Penser la formation aujourd’hui : un nouveau paradigme ACTES ÉDITÉS PAR BERNARD

Penser la formation aujourd’hui : un nouveau paradigme ACTES ÉDITÉS PAR BERNARD BLANDIN COLLOQUE DEFI&Co DES 16 & 17 OCTOBRE 2017 à l’Espace Grenelle - Paris Avec le concours du Programme Investissements d’Avenir CESI RECHERCHE Mars 2018 Bernard Blandin Directeur de Recherches CESI-LINEACT, bblandin@cesi.fr PENSER LA FORMATION AUJOURD’HUI : UN NOUVEAU PARADIGME Argumentaire Depuis plus de dix ans, de nombreux rapports de recherche, tant en France qu’au niveau international (OCDE), font état de la nécessité, au 21e siècle, de développer, par l’éducation et la formation, la créativité, les démarches synthétiques, la pensée latérale, les capacités d’exploration, d’adaptation, de collaboration, la disposition à apprendre (ou « apprenance »). Dans ce contexte, bien évidemment, former aux nouveaux métiers n’est pas seulement permettre d’acquérir la maîtrise des nouveaux outils techniques et des méthodes qu’implique leur mise en œuvre ; c’est aussi faciliter l’acquisition effective des aptitudes et des capacités permettant de contribuer au développement de l’entreprise, à l’innovation de produits, de procédés ou de services, à de nouvelles organisations du travail… Mais depuis dix ans, l’économie est stagnante, la recherche peu productive, les entreprises innovantes peinent à recruter faute de profi ls correspondant aux postes proposés… Et, côté éducation et formation, il semble bien que les résultats se fassent attendre : l’enquête PISA ou des classements universitaires succes- sifs indiquent, globalement, que la position de la France ne s’améliore pas. Et si c’était parce que l’on pensait l’éducation et la formation avec des outils conceptuels inadaptés au monde d’aujourd’hui ? En d’autres termes, est-ce que le paradigme (au sens de Kuhn) avec lequel l’on pense l’éducation et la formation est encore valide ? Et si ce n’est pas le cas, comment caractériser le nou- veau paradigme en émergence ? Telle est la question qui sous-tend ce premier colloque DEFI&Co, dont l’objectif est d’esquisser les contours d’une approche de la formation qui réponde vraiment aux attentes actuelles. En synthétisant plusieurs courants de recherches en sciences de la formation portant sur des pratiques émergentes qui n’ont pas été rapprochées jusqu’ici, on fera l’hypothèse que ce nouveau paradigme repose sur cinq piliers, qu’il s’agira de concrétiser et de consolider au cours du colloque, grâce à l’apport de cher- cheurs s’appuyant sur des travaux empiriques. Ces cinq piliers sont les suivants. 1. Un modèle de description de l’activité humaine qui prenne en compte l’environnement dans lequel elle s’exerce, avec lequel elle interagit et qui, en retour la facilite, la tolère ou, au contraire, la perturbe. Ce modèle, émergent, est celui des « capabilités », qui ajoute au modèle de la compétence la prise en compte des caractéristiques du contexte dans lequel elle s’exerce. Ce modèle permet de défi nir non seulement des référentiels d’emploi, d’activité et de compétences, mais aussi les conditions organisa- tionnelles dans lesquelles l’activité peut pleinement s’exercer, et les compétences se manifester… Ce modèle s’applique aussi aux activités d’apprentissage, qu’elles se déroulent dans un cadre formel ou informel. 2. Des approches pédagogiques qui s’appuient sur ce que l’on sait aujourd’hui du processus apprendre, à savoir que c’est un processus social, fortement lié aux situations dans lesquelles il se déroule, qui de- mande un certain effort d’attention et de concentration. Ces caractéristiques du processus induisent des pédagogies « actives », exigeantes en termes d’engagement et d’activité de l’apprenant, des situations d’apprentissage élaborées en fonction des objectifs à atteindre, forcément collaboratives. Les modèles pédagogiques répondant à ces critères sont de type « pédagogies par projets », ou plus généralement « socioconstructivistes ». On sait aujourd’hui qu’elles permettent, outre l’acquisition de connaissances et d’habiletés, le développement de la créativité, des capacités de modélisation, des capacités d’expres- sion et de communication, des capacités de travail en équipe… 3. Des environnement d’apprentissage qui soient à la fois « capacitants », c’est-à-dire permettant l’expres- sion des compétences, et facilitateurs des apprentissages. De tels environnements facilitent l’expression des idées, les échanges en groupe de confi gurations variables ; ils facilitent aussi l’accès aux ressources 1 d’apprentissage (LearningLabs), aux outils de modélisation et de représentation et aux outils de prototy­ page (FabLabs). De tels environnements sont aujourd’hui expérimentés dans de nombreuses écoles ou universités ; des mobiliers spécifiques sont créés, leurs caractéristiques et leurs effets sont étudiés et com­ parés, que ce soit chez les pionniers américains (réseau SCALE-UP), mais aussi en France dans le réseau des « LearningLabs » fondé en 2016. 4.  De nouvelles formes de reconnaissances des acquis, modulaires, visant un « bloc de connaissance » ou un « bloc de compétences », proposant des « micro-certifications (micro-credentials) » capitali­ sables, qui facilitent la dynamique d’apprentissage en nourrissant au fur et à mesure de leur acquisition le sentiment de compétence des apprenants. Ces modèles, comme par exemple celui des Open Badges, font l’objet de procédures standardisées d’attribution, d’agrégation dans un portfolio numérique et de vérification par les tiers, et se développent rapidement pour reconnaître les acquis de situations d’ap­ prentissage formelles ou non formelles en ligne (e-Learning, MOOC, SPOC…). 5.  De nouvelles approches de l’ingénierie permettent de concevoir en cohérence les référentiels d’emploi, d’activité et de compétences, les situations et la pédagogie qui permettent de les acquérir, l’environnement et les ressources d’apprentissage. Ces modèles diffèrent de l’ingénierie de formation et de l’ingénierie pédagogique traditionnelle selon trois dimensions : d’une part, cette ingénierie s’applique simultanément à des objets multiples (compétences et connaissances, modalités et situations, environnement et outillage, aspects juridiques et financiers…) ; d’autre part, cette ingénierie abandonne le modèle séquentiel ADDIE (Analyse, Design, Développement, Implémentation, Evaluation) pour une démarche agile en boucles suc­ cessives (par exemple SAM – Successive Approximation Method préconisée par l’ASTD). Enfin, cette ingénierie mobilise des techniques issues de domaines connexes à la formation : techniques d’analyse de l’activité, techniques de scénarisation, techniques du génie logiciel… Une telle ingénierie ouvre, de plus, la porte à l’utilisation de langages formels, et, à terme, à la production d’outils numériques facilitant sa mise en œuvre. Sur la forme, ce colloque se veut un lieu de confrontation de points de vue et d’échanges en vue de concrétiser et de consolider ce nouveau paradigme. Il est donc conçu sous la forme d’une série de « tables rondes » successives regroupant des intervenants choisis pour leur vision prospective et leurs travaux sur chacun des « piliers » du paradigme, et animées par un modérateur. La table ronde introductive présentera les enjeux de ce nouveau paradigme, et brossera un état des lieux prospectif des métiers, du travail, des dispositions individuelles… Cinq tables rondes seront ensuite consacrées à chacun des piliers. Au final, les modérateurs présenteront une synthèse. Ce colloque s’inscrit dans le cadre des activités de communication scientifique du projet DEFI&Co, présenté à la fin de ce document. 2 PROGRAMME DU COLLOQUE Lundi 16 octobre 2017 3 PROGRAMME DU COLLOQUE LUNDI 16 OCTOBRE 2017 10h00 – 10h30 Ouverture : Vincent Cohas (Directeur Général, CESI) Accueil des participants et présentation du colloque 10h30 – 12h30 Table ronde 1 : le contexte, état des lieux (en France) et perspectives Animation : Bernard Blandin (Directeur de recherches, CESI). Il s’agit de dresser un état des lieux de la formation et de l’emploi, d’étudier l’évolution des métiers visés par le projet DEFI&Co et celle du travail en général, et de poser les bases d’une refondation de la formation, permettant la mise en œuvre du nouveau paradigme qui fait l’objet de ce colloque. Paul Santelmann (Directeur de la veille Emploi et Qualification à l’AFPA) Formation & emploi en France : état des lieux Nous assistons à une mutation de la relation formation/emploi qui nécessite de nouvelles grilles de lecture et une remise en cause de notre modèle économique et social. Les cloisonnements sectoriels et catégoriels traditionnels se délitent pour laisser place à des recompositions/hybridations des activités professionnelles. Les compétences transversales deviennent les principaux vecteurs du développement et de l'employabilité. Les qualifications et les spécialisations techniques sont confrontées à des processus d'obsolescence accélérés. Le système productif, contraint d'innover et d'intégrer les enjeux environnementaux et les potentialités du numérique, se réapproprie de nombreuses fonctions formatives mais aussi de nouvelles façons d'organiser le travail. Gaël Bouron (Responsable d’études, APEC) Usine et bâtiment du futur : des métiers cadres et des compétences en pleine évolution Face aux enjeux sociétaux, démographiques, technologiques, environnementaux, réglementaires et d'innovation, les métiers cadres se transforment en se dotant de nouvelles missions et compétences. De nouveaux métiers se créent aussi, notamment sous l'effet de la transformation numérique et de la transition énergétique. C'est le cas des six domaines métiers de l'usine et du bâtiment du futur, étudiés par l'APEC dans le cadre de DEFI&Co. Ces domaines constituent un marché très dynamique avec une forte évolution du nombre d'opportunités d'emploi cadre et en matière de compétences demandées. Au-delà d'un savoir-faire technique de plus en plus pointu, les compétences transversales et comportementales deviennent indispensables dans ces métiers. C'est donc tout l'enjeu de l'anticipation du développement des compétences dans un marché de l'emploi cadre très porteur et où certains profils sont très recherchés. Olivier Charbonnier (DG Groupe Interface, Co-fondateur de DSIDES, Laboratoire-agence digital) Le travail demain La structure même uploads/Management/ actes-du-colloque-defi-co-10-2017.pdf

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  • Publié le Dec 16, 2022
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