Le bonheur, un puissant levier de performance 1 Le bonheur, un puissant levier
Le bonheur, un puissant levier de performance 1 Le bonheur, un puissant levier de performance Renforcer sa performance et celle de ses équipes… en travaillant à être plus heureux ! P romouvoir le bonheur dans l’entreprise… Voici un sujet suspect par excellence ! La recherche du bonheur relève du registre intimement personnel. Prétendre rendre ses salariés heureux n’ouvre-t-il pas la porte à des intrusions insupportables dans la sphère privée ? Plus généralement, en quoi l’entreprise serait-elle légitime pour imposer une telle quête à ses salariés ? L’article The History of Happiness publié dans la Harvard Business Review rappelle que la quête du bonheur n’a rien d’une valeur universelle. Historiquement, elle n’est montée en puissance qu’à partir du XVIIIe siècle, et plus particu- lièrement aux États-Unis, où elle reste aujourd’hui encore une norme sociale plus marquée que dans de nombreuses autres régions du monde. Enfin, envisa- ger le bonheur comme levier de perfor- mance ne conduit-il pas à dévoyer une valeur humaniste au service de motifs mesquinement utilitaristes ? Pour autant, tant les avancées des neurosciences que la recherche en psychologie invitent à se pencher sur le sujet. Traditionnellement, la psycho- logie s’était focalisée sur les maladies psychiques et la façon de les guérir. Ainsi, un bilan effectué en 1998 a montré qu’il y a 17 fois plus d’études portant sur les troubles psychologiques que d’études portant sur le bien-être ! Ce n’est qu’à la toute fin du XXe siècle qu’est officiellement née la « psycho- logie positive », branche de recherche consacrée à mieux comprendre et favoriser ce qui nous rend heureux. Ces travaux, qui s’appuient entre autres sur les récents progrès des neurosciences, se révèlent riches en enseignements pour les managers et dirigeants : • Soyez heureux, vous serez performant ! • Travaillez délibérément à vous sentir plus heureux. • Favorisez des sentiments positifs dans vos équipes. The Happiness Advantage Shawn Achor, éd. Crown Business, 2010. The Science Behind the Smile an interview with Daniel Gilbert by Gardiner Morse, Harvard Business Review, janvier 2012. 1 Le bonheur : une valeur sûre ! 2 Trois leviers pour stimuler son bien-être 3 Créer un environnement dynamisant Didier Avril, série Storytelling manageris ©2012 – n° 208a Dans cette synthèse… Nos sources Cette synthèse s’appuie en particulier sur les publications citées ci-dessous et présentées en dernière page. synthèse Le bonheur, un puissant levier de performance 2 1 Le bonheur : une valeur sûre ! Les récentes recherches en psycho- logie positive mettent en évidence une conclusion à forte portée pour les entreprises comme pour les salariés : il existe des leviers simples à actionner pour se rendre plus heureux ; et se sentir plus heureux est un puissant levier de performance. Les salariés heureux sont les plus productifs De nombreuses études ont établi une forte corrélation entre le degré de bonheur des salariés (figure A) et leur contribution économique à l’entreprise. C’est ce qu’a montré la compilation de plus de 200 travaux de recherche portant au total sur plus de 250 000 personnes, rapportée dans le livre The Happiness Advantage. Il en ressort que les salariés qui se sentent heureux sont plus productifs, ont des meilleures performances commerciales, et sont meilleurs managers. Ils se sentent plus attachés à l’entreprise et démissionnent moins fréquemment. Ils sont moins souvent absents pour maladie et leur risque d’épuisement professionnel est moindre. De plus, ce phénomène est conta- gieux : l’humeur des dirigeants et des managers a un impact direct sur leurs équipes. Ainsi, les salariés d’entreprises dont le PDG se sent heureux ont plus de chances de sentir eux-mêmes heu- reux, d’être en bonne santé et de juger qu’ils travaillent dans un climat propice à la performance. Une autre étude a montré un écart de performance d’environ 30 % en faveur des équipes dont les managers se montrent positifs et encourageants. C’est le bonheur qui crée la performance Une corrélation entre bonheur et réussite professionnelle n’a rien de très surprenant. N’est-il pas naturel de se sentir plus heureux lorsque sa situation professionnelle est satisfaisante ? En réalité, la recherche montre l’in- verse. Ce n’est pas la réussite qui rend heureux. C’est le bonheur qui conduit à être performant ! Par exemple, une étude a mesuré le degré de bonheur ressenti par 270 salariés, puis suivi leur performance sur 18 mois : les salariés initialement les plus heureux ont obtenu les meilleurs résultats. Une autre a constaté une corrélation entre le niveau de bonheur ressenti à l’entrée à l’université et le niveau de revenus 19 années plus tard, quel que soit le niveau de vie initial. Se sentir heureux conduit aussi à une santé plus robuste, ce qui confère un net atout dans le domaine professionnel. À la fin des années 30, des chercheurs ont demandé à 180 L’entreprise a tout à gagner à s’efforcer de rendre ses salariés plus heureux. FIGURE A Bonheur : de quoi parle-t-on ? Pour les psychologues, la notion de bonheur est un concept relativement complexe, désignant un état de bien-être subjectif, reposant sur la combinaison d’une humeur positive sur l’instant associée à une appréhension positive de l’avenir. Martin Seligman, fondateur de la psychologie positive, décompose le bonheur en trois dimensions mesurables : D’après The Happiness Advantage, Shawn Achor, éd. Crown Business, 2010. Bonheur Plaisir Sens donné à sa vie Implication Les principaux indicateurs du bonheur sont les émotions positives Émotions positives + + • Joie • Gratitude • Amour • Sérénité • Intérêt • Espoir • Fierté • Amusement • Inspiration • Admiration manageris ©2012 – n° 208a Le bonheur, un puissant levier de performance 3 jeunes religieuses catholiques de noter leurs pensées quotidiennes dans un journal. La corrélation entre le degré d’émotions positives exprimées à l’âge de 20 ans et leur santé ultérieure est frappante : 90 % des religieuses situées dans le premier quartile en termes de ressentis positifs étaient en vie à l’âge de 85 ans, contre seulement 34 % de celles du dernier quartile. Au-delà des études statistiques, les avancées des neurosciences four- nissent des éclairages plus précis sur le lien de causalité entre bonheur et performance. En effet, les émotions positives se traduisent par la sécrétion de neurotransmetteurs – sérotonine et dopamine – qui stimulent la partie pensante de notre cerveau. Se sentir d’humeur positive améliore la capacité de concentration, de structuration et de mémorisation de l’information. Cela accroît la durée et le nombre de connexions neuronales, favorisant la créativité, la rapidité de pensée et la capacité de résolution de problèmes. Ces phénomènes biologiques sont illustrés par de multiples études expé- rimentales. Par exemple, des étudiants à qui on demande de penser à la plus belle journée de leur vie ont ensuite de meilleurs résultats à un test de mathé- matiques. Ou encore, des médecins à qui on avait fait une surprise agréable se sont révélés bien meilleurs dans les dia- gnostics qu’on leur soumettait : ils se sont faits deux fois moins piéger par les fausses pistes qui leur étaient tendues et sont arrivés deux fois plus rapidement à la bonne conclusion. Un atout qui peut se travailler Ainsi, à en croire les neurosciences, « soyez heureux, et vous réussirez ! ». Certes, le conseil peut paraître sim- pliste… voire insultant lorsqu’on est en prise à de fortes difficultés personnelles ou professionnelles. Mais un second enseignement majeur émerge de ces recherches : il est possible d’agir pour renforcer sa capa- cité de se sentir heureux. Longtemps, les scientifiques ont pensé que le niveau de bonheur ressenti était princi- palement conditionné par l’hérédité : chacun était doté d’une propension au bonheur plus ou moins déterminée. En réalité, il s’avère que, sous réserve d’ef- forts délibérés, il est possible d’accroître graduellement son niveau moyen de bonheur ressenti. D’un point de vue biologique, les chercheurs observent en effet une impressionnante plasticité du cerveau, qui peut être mise à profit dans cet objectif. Ainsi, les moines qui consacrent un temps considérable à la méditation développent la taille de leur cortex préfrontal gauche, une zone qui joue un rôle majeur dans le senti- ment d’être heureux. Parallèlement, de multiples expériences montrent qu’il est possible d'influer sur la durée du bonheur perçu. Pas besoin d’opter pour une vie de moine pour profiter des bienfaits de la méditation, par exemple : 5 minutes par jour suffisent à créer des bienfaits observables sur le niveau de bonheur, le stress ou encore le système immunitaire. Rien n’oblige non plus à pratiquer la méditation. Ainsi, 577 volontaires ont été invités à identifier ce pour quoi ils étaient naturellement doués – humour, qua- lité de jugement, créativité, etc. – et à imaginer chaque jour une nouvelle façon de mettre à profit cette qualité. Dès la semaine suivante, leur ressenti de bonheur avait augmenté. Surtout, 6 mois après la fin de l’expérience, cet effet était encore perceptible ! 2 Trois leviers pour stimuler son bien-être Les recherches des récentes années ont mis en évidence de multiples tech- niques pour améliorer la qualité de son humeur – et ainsi se placer en situation optimale de performance profession- nelle. uploads/Management/ manageris-208a-bonheur-puissant-levier-performance-pdf.pdf
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- Publié le Sep 23, 2022
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