417 ISBN : 978-2-493659-00-2 COLLECTION RECHERCHES & REGARDS D 'AFRIQUE VOL 1N°
417 ISBN : 978-2-493659-00-2 COLLECTION RECHERCHES & REGARDS D 'AFRIQUE VOL 1N° 1 FEV 2022 L’INTERTEXTUALITE DANS THINGS FALL APART ET ARROWS OF RAIN Dr Youssouf FOFANA Université Peleforo GON COULIBALY. youssoufof70@upgc.edu.ci Résumé L’objet de la présente étude est d’analyser les textes des récits de Things Fall Apart (1958) de Chinua Achebe et Arrows of God (2000) d’Okey Ndibe du point de vue de l’intertextualité. Chez les romanciers africains et tout particulièrement chez les deux auteurs nigérians que nous abordons dans la présente analyse, les textes semblent être construits en y insérant les codes culturel, cultuel et cosmogonique de la société traditionnelle Igbo du Nigeria. Ce procédé d’insertion via des allusions et des paratextes correspond à ce que J. Kristeva décrit dans Semiotikè (1969) comme étant l’Intertextualité. Notre étude consistera donc à détecter les éléments d’intertextualité dans Things Fall Apart et Arrows of Rain tout en établissant leurs fonctions sémantique et esthétique par rapport à l’horizon d’attente des auteurs. Ce que nous envisageons d’ailleurs comme leur désir de mettre en exergue des valeurs endogènes africaines. Mots clés : intertextualité, roman, allusions, culture, cosmogonie, sémantique, esthétique Abstract The objective in this article is to analyze the narratives in Achebe’s Things Fall Apart (1958) and Okey ndibe’s Arrows of God (2000) in the light of intertextuality. The narratives in African novels, and particularly those of the two Nigerian authors supporting this article, seem to be built on behalf of the cultural, religious and cosmogonic codes of the traditional Igbo society of Nigeria. These elements are represented in the novel through imageries, paratexts or hypertexts in a process termed by Julia Kristeva as Intertextuality in Semiotokè (1969). The present study will then consist in the 418 ISBN : 978-2-493659-00-2 COLLECTION RECHERCHES & REGARDS D 'AFRIQUE VOL 1N° 1 FEV 2022 detection of the intertextual elements in Things Fall Apart and Arrows of Rain, then the establishment of their semantic and esthetic function according to the expectations of the writer, which I envision as a desire to unveil some endogenous African values. Key words : intertextuality, novel, allusions, culture, cosmogony, semantic, esthetic Introduction Dans Things fall Apart, Achebe reproduit la société Igbo du Nigeria au moment où elle entre en contact avec les missionnaires et l’administration coloniale britanniques. Concernant Arrows of God, Okey Ndibe représente aussi une société nigériane mais cette fois pendant la période postcoloniale et à travers les interactions entre membres de l’Elite et les autres composantes de la société. L’intertextualité, une méthode d’approche du texte littéraire qui permet au lecteur de comprendre et d’interpréter le texte qu’il a en sa possession. Elle se fonde surtout sur les données textuelles de sources extérieures que l’auteur insère dans son récit. Chez les romanciers africains, et tout particulièrement chez les deux auteurs nigérians abordés dans la présente analyse, les récits semblent être construits en y insérant les codes culturels, cultuels et cosmogoniques de la société traditionnelle Igbo du Nigeria. Ce procédé d’insertion via des allusions et des paratextes correspond à ce que Julia Kristeva décrit dans Semiotikè comme étant l’Intertextualité et elle l’explique en ces termes : « Le texte est donc une productivité, (…) il est une permutation de textes, une intertextualité : dans l’espace d’un texte, plusieurs énoncés pris à d’autres textes, se croisent et se neutralisent. » (J. Kristeva, 1969, p.113). Autrement dit, il s’agit d’une polyphonie textuelle qui selon Laurent Jenny, correspond à l’idée de plusieurs énoncés de sources et de caractères différents mais qui se neutralisent pour 419 ISBN : 978-2-493659-00-2 COLLECTION RECHERCHES & REGARDS D 'AFRIQUE VOL 1N° 1 FEV 2022 donner quelque chose de cohérent (L. Jenny, 1976, p.262). Notre étude consistera donc à détecter ces éléments d’intertextualité dans Things Fall Apart et Arrows of Rain tout en établissant leurs fonctions sémantique et esthétique par rapport à l’horizon d’attente des auteurs. Nous nous envisageons ces aspects comme étant la volonté des auteurs de notre corpus de promouvoir un genre romanesque incluant les influences littéraires traditionnelles africaines à travers le champ de la littérature ainsi que leur désir de mettre en exergue des valeurs endogènes africaines à travers le champ culturel et esthétique. 1. Champs de la littérature dans le corpus Les récits de notre corpus nous sont rendus sous des formes qui rompent avec le style classique du roman. En effet, tout au long de la narration dans ces romans, nous remarquons des formes et des dispositions de la structure du récit qui s’apparentent aux autres genres littéraires. En l’occurrence, nous notons le genre oral avec l’insertion de mythe et du conte, ainsi que le théâtre. 1.1. Eléments textuels du genre oral Le genre oral se présente sous la forme de contes et légendes incorporés dans le récit de Things Fall Apart. En l’occurrence, nous avons le passage ou Ekwefi l’épouse d’Okonkwo conte l’histoire de la tortue aux enfants (C. Achebe, 1958, p.68-69). En outre, Achebe insère une légende qui raconte l’histoire du fondateur du village d’Umuofia, et une autre qui rappelle l’origine du pouvoir mystique du clan. Ces paratextes, en plus de nous informer sur l’origine des choses en pays Igbo, reflètent aussi le style d’enseignement dans la société Igbo traditionnelle. Il existe donc un système d’éducation dans cette société autre que celle que nous connaissons à travers la colonisation. A travers les contes et les légendes populaires, chaque femme 420 ISBN : 978-2-493659-00-2 COLLECTION RECHERCHES & REGARDS D 'AFRIQUE VOL 1N° 1 FEV 2022 instruit les enfants de la famille sur l’histoire et les fondements des choses qui les entourent. Il y a là une sorte de réponse à l’eurocentrisme dans le domaine du savoir et la civilisation ; tel que véhiculé par des auteurs comme Joseph Conrad dans Heart of Darkness (1899) ou Joyce Cary dans Mister Johnson (1939). Pour Achebe, ces écrivains britanniques sont auteurs d’un style qu’il nomme « colonial genre, a literature of denigration» (R. Granqvist, 1990, p.22). Cette littérature coloniale n’a d’autre projet que de justifier l’impérialisme des occidentaux avec son corolaire de pillage et de génocide dans les territoires africains occupés. Achebe considère surtout dans Hopes and Impediments (1988) que ces auteurs britanniques on exhibé des préjudices pour faire croire à une Afrique sauvage, avec des peuples incapable d’organiser leur vie sociale et culturelle. Ainsi, Things Fall Apart dont l’histoire se situe à une époque un peu avant l’arrivée des britanniques dans l’espace évoqué traduit donc cette volonté de déconstruire cette fausse idée qui voudrait que l’Afrique n’aie jamais eu de civilisation, de culture ou d’organisation sociale avant la colonisation. Notons au passage que cela s’apparente à la conception de Roland Barthes quand il envisage l’intertextualité comme un processus de déconstruction et de reconstruction (R. Barthes, 1981, p.29). Ici le processus de déconstruction est celui que l’auteur Africain exerce sur le texte des écrivains occidentaux sur son continent pour démentir ou contredire. Le processus de reconstruction du texte est quant à lui envisagé comme la réécriture ou la rectification des idées reçues. Aussi, le récit de Things Fall Apart mentionne le mythe du personnage qui se croyait tellement fort au combat de lutte, qu’il se mesura à son « chi » ; c’est-à-dire son Dieu personnel. Ce dernier perd ce combat et meurt. Ici Achebe utilise le mythe en mise en abîme pour résumer tout le récit de l’œuvre. Nous 421 ISBN : 978-2-493659-00-2 COLLECTION RECHERCHES & REGARDS D 'AFRIQUE VOL 1N° 1 FEV 2022 pouvons y comprendre effectivement la perte d’Okonkwo à cause de son obstination à s’opposer à l’autorité et la culture des colons. Aussi pouvons-nous y percevoir la déchéance du clan à cause de la rigidité de leur tradition. Au point de vue sémantique, Achebe procède à ces mises en abîme à travers l’insertion de mythe pour donner des éclairages sur les causes de la décadence des sociétés traditionnelles africaines. La leçon à retenir ici c’est qu’il ne faut ni sous-estimer ni s’attaquer à une culture étrangère. Il faut plutôt essayer de s’y adapter et en tirer les aspects positifs. Le récit que propose Okey Ndibe dans son roman est aussi ponctué de légendes don’t celle au chapitre 10: « When Chukwu first created the world, Death was a man … that is why some children these days die before their parents » (O. Ndibe, 2000, p.96). Ici, le mythe a une double fonction ; celle d’instruire sur le fait que la mort est programmée pour tous et en toute circonstance, et qu’il faut s’en faire une raison. En outre, il y a la faite même de conter la légende ou le mythe. Ce procédé qui fait allusion à l’oralité est aussi perceptible dans Arrows of Rain, à travers un personnage narrateur qui adopte systématiquement le style du conteur traditionnel africain. Cela est mis en exergue dans les passages suivants : Near the corpse stood a lifeguard named Lanky, (…). The crowd formed a semi-circle around him, listening enrapt to his story, told with the fervour of an unlikely raconteur surprised with a captive audience. His hands chopped the air and pointed, conjuring up emotions and uploads/Litterature/ youssouf-fofana.pdf
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- Publié le Sep 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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