LA SUPERVISION DES PSYCHOLOGUES EN FORMATION Claude Crozon Navelet Martin Média

LA SUPERVISION DES PSYCHOLOGUES EN FORMATION Claude Crozon Navelet Martin Média | Le Journal des psychologues 2013/7 - n° 310 pages 33 à 37 ISSN 0752-501X Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2013-7-page-33.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Crozon Navelet Claude, « La supervision des psychologues en formation », Le Journal des psychologues, 2013/7 n° 310, p. 33-37. DOI : 10.3917/jdp.310.0033 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Martin Média. © Martin Média. 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Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 1 - Sorbonne - - 194.214.27.178 - 26/09/2013 16h47. © Martin Média Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 1 - Sorbonne - - 194.214.27.178 - 26/09/2013 16h47. © Martin Média L a formation des psychologues est un objet permanent de réfl exion, car la complexité de la discipline est renforcée par le fait qu’elle s’exprime le plus souvent dans un contexte institutionnel où les méthodes appliquées et, pour commencer, la place accordée aux psychologues peuvent être sources de tensions (Durmarque, 2001). Par ailleurs, l’élaboration de la position professionnelle et celle de la relation ne font pas appel aux mêmes ressources cognitives que la construction des savoirs scientifi ques. La position professionnelle, c’est l’ensemble structuré par les options théoriques, les choix de formation personnelle et d’orientation professionnelle, et la spécialisation du psychologue : de la recherche en neuropsychologie à la référence psychanalytique, en passant par les diff érentes expressions du métier, l’éventail est large (Crozon Navelet, 2008). Quant à la relation, elle constitue tout à la fois le medium, le champ et l’objet spécifi ques de l’intervention du psychologue, qu’il s’agisse de construire une recherche ou une évaluation, de s’engager dans une action de conseil ou d’engager une psychothérapie. La formation du psychologue implique donc une praxis qui articule connaissances fondamentales et intégration progressive de la position professionnelle. La supervision en est le cadre référent, puisqu’elle permet au futur psychologue de réfl échir à la construction de son ethos de psychologue. De même, une fois inscrit dans la vie professionnelle, le jeune psychologue tirera avantage d’une supervision, qu’elle soit individuelle ou de groupe, afi n de développer et d’affi ner ses modes d’intervention en relation avec le cadre institutionnel dans lequel s’inscrit son poste. On admettra donc que la supervision occupe une place spécifi que dans le dispositif d’ensemble de la formation des psychologues et qu’elle doit elle-même faire l’objet d’une importante élaboration de ses objectifs, modalités et butées. LES OBJECTIFS DE LA SUPERVISION « Superviser […] de l’anglais to supervise […], inspecter, contrôler de haut, de loin, sans entrer dans les détails ; donner un visa défi nitif. » (Le Robert, 1972.) L’étymologie pourrait ici nous conduire sur une fausse route : quoi de plus attentive au détail, quoi de moins hautaine, quoi de plus prudente dans ses propositions qu’une supervision en psychologie digne de ce nom ? Par ailleurs, si l’on entend dans cette défi nition l’accent porté sur la vérifi cation d’une conformité (à des buts et à des techniques) et si, de ce strict point de vue, le métier de psychologue n’échappe pas aux règles d’un savoir-faire dont les fondations sont énoncées dès les principes généraux du Code de déontologie (édifi é, en 1996, par l’A, l’A et la S), ces mêmes règles mettent en avant la responsabilité du psychologue dans ses décisions, depuis l’analyse de la pertinence de son intervention jusqu’à la décision d’en rendre compte, en passant par le choix de ses méthodes et outils. La supervision ne saurait s’exonérer de cette mise en tension caractéristique de l’intervention psychologique, et elle Les résultats de l’enquête présentée en ouverture de ce dossier ont pointé que les psychothérapeutes français entamaient davantage une supervision une fois leur carrière professionnelle engagée. L’analyse des objectifs, modalités et butées de la supervision, individuelle ou en groupe, montre ici qu’elle peut tout autant être un point nodal de la formation initiale des psychologues. Les psychologues face à la psychothérapie DOSSIER LE JOURNAL DES PSYCHOLOGUES / SEPTEMBRE 2013 / N°310 33 Claude Crozon Navelet Psychologue Psychanalyste Professeur à l’EPP Docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse La supervision des psychologues en formation Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 1 - Sorbonne - - 194.214.27.178 - 26/09/2013 16h47. © Martin Média Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 1 - Sorbonne - - 194.214.27.178 - 26/09/2013 16h47. © Martin Média DOSSIER Les psychologues face à la psychothérapie LE JOURNAL DES PSYCHOLOGUES / SEPTEMBRE 2013 / N°310 34 aura pour objectif fondamental de confronter l’apprenti psychologue à son (futur) métier en l’exerçant à réfl échir simultanément dans plusieurs registres. Le registre du repérage • Le repérage institutionnel : se familiariser avec les diff érents types d’établissement, avec la législation qui les encadre, avec les organigrammes et les diff érentes professions qui s’y exercent enseigne que l’exercice de la psychologie est fonction de la réalité sociale donnée et rappelle aux futurs psychologues qu’ils seront eux-mêmes soumis à la législation du travail (obligations contractuelles et lien de subordination, notamment). Cela constitue un préalable indispensable pour les préparer à s’inscrire dans des équipes. • Le repérage méthodologique : l’étude et la comparaison des critères d’accueil des populations, des références théoriques et des procédures adoptées par les équipes, ainsi que l’étude des modalités d’intervention spécifi ques des psychologues montrent que les pratiques professionnelles sont aussi fonction de l’histoire des établissements. Les psychologues ont donc à se déprendre de leurs schémas préalables du psychologue-psychothérapeute et-ou du psychologue praticien de bilans pour affi ner leur compréhension des obstacles qui peuvent barrer leur intervention et apprécier les conditions sous lesquelles leur autonomie professionnelle peut s’exprimer. • Le repérage des éventuels dysfonctionnements institutionnels : l’analyse fi ne de leur origine (un professionnel isolé ? l’équipe ? l’encadrement ? la direction ? les tutelles ?), de leurs modalités (erreurs ? insuffi sances ? négligences ? maltraitances ?) et de leurs conséquences sur les patients et sur les professionnels eux-mêmes, inculque la nécessité d’une analyse préalable du contexte et forme au questionnement actif – et pas seulement réactif –, indispensable à la construction de toute intervention psychologique. Le registre des aptitudes • L’aptitude à s’inscrire dans un poste, une équipe : on ne saurait être trop attentif aux conditions dans lesquelles les psychologues en formation accèdent à un lieu de stage ou prennent un poste. Lorsque l’accès se fait sous l’égide d’un psychologue appuyé par sa hiérarchie, les conditions favorables pour une mise en situation adéquate existent d’emblée. En revanche, le contournement des psychologues en poste par des médecins ou des chefs de service qui les accueillent et les encadrent eux-mêmes peut avoir des eff ets de sidération sur les stagiaires : ces derniers auront alors tendance à éviter le problème (et, par la même occasion, la personne du psychologue) en se satisfaisant d’une douteuse connivence avec le médecin ou le chef de service concernés, sans en apprécier les causes ni les conséquences. Le cas des stagiaires accueillis en l’absence de tout référent constitue un autre cas d’école, qui peut révéler d’importantes capacités d’adaptation et de créativité, mais peut aussi nuire à la qualité des observations et élaborations, en favorisant, par exemple, l’identifi cation aux autres professionnels non psychologues. De même, les jeunes psychologues nommés sans concertation avec les collègues, ou parachutés dans une institution grâce à un concours, connaîtront souvent des diffi cultés pour s’inscrire dans un travail d’équipe, notamment si des références théoriques et méthodologiques se révèlent incompatibles. Analysées en supervision, ces diff érentes situations exercent les apprentis psychologues à penser la construction de leur position professionnelle et à interroger leurs propres limites techniques et personnelles. • L’aptitude à se positionner en défi nissant son implication selon les possibilités off ertes par le lieu d’exercice : se présenter aux équipes et aux patients, se faire accepter, respecter les fonctions des autres professionnels, s’initier aux théories et pratiques nouvelles, partager ses questionnements, respecter les limites imparties, ne pas chercher à suppléer les manques éventuels de l’institution, ne pas s’identifi er aux autres professionnels, autant d’élaborations qui font appel aux capacités d’observation, d’analyse, de jugement et de décision de l’apprenti psychologue qui trouvera une aide directe ou indirecte dans la réfl exion partagée en supervision. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 1 - Sorbonne - - 194.214.27.178 - 26/09/2013 16h47. © Martin Média Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 1 - Sorbonne - - 194.214.27.178 - 26/09/2013 16h47. © Martin Média LE JOURNAL DES PSYCHOLOGUES / SEPTEMBRE 2013 / N°310 35 • L’aptitude à développer uploads/Management/ jdp-310-0033-pdf.pdf

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  • Publié le Jui 13, 2022
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