Espace populations sociétés 2012/3 (2013) Espaces contrôlés ...................

Espace populations sociétés 2012/3 (2013) Espaces contrôlés ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Patrick Deboosere et Christian Dessouroux Le contrôle de l’espace et de ses usage(r)s : avancées technologiques et défis sociaux ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Patrick Deboosere et Christian Dessouroux, « Le contrôle de l’espace et de ses usage(r)s : avancées technologiques et défis sociaux », Espace populations sociétés [En ligne], 2012/3 | 2013, mis en ligne le 04 juillet 2013, consulté le 05 juillet 2013. URL : http://eps.revues.org/index5004.html Éditeur : Université des Sciences et T echnologies de Lille http://eps.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://eps.revues.org/index5004.html Ce document est le fac-similé de l'édition papier. © T ous droits réservés 3 ESPACE, POPULATIONS, SOCIETES, 2012-3 pp. 3-11 Des deux dimensions, espace et temps, seul l’espace, se laisse dans une certaine mesure contrôler. Ce contrôle de l’espace est l’expression la plus concrète des pro- grès réalisés par l’homme dans sa rela- tion avec son environnement. Tandis que le temps nous échappe, et nous échappera probablement toujours comme dimension vécue, l’espace se laisse dominer, aussi bien dans le sens d’un espace géré et sous contrôle, que dans le sens d’un espace qui se rétrécit en raison des moyens de trans- port et de communication de plus en plus performants. Si le temps, en mouvement continu et irré- versible, ne se laisse pas contrôler, il se laisse néanmoins gérer et organiser. Le dévelop- pement de la vie en société et de l’inter- dépendance croissante des individus, a impo- sé une gestion et une synchronisation de plus en plus poussées du temps à large échelle, rendues possibles moyennant l’introduc- tion d’instruments de mesure du temps. La flexibilisation des emplois du temps (travail, loisirs, famille…) et la diversification des modes de vie1 font de la gestion du temps social un des enjeux principaux du débat politique d’aujourd’hui. Patrick Deboosere Vrije Universiteit Brussel Département de Sociologie, Boulevard de la Plaine, 2 1050 Bruxelles Patrick.Deboosere@vub.ac.be Christian Dessouroux Université Libre de Bruxelles Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménage- ment du Territoire (IGEAT) CP 130/03 Avenue F.D. Roosevelt, 50 1050 Bruxelles cdessour@ulb.ac.be éditorial Le contrôle de l’espace et de ses usage(r)s : avancées technologiques et défis sociaux 1 HAICAULT M. (1999). « Du temps du travail in- dustriel à la pluralité des temps sociaux. Quels acquis pour la sociologie du travail ? », in G. de Terssac et D.-G. Tremblay (éds), Où va le temps de travail ?, Toulouse, Octarès, pp. 83-104. 4 Le contrôle de l’espace, pour sa part, s’ap- précie différemment. Ce n’est plus l’espace en soi qui est seul l’objet de contrôle. Ce sont les personnes qui l’occupent, qui le traversent, qui désirent y entrer ou en res- sortir qui sont les destinataires des mesures de contrôle. Ce n’est donc pas uniquement la dimension purement matérielle de l’es- pace qui est mise sous surveillance, mais la société même avec les individus qui la com- posent. Les textes réunis dans ce numéro d’« Espace Populations Sociétés » ont tous comme objet une réflexion critique sur les implications qu’a le contrôle de l’espace sur le fonctionnement de notre société, sur les libertés civiles, sur le fonctionnement démocratique. Le fil conducteur de cette ré- flexion est le défi que constitue l’évolution technologique dans le domaine du contrôle de l’espace. Le contrôle de l’espace : une évolution au long cours Tout au long de son histoire, l’homme a entretenu des rapports étroits avec l’espace qui l’entoure et sur lequel il a exercé des formes de contrôle changeantes. On s’ima- gine généralement l’homme préhistorique traverser les grandes plaines en toute liberté. Cette image quelque peu idyllique se trouve opposée à celle des entraves et contrôles que doit subir l’homme moderne. Nombre de discours sur la modernité font d’ailleurs référence, souvent de manière implicite, à cette idée de l’homme primitif innocent et heureux, auquel nos sociétés actuelles imposent de plus en plus de limites et de contraintes. Il est évident que l’image rousseauiste du passé sous-estime les contraintes qu’exerçait la nature sur l’homme. Vivant au rythme des saisons, dans des campements temporaires, et se déplaçant sans cesse à pied, dans un environnement souvent hostile, l’homme utilise des ressources naturelles disponibles sans savoir les maîtriser. Si la domestication du feu rend l’homme moins tributaire des conditions de milieu, son affranchissement vis-à-vis des contraintes environnementales ne s'établit véritablement qu’au moment où il se sédentarise et développe une économie basée sur l’agriculture et l’élevage d’ani- maux. En passant du statut de prédateur à celui de producteur, l’homme va tenter de maîtriser la nature et de la transformer pour mieux l'utiliser. Les lieux fortifiés préhistoriques et surtout les villes fortifiées de l’ère antique et mé- diévale imposeront un contrôle de l’espace qui sera véritablement porteur de la nature complexe et des contradictions diverses propres à ce contrôle. La protection contre les dangers venant de l’extérieur ira souvent de pair avec le contrôle de la population dans l’enceinte même de l’endroit protégé. C’est le développement de l’État moderne qui va mener cette contradiction à son apo- gée. Au fur et à mesure que les États s’or- ganisent, se créent des formes organisées de contrôle : une autorité politique centra- lisée, une administration qui doit « gérer » l’espace et la population qui l’habite, un contrôle des frontières de plus en plus poussé, une idéologie d’appartenance et d’exclusion au territoire unifié. C’est au courant des 19e et 20e siècles, à un moment où les nouveaux moyens de communication (bateau à vapeur, train, voiture automobile, télégraphe, téléphone…) ouvrent l’espace, que la nécessité de contrôle, de délimita- tion, d’identification devient extrêmement importante. Le contrôle du territoire et de ses limites est à la fois l’enjeu et le mode d’expression des rapports de forces de l’époque. Si les fron- tières des États étaient déjà relativement bien tracées au 19ème siècle, ce n’est qu’au 20ème qu’elles vont véritablement muter de simples confins territoriaux à des lignes ma- térialisées sur le terrain. La libre circulation des personnes sera particulièrement mise à mal avec la montée des nationalismes dans l’entre-deux-guerres. Si la fin de la Deuxième Guerre mondiale a signifié la fin des régimes les plus odieux de contrôle et d’exclusion, elle n’a pas empêché que le contrôle des frontières se soit perpétué. La disparition du « rideau de fer » et la construction d’un espace 5 européen unifié de libre circulation ont estompé les frontières intérieures au double profit, en revanche, du retour en force des identités régionales et d’une supranationalité européenne particulièrement attachée à pro- téger ses frontières extérieures. Cette imbrication historique des acquis en matière de liberté de mouvement dans l’es- pace intérieur et des mesures de sécurisa- tion contre les risques extérieurs se trouve d’ailleurs inscrite dans les articles intro- ductifs du Traité sur l’Union européenne : « L’Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans fron- tières intérieures, au sein duquel est assurée la libre circulation des personnes, en liaison avec des mesures appropriées en matière de contrôle des frontières extérieures, d'asile, d'immigration ainsi que de prévention de la criminalité et de lutte contre ce phénomène » (article 3, §2). Apports et défis des nouvelles technologies Le contexte géopolitique contemporain marqué par la globalisation économique et culturelle ne constitue, somme toute, que l’étape la plus récente d’une redéfinition permanente, mais pas pour autant peu signi- ficative, des formes et modalités de contrôle de l’espace. Si la question du contrôle de l’espace, et donc de ceux qui y résident ou désirent y accéder, reste éminemment politique, aussi bien dans la définition de ses objectifs que dans l’acceptation de ses méthodes, c’est bien l’évolution technologique, qui contri- bue à en changer fondamentalement les caractéristiques. Suite au développement rapide, dès les an- nées 1970, de l’informatique, les ordinateurs et produits dérivés, tout comme les nouvelles techniques d’information et de communica- tion sont devenus des produits de consom- mation de masse, présents dans toutes les sphères de l’activité humaine. Le monde ac- tuel compte plus d’un milliard et demi de té- léphones mobiles. Le système de géolocali- sation GPS (Global Positioning System) est devenu pleinement opérationnel au niveau mondial à partir de 1995. Relativement cher à ses débuts, il s’est progressivement répan- du pour devenir aujourd’hui une application courante dans toute nouvelle voiture, mais également dans une série d’appareils élec- triques comme les téléphones portables, les uploads/Management/ eps-5004-2012-3-le-controle-de-l-espace-et-de-ses-usage-r-s-avancees-technologiques-et-defis-sociaux 1 .pdf

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  • Publié le Fev 11, 2021
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