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Haute école pédagogique Avenue de Cour 33 — CH 1014 Lausanne www.hepl.ch Diplôme d'enseignement pour le degré secondaire II Littérature et Cinéma : apprendre à lire l’image pour mieux lire le texte Mémoire professionnel Travail de Lorenzo Scuderi Sous la direction de Yves Renaud Membre du jury Noël Cordonier Lausanne, Juin 2011 brought to you by CORE View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk provided by RERO DOC Digital Library Lorenzo Scuderi 06/2011 2/22 Table des matières 1. Introduction.................................................................................................................3 2. La didactique de cinéma.............................................................................................4 3. Les niveaux d’analyse .................................................................................................8 4. L’analyse de séquence.................................................................................................9 4.1. La mise en scène............................................................................................9 4.1.1. Edward aux mains d’argent .........................................................10 4.2. La mise en cadre.........................................................................................11 4.2.1. Le cadrage ....................................................................................12 4.2.1.1. Citizen Kane ...................................................................13 4.2.2. Les mouvements de caméra........................................................14 4.2.2.1. 300 ; Lord of War ; Caché.............................................14 4.3. La mise en chaine........................................................................................16 4.3.1. Le rythme .....................................................................................16 4.3.2. Continuité ou rupture .................................................................16 4.3.2.1. Psychose .........................................................................17 5. Conclusion..................................................................................................................18 Annexes : Bibliographie...................................................................................................................20 Grille d’analyse de texte..................................................................................................21 Grille d’analyse de séquence...........................................................................................22 Lorenzo Scuderi 06/2011 3/22 1. Introduction Le but de ce mémoire professionnel consiste à mettre en place une séquence d’enseignement de deux périodes, permettant une initiation à l’analyse de films. Je conçois cette séquence comme les premiers pas vers l’analyse filmique, une introduction à partir de laquelle plusieurs activités plus complexes peuvent être élaborées1. L’objectif principal de cette séquence didactique est de développer une méthodologie d’analyse de séquence, méthodologie également utile et valable pour l’analyse de texte. Il s’agit alors, dans un premier temps, d’effectuer un bilan non exhaustif des recherches en didactique du cinéma, puis de dégager les effets de certains procédés cinématographiques, et, finalement, de mettre en évidence le principe que, dans l’exercice de l’analyse filmique ou textuelle, le simple repérage de ces éléments est insuffisant. L’élève doit savoir les interpréter, les analyser et les intégrer aux enjeux narratifs. En effet, il s’arrête fréquemment à l’observation (« il y a une métaphore, un champ lexical »). Ainsi, cette séquence est construite autour de ce leitmotiv : confronter les élèves aux choix d’écriture/de réalisation. Par exemple, à ce moment du récit, pourquoi telle utilisation particulière du langage ou telle composition du cadre a été choisie par rapport à une autre ? Quel est l’effet de ce procédé cinématographique, romanesque ou poétique ? Cette séquence d’enseignement a donc également pour but, à l’aide du septième art, d’améliorer la capacité d’analyse textuelle des élèves. En effet, le cinéma, en tant qu’art visuel, rend concret, visible ce qui paraît parfois nébuleux pour certains élèves dans l’analyse littéraire. De plus, il est indéniable que le septième art a acquis une place considérable dans le quotidien de la plupart des gymnasiens. Ainsi, le pouvoir visuel et le rapprochement culturel constituent des atouts qu’il est pertinent, selon moi, d’exploiter dans une visée interdisciplinaire. Car finalement, si le média et les outils changent, la méthodologie ne varie guère. C’est cette thèse que je m’efforce de démontrer tout au long de ce mémoire. Par ailleurs, j’ai souhaité, en établissant les objectifs de cette séquence d’enseignement, conserver une cohérence avec le plan d’étude. Ainsi, cette proposition didactique permet d’effectuer un rappel des notions propres à la littérature, de développer une méthodologie d’analyse de texte et favorise une approche interdisciplinaire. 1J’ai eu l’occasion d’expérimenter cette séquence à deux reprises ; la première fois avec une classe de troisième année diplôme, puis avec une classe de première année maturité. Lorenzo Scuderi 06/2011 4/22 2. La didactique de cinéma J’ai consacré cette partie de mon mémoire professionnel à établir un bilan, évidemment non exhaustif, de plusieurs recherches sur la didactique de cinéma. La manière d’envisager l’enseignement du septième art en général et l’analyse de séquence en particulier est pour le moins multiple. En effet, l’étude d’un film peut être en étroite relation avec d’autres domaines tels que l’histoire, le français, la philosophie ou, au contraire, se cantonner au cinéma. De plus, l’exercice de l’analyse peut être abordé sous divers angles : une analyse stricte des procédés cinématographiques et leurs effets vs une analyse des thèmes et des personnages afin de dégager la vision du monde que l’œuvre propose ; une analyse fragmentée, balisée à l’aide d’activités et/ou d’un questionnaire vs une analyse suivie et détaillée selon une méthodologie précise. Dans l’ouvrage Le cinéma dans la classe de français : se former et enseigner, Eric Busson et Dominique Perichon proposent une séquence didactique fondée uniquement sur l’analyse de séquence. Leur marche à suivre consiste dans un premier temps à fournir aux élèves une « grille de lecture méthodique » (pp. 114-116) qui se décompose en huit parties : les personnages, le cadrage (mouvements de caméra et étude du cadre), le montage (découpage et enchaînement des plans), les instances narratives (le regard de la caméra et la narration), le décor (repérage et fonction), la photographie, la bande-son et finalement un espace est consacré pour une synthèse. L’avantage de cette grille est que chaque partie comporte une sous-partie intitulée « bilan », ce qui indique que les auteurs insistent sur le double mouvement de l’analyse : le repérage et l’interprétation. Les élèves remplissent donc cette grille en visionnant l’extrait à plusieurs reprises. Ce travail préparatoire d’observation et d’interprétation servira de base à l’analyse. Les auteurs fournissent également des consignes afin de guider le travail des élèves : Pour permettre aux élèves d’organiser les remarques issues de la grille de lecture, chaque professeur a sa technique, ses astuces. Afin qu’ils dégagent les deux ou trois axes à partir desquels ils bâtiront le commentaire, on leur demandera par exemple de répondre à trois questions : quelle est la nature du texte ou de l’extrait de film (description, dialogue, scène d’exposition…) ? quelle est sa visée (découverte, réflexion, émotion…) ? a-t-il une dimension symbolique ou présente-t-il une originalité par rapport au reste de la production de l’auteur ou du mouvement ? 2 Ma séquence d’enseignement s’inscrit en partie dans cette démarche. Je propose également une grille d’analyse comme support et surtout j’insiste sur le fait que le repérage va 2 Eric Busson, Dominique Perichon, Le cinéma dans la classe de français : se former et enseigner, Paris : Bertrand-Lacoste, 1998, p. 116. Lorenzo Scuderi 06/2011 5/22 de pair avec l’interprétation. En revanche, ma grille, plus schématique, structure moins l’analyse. Alain Bergala, dans sa monographie L’hypothèse cinéma, présente une démarche dont la finalité est identique, mais le parcours inversé. Le but consiste toujours à s’interroger sur le choix créatif, mais au lieu de dégager les effets, il préfère remonter à la source de l’acte créatif, ce qu’il nomme « la pédagogie de la création »: Il s’agit de faire l’effort de logique et d’imagination de remonter un peu en amont dans le processus de création, jusqu’au moment où le cinéaste a pris ses décisions, où les choix étaient encore ouverts. C’est une posture qui demande de l’entraînement si l’on veut entrer quelque peu dans le processus créateur pour essayer de comprendre, non pas comment le choix attesté fonctionne dans le film, mais comment ce choix s’est présenté à lui parmi beaucoup d’autres possibilités.3 Cette méthode, loin de s’opposer à la séquence de Busson et Perichon, me semble complémentaire : deux chemins qui se croisent, mais qui mettent le choix et ses effets au centre de toutes réflexions. Pour ce faire, Bergala met en place « trois opérations mentales simples » (p. 88) : l’élection (« choisir des choses dans le réel, parmi d’autres possibles »), la disposition (« placer les choses les unes par rapport aux autres ») et l’attaque (« décider de l’angle ou du point d’attaque sur les choses que l’on a choisies et disposées »). Afin de mettre en pratique cette pédagogie de la création, l’auteur crée une activité à partir d’une scène de dialogue d’un film de Jean-Luc Godard : Il existe des stratégies simples pour aider à cette posture de spectateur « créateur ». Je crois beaucoup, pour l’avoir expérimentée, à celle qui consiste à remettre les élèves, même s’il s’agit bien sûr d’une simulation, au moment où le cinéaste avait d’un côté son « programme » scénarique, c’est-à-dire son projet de scène dans sa tête et sur le papier, et de l’autre côté la réalité du décor où il allait devoir l’inscrire. Au moment, si l’on veut, où Godard est arrivé dans l’appartement romain vide qu’il avait choisi pour tourner la longue scène de ménage du Mépris. A l’université, il m’est arrivé de donner aux étudiants un plan au sol de cet appartement (sans y placer aucun meuble ni aucun accessoire) et le dialogue de la scène, en laissant aux étudiants le temps d’imaginer comment ils s’attaqueraient à la mise en scène de cette séquence, dans son sens le plus large, prenant en compte les trois gestes de base de tout acte de mise en scène : l’élection, la disposition et l’attaque.4 Cette activité comporte plusieurs variantes. Il est possible de soit montrer le film, puis de demander aux élèves d’imaginer à leur tour cette scène, soit de projeter uniquement le début de l’œuvre jusqu’à cette scène ou finalement de pratiquer uploads/Management/ litterature-et-cinema.pdf
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- Publié le Dec 15, 2022
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