Laënnec HURBON docteur en Théologie (Institut catholique de Paris) et en Sociol
Laënnec HURBON docteur en Théologie (Institut catholique de Paris) et en Sociologie (Sorbonne), directeur de recherche au CNRS et professeur à l'Université Quisqueya de Port-au-Prince (1975) “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle: - être hébergés (en fichier ou page web, en totalité ou en partie) sur un serveur autre que celui des Classiques. - servir de base de travail à un autre fichier modifié ensuite par tout autre moyen (couleur, police, mise en page, extraits, support, etc...), Les fichiers (.html, .doc, .pdf, .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Classi- ques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif com- posé exclusivement de bénévoles. Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnel- le et, en aucun cas, commerciale. Toute utilisation à des fins com- merciales des fichiers sur ce site est strictement interdite et toute rediffusion est également strictement interdite. L'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisa- teurs. C'est notre mission. Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 3 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bé- névole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Laënnec HURBON “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” Un texte publié dans Croyants hors-frontières. Hier-Demain, chapitres X-XII, pp. 225-249. Georges Casalis, Marie-Magdeleine Da- vy, Pierre Gallay, Laënnec Hurbon, Viviana Paques et Martial Sinda. Paris : Les Éditions Buchet/Chastel, 1975, 251 pp. Collection : Deux milliards de croyants. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 19 mai 2009 de dif- fuser toutes ses publications dans Les Classiques des sciences socia- les.] Courriel : lhurbon@yahoo.com Polices de caractères utilisée : Comic Sans, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Micro- soft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 2 octobre 2010 à Chicoutimi, Ville de Sa- guenay, province de Québec, Canada. Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 4 Laënnec HURBON docteur en Théologie (Institut catholique de Paris) et en Sociologie (Sorbonne), directeur de recherche au CNRS et professeur à l'Université Quisqueya de Port-au-Prince Doyen “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” Un texte publié dans Croyants hors-frontières. Hier-Demain, chapi- tres X-XII, pp. 225-249. Georges Casalis, Marie-Magdeleine Davy, Pierre Gallay, Laënnec Hurbon, Viviana Paques et Martial Sinda. Paris : Les Éditions Buchet/Chastel, 1975, 251 pp. Collection : Deux milliards de croyants. Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 5 Table des matières Chapitre X. Le vaudou haïtien et la violence impérialiste. Au commencement était l'esclavage Chapitre XI. Le marronnage et l'affirmation du vaudou : réaction à l’esclavage Chapitre XII. Situation actuelle du vaudou Un langage de survie. Un autre Code culturel Bibliographie Quelques mots de conclusion Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 6 [225] Laënnec HURBON “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie”. Un texte publié dans Croyants hors-frontières. Hier-Demain, chapitres X-XII, pp. 225-249. Georges Casalis, Marie-Magdeleine Da- vy, Pierre Gallay, Laënnec Hurbon, Viviana Paques et Martial Sinda. Paris : Les Éditions Buchet/Chastel, 1975, 251 pp. Collection : Deux milliards de croyants. [227] Chapitre X Le vaudou haïtien et la violence impérialiste. Retour à la table des matières Pour comprendre le vaudou haïtien, il faut commencer par le repla- cer dans le contexte de ses premières manifestations qui correspon- dent aux premières manifestations de la violence impérialiste : l'escla- vage. À cet égard, l'histoire du Vaudou n'a plus rien à voir avec celle que racontent les essais écrits pour étancher la soif de fantastique des bourgeoisies européennes et américaines. Elle n'a rien à voir non plus avec celle imaginée par les ethnologues soucieux de pièces à mu- sée et toujours prêts à exalter l'originalité de la culture populaire haï- tienne, d'autant plus qu'ils se désintéressent des populations concrè- tes qui pratiquent le Vaudou. L'histoire du Vaudou se trouve encore moins dans les manuels d'histoire d'Haïti dont tout le dessein jusqu'ici Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 7 a été de laver le peuple haïtien de la grande souillure que représente le Vaudou. Mais s'il existe une archéologie du Vaudou, elle est inscrite dans les corps mêmes du vaudouisant ; dans ses rythmes, ses danses et ses symboles. Et nulle main étrangère, nul regard de « voyeur » ne saurait se poser sur cette histoire sans la trahir et sans la dénaturer. Ne serait-ce donc pas une imposture que de tenir, à notre tour, un discours sur les vaudouisants, en tirant notre épingle [228] du jeu, « dans l'indifférence de l'entomologiste qui regarde d'un œil curieux des insectes en train de se battre ou de s'entre-dévorer 1 » ? Fau- drait-il, en revanche, laisser la parole aux seuls initiés du Vaudou ? Mais comment faire pour que cette parole, une fois parvenue aux oreil- les du non-vaudouisant, ne soit pas détournée, désamorcée et finale- ment livrée en pâture à l'exotisme ? D'entrée de jeu, nous soulignons qu'il ne sera pas question ici d'al- ler sur le dos du vaudouisant, par-dessus ses épaules, se mettre à tra- cer pour lui sa propre histoire, à connaître pour lui son propre itinérai- re. Nous serons tous compris dans cette histoire. Et le lecteur aussi. Ce que nous visons ainsi, nous pouvons dès maintenant l'évoquer : la suppression du spectateur et du spectacle. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : on avait fait jusqu'ici du Vaudou haïtien un spectacle exotique, on continue à le faire aujourd'hui plus que jamais. Or c'est le moyen le plus sûr de momifier le Vaudou, de le mettre au musée, bref, de para- chever l'entreprise ethnocidaire 2, menée d'un commun accord par les colons blancs, les rois nègres et les missionnaires, dès l'inauguration de la Conquête de l'Amérique au XVIe siècle. En vérité, on n'a pas encore pris la mesure réelle de cette entre- prise, ses coordonnées, ses tactiques variées autant que cachées. L'on dispose même à peine de la distance nécessaire, l'entreprise se pour- 1 Michel Leiris : Cinq Études d'Ethologie, Paris 1969, p. 85. 2 « Ethnocide » est le terme employée aujourd'hui pour désigner la destruction de civilisations entières (notamment la civilisation indienne) par les colons européens du XVIe au XIXe siècle. Laënnec Hurbon, “Le culte du vaudou. Histoire – Pensée – Vie.” (1975) 8 suivant de nos jours et n'étant troublée que par des vagues de surfa- ce. Bien plus, pourra-t-on en être quitte par le simple rappel de cette histoire, comme si celle-ci pouvait devenir le pur souvenir d'une entre- prise regrettable, mais dépassée ? Les vaudouisants haïtiens ne l'en- tendent pas de cette oreille : leur seule existence est la présence ac- tuelle, permanente de cette histoire de l'expansionnisme chrétien oc- cidental, c'est-à-dire du capitalisme, et nul Occidental (ni non plus un occidentalisé) ne peut porter un regard sur le Vaudou sans se décou- vrir dans ce même regard. [229] Au commencement était l'esclavage Retour à la table des matières Le peuple de vaudouisants dont il sera question ici est celui qui constitue plus de 85 à 90% de la population globale d'Haïti et qui se trouve, soit entassé dans les taudis et bas-quartiers de la capitale et des villes, soit éparpillé dans les campagnes. Que des institutions comme l'Église, l'école, que les appareils administratif et militaire soient partout présents comme les symboles mêmes de la domination du code occidental, ils n'ont guère réussi à opérer une véritable inté- gration du peuple, ou, s'ils ont réussi, c'est sur le mode de sa sépara- tion avec une mince couche de privilégiés, autrement dit en opérant sa plus radicale marginalisation. Ils sont, en règle générale, analphabè- tes ; ce sont des paysans, agriculteurs et petits artisans dont la vie quotidienne est une lutte permanente pour la survie : chômage, travail pour des salaires de famine, mendicité, domesticité, absence d'aide médicale, bref, toutes les caractéristiques des « Enfants de San- chez 3 », dont a parlé Oscar Lewis, se trouvent réunies dans le uploads/Litterature/culte-du-vaudou-pdf.pdf
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- Publié le Fev 11, 2022
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