L’EXTERNALISATION DES ACTIVITES EN BANQUE AU MAROC : PANORAMA ET PISTES DE RECH
L’EXTERNALISATION DES ACTIVITES EN BANQUE AU MAROC : PANORAMA ET PISTES DE RECHERCHE IbtissameLakhlili Faculté polydisciplinaire de Khouribga (FPK) Université Hassan 1er –Settat- Maroc lakhliliibtissame80@gmail.com Résumé : Cette recherche est consacrée à l’analyse des spécificités de la stratégie l’externalisation dans le secteur bancaire. Le choix de cette stratégie en tant que levier de développement compétitif trouve des soubassements théoriques distincts (théorie des coûts de transaction, théorie des ressources). La banque externalise essentiellement pour réduire ses coûts, bénéficier des évolutions technologiques et dégager des compétences assurant la satisfaction de la clientèle. Pourtant, certains responsables pensent que la poursuite d’une démarche d’externalisation entrainerait la perte du contrôle et de la maîtrise de l’activité externalisée, et par conséquent augmenterait le risque de dépendre du prestataire. L’objectif de cette recherche est d’identifier, à partir d’une étude quantitative exploratoire, l’état de l’externalisation des activités en banque au Maroc. Les résultats de l’étude ont montré que l’externalisation reste un choix motivé par des facteurs divers. Cependant, toutes les banques marocaines sont d’accord sur celui de la réduction des coûts et le gain de productivité. En fait, les banques marocaines recourent à l’externalisation quand elle s’avère la stratégie la plus opportune pour le développement d’une activité donnée, et par conséquent améliore la performance de la banque et donc sa compétitivité. Nous soulignons que cette étude s’inscrira dans la continuité par la réalisation d’autres travaux de recherche qui lui sont liés, principalement la perspective de développement durable pour pallier le risque social de l’externalisation, en analysant l’externalisation socialement responsable (lmpactSourcing). Mots-clés : externalisation, banques, théories des coûts de transaction, théorie des ressources, compétitivité, performance bancaire. INTRODUCTION La problématique économique de l’externalisation n’est qu’une des nombreuses déclinaisons d’une problématique plus générale "pourquoi et surtout comment ceux qui dirigent une entreprise envisagent et décident d’optimiser les combinaisons des ressources afin de réaliser leurs objectifs ?" Le concept d’externalisation est né aux États-Unis sous le terme générique d’"outsourcing" dans les années 60. 30 ans plus tard, il est apparuen France sous le terme d’impartition : « terme bien français pour désigner ce que l’on fait faire à d’autres… » (Francastel J-C, 2001). Ce concept reprend fondamentalement l’idée de la spécialisation et de ses avantages. L’entreprise s’attache des services nécessaires d’un prestataire ou fournisseur spécialisé, pour ses processus ou activités de sa chaine des valeurs, et pour lesquels l’avantage comparatif de l’entreprise est favorable. Le phénomène d’externalisation n’est pas nouveau pour les entreprises. La question de l’arbitrage entre ressources internes ou externes s’est toujours posée. De nombreuses activités historiquement intégrées par les entreprises ont été peu à peu externalisées ou cédées au cours de leur croissance. Dans les années 90, l’externalisation a connu un essor particulier suite aux politiques poursuivies par les entreprises : réduction des coûts et rationalisation des ressources des entreprises. La performance et la pérennité des activités mises en danger par des problèmes organisationnels, d’efficacité interne et d’arbitrage entre les différents investissements favorisent le développement du processus d’externalisation en valorisant la logique de "cœur de métier" ou des compétences clés. Donc l’externalisation devient un choix stratégique pour les entreprises. L’externalisation est un terme chargé de connotation et d’idées préconçues ; l’exposition et l’analyse des définitions des différents auteurs(Barthelemy J, 2004 ; Quelin B, 2003, 2007 ; Renard I, 2005 ; Ronan, 2010, Fimbel E, 2003), économistes nous a permis d’avancer que l’externalisation est l’outil de gestion stratégique qui offre la possibilité à l’entreprise de transférer une activité exercée en interne vers un prestataire externe plus spécialisé et possédant les moyens nécessaires permettant de réaliser le projet en question avec un respect des conditions de qualité, souplesse et veille technologique pour aboutir au développement économique et social de l’entreprise. L’externalisation peut aussi être considérée comme une démarche à utiliser avec d’autres pratiques économiques en fonction des objectifs et des aléas de la conjoncture économique et ses impacts sur la croissance et le développement des banques. En fait, depuis une dizaine d’années, le recours à l’externalisation s’est sensiblement accru que ce soit au sein des grandes ou des petites et moyennes entreprises. Cette évolution s’explique par le changement de l’environnement et aussi de l’évolution des mentalités face à ce phénomène. En effet, si l’externalisation était auparavant l’apanage des entreprises en mauvaise santé financière, elle se présente aujourd’hui différemment en le considérant comme un outil de 6ème Conférence Internationale en Economie-Gestion & Commerce International (EGCI-2018) Copyright IPCO-2018 ISSN 2356-5608 Page 421 International Journal of Management & Marketing Research (MMR) Vol.2 pp.1-13 Copyright IPCO-2018 ISSN 2356-560X Taille de l’entreprise management couramment utilisé pour assurer une position compétitive sur le marché. L’externalisation est aujourd’hui très répandue dans le monde. Elle est conçue comme une démarche de management au même titre que les autres stratégies d’entreprises. L’externalisation n’est pas un effet de mode mais ses fondements tiennent à des bases théoriques fondamentales. En fait, c’est un principe d’organisation à travers le transfert d’un processus interne à un collaborateur externe. Cette étude vise essentiellement à apporter un éclairage conceptuel et théorique pour bien appréhender le phénomène de l’externalisation au sein des banques marocaines.Ainsi, notre texte se décline en 3 parties. La 1ère expose les bases théoriques de l’externalisation. La 2eprésente et analyse la pratique d’externalisation au sein du secteur bancaire marocainet la RSE et la 3edétaille l’impact des stratégies d’externalisation et les pistes de recherche. I. BASES THEORIQUES DE L’EXTERNALISATION La théorie économique ne donne pas un cadre conceptuel unifié à la décision d’externalisation. De ce fait, plusieurs théories ont été mobilisées pour son explication et la détermination d’un cadre théorique permettant d’éclaircir la problématique de l’externalisation. Ainsi, la stratégied’externalisation repose surdeuxapprochesessentielles : • l’approche économique qui explique la décision d’externalisation à travers la théorie des coûts de transaction(TCT) ; • l’approche stratégique selon laquelle la théorie des ressources (TR) essaie de pallier les lacunes de la théorie des coûts. 1. La théorie des coûts de transactions Cette théorie est fondée sur l’hypothèse que l’existence de différentes formes organisationnelles est déterminée par l’efficience avec laquelle chaque forme gère les transactions entre les parties. Elle propose que l'investissement y compris les investissements dans l'externalisation aide à réduire les coûts de transaction et par conséquent réduire la taille de l'entreprise en la rendant plus productive et donc plus compétitive (SCHNIEDERJANS 2005). Source : SCHNIEDERJANS 2005 Fig. 1 : théories des coûts de transaction et externalisation Le changement dans les coûts de transaction de "A" à "B", mesurée par une réduction des coûts de transaction de "a" à "b", entraîne une réduction de la taille de la firme de « ac » à « bc». Pour finir, on peut dire que la TCT soutient la forme organisationnelle d’une transaction qui permet de minimiser la somme des coûts de production et de transaction. Ce choix se fait en fonction des attributs de transaction. De plus, la décision d’externalisation concerne le passage d’une structure de gouvernance d’intégration verticale à une autre structure plus relationnelle (QuelinB, 2003). Le choix entre la forme hybride et le marché est alors déterminé par l’existence (ou non) de chacune des trois composantes et par leur évolution. De ce fait, il est possible de considérer l’externalisation comme une forme hybride de gouvernance. L’observation des pratiques récentes des organisations remet en cause le concept des coûts de transaction et relativise le facteur coût dans les logiques d’externalisation. Cela est lié au fait que dans un même secteur d’activité, certaines entreprises ont choisi l’option de l’internalisation alors que d’autres ont opté pour l’externalisation. Par exemple, le cas de l’externalisation de tri et traitement des chèques suite au projet de dématérialisation des chèques au Maroc par la BMCE et ATTIJARIWAFA Bank alors que la Banque Populaire a choisi de réaliser l’activité en interne. En effet, le choix d’une stratégie peut dépendre des objectifs, des ressources et des compétences de chaque organisation. De même, il peut être aussi lié à l’intensité concurrentielle et au pouvoir de négociation des fournisseurs selon le mode d’analyse concurrentiel de Porter ; d’où l’intérêt de s’intéresser à l’approche ressources pour compléter le cadre d’analyse de l’externalisation. 2. La théorie de ressources et compétences La théorie basée sur les ressources rejette les prétentions économiques traditionnelles que les ressources sont homogènes et parfaitement mobiles. Selon la TR, les ressources sont distribuées de façon hétérogène à travers les firmes et sont imparfaitement mobiles et transférées entre elles (Barney, 1991). La théorie des ressources (TR) soutient que le type, la variation et la nature des ressources et capacités de l’entreprise sont des déterminants importants de sa profitabilité et donc sa compétitivité.Elle vise à identifier, développer, protéger et déployer des ressources dans une direction qui apporte à l’entreprise l’avantage concurrentiel. La théorie des ressources repose sur le fait que les différences de performance entre les entreprises du même secteur s’expliquent par les différences de ressources et de compétence internes à chaque entreprise. Ainsi, le management de toute entreprise doit avoir pour mission : • l’identification des ressources et des compétences, source d’un avantage concurrentiel ; • leur protection contre leur imitation par les concurrents ; Coûts de transaction Réduction des coûts uploads/Management/ l-x27-externalisation-banque.pdf
Documents similaires










-
44
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 23, 2021
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 2.7966MB