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02/11/08 23:28 ISC - CFHM - IHCC Page 1 sur 2 http://www.stratisc.org/pub_bruno_colson_straeu_1.htm Dossiers : . Théorie de la stratégie . Cultures stratégiques . Histoire militaire . Géostratégie . Pensée maritime . Pensée aérienne . Profils d'auteurs . Outils du chercheur . BISE . Bibliographie stratégique Publications de référence Stratégique Histoire Militaire et Stratégie Correspondance de Napoléon RIHM Institut de Stratégie Comparée, Commission Française d'Histoire Militaire, Institut d'Histoire des Conflits Contemporains Portail Nouveautés Etudes stratégiques Publications ISC- CFHM- IHCC Liens Contacts - Adhésion AVANT-PROPOS La stratégie américaine ne se laisse pas facilement décrypter. L’observateur est souvent étourdi par la profusion des opinions, des déclarations, des rapports, qui donnent l’image d’une juxtaposition de services et d’intérêts qui poursuivent des objectifs concurrents, sinon antagonistes. Les rivalités entre les armées atteignent aux États-Unis une intensité inégalée, au point qu’un commentateur, mi-sérieux, mi-ironique, a pu dire que l’ennemi principal de l’US Navy n’avait jamais été la marine soviétique mais plutôt l’US Air Force. Les erreurs de l’une sont dénoncées par l’autre sans guère de considération pour un intérêt commun. Cette vision est difficilement évitable en raison de la tradition de la démocratie américaine qui a sciemment encouragé l’émergence de foyers de pouvoir multiples. C’est pourtant par une fâcheuse erreur de perspective que l’on prétend en conclure que les États-Unis n’auraient ni stratégie ni politique étrangère. John Lewis Gaddis a réagi avec éclat contre cette interprétation simpliste dans son livre classique Strategies of Containment (1982). Il a montré que, malgré les divergences partisanes et l’instabilité gouvernementale, la politique étrangère américaine était d’une remarquable cohérence. Bruno Colson reprend aujourd’hui cette démonstration pour l’étendre à l’ensemble de la stratégie américaine. Il part d’un modèle théorique, celui de la stratégie intégrale telle qu’elle a été définie par le général Lucien Poirier. Cette stratégie intégrale s’organise autour de trois axes que sont la stratégie générale économique, la stratégie générale militaire et la stratégie générale culturelle. Ces trois secteurs sont en interrelation constante au sein d’un ensemble que les Américains appellent aujourd’hui stratégie nationale de sécurité. Au-delà de la diversité des acteurs et de la vivacité des débats, il est ainsi possible de discerner une stratégie qui met en œuvre les différents leviers de la puissance pour maintenir une position hégémonique. 02/11/08 23:28 ISC - CFHM - IHCC Page 2 sur 2 http://www.stratisc.org/pub_bruno_colson_straeu_1.htm Celle-ci est aujourd’hui incontestée. Tel sociologue célèbre préfère oublier le livre qu’il consacrait au Mal américain en 1980. Le syndrome du Viêt-nam a cédé la place à un optimisme qui s’est transformé en triomphalisme après la démonstration de la guerre du Golfe. Le débat sur la révolution dans les affaires militaires est la dernière manifestation de cette confiance retrouvée : le but est de montrer que les États-Unis sont les seuls à maîtriser la chaîne complète des nouvelles techniques et qu’ils constituent, plus que jamais, le modèle sur lequel les autres doivent s’aligner. La démonstration de Bruno Colson, qui constitue le deuxième volet du programme de recherches de l’ISC sur les stratégies des grandes puissances, est exemplaire. Elle met en valeur la richesse heuristique d’un modèle théorique jusqu’ici insuffisamment utilisé. Elle fait justice d’une critique qui a parfois été adressée à la stratégie intégrale selon laquelle elle supposerait une organisation politique totalitaire. Enfin, elle montre que cette stratégie intégrale américaine existe, qu’elle est pensée avant d’être mise en œuvre. Mise en œuvre d’autant plus efficace qu’elle a été précédée d’une réflexion systématique. Voilà une leçon dont nous ferions bien de nous inspirer. Hervé Coutau-Bégarie Président de l’Institut de Stratégie Comparée Copyright www.stratisc.org - 2005 - Conception - Bertrand Degoy, Alain De Neve, Joseph Henrotin 02/11/08 23:29 ISC - CFHM - IHCC Page 1 sur 3 http://www.stratisc.org/pub_bruno_colson_straeu_2.html#Home Dossiers : . Théorie de la stratégie . Cultures stratégiques . Histoire militaire . Géostratégie . Pensée maritime . Pensée aérienne . Profils d'auteurs . Outils du chercheur . BISE . Bibliographie stratégique Publications de référence Stratégique Histoire Militaire et Stratégie Correspondance de Napoléon RIHM Institut de Stratégie Comparée, Commission Française d'Histoire Militaire, Institut d'Histoire des Conflits Contemporains Portail Nouveautés Etudes stratégiques Publications ISC- CFHM- IHCC Liens Contacts - Adhésion INTRODUCTION Depuis 1945, le rapport entre la guerre et la stratégie est inversé. La stratégie ne se situe plus uniquement dans la guerre. Celle-ci est devenue un des modes, de moins en moins utilisé par les pays "développés", d’une stratégie qualifiée de totale ou d’intégrale. Pour le général Beaufre, la stratégie totale est "chargée de concevoir la conduite de la guerre totale. Son rôle est de définir la mission propre et la combinaison des diverses stratégies générales, politique, économique, diplomatique et militaire" 1. Considérant à juste titre que cette définition était encore trop liée à celle de guerre, Lucien Poirier a proposé le concept de stratégie intégrale. "Théorie et pratique de la manœuvre de l’ensemble des forces de toute nature, actuelles et potentielles, résultant de l’activité nationale, elle a pour but d’accomplir l’ensemble des fins définies par la politique générale". Elle se décompose en trois stratégies générales, économique, culturelle et militaire2. Notons que ces trois stratégies générales correspondent à ce que certains politistes considèrent comme les trois articulations de la politique. Talcott Parsons avait discerné trois axes dans la domination politique de l’Empire romain : un axe militaire, un axe culturel, un axe économique. Reprenant ce schéma, Dominique Colas estime qu’il peut servir à analyser de façon universelle la domination politique en tant qu’elle est toujours une action utilisant certains moyens et organisant des rapports sociaux. La politique est articulée et elle articule. Elle occupe une place dans différents types de pratiques ou de processus et, en même temps, sa place lui est donnée par différentes pratiques, différents processus : modes de production, modes de destruction et modes de communication3. Ils correspondent aux trois stratégies générales, économique, militaire et culturelle. L’extension du concept de stratégie a été pressentie dès la fin du XIXe siècle, notamment par l’amiral Mahan qui estimait que la stratégie navale était aussi nécessaire en temps de paix qu’en temps de guerre. La Première Guerre mondiale, après les désillusions de 1914 et l’enlisement dans les tranchées, amena les belligérants à travailler à une mobilisation économique sans précédent. La stratégie économique apparaissait aux côtés de la stratégie militaire, sans que l’on sache quand la prise de conscience théorique de cette mutation a réellement eu lieu. L’Américain Edward Mead Earle et le Britannique Liddell Hart ont, en tout cas, été parmi les premiers à parler de grand strategy à propos de la Seconde Guerre mondiale, pour rendre compte de la mise au service des buts de guerre de toutes les ressources de la nation4. Depuis, la grand strategy a été également appelée national security strategy par les Américains. "Elle reflète des décisions politiques au plus haut niveau couvrant toutes les activités de l’État. Elle gère, coordonne et, si c’est nécessaire, crée des instruments appropriés pour mettre en œuvre la politique de l’État, en drainant tous les éléments de la puissance nationale, incluant la pression diplomatique, la force militaire, les ressources industrielles, la position commerciale, la base technologique, les données du renseignement, l’attrait idéologique et la cohésion politique. Alors que la stratégie militaire s’occupe d’abord de l’utilisation de la puissance militaire dans la guerre, la grande stratégie guide l’emploi de toute la gamme des instruments de la politique dans la paix comme dans la guerre. La " grande stratégie " fait donc 02/11/08 23:29 ISC - CFHM - IHCC Page 2 sur 3 http://www.stratisc.org/pub_bruno_colson_straeu_2.html#Home référence au développement et à l’application coordonnée des instruments politiques, économiques et militaires de la puissance pour défendre les intérêts et les objectifs nationaux dans toutes les circonstances" 5. La grande stratégie, ou stratégie nationale de sécurité, est l’équivalent de la stratégie intégrale de Lucien Poirier. N’est-ce pas désigner, en d’autres termes, la politique étrangère ? De même que, pour Lucien Poirier, la stratégie est, d’une certaine manière, la "politique- en-acte" parce qu’elle implique notamment une structuration des voies-et- moyens correspondant aux finalités de la politique, la définition américaine de la grande stratégie implique de déterminer non seulement des priorités mais aussi des modes d’action spécifiques. La "guidance stratégique" décrit ce qui est nécessaire au succès et préconise une approche pour rencontrer les objectifs-clefs. C’est une question de choix en fonction de coûts et d’allocation des ressources. Une grande stratégie reflète aussi la perception collective des conditions qui devraient exister pour que la nation connaisse la sécurité et la prospérité6. Les Américains font peut-être un usage immodéré du concept de stratégie pour désigner leur politique. Il leur arrive d’utiliser des concepts de stratégie militaire opérationnelle comme la manœuvre ou l’attrition pour désigner des options de politique étrangère7. User de la métaphore en la matière est parfaitement légitime et n’est pas propre, en soi, aux Américains mais, d’après Stanley Hoffmann, il y a plus que cela. D’après lui, la réduction de la politique étrangère à la stratégie est due à une approche managériale et technique typiquement américaine qu’il appelle skill thinking. L’utilisation du concept de stratégie donnerait l’illusion de l’"objectivité" et de la rationalité dans une société fascinée par uploads/Management/ bruno-colson-la-strategie-americaine-et-leurope.pdf

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  • Publié le Dec 12, 2021
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