U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L L E S , U N I V E R S I T É D ' E

U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L L E S , U N I V E R S I T É D ' E U R O P E DIGITHÈQUE Université libre de Bruxelles ___________________________ PRÉAUX Jean, éd., Problèmes d’histoire du Christianisme, Volume 5, Editions de l’Université de Bruxelles, 1976. ___________________________ Cette œuvre littéraire est soumise à la législation belge en matière de droit d’auteur. Tout titulaire de droits qui s’opposerait à la mise en ligne de son article est invité à prendre immédiatement contact avec la Digithèque afin de régulariser la situation (email : bibdir@ulb.ac.be) Les illustrations de cet ouvrage n’ont pu être reproduites afin de se conformer à la législation belge en vigueur. L’œuvre a été publiée par les Editions de l’Université de Bruxelles http://www.editions-universite-bruxelles.be/ Les règles d’utilisation de la présente copie numérique de cette œuvre sont visibles sur la dernière page de ce document. 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Robert Joly Université Libre de Bruxelles Institut d'Histoire du Christianisme PROBLÈMES D'HISTOIRE DU CHRISTIANISME 5 1974-1975 Édités par Jean Préaux Éditions de l'Université de Bruxelles Parc Léopold 1040 Bruxelles Belgique LS.B.N. 2-8004-0633-X 0/1976/0171/9 © Éditions de l'Université de Druxelles, 1976 Parc Léopold 1040 Bruxelles Belgique Téléphone (02/735.01.86) Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction, y compris les microfilms et les photocopies, réservés pour tous pays. Imprimé en Belgique L'empereur Marc Aurèle (*) par JVilliam Lameere Ce titre ambitieux est à lui seul tout un programme: il fait présager un livre sur Marc Aurèle ou quelque étude embrassant tout le règne de cet empereur. Et l'on sait combien nombreux, combien variés en ont été les aspects, combien dramatiques en ont été les péripéties. Au cours des dix- neuf années (7 mars 161-17 mars 180) que dura ce pouvoir du successeur d'Antonin le Pieux, Chrétiens et non Chrétiens, Romains et Barbares s'af- frontèrent avec l'incompréhension, la cruauté et l'acharnement que nous ne laissons pas aujourd'hui de déplorer avec tant de surprise et de con- sternation: la «paix romaine» avait pris fin (1). En effet, pareil titre aurait été le meilJeur, et de loin, pour une étude aussi vaste. En réalité, mon propos ne sera pas sans limite, et je l'aurais mieux défini dès l'abord, si j'avais pris soin d'ajouter: «Les sentiments de Marc Aurèle à l'égard des Chrétiens». C'est là comme un sous-titre ex- plicatif, qui vous aidera, je l'espère, à mieux souffrir ce préambule. Ainsi délimité, mon sujet s'attire aisément la justification .qui est sienne: ces sentiments de l'empereur à l'égard des Chrétiens n'ont pas fait jusqu'ici l'objet d'un examen suffisamment rigoureux, à ce qu'il m'a semblé, ou ce qu'on en retient le plus souvent me paraît beaucoup trop sommaire (2). Et pourtant je me suis arrêté à ce titre trop prometteur. Car, s'il est un aspect de ce règne où il y eut de toute évidence et de toute nécessité rap- port entre les événements et les décisions ou les prérogatives impériales, c'est bien celui où les Chrétiens entrèrent en conflit avec Marc Aurèle. C'est même un des aspects de ce règne où le pouvoir absolu du phi- losophe héritier des Césars est impliqué de façon si nette et si profonde qu'il s'en trouve éclairé jusque dans ses limites. On le verra: ici Marc Aurèle aurait connu son plus cuisant échec, en tant qu'homme de cœur et 5 de réflexion, si sa mémoire avait été honnie à tout jamais par les Chrétiens qu'il persécuta. Or, il n'en fut pas ainsi sans rémission - peut-être in- volontaire - et c'est en 1538, sous la Papauté, que sa statue, le cabal/us Constantini, ainsi qu'on la désignait au moyen âge, à l'époque où on l'avait admirée au Latran (3), reçut enfin son emplacement définitif: on la plaça, sur les ordres de Michel Ange, en ce haut lieu dont il s'était plu dans sa jeunesse à évoquer les frondaisons frémissantes aux flancs des deux som- mets du Capitole (4). Jamais déplacement tardif n'attira semblable hon- neur, que je sache, au cours des siècles, à Néron, quand la Chrétienté fut maîtresse à Rome. * * * Il Ya plus encore, à mes yeux, dans ce rappel introductif de la fonction impériale. Tout au début de son Marc Aurèle, autrement dit du tome VII et dernier de son Histoire des Origines du Christianisme (5), Ernest Renan a défini la personnalité de l'empereur en ces termes: «... Marc Aurèle n'a été ce qu'il fut que parce qu'il a exercé le pouvoir suprême...» (6) Renan songeait, en s'exprimant ainsi, à l'homme de vertu, au moraliste, à l'auteur des Pensées. Rien n'est plus vrai. A ce point qu'aujourd'hui nous commençons à mieux comprendre les Pensées en les intégrant avec plus d'attention qu'autrefois dans les travaux harassants incombant à l'empereur, en temps de paix comme en temps de guerre, et même au milieu des troupes, où il vaquait aussi, mais tant bien que mal, pour reprendre haleine et se conforter, à la rédaction de ses ùttouvnuàtu: personnels 011, 14). Et c'est dans les Pensées qu'il nous trahit ses sentiments sur les Chrétiens, et nous éclaire ainsi sur ce point crucial de sa politique, en nous laissant, avouons- le, sur notre faim. Mais c'est aussi dans les Pensées, et sans que nous ayons à suivre ici pareille argumentation, que transparaît, dans le cadre du stoïcisme, une doctrine analogue à nulle autre et cohérente, en dépit du caractère apparemment décousu et désordonné de ce petit livre (7). Renan s'y est trompé, qui osa écrire: «... Marc Aurèle, à proprement parler, n'a pas de philosophie; quoiqu'il doive presque tout au stoïcisme transformé par l'esprit romain, il n'est d'aucune école...» (8). Rien n'est plus inexact (9). Et si nous avions à développer ces con- sidérations en songeant aux Chrétiens, on verrait bientôt, à l'examen des Pensées, combien le système en est logique et profondément vécu par le prince (10), combien, sur des points majeurs, la philosophie de Marc Aurèle et la foi des Chrétiens sont inconciliables. La limitation de notre sujet ne nous permet pas d'énoncer ici tous ces points doctrinaux (11). 6 Mais retenons dès à présent pour notre propos J'un des articles les plus révélateurs de cet antagonisme doctrinal, bien qu'il ne soit ignoré de per- sonne: aux yeux de tout Stoïcien, comme aux yeux du chef de l'Etat, cher- cher sans plus dans la vie terrestre à mériter et à conquérir une félicité ab- solue qui ne viendra qu'après la mort, n'est pas le fait d'un citoyen con- scient de ses obligations morales envers la société qui l'entoure (12). Les Pensées ont un caractère intime. Tà elç èautôv , tet en est le titre traditionnel (13), ce qui signifie A moi-même, ou plus exactement Vers moi-même, ainsi que J'a bien compris le professeur Robert Debré dans L 'honneur de vivre (14). C'est donc à tort que l'on croirait y découvrir ces faits pittoresques, et toujours si précieux pour nous, qui nous trahiraient les divers mouvements religieux dans leurs manifestations extérieures, à cette époque. Tel n'était pas le fil du «discours intérieur» de Marc Aurèle (J 5). Aussi n'hésitons pas à excéder ici le cadre des Pensées et citons brièvement parmi ces faits «extérieurs» ceux qu'on voudra bien sous-entendre au long de cet exposé, et qu'on retiendra d'autant plus aisément qu'ils sont connus de tous et demeurent indispensables à la justification de ce qui va suivre. Au sein de ces remous «extérieurs» et parmi lesquels il faut compter l'application de la loi romaine, on voit surgiries Juifs et les Chrétiens. Comment s'y reconnaître, à la vérité, dans ce foisonnement de sectes où se côtoyaient les esprits égarés - tel Peregrinos (16) - les charlatans de tout acabit, comme Alexandre d'Abonotichos (17), et les prêtres des cultes étrangers dont te magicien Harnouphis, qui fut J'un des témoins de Ja «pluie miraculeuse» (LS}? Il incombait et il suffisait à l'Etat de s'en pren- dre éventuellement, et bon gré mal gré, à ceux, quel que fût leur credo, qui menaçaient, à tort ou à raison, l'unité et la sécurité de l'Empire. Or, les Chrétiens étaient assurément au nombre de ces gens-là, sans compter qu'aux yeux de la loi romaine il importait de ne pas les confondre avec les Juifs, qui échappaient, comme on sait, aux sanctions légales (I9). Les Juifs formaient toujours une nation que protégeait un dieu national: ils n'étaient pas «athées», alors que les Chrétiens l'étaient pour uploads/Litterature/digitheque-cette-oeuvre-litteraire-est-soumise-a-la-legislation-belge-en-matiere-de-droit-d-x27-auteur 1 .pdf

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