Langage et communication. Systèmes de communication linguistique et non linguis

Langage et communication. Systèmes de communication linguistique et non linguistique. 04. Introduction : langue et langage. 1. Le concept de communication. 2. Caractéristiques de la communication linguistique. 3. La communication non verbale. 3.1. Composantes de la communication non verbale. – 3.1.1. Le paralangage. – 3.1.2. La kinésique. – 3.1.3. La proxémique. – 3.2. Fonctions de la communication non verbale. 4. Les systèmes de communication non linguistiques. – 4.1. Procédés de communication systématiques. – 4.2. Procédés de communication a-systématiques. Conclusion. Bibliographie. 1 1. Introduction : langue et langage Pendant longtemps, les mots « langue » et « langage » ont indistinctement désigné tous les moyens utilisés pour communiquer : gestes, dessins, signes vocaux et codes de signaux de toutes sortes ; confusion entérinée par l’usage, en anglais, d’un seul terme désignant ces deux réalités (language). Les premières définitions de la linguistique moderne ne faisaient ainsi aucune distinction entre les deux. C’est le cas pour celle de Sapir1 : « le langage est un moyen de communication purement humain et non instinctif pour les idées, les émotions et les désirs, par l’intermédiaire d’un système de symboles sciemment créés ». Cette définition couvre aussi bien les faits de langue proprement dits que le système de signaux du code routier. Même cas pour la définition de Saussure2 : « une langue, c’est-à-dire un système de signes distincts correspondant à des idées distinctes ». Ce n’est donc que plus tard que les linguistes ont éprouvé le besoin de redéfinir avec plus de rigueur l’objet de leur science. Telle est, par exemple, la démarche adoptée systématiquement par Martinet3 : « la linguistique, écrit-il, est traditionnellement présentée comme la science du langage. Reste à savoir, naturellement, ce qu’on entend par langage ». Il pose aussitôt que « dans le parler ordinaire, le langage désigne proprement la faculté qu’ont les hommes de s’entendre au moyen de signes vocaux ». Pour lui, ce langage humain qui se réalise sous la forme de langues diverses est bien l’objet exclusif des recherches proprement linguistiques, les autres systèmes de communication relevant, quant à eux, de la sémiologie. Il en découle que la tâche de la linguistique est de déterminer les traits qui caractérisent le langage humain en l’opposant à toute autre forme de communication. Le mot langue indiquera seulement des systèmes de communication fondés sur l’emploi de signes vocaux. Ce sera toujours la signification de l’expression langage parlé, même quand on considère le langage parlé sous son aspect écrit, l’écriture n’étant qu’un second code pour traduire la langue parlée sous une forme visuelle qui n’a pas d’autonomie réelle par rapport à la forme phonique. L’emploi du terme « langage » pour faire référence à la possible communication entre les animaux ou à tout autre système de communication ne serait dès lors qu’un emploi métaphorique. Nous tenterons, dans les pages qui suivent, d’analyser en détail cette opposition entre langue et langage, entre communication linguistique et communication non linguistique. Or, il nous faut, pour ce faire, commencer par cerner tout d’abord le concept même de communication. 1. Le concept de communication Le processus de la communication, que l’on peut provisoirement définir comme l’échange d’informations (messages) entre deux ou plusieurs individus occupant des positions symétriques et réversibles, présuppose l’existence d’un émetteur, d’un récepteur (présent et concret ou potentiel) et d’un message construit sur la base d’un code, commun à l’émetteur et au récepteur et véhiculé à travers un canal ou support. Historiquement, ce sont les modèles élaborés par les spécialistes des télécommunications, comme celui de Shannon4 et Weaver, qui ont servi de base à l’élaboration du schéma linguistique de la communication. 1 E. Sapir, Language, 1921. 2 F. De Saussure, Cours de Linguistique générale, 1916. 3 A. Martinet, Éléments de linguistique générale, 1960. 4 C.F. Shannon, The Mathematical theory of Communication, 1952. Le schema de la communication comporte cinq éléments : transmetteur, récepteur, canal, message et code, auxquels on ajoute le bruit (engineering noise), qui désigne tous les signaux qui parasitent le message au cours de la transmission et qui provoquent des pertes d’information. 2 Ainsi par exemple, le modèle jakobsonien de la communication, qui sert de référence à nombre d’études linguistiques dans ce domaine, se différencie du modèle de Shannon sur deux points : Jakobson introduit les notions de contexte, ou référent auquel tout message renvoie pour être opérant, et élargit la notion de canal, qui est à la fois canal physique et connexion psychologique. Jakobson distingue ainsi dans tout processus de communication six facteurs constitutifs : CONTEXTE (ou référent) DESTINATEUR ----------MESSAGE----------DESTINATAIRE CANAL (ou contact) CODE Le message que le destinateur envoie à un destinataire renvoie toujours à un référent, il requiert une certaine mise en relation entre les deux protagonistes (le canal ou contact) et un code qui leur soit commun. Chacun de ces facteurs laisse des traces dans le processus de la communication : c’est ce que Jakobson nomme les fonctions du langage. Il distingue ainsi : — la fonction référentielle (ou dénotative ou cognitive), qui marque la primauté du référent. L’accent est mis sur l’aspect purement informationnel de la communication. — la fonction expressive ou émotive, qui correspond à la trace de l’émetteur dans son message. Par principe et par définition, tout message étant produit par un sujet, nous trouverons forcément des indices révélant quelque chose de lui (état affectif ou émotif). Or, il se trouve que certains messages privilégient cette fonction aux dépens des autres. — la fonction conative, qui marque l’orientation vers le récepteur. — la fonction phatique, reflétant les conditions de la communication. L’exemple type en est le terme « allô », qui n’a d’autre signification que celle de s’assurer que le contact est établi. — la fonction métalinguistique reflète de son côté la conscience que le locuteur a de son code. — reste, selon Jakobson, la fonction poétique, qu’il définit comme étant « l’accent mis sur le message pour son propre compte5 », et que nous définirons, plus largement comme le travail sur la forme du message. Or le modèle jakobsonien semble réduire la communication à un simple mécanisme d’encodage/décodage d’informations véhiculées par un message censé être limpide et transparent, entre deux partenaires partageant un code parfaitement homogène, ce qui n’est pas tout à fait vrai. Si nous partons de l’idée que comprendre un message quelconque revient à déceler les intentions de communication qui en commandent la production, il est aisé de constater que la tâche est souvent bien plus difficile que l’on ne croit, le locuteur pouvant à cet égard se montrer plus on moins explicite. Quant au code, signalons tout simplement que, même si on partage un code commun comme celui de la « langue française », il est bien des traits qui empêchent souvent l’intercompréhension : registres, niveaux de langue, expressions idiolectales, voire différence d’age ou de statut social des interlocuteurs (qui n’a jamais été déconcerté par le style de l’administration ou par le jargon de certains « spécialistes » ?). En effet, entre la production d’un discours par un sujet et l’interprétation de ce discours par son interlocuteur il n’existe pas toujours une symétrie parfaite. Le sujet- 5 R. Jakobson, Essais de linguistique générale, 1963 3 communiquant est toujours amené à construire une certaine image de son récepteur, image à laquelle il va adapter son propos en fonction de la représentation qu’il se fait de l’autre, de la nature des relations qu’il entretient avec lui, des connaissances qu’il lui suppose, de son statut, etc. À l’autre bout, le sujet-interprétant, qui ne correspond jamais exactement a ce qui a été imaginé ou à ce que croit savoir de lui le locuteur, va devoir à son tour construire un certain nombre d’hypothèses lui permettant —ou non— d’accéder au sens du message qui lui est adressé. Les attitudes et les aptitudes des deux sujets ne sont donc pas les mêmes : elles dépendent de leurs savoirs respectifs, de leurs systèmes de valeurs, mais aussi de leur histoire, de leur vécu personnel, de leur propre univers de discours et de la position que chacun occupe par rapport à l’autre dans l’acte de communication. Ces éléments agissent doublement sur la communication : au niveau de la production, ils déterminent des choix langagiers et comportementaux ; au niveau de la réception, ils facilitent ou entravent (selon les cas) l’interprétation des messages, mais produisent toujours des effets. Tout discours est par ailleurs produit dans le cadre de certaines données spatio- temporelles dont l’influence est également déterminante pour la forme et pour le contenu des discours échangés, à commencer par la présence simultanée des interlocuteurs dans le lieu de l’échange communicatif. Lorsque la communication se produit en face à face, elle se trouve tout naturellement enrichie par les composantes de ce que l’on appelle le « langage non verbal » (cf. ci-après) et par l’entourage immédiat, ce qui permet des usages plus elliptiques et des verbalisations minimales des référents. Il n’en va pas de même lorsque la communication emprunte un autre canal (communication téléphonique ou communication écrite, donc différée, les phases de production et d’interprétation étant décalées dans le temps). Deuxièmement, uploads/Management/ communication-linguistique-et-non-linguistique.pdf

  • 57
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Fev 07, 2022
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1828MB