HAL Id: halshs-01419848 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01419848 Sub
HAL Id: halshs-01419848 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01419848 Submitted on 20 Dec 2016 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial| 4.0 International License Le cahier des charges théoriques : une analyse économique évolutionnaire des institutions Petia Koleva, Nathalie Rodet-Kroichvili, Julien Vercueil To cite this version: Petia Koleva, Nathalie Rodet-Kroichvili, Julien Vercueil. Le cahier des charges théoriques : une analyse économique évolutionnaire des institutions . Koleva Pétia, Kroichvili Nathalie, Vercueil Julien. Nouvelles Europes. Trajectoires et enjeux économiques, Presses de l’Université de Technologie de Belfort Montbéliard, 2006, 978-2-914279-28-4. halshs-01419848 1 Chapitre 1. Le cahier des charges théoriques : une analyse économique évolutionnaire des institutions Pétia KOLEVA, Nathalie RODET-KROICHVILI et Julien VERCUEIL I – INTRODUCTION : CONSTRUIRE UNE ANALYSE ECONOMIQUE EVOLUTIONNAIRE DES INSTITUTIONS POUR COMPRENDRE LES TRANSFORMATIONS A L’EST Beaucoup d’ouvrages ont récemment établi le bilan des transformations économiques post-socialistes1. Une contribution supplémentaire n’aurait que peu d’intérêt, sauf si elle propose un regard différent sur ces transformations. Or, plutôt qu’une description de ses modalités, ses difficultés et ses résultats, c’est une réflexion sur la nature même de ce que l’on a appelé « transition » qui est ici proposée. Cet objet d’étude a des caractéristiques qui l’apparentent à un événement multidimensionnel et temporellement situé : - multidimensionnel car les transformations affectent à la fois les sphères économique, sociale, politique. Les transformations sont systémiques et ne peuvent être appréhendées de manière isolée. - temporellement situé car cet événement, borné dans le temps, débute au moment où les transformations atteignent une masse critique qui contraint le système à changer de nature jusqu’au moment où les transformations cessent d’être systémiques et deviennent locales. De ce point de vue, un certain nombre de PECO, notamment ceux qui ont intégré l’UE en mai 2004, sont sortis de la phase de transition, pour aborder dans le cadre de l’adhésion, une phase de convergence (institutionnelle, économique, sociale…) vers les standard européens. L’étude se cantonnera ainsi aux pays d’Europe centrale et orientale et à l’ex-URSS. Le processus qui transforme l’économie et la société chinoises apparaît en effet, de notre point de vue, comme un phénomène suffisamment spécifique pour justifier une analyse particulière. Pour résumer, la transition est donc un phénomène historique d’évolution systémique. Elle n’est pas un état mais un processus, un phénomène dynamique par nature et plus encore, apparaît comme l’archétype du changement institutionnel. Pour le dire autrement, la transition est un laboratoire à ciel ouvert pour analyser la dynamique des institutions et l’impact de ce changement sur l’évolution économique des pays concernés. Analyser la dynamique institutionnelle dans le cadre de la transition suppose de se doter d’une définition des institutions et d’outils pour analyser leur émergence et leur évolution, et pour ce faire, les approches institutionnalistes offrent des perspectives intéressantes. Cependant celles-ci sont variées dans leur appréhension des institutions, dans leur enracinement théorique et méthodologique. En effet, les quinze dernières années ont été marquées, au sein des sciences économiques, par un véritable « tournant institutionnaliste » [Jessop, 2001]. Ce dernier consiste, dans un sens très large, dans 1 Cf. par exemple W. Andreff [2002, 2003], Banque Mondiale [2002], B. Chavance [2004], N. Campos et J. Fidrmuc [2003], D. Colas [2002], M. Dobry [2000], G. Kolodko [2000], J. Kornai [2001], M. Lavigne [1999], M. Mac Faul et Stoner-Weiss C. [2004], J. Marangos [2004], G. Roland [2000], J.P. Pagé et J. Vercueil [2004]. 2 l’élaboration de l’hypothèse que « l’histoire compte » dans un ou plusieurs contextes théoriques ou empiriques où l’existence et/ou la pertinence des institutions a été jusque-là sous-estimée, reniée ou ignorée. Dans ses différentes versions, l’institutionnalisme fournit trois types d’apports à l’économie et aux sciences sociales, qui correspondent à un degré croissant d’intégration des institutions : instrumental, analytique et ontologique. Le tournant instrumental a trait à l’idée que différents aspects institutionnels de la vie sociale méritent d’être inclus parmi les thèmes de recherche en économie. L’exemple bien connu est la tentative de l’économie néoclassique d’expliquer les institutions, comme par exemple la firme, en termes de coûts de transaction (en particulier Coase et Williamson). Toutefois, cette approche n’adopte pas l’idée que les intérêts et calculs économiques sont conditionnés par les arrangements institutionnels et processus socio-économiques qui modèlent le comportement. Le tournant analytique consiste en l’hypothèse que les aspects institutionnels de la vie économique comptent pour explorer et expliquer les phénomènes socio-économiques même si l’analyse est par la suite étendue à d’autres facteurs explicatifs. Il est présent dans les analyses comparatives et/ou historiques, dans les études des crises, ainsi que dans les interactions entre effet de sentier et choix stratégique (« path dependence » et « path shaping »). L’approche par les institutions représente un point d’entrée parmi d’autres, le choix entre eux étant déterminé de façon pragmatique. Le tournant ontologique, quant à lui, insiste sur les institutions en tant que fondement essentiel de l’existence sociale. D’après Jessop, l’analyse de Polanyi de l’économie en tant que procès institué, de la théorie française de la régulation et le néo-institutionnalisme en science politique (March et Olsen) sont autant d’exemples de tournant ontologique en sciences sociales. Grâce à leur rôle de « passerelle » entre les phénomènes microéconomiques et macroéconomiques, les institutions permettent de surmonter l’antinomie ontologique entre holisme et individualisme. Elles aident également à résoudre des problèmes épistémologiques, comme les interactions entre l’abstrait et le concret. Dans l’approche ontologique, les institutions sont au fondement de toute interaction socio- économique et non seulement, il ne peut être fait abstraction de leur rôle dans les phénomènes économiques, mais encore elles représentent le point de départ de l’analyse. De ce fait, elles deviennent variables explicatives et non plus seulement variables expliquées de l’analyse économique. Les approches institutionnalistes ontologiques, celles qui mettent les institutions au cœur de leur projet, semblent les mieux à même de nourrir l’analyse de la transition en tant que phénomène de dynamique institutionnelle. C’est pourquoi, le caractère ontologique de l’approche constituera un premier critère de sélection des courants institutionnalistes mobilisés dans ce présent ouvrage. Au delà, l’ambition est de proposer une approche théorique, l’analyse économique évolutionnaire des institutions, qui s’efforce de construire une cohérence entre les approches institutionnalistes sélectionnées afin de dégager les principes de la dynamique institutionnelle et au-delà, sa relation aux trajectoires économiques. Ce détour théorique est au service d’une cause pragmatique, puisque l’enjeu ultime est d’appliquer cette grille d'analyse à la compréhension des phénomènes de changement institutionnel dans le contexte économique post-socialiste. Afin de fonder une analyse économique évolutionnaire des institutions2, nous nous proposons dans un premier temps de spécifier la notion d’institution retenue dans cet ouvrage, avant de rendre compte des principes de la dynamique institutionnelle. 2 Désormais AEEI 3 II – LES INSTITUTIONS : DE QUOI PARLE-T-ON ? En général, on peut définir toute institution comme une construction collective capable d’influencer de manière durable le comportement individuel. Le croisement et la mise en cohérence de différentes perspectives théoriques mettant au cœur de leur problématique les institutions nous invitent à distinguer les institutions-règles et les institutions-acteurs. Dans cet ouvrage, une institution-règle correspond à un ensemble cohérent de prescriptions de comportement collectivement admises ; une institution-acteur est un collectif d’individus doté d’une certaine stabilité et d'une capacité d'action sur son environnement. Ces collectifs d’individus peuvent prendre la forme d’organisations au sens où les institutions organisées ont une inscription matérielle dans la réalité, cette inscription n’étant pas figée mais évolutive. Elles sont caractérisées par la poursuite d’un but commun (ce qui suppose le consentement de tous les membres) et gouvernées par des règles spécifiques qui rendent possible la coopération dans la poursuite de l’objectif. Les institutions organisées ne se restreignent pas aux firmes, mais s’étendent également aux syndicats, aux associations, à l’Etat… Dans notre perspective, comme dans la tradition institutionnaliste américaine, institution et organisation sont intimement liées : l’organisation « procède de l’institution qui l’enserre dans des réseaux de forces et de pouvoirs » [Dufourt, 1993:123]. Si toute institution n'est pas une organisation, en revanche toute organisation est une institution sans s’y restreindre pour autant3. L’étude des principes de la dynamique institutionnelle soulignera les liens étroits qui existent entre institutions-règles et les institutions-acteurs. Si les institutions-règles contribuent, entre autres, à modeler le comportement des institutions-acteurs, on ne saurait négliger les phénomènes de rétroaction caractéristiques de l’évolution institutionnelle. Les institutions ont pour fonction de créer des régularités de comportements et ainsi de permettre la coordination des actions des individus. Elles contraignent et tout à la fois orientent l'action individuelle mais sans la déterminer. Elles participent à l'élaboration d'un ordre social, qui n'est ni optimal, ni spontané, mais qui traduit une stabilisation provisoire des rapports de force entre les parties prenantes. Les institutions qui apparaissent uploads/Management/ le-cahier-des-charges-instyitutionnelles.pdf
Documents similaires
-
12
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 12, 2021
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 0.6724MB