PAUL VERLAINE ROMANCES SANS PAROLES PAUL VERLAINE ROMANCES SANS PAROLES 1874 Un

PAUL VERLAINE ROMANCES SANS PAROLES PAUL VERLAINE ROMANCES SANS PAROLES 1874 Un texte du domaine public. Une édition libre. ISBN—978-2-8247-1172-0 BIBEBOOK www.bibebook.com À propos de Bibebook : Vous avez la certitude, en téléchargeant un livre sur Bibebook.com de lire un livre de qualité : Nous apportons un soin particulier à la qualité des textes, à la mise en page, à la typographie, à la navigation à l’intérieur du livre, et à la cohérence à travers toute la collection. Les ebooks distribués par Bibebook sont réalisés par des bénévoles de l’Association de Promotion de l’Ecriture et de la Lecture, qui a comme objectif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection, la conservation et la restauration de l’écrit. Aidez nous : Vous pouvez nous rejoindre et nous aider, sur le site de Bibebook. http ://www.bibebook.com/joinus Votre aide est la bienvenue. 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C’est l’extase langoureuse, C’est la fatigue amoureuse, C’est tous les frissons des bois Parmi l’étreinte des brises, C’est, vers les ramures grises, Le chœur des petites voix. O le frêle et frais murmure ! Cela gazouille et susurre (susure), Cela ressemble au cri doux Que l’herbe agitée expire… Tu dirais, sous l’eau qui vire, Le roulis sourd des cailloux. Cette âme qui se lamente En cette plainte dormante, C’est la nôtre, n’est-ce pas ? La mienne, dis, et la tienne, Dont s’exhale l’humble antienne Par ce tiède soir, tout bas ? 1 Romances sans paroles 2 Je devine, à travers un murmure, Le contour subtil des voix anciennes Et dans les lueurs musiciennes, Amour pâle, une aurore future ! Et mon âme et mon cœur en délires Ne sont plus qu’une espèce d’œil double Où tremblote à travers un jour trouble L’ariette, hélas ! de toutes lyres ! O mourir de cette mort seulette Que s’en vont, cher amour qui t’épeures Balançant jeunes et vieilles heures ! O mourir de cette escarpolette ! 2 Romances sans paroles 3 Il pleut doucement sur la ville. ARTHUR RAIMBAUD. Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville, Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? O bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s’ennuie, O le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s’écœure. Quoi ! nulle trahison ? Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi, Sans amour et sans haine, Mon cœur a tant de peine ! 3 Romances sans paroles 4 Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses. De cette façon nous serons bien heureuses, Et si notre vie a des instants moroses, Du moins nous serons, n’est-ce pas ? deux pleureuses. O que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes, A nos vœux confus la douceur puérile De cheminer loin des femmes et des hommes, Dans le frais oubli de ce qui nous exile. Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles Éprises de rien et de tout étonnées, Qui s’en vont pâlir sous les chastes charmilles Sans même savoir qu’elles sont pardonnées. 4 Romances sans paroles 5 Son joyeux, importun d’un clavecin sonore. PÉTRUS BOREL. Le piano que baise une main frêle Luit dans le soir rose et gris vaguement, Tandis qu’avec un très léger bruit d’aile Un air bien vieux, bien faible et bien charmant, Rôde discret, épeuré quasiment, Par le boudoir longtemps parfumé d’Elle. Qu’est-ce que c’est que ce berceau soudain Qui lentement dorlote (dorlotte) mon pauvre être ? Que voudrais-tu de moi, doux chant badin ? Qu’as-tu voulu, fin refrain incertain Qui va tantôt mourir vers la fenêtre Ouverte un peu sur le petit jardin ? 5 Romances sans paroles 6 C’est le chien de Jean de Nivelle Qui mord sous l’œil même du guet Le chat de la mère Michel ; François-les-bas-bleus s’en égaie. La lune à l’écrivain public Dispense sa lumière obscure Où Médor avec Angélique Verdissent sur le pauvre mur. Et voici venir La Ramée Sacrant en bon soldat du Roi. Sous son habit blanc mal famé Son cœur ne se tient pas de joie ! Car la boulangère… — Elle ? — Oui dame ! Bernant Lustucru, son vieil homme, A tantôt couronné sa flamme… Enfants, Dominus vobiscum ! Place ! en sa longue robe bleue Toute en satin qui fait frou-frou, C’est une impure, palsembleu ! Dans sa chaise qu’il faut qu’on loue, Fût-on philosophe ou grigou, Car tant d’or s’y relève en bosse, Que ce luxe insolent bafoue Tout le papier de monsieur Loss ! Arrière, robin crotté ! place, Petit courtaud, petit abbé, Petit poète jamais las De la rime non attrapée ! 6 Romances sans paroles Voici que la nuit vraie arrive… Cependant jamais fatigué D’être inattentif et naïf ? François-les-bas-bleus s’en égaie. 7 Romances sans paroles 7 O triste, triste était mon âme A cause, à cause d’une femme. Je ne me suis pas consolé Bien que mon cœur s’en soit allé, Bien que mon cœur, bien que mon âme Eussent fui loin de cette femme. Je ne me suis pas consolé Bien que mon cœur s’en soit allé. Et mon cœur, mon cœur trop sensible Dit à mon âme : Est-il possible, Est-il possible, — le fût-il, — Ce fier exil, ce triste exil ? Mon âme dit à mon cœur : Sais-je Moi-même, que nous veut ce piège D’être présents bien qu’exilés, Encore que loin en allés ? 8 Romances sans paroles 8 Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Corneille poussive Et vous les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive ? Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. 9 Romances sans paroles 9 Le rossignol, qui du haut d’une branche se regarde dedans, croit être tombé dans la rivière. Il est au sommet d’un chêne et toutefois il a peur de se noyer. CYRANO DE BERGERAC. L’ombre des arbres dans la rivière embrumée Meurt comme de la fumée, Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles, Se plaignent les tourterelles. Combien, ô voyageur, ce paysage blême Te mira blême toi-même, Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées Tes espérances noyées ? Mai, juin 1872. 10 Romances sans paroles PAYSAGES BELGES « Conquestes du Roy. » (Vieilles estampes.) WALCOURT Briques et tuiles, O les charmants Petits asiles Pour les amants ! Houblons et vignes, Feuilles et fleurs, Tentes insignes Des francs buveurs ! Guinguettes claires, Bières, clameurs, Servantes chères A tous fumeurs ! Gares prochaines, Gais chemins grands… Quelles aubaines, Bons juifs errants ! Juillet 1873 11 Romances sans paroles CHARLEROI Dans l’herbe noire Les Kobolds vont. Le vent profond Pleure, on veut croire. Quoi donc se sent ? L’avoine siffle. Un buisson gifle (giffle) L’œil au passant. Plutôt des bouges Que des maisons. Quels horizons De forges rouges ! On sent donc quoi ? Des gares tonnent, Les yeux s’étonnent, Où Charleroi ? Parfums sinistres ? Qu’est-ce que c’est ? Quoi bruissait Comme des sistres ? Sites brutaux ! Oh ! votre haleine, Sueur humaine, Cris des métaux ! Dans l’herbe noire Les Kobolds vont. Le vent profond Pleure, on veut croire. 12 Romances sans paroles BRUXELLES SIMPLES FRESQUES 1 La fuite est verdâtre et rose Des collines et des rampes, Dans un demi-jour de lampes Qui vient brouiller toute chose. L’or sur les humbles abîmes, Tout doucement s’ensanglante, Des petits arbres sans cimes, Où quelque oiseau faible chante. Triste à peine tant s’effacent Ces apparences d’automne. Toutes mes langueurs rêvassent, Que berce l’air monotone. 13 Romances sans paroles 2 L’allée est sans fin Sous le ciel, divin D’être pâle ainsi ! Sais-tu qu’on serait Bien sous le secret De ces arbres-ci ? Des messieurs bien mis, Sans nul doute amis Des Royers-Collards, Vont vers le château. J’estimerais beau D’être ces vieillards. Le château, tout blanc Avec, à son flanc, uploads/Litterature/ verlaine-paul-romances-sans-paroles 1 .pdf

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