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FACEBOOK TWITTER GOOGLE+ MAIL 3 IMPRIMER MODE ZEN Accueil › Culture › Livres ""L'homme dont le monde volait en éclats"" d' Alexandre Luria JEAN-BAPTISTE MARONGIU 23 FÉVRIER 1995 À 00:53 CRITIQUE Alexandre Luria, L'HOMME DONT LE MONDE VOLAIT EN ECLATS, traduit du russe par Fabienne Mariengof et Nina Rausch de Traubenberg (avec la collaboration de Mme Chaverneff), préface d'Oliver Sacks. Seuil, «La couleur des idées», 310 pp., 140 F. Alexandre Luria (1902-1977) a été «le neuropsychologue le plus important et le plus fécond de son temps», écrit Oliver Sacks (1) en préface au livre de ce savant russe hors norme que vient de publier le Seuil. Ce livre en contient en réalité deux: L'homme dont le monde volait en éclats, qui donne le titre à l'ensemble, et Une prodigieuse mémoire. Parus séparément, ces deux «romans neurologiques» devaient fonctionner comme les premiers jalons de cette «science romantique» que Luria a poursuivie sa vie durant, mais dont il a démontré la puissance opératoire dans ces ouvrages. Car la tâche de Luria, rappelle Oliver Sacks, a été elle-même double. Il est d'autant plus à l'aise dans l'exploration de ces nouveaux horizons qu'il a poussé la psychologie classique jusqu'à ses extrêmes limites, pour parvenir à «une LIVRES LES PLUS PARTAGÉS 1 I-Télé met fin à sa collaboration avec Eric Zemmour 2 Monsieur Zemmour, la République, on l’aime ou on la quitte 3 Les Arabes ne sont pas forcément antisémites 4 Pourquoi Terra Nova veut légaliser le cannabis 5 «Zemmour ne réfute pas l’idée de mettre des millions de musulmans dans des bateaux» VIDÉOS LES PLUS VUES Karim Benzema et le Real Madrid en route pour l’histoire SE CONNECTER S'INSCRIRE FERMER En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des services et offres adaptés à vos centres d'intérêt. En savoir plus Abonnez-vous 1€ le premier mois FEUILLETER POLITIQUE SOCIÉTÉ MONDE ÉCONOMIE CULTURE NEXT IDÉES BLOGS VIDÉO PHOTO RADIO ÉVÉNEMENTS CINÉMA MUSIQUE ARTS BANDE DESSINÉE THÉÂTRE DANSE Created by PDFmyURL. Remove this footer and set your own layout? Get a license! neuropsychologie en tant que nouvelle science analytique» effort dont témoignent plus de trois cents articles et une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels Fonctions corticales supérieures de l'homme et l'Itinéraire d'un psychologue. Un monde en débris Zassetski est le nom de L'homme dont le monde volait en éclats. Il a été grièvement blessé à la tête en mars 1943, par les éclats d'un obus, sur le front occidental de l'armée soviétique. Alexandre Luria rencontre Zassetski trois mois plus tard, dans un hôpital militaire. Commence alors un suivi médical qui va durer plus de trente ans. Ce jeune officiel, brillant élève de la faculté de physique, souffre de graves pertes irréversibles de mémoire et ne parvient pas encore à en retrouver les parcelles qui doivent lui être restées. Il ne se souvient pas du moindre mot, seules quelques images émergent. Tout est à réapprendre, même l'alphabet. Mais cette «aphasie cérébrale» retient Zassetski dans un «cercle vicieux, magique, sans issue». La même atrophie, localisée dans la région pariétale gauche du cerveau, l'empêche de percevoir correctement les objets. Celui qui souffre de pareille atrophie voit les objets en éléments fractionnés, et, par exemple, s'il regarde l'image d'une paire de lunettes, «il va se demander ce que c'est: un rond... une courbe... et une barre... Ne serait-ce pas un vélo?». Parfois, il a le sentiment que les parties de son corps se sont modifiées, que sa tête est démesurément grande et le reste infiniment petit... Il ne sait même pas déterminer d'où viennent les sons, les interpréter demande un effort surhumain. Il est inapte à s'orienter dans l'espace. Zassetski est désormais dans l'incapacité de rassembler instantanément les impressions dans un tout, et «il commence à vivre dans un univers éclaté». Le monde de Zassetski n'est plus entier, il lui faut en rassembler continument les débris. Intacts en revanche sont restés «les sentiments de souffrance, la conscience de ses déficits, la volonté de les surmonter, l'exigence aiguë de devenir un homme à part entière». La plus routinière des vies est devenue un calvaire. Il décide alors de tenir un journal, auquel il donne le titre Je reprends le combat. Année après année, pendant plus de vingt-cinq ans, il arrivera à écrire plus de trois mille pages. Dans l'Homme dont le monde volait en éclats, Alexandre Luria en reproduit les passages les plus saisissants, en les accompagnant d'une mise au point chronologique et d'un commentaire nosologique. Zassestki se lance dans l'écriture immédiate, il s'appuie sur la mémoire motrice, dont l'aire cérébrale n'a pas été abîmée par l'obus. Mais il ne peut pas se relire. Il collecte des mots à la radio, par exemple, qu'il fixe immédiatement par son écriture automatique, pauvre matériel qu'il va travailler à longueur de journées, de semaines, de mois, d'années, jusqu'à en faire des phrases, 1 2 3 Thierry Henry : les buts qui ont marqué sa carrière [Audio] The Pirate Bay est mort, vive les algorithmes LE CHOIX DES ABONNÉS Carte des régions, l’Alsace s’y cogne ENQUÊTE Par Noémie Rousseau Ingeborg Grässle, Deutsche Qualität PORTRAIT Par Quentin Girard A Miami, une génération rit, l’autre enrage REPORTAGE Par Frédéric Autran Created by PDFmyURL. Remove this footer and set your own layout? Get a license! des pages, des cahiers entiers. Une partie du cerveau de Zassetski a été détruite, une autre partie se trouve comme pathologiquement «freinée». Il ne sait plus jouer aux échecs, aux dames, aux dominos... Il a du mal à décrypter les mots d'un conférencier, il lui est encore plus difficile de comprendre la pensée développée dans un texte... Et pourtant, il ne se rend jamais. L'admiration, la reconnaissance de Luria pour son patient malheureux est immense. Aux yeux d'un psychologue pour qui l'étude des fonctions mentales n'est possible qu'à partir de l'effondrement de ces mêmes fonctions, les avancées que permet le cas Zassetski sont essentielles. Le mérite de cet homme blessé est d'autant plus grand qu'il est conscient de l'étendue de son malheur, mais aussi de la portée scientifique de sa lutte: «Sa blessure a épargné complètement l'univers de ses émotions, de sa créativité, elle a laissé complètement intacte sa personnalité, la personnalité de l'homme, du citoyen, du combattant.» Chaque mot est une image Le héros d'Une prodigieuse mémoire, le second «roman neurologique» d'Alexandre Luria, s'appelle Veniatim, de son vrai nom Cherechevski. Ce journaliste d'une trentaine d'années rencontre le tout jeune psychologue aux débuts des années 20. C'est son rédacteur en chef qui l'envoie pour se faire mesurer la mémoire: à l'envers de Zassetski qui n'en a plus, Veniamin en a trop. C'est même la mémoire la plus impressionnante répertoriée jusqu'à ce jour. La répétition de n'importe quelle liste de mots comme de chiffres, dans un ordre quelconque ne lui pose aucun problème. Cette mémoire n'a pas de limites, et Luria renonce finalement à la mesurer pour ne se consacrer qu'à l'étude de son fonctionnement. Il n'existe pas chez Veniamin de frontières bien nettes entre les cinq sens: «Un coup de sonnette fait naître une image visuelle spontanée; elle possède des qualités tactiles, une couleur, un goût. Ces synesthésies reviennent dans toutes les sensations et impressions du monde extérieur.» L'univers sensoriel de Veniamin est différent du nôtre. A peine entendu, chaque mot est transformé en image et rangé automatiquement dans des répertoires visuels que le cerveau de Veniamin constitue sans cesse. L'assimilation d'un texte lui est très pénible étant donné le flot d'images qui le submerge. La lecture de la poésie est presque impossible, parce qu'elle déclenche un conflit intenable entre les images du textes et les siennes propres. La pensée abstraite aussi lui est interdite: «Il ne peut pas comprendre s'il ne voit pas et s'efforce de voir rien et de trouver la forme de l'infini.» Littéralement incapable d'oublier, il doit lutter sa vie durant contre sa mémoire infernale. Il met au point des techniques, comme celle d'écrire sur papier ce S'INSCRIRE Feuilleter le journal Abonnez-vous à Libération A partir d'un 1€ le premier mois S'ABONNER RECEVOIR LA NEWSLETTER L'actu Libé tous les matins par email Adresse e-mail ANNONCES SHOPPING APPRENEZ UNE LANGUE avec Babbel Created by PDFmyURL. Remove this footer and set your own layout? Get a license! qu'il voudrait oublier le contraire de ce que fait le commun des mortels. Mais les résultats sont aléatoires. Il en vient même à brûler ces bouts de papier dans l'espoir de faire disparaître la chose avec la trace! Finalement, il découvre que le plus efficace, c'est encore de décider d'oublier. Mais l'effort de volonté nécessaire l'épuise. Ayant quitté le journalisme, Veniamin gagne très bien sa vie avec sa mémoire. Devenu «mnémoniste», il se produit dans les théâtres et les cabarets. Mais sa vie n'est pas heureuse: «La réalité du monde imaginaire de Veniamin, d'une part, et l'instabilité du monde réel, d'autre part, avaient exercé une profonde influence sur la formation de sa personnalité. Il vivait dans une perpétuelle attente de quelque événement et passait plus de temps à rêver uploads/Litterature/ veniamin-l-homme-dont-le-monde-volait-en-eclats-d-alexandre-luria.pdf
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- Publié le Jan 12, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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