MINUTE, PAPILLON ! DU MÊME AUTEUR : Mémé dans les orties, Michel Lafon, 2015 ;
MINUTE, PAPILLON ! DU MÊME AUTEUR : Mémé dans les orties, Michel Lafon, 2015 ; LGF, 2016. Nos adorables belles-filles, Michel Lafon, 2016 ; En voiture Simone !, LGF, 2017. Aurélie Valognes Minute, papillon ! Mazarine L’Éditeur tient à remercier Dina Satonhac. Couverture : N. W. Photographie : © Shutterstock. ISBN : 9782863744529 Mazarine/Librairie Arthème Fayard, 2017. Dépôt légal : avril 2017. À Françoise et son association de Savigny le Temple, À tous les clubs de lecture qui luttent contre l’analphabétisme et partagent leur passion pour la lecture. À Fatima Zohra, Karima, Thakun, Jabin, Amara, Thanusha, Maria de Fatima, Marie, Waliya, Parce qu’après « le premier livre de leur vie », il y en aura des milliers d’autres ! Et à tous ceux pour qui Mémé, Simone ou Papillon fut le premier. – 1 – Et bonne année, bien sûr ! Rose détestait les réveillons du Nouvel An. Surtout quand elle les passait seule. Pour se remonter le moral, à la fin du fameux décompte de minuit qui apportait son lot de promesses, elle s’empara de son portable, dans l’espoir d’y trouver un texto de son fils. Rien. Elle alla à la fenêtre, où elle aurait aimé deviner sa silhouette au loin. Mais personne, juste, le chat noir de la voisine, qui en profita pour traverser, sous ses yeux. Il ne manquait plus que ça ! Pour conjurer le mauvais œil, elle saisit le programme télé, afin de consulter son horoscope : le moins que l’on pouvait dire était qu’en 2016, Jupiter la mettait dans la panade ! Pour les Vierges, les prévisions étaient nettement moins enthousiasmantes que celles des années précédentes : c’était l’année du changement, mais, en amour, niet ! Nada ! Une fois de plus. À ce régime-là, autant entrer chez les bonnes sœurs ! À l’heure des bonnes résolutions, que l’on déterre le 1er janvier et que l’on enterre presque aussitôt, Rose, tandis qu’elle descendait aux ordures les cadavres de plats Picard de ses soirées passées, venait de prendre une décision importante. Elle se donnait douze mois pour reprendre sa vie en main. Famille, argent, amour et travail : tout irait mieux. Il suffisait d’y mettre de la bonne volonté. RÉSOLUTION N° 1 : POSITIVER ET NE PLUS CROIRE AUX PRÉSAGES, BONS OU MAUVAIS ! Comme beaucoup de personnes nées sous le signe de la Vierge, Rose était une hyper-angoissée, à toujours imaginer le pire. Le genre à prévoir une trousse à pharmacie plus grosse que sa valise de vacances, pour pallier n’importe quelle catastrophe, qui finirait immanquablement par lui arriver : brûlure, méduse, poux, torticolis, conjonctivite, entorse, piqûre de guêpe… Elle collectionnait les comprimés pour tous les maux possibles – mal de tête, de gorge, de dos, de ventre, de douleurs de règles et autres problèmes de transit. Si elle prenait le moindre coup de soleil, assurément elle pensait : « Je l’avais bien dit qu’il se passerait encore quelque chose ! C’est toujours sur moi que ça tombe ! » La jeune femme, qui avait très peu confiance dans son propre jugement, confiait la plupart de ses grandes décisions au hasard. Malheureusement, quand elle tirait à pile ou face, elle choisissait toujours le mauvais côté. RÉSOLUTION N° 2 : S’AFFIRMER. Elle était trop discrète et on finissait par l’oublier. Désormais, il fallait qu’elle ne se laisse plus imposer des décisions qui n’étaient pas les siennes, quitte à ce qu’elle se fasse violence et dise – enfin – ce qu’elle avait dans le crâne. Son fils ne lui dicterait plus sa loi, se croyant l’unique adulte de la maison ; sa sœur aînée ne devrait plus compter seulement sur son aide pour se remettre dans le droit chemin ; son employeur arrêterait de la croire à son entière disposition. Elle devait prendre du poil de la bête, et ce, même si elle était allergique aux chiens. RÉSOLUTION N° 3 : SE COUCHER PLUS TÔT ! Pour son travail, Rose se levait invariablement à 5 h 30, mais ne parvenait pas à se mettre au lit avant minuit passé. Résultat, la fatigue se lisait sur son visage, ce qui n’était pas du meilleur effet pour séduire. Il fallait qu’elle prenne soin d’elle et cela devait commencer par une hygiène de vie plus saine. Au fond de son lit, Rose ne parvenait pas à lâcher son téléphone : elle continuait à espérer un SMS de son fils. À part sa sœur, terrassée par la grippe et qui avait dû annuler leur dîner, personne ne lui avait souhaité une bonne année. Il exagère quand même. Son fils Baptiste avait la permission exceptionnelle de rentrer tard, mais il aurait pu lui envoyer un message, au moins pour la rassurer. Rose savait que, désormais, elle n’était plus la première dans son cœur, et depuis quelque temps déjà. Qu’à cela ne tienne : en 2016, elle ne serait plus angoissée ! Ni seule ! Ni insomniaque ! 03 h 45 !!! Déjà ? – 2 – Comme une vieille pomme Granny Smith La semaine suivante, après une journée de travail interminable, Rose rentrait, avec l’un des derniers RER A, en direction de la gare de Noisy-le-Grand. Trempée et exténuée, mais contente d’être presque arrivée chez elle. Avec son emploi de nounou à Paris, il lui arrivait souvent d’avoir de longues journées qui pouvaient commencer à 7 h 30 du matin et ne s’achever qu’à 21 h 30. Son parcours du combattant entre métro(s) et RER se rallongeait parfois, comme ce soir-là, quand un foutu accident de voyageur venait s’en mêler. Il ne pouvait pas choisir un autre moment ! Heu… pardon, c’est horrible ce que je viens de dire… Je reprends. Le paaaaauvre ! Entre la gare RER et son immeuble, les rues étaient désertes. Seul un travailleur nocturne décrochait déjà les décorations de Noël. Elle n’avait croisé que des sapins abandonnés sur le trottoir, à qui elle n’avait pas eu le courage d’avouer le sort qui leur était réservé. On lui enlevait déjà les seules réjouissances qui égayaient, une fois l’an, son parcours le soir et le matin, tandis que, à n’en pas douter, comme chaque année, les radios lui casseraient les oreilles jusqu’à février, avec les chansons guillerettes de George Michael et de Mariah Carey, qui lui donnaient envie d’étrangler le premier qui croiserait son chemin. Ne pas oublier de positiver ! Ce week-end-là, c’était décidé : elle irait au cinéma avec son fils. S’accorder un petit plaisir de temps en temps ne pouvait pas faire de mal à son banquier. Ils pourraient voir le dernier Tarantino : Baptiste lui en parlait depuis des semaines et, d’après l’affiche qu’elle avait aperçue dans le métro, le film venait de sortir. La porte de son appartement était verrouillée à double tour. Ce n’était pas dans l’habitude de son fils de s’enfermer de l’intérieur. La jeune femme entra dans le petit trois-pièces et se dirigea immédiatement vers la chambre de Baptiste. Vide. Au salon, aucun mot laissé. À plus de 23 heures… Seul le bol de son petit déjeuner trônait encore sur la table basse, à côté du magazine ouvert à la page de l’horoscope. Son fils avait dû, lui aussi, vérifier ce que les astres lui réservaient. Rose parcourut les quelques lignes qui la concernaient : pour les Vierges, cela devait être une excellente semaine. Elle n’avait pas remarqué. Elle rangea l’argent de ses heures supplémentaires dans sa boîte secrète, cachée parmi ses chaussettes. Comme à chaque fois, elle le mettait de côté pour les vacances d’été. Cette année, elle avait prévu une belle surprise : quelques jours à Londres avec Baptiste. Il l’avait mérité. Il avait été assidu dans sa formation hôtelière, s’était montré professionnel, mature, et il était quasiment certain d’être embauché après son stage. Elle était fière de lui, et fière d’elle aussi : cette réussite, c’était aussi un peu la sienne. Elle avait su lui donner une bonne éducation, sévère mais juste. Contrairement à tant de ses copains d’école, Baptiste, lui, n’avait pas mal tourné. Un gentil garçon, certes parfois un peu en rébellion, mais rien d’étonnant à son âge. Vingt minutes plus tard, toujours personne. Rose grommelait. Entendre sa propre voix marteler des explications probables à l’absence de son fils la rassurait. Mais non. Il va bien. Cela peut arriver d’oublier de prévenir. Maintenant qu’il est majeur, il se croit tout permis ! Rose saisit son téléphone portable. Pas de réponse à son texto précédent. Elle appela : le répondeur se déclencha aussitôt. 23 h 30. Mais où pouvait-il bien être à une heure pareille ? Avec sa formation en hôtellerie, il lui arrivait de finir après 21 heures, mais il l’avertissait toujours. S’il lui était arrivé quelque chose, elle ne s’en remettrait jamais. Il était toute sa vie. Pourquoi n’a-t-il pas prévenu ? À moins qu’il n’ait plus de batterie… Elle chercha frénétiquement dans la liste de ses contacts les numéros de téléphone des amis de Baptiste. Freddy, Thierry, Willy. Et… Jessica. Encore elle, je parie ! En son for intérieur, Rose espérait qu’il n’était uploads/Litterature/ valognes-aur-130-lie-minute-papillon-33-pdf.pdf
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- Publié le Dec 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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