du même œil les bons et les méchants. Je ne crois pas en Dieu, j’abjure et je renie Toute pensée, et quant à la vieille ironie, L’Amour, je voudrais bien qu’on ne m’en parlât plus. Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille Au brick perdu jouet du flux et du reflux, Mon âme pour d’affreux naufrages appareille. Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Melancholia VIII, 1866 Ce cours est partagé et c’est dans son autre partie que vous engagerez véritablement le versant théorique lié aux concepts fondamentaux de la psychanalyse. Nous prendrons le parti de la littérature et verrons non seulement comment l’angoisse se traduit dans l’écriture mais, suivant en cela la démarche freudienne, ce que la littérature peut enseigner de l’angoisse lorsque celle-ci devient un principe poétique. Darkness, The Fall of the House of Usher, The Road. Trois œuvres nous intéresseront ce semestre. La première et la dernière sont liées explicitement (puisque que Cormack McCarthy cite Byron). La seconde est dans toutes les anthologies de textes sur l’angoisse. À ces trois textes j’ajoute une nouvelle de Ray Bradbury, « Usher II », Chroniques martiennes, 1950. Comme elle est moins connue que les autres textes, je me permets de la résumer ici. Le premier titre de « Usher II » était A carnival of madness. Le texte forme une sorte de prélude à Farenheit 451 (1953), adapté par François Truffaut en 1966 et que vous connaissez probablement beaucoup plus. La nouvelle met en scène le riche M. Stendhal. Installé sur Mars celui-ci engage un architecte pour se faire construire une maison très particulière. Trente ans plus tôt, sur Terre, ses livres ont été brûlés dans l’application d’une loi qui interdit toute lecture et diffusion de la littérature. M. Stendhal a décidé de se venger, aidé par son ami Pikes, génial inventeur, et 3 ancien réalisateur et acteur de films interdit d’exercer. L’architecte, suivant ses directions, a créé (sans le savoir puisqu’il n’a jamais lu), une maison Usher II. Juste avant d’être rattrapé par l’institut d’Hygiène Morale, M. Stendhal invite chez lui des personnages influents, tous favorables à la loi qui interdit la lecture d’ouvrages d’imagination, avec qui il a su créer des liens d’amitié. Il les tue un par un en suivant le scénario de contes de Poe qu’aucun d’entre eux n’est capable de reconnaître puisqu’eux non plus n’ont jamais lu. Chacun de ses personnages (sauf le dernier) meurt sous les yeux d’un robot qui a son apparence et qui rit de cette mort. Je n’ai pas trouvé ce texte en français sur internet mais il est facilement consultable en édition de poche. Si donc notre partie repose sur l’analyse littéraire, avant d’en venir au commentaire des textes proprement dit, nous ne nous interdirons pas quelques incursions du côté de la théorie, toujours dans la perspective du lien entre psychanalyse et littérature que la pensée et la représentation de l’affect d’angoisse constituent. Nous relirons en particulier le complexe d’Œdipe à partir des textes qui le fondent et nous reviendrons sur l’inquiétante étrangeté freudienne dans la perspective du genre fantastique et de son évolution. Avant d’entrer dans ces deux « concepts fondamentaux », toutefois, je voudrais rappeler deux choses. La première, à propos de l’idée freudienne d’angoisse, est double et la permanence de ces deux éléments dans l’œuvre (malgré le changement de cap de Freud) en montre l’importance. L’angoisse est une expérience d’existence : un caractère de certitude lui est invariablement attribué ; elle ne trompe pas (et se distingue ainsi du senti-ment, cf. Lacan au début du séminaire éponyme). L’angoisse articule le physique et le psychique (ce que disent d’ailleurs, mieux que le français, le latin angustia et l’allemand angst), elle est à la limite de l’Autre et du corps. La seconde concerne la littérature : au moins à partir du romantisme (c’est-à-dire du régime contemporain de l’art) l’angoisse est intrinsèquement liée en littérature à l’idée de création et on trouve dans les grands textes romantiques ces deux mêmes motifs : l’angoisse est expérience d’existence et lien entre le psychique et le physique. À propos de l’angoisse encore, du versant lacanien nous garderons essentiellement deux propositions qui représentent, dans une certaine mesure, la distance prise avec Freud : la première est que Lacan, prenant le contrepied de toute une tradition (existentialiste par exemple) qui distingue l’angoisse de la peur sur la question de l’objet (j’ai peur de quelque chose, je suis angoissée), déclare que l’angoisse n’est pas sans objet. La seconde est que l’angoisse, contrairement à ce que l’on pourrait croire trop rapidement ne se lève pas devant la menace de la castration mais devant son évitement. * L’évaluation de cette partie du cours consistera en un commentaire de texte : vous pourrez choisir entre un extrait de l’un des textes au programme que je vous indiquerai et un extrait d’un texte extérieur au programme que vous-mêmes aurez choisi de présenter parce qu’il vous semble entrer dans la problématique du cours. Sauf indication contraire une seule note pour les deux parties du cours suffira. Vous trouverez plus bas la première partie du cours. La seconde, qui concerne plus particulièrement la présentation des textes suivra. 4 Littérature et psychanalyse L’anatomie du cœur humain n’est pas encore faite, comment voulez-vous qu’on le guérisse ? Ce sera l’unique gloire du XIX e siècle que d’avoir commencé ces études. Le sens historique est tout nouveau dans ce monde. On va se mettre à étudier les idées comme des faits, et à disséquer les croyances comme des organismes. […] Moi, dans ces derniers temps, je suis revenu incidemment à ces études psycho-médicales qui m’avaient tant charmé il y a dix ans lorsque j’écrivais mon Saint Antoine. À propos de ma Salammbô je me suis occupé d’hystérie et d’aliénation mentale. Il y a des trésors à découvrir dans tout cela. [Flaubert, lettre à Mademoiselle Leroyer de Chantepie, Croisset, 18 février 1859] Le psychanalyste ne se sent que rarement appelé à faire des recherches d’esthétique, même lorsque, sans vouloir borner l’esthétique à la doctrine du beau, on la considère comme étant la science des qualités de notre sensibilité. Il étudie d’autres couches de la vie psychique et s’intéresse peu à ces mouvements émotifs qui, inhibés quant au but, assourdis, affaiblis, dépendant de la constellation des faits qui les accompagnent, forment pour la plupart la trame de l’esthétique. Il est pourtant parfois amené à s’intéresser à un domaine particulier de l’esthétique et, généralement, c’en est alors un qui se trouve “à côté” et négligé par la littérature esthétique proprement dite. Freud « L’inquiétante étrangeté » (Das Unheimliche) 1919, Essais de psychanalyse appliquée, 1933. Dans le partage des disciplines uploads/Litterature/ v21py9-cours-1.pdf

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