Bulletin critique des annales islamologiques Rubin Uri (ed.), The Life of Muham

Bulletin critique des annales islamologiques Rubin Uri (ed.), The Life of Muhammad, vol. 4 de The Formation of the Classical Islamic World. (General Editor Lawrence I. Conrad), Aldershot – Brookfield USA – Singapore – Sydney, Ashgate, 1998 (Variorum). Motzki Harald (ed.), The Biography of Muhammad. The Issue of the Sources, vol. 32 de Islamic History and Civilization(ed. Wadad Kadi), Brill, Leiden – Boston – Köln, 2000 Alfred-Louis De Prémare Citer ce document / Cite this document : De Prémare Alfred-Louis. Rubin Uri (ed.), The Life of Muhammad, vol. 4 de The Formation of the Classical Islamic World. (General Editor Lawrence I. Conrad), Aldershot – Brookfield USA – Singapore – Sydney, Ashgate, 1998 (Variorum); Motzki Harald (ed.), The Biography of Muhammad. The Issue of the Sources, vol. 32 de Islamic History and Civilization(ed. Wadad Kadi), Brill, Leiden – Boston – Köln, 2000. In: Bulletin critique des annales islamologiques, n°18, 2002. pp. 33-41; https://www.persee.fr/doc/bcai_0259-7373_2002_num_18_1_996_t2_0033_0000_1 Fichier pdf généré le 02/02/2022 BCAI 18 – 2002 33 II. ISLAMOLOGIE, PHILOSOPHIE, SCIENCES Rubin Uri (ed.), The Life of Muhammad, vol. 4 de The Formation of the Classical Islamic World [A.-L. de Prémare] Rubin Uri (ed.), The Life of Muhammad, vol. 4 de The Formation of the Classical Islamic World. (General Editor Lawrence I. Conrad), Aldershot – Brookfield USA – Singapore – Sydney, Ashgate, 1998 (Variorum). XLVI + 410 p. Motzki Harald (ed.), The Biography of Muhammad. The Issue of the Sources, vol. 32 de Islamic History and Civilization [A.-L. de Prémare] Motzki Harald (ed.), The Biography of Muhammad. The Issue of the Sources, vol. 32 de Islamic History and Civilization. (ed. Wadad Kadi), Brill, Leiden – Boston – Köln, 2000. XVI + 330 p. Il ne faut pas s’attendre, au vu du titre de chacun de ces deux ouvrages, à des biographies composées et unifiées de type classique: le genre et les prétentions en apparaissent aujourd’hui dépassés. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit d’une collection d’articles de recherche sur le thème proposé par le titre, chaque article traitant d’un point particulier et li- mité. La dominante générale en est constituée par les questions de méthode. Sous un titre général à peu près identique, le premier réédite ou traduit en anglais des études parues au cours du XXe siècle; le second édite pour la pre- mière fois les actes d’un colloque qui s’est tenu à Nimègue en 1997. Les articles sélectionnés par U. Rubin se situent dans l’optique de l’écriture d’une «vie de Muhammad» pro- prement dite, fût-ce dans une optique critique; quant au colloque de Nimègue, centré sur le problème des sources, il se présente, à travers la plupart de ses contributions, dans le cadre d’une critique radicale de l’écriture biographi- que traditionnelle et moderne en ce qui concerne MuÌammad et les débuts de l’islam, et dans la perspective d’une recherche de voies nouvelles. LA SÉLECTION D’U. RUBIN U. Rubin est de l’Université de Tel Aviv. Les dates de parution des articles sélectionnés dans son ouvrage s’éta- gent de 1920, pour le plus ancien, à 1995, pour le plus récent. L’éditeur les a classés en quatre sous-ensembles, classement qui semble relever de la simple commodité édi- toriale: 1. Les auteurs de la biographie de MuÌammad (trois articles). – 2. Événements de la vie de MuÌammad (huit articles). – 3. Le MuÌammad idéalisé (trois articles). – 4. MuÌammad et les apologies chrétiennes (un article). La sélection est précédée d’une introduction substan- tielle de l’éditeur. Celui-ci y présente synthétiquement les tendances de la recherche contemporaine en la matière. Il les résume en deux orientations principales: a) celle qui vise à reconstruire la vie de MuÌammad historique; cette orientation est représentée surtout par les monographies biographiques; la plus représentative en est celle, en deux parties, de W.M. Watt, Muhammad at Mecca (Oxford, 1953) et Muhammad at Medina (Oxford, 1956); b) celle qui a pour objectif d’examiner l’image idéalisée de MuÌammad; U. Rubin se situe lui-même, avec son propre ouvrage The Eye of the Beholder (Princeton, 1995), dans cette seconde ligne, après The Sectarian Milieu (Oxford, 1978) de John Wansbrough. Les auteurs arabes contemporains qui, comme M.H. Haykal, ont écrit sur la vie de MuÌammad, sont situés dans la première ligne, mais U. Rubin en souligne la ten- dance apologétique dominante. La suite de son introduction est une présentation synthétique de la structure de la Sîra, des différents matériaux qui sont à la base de sa composi- tion, des rapports entre la Sîra et le ÎadîÚ et entre la Sîra et le Coran. La première étude rééditée est celle, bien connue, de Martin Hinds, de l’Université de Cambridge, «“Maghâzî” and “Sîra” in Early Islamic Scholarship», parue initialement dans les actes du colloque de Strasbourg d’octobre 1980 sur La vie du prophète Mahomet (T. Fahd éd., Paris, PUF, 1983). L’intervention de M. Hinds, dont celui-ci avait repris plus succinctement les éléments en 1985 dans son article al-Mafiæzî (EI V, p. 1 151 sq.) avait déjà été rééditée parmi les études historiques diverses dont il avait été l’auteur et qui avaient été regroupées après son décès par J. Bacharach et alii, dans Martin Hinds, Studies in Early Islamic History (Princeton, 1996; 7, p. 188-198). Les deux études qui suivent concernent les problè- mes de transmission tels qu’ils peuvent apparaître à travers le système des isnæds. Dans un article paru à Oxford dans le BSOAS en 1959, J.M.B. Jones, de Londres, reconsidé- rait l’accusation de «plagiat» portée autrefois par Wellhausen à l’encontre de Wæqidî: selon Wellhausen, Wæqidî aurait supprimé toute référence à Ibn IsÌæq et se serait contenté d’un vague «on dit / ils ont dit» (qælº) avant de plagier sur la Sîra l’épisode du songe prémonitoire de ©Ætiqa qui prélude aux récits sur la bataille de Badr. Selon J.M.B. Jones, on ne peut pas parler de plagiat, mais simplement du fait que chacun des deux auteurs peut avoir puisé dans un matériel commun déjà plus ou moins forma- lisé durant le IIe / VIIIe siècle. De fait, l’application de la notion de «plagiat» appliquée à Wæqidî et à d’autres semble plu- tôt anachronique étant donné le mode de transmission des traditions islamiques et le type d’écriture des ouvrages qui les ont compilées. L’étude de Michael Lecker est plus récente (JNES 54, 1995). Elle avait déjà été rééditée dans l’ouvrage de Variorum de l’auteur, Jews and Arabs in Pre- and Early Islamic Arabia (Ashgate, 1998, chap. VII). Elle est intitulée «Wâqidi’s Account on the Status of the Jews of Medina: a Study of a Combined Report». Spécialiste de l’histoire de la Médine d’avant et du début de l’islam, l’auteur y examine un point particulier du récit de Wæqidî sur l’assassinat du leader juif Ka©b b. al-A‡raf. Il met en évidence la technique de transmission souvent pratiquée par Wæqidî – et par d’autres, dont Ibn IsÌæq –, et qu’il appelle celle du «récit combiné»: harmonisation de données traditionnelles, que l’on met sous le label d’isnæds collectifs, ceux-ci étant BCAI 18 – 2002 34 II. ISLAMOLOGIE, PHILOSOPHIE, SCIENCES eux-mêmes une combinaison d’isnæds effectuée à partir de chaînes initialement indépendantes. Le résultat en est la distorsion de certaines des informations par rapport à leur stade initial. Dans le récit choisi pour exemple, les juifs qui, à Médine, étaient présentés par des informations antérieu- res – dont l’auteur a retrouvé la trace ailleurs avec leurs isnæds particuliers – comme un élément économiquement, politiquement et militairement dominant, s’y trouvent ra- menés, par le «récit combiné» de Wæqidî, à de simples clients des clans arabes non juifs. L’auteur remarque enfin que la pratique des isnæds collectifs combinés en un seul était déjà plus que suspecte à un traditioniste averti comme Ibn Îanbal. La quatrième étude est celle de Lawrence I. Conrad, «Abraha and Muhammad…» (BSOAS 50, 1987). Le pro- blème abordé était celui de la date de la naissance de MuÌammad, d’une part, et de la date du début de sa car- rière prophétique, d’autre part, en relation avec l’expédition d’Abraha et l’année dite «de l’Éléphant». Muhammad serait né durant «l’année de l’Éléphant», c’est-à-dire en 570, dit- on, et il aurait reçu sa mission à l’âge de 40 ans, c’est-à-dire en 610, dit-on encore. L’auteur mettait en évidence plusieurs éléments qui contredisent cette version reçue. Tout d’abord, ce qui est connu des expéditions et du règne d’Abraha par les sources épigraphiques et les sources littéraires grecques nous reporte, pour une éventuelle expédition qu’il aurait dirigée contre La Mecque, à des dates plus anciennes d’une vingtaine d’années. D’autre part, les sources islamiques sont elles-mêmes très loin de l’unanimité à propos de la date de naissance de MuÌammad: outre la version reçue de «l’année de l’éléphant», la datation varie, selon les auteurs, de 15 à 70 ans après cette même année. Enfin, l’âge de 40 ans qui est donné à MuÌammad pour le temps de son «envoi en mission» fait partie des topoi de la littérature du Proche-Orient sur le nombre 40. En l’occurrence, les «40 ans» de MuÌammad veulent signifier que l’envoi en mis- sion survint au moment où il avait atteint son parfait achèvement physique et mental. Nous uploads/Litterature/bcai-0259-7373-2002-num-18-1-996-t2-0033-0000-1.pdf

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