¡ J. Malchaire, Université catholique de Louvain, 1200 Bruxelles, Belgique C et
¡ J. Malchaire, Université catholique de Louvain, 1200 Bruxelles, Belgique C et article décrit une stratégie de prévention des risques en quatre niveaux, appelée SOBANE, dans le but d'aborder progressivement les situations de travail dans les petites aussi bien que dans les grandes entreprises, de coordonner la collaboration entre salariés, encadrement, médecins du travail, préventeurs…, et d’arriver à une prévention plus rapide, plus efficace et moins coûteuse. Après avoir précisé la terminologie, le document décrit ces quatre niveaux : - dépistage, où les facteurs de risque sont détectés et les solutions évidentes mises en œuvre ; - observation, où les problèmes restants sont approfondis, les raisons et les solutions sont discutées de manière détaillée ; - analyse, où, quand nécessaire, l'on a recours à un préventeur pour réaliser les mesurages nécessaires et développer des solutions particulières ; - expertise, dans les cas rares où un expert est indispensable pour étudier et résoudre un problème spécifique. La stratégie, concernant les ambiances thermiques de travail, est illustrée en annexe. évaluation des risques gestion des risques méthodologie GENERAL STRATEGY FOR THE MANAGEMENT OF OCCUPATIONAL RISKS APPLICATION TO THERMAL CONDITIONS AT WORK T his article describes a four-level risk prevention strategy, termed SOBANE, the aim of which is to tackle work situations progressively in both small and large companies, to co-ordi- nate co-operation between workers, management, occupational physicians, prevention specialists, etc., and to result in faster and more effective pre- vention at lower costs. After defining the terminology, the document describes these four levels: - screening, where the risk factors are detected and straightforward solutions are applied; - observation, where the study of the remaining problems is broadened in scope, the reasons and the solutions being discussed in greater detail; - analysis, where the company calls in a prevention specialist whenever necessary to carry out measurements and develop particular solutions; - appraisal, in the unusual cases where an expert is essential to study and solve specific questions. An example of the strategy applied to problems of thermal work environ- ments is illustrated in annex. risk assessment risk management methodology Stratégie générale de gestion des risques professionnels Illustration dans le cas des ambiances thermiques au travail ND 2165-186-01 I 39 Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 186, 1er trimestre 2002 L a directive européenne cadre 89/391/CEE publiée en 1989 [1] et les réglementations qui en ont dérivé dans tous les pays de l'Union européenne, requièrent que l'em- ployeur assure la sécurité et la santé des travailleurs dans tous les aspects liés au travail, en mettant en œuvre les principes généraux de la prévention : éviter les risques, évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités, combattre les risques à la source, adapter le travail à l'homme… La concrétisation de ces principes sur le terrain pose de nombreux problèmes : Problèmes de terminologie : les termes risques, facteurs de risque, prévention pri- maire, secondaire, tertiaire, restent utilisés dans des acceptions différentes ; problèmes de nature des risques abor- dés : selon leur formation personnelle, certains préventeurs ont parfois tendance à n'aborder que des problèmes de sécuri- té, d'autres de maladies professionnelles, d'autres encore considèrent les seuls pro- blèmes psychosociaux ; problèmes de pénétration dans les entreprises : la situation est en effet essen- tiellement différente dans une PME isolée et une grande entreprise : différence de sensibilisation, de moyens, de pression sociale… problèmes de coordination entre les préventeurs (médecins du travail, respon- sables de sécurité, ergonomes, psycho- logues industriels…) et avec le monde du travail. L'objectif du présent article est d'appor- ter des éléments permettant d'éviter, de résoudre ou de minimiser ces problèmes. Après avoir clarifié les termes, l'article pro- posera et illustrera une stratégie générale de gestion des risques permettant la pré- vention des risques de manière progressi- ve et efficace, avec l'intervention opportu- ne et adéquate des conseillers en préven- tion. Ce document s'adresse non seulement aux conseillers en prévention (appelés ci- dessous préventeurs) que sont les méde- cins du travail, responsables de sécurité, ergonomes…, mais aussi et principale- ment aux chefs d'entreprise responsables de la prévention et aux opérateurs qui vivent cette prévention. 1. Définitions L'expression situation de travail fait référence à tous les aspects physiques, organisationnels, psychologiques, sociaux de la vie au travail, qui sont susceptibles d'avoir une influence sur la santé et le bien-être de l'opérateur. Cette expression est donc plus large que les expressions condition de travail ou poste de travail qui, pour beaucoup de personnes, font réfé- rence de manière restrictive aux facteurs d'ambiance (bruit, chaleur…) ou aux dimensions, espaces… On sait d’ailleurs depuis longtemps que, avec les nouvelles formes d’organisation du travail, la notion de poste de travail, au sens classique d’emplacement limité occupé jour après jour, tend à disparaître. Nous désignerons ci-dessous par pré- venteurs les personnes telles que méde- cins du travail, responsables de sécurité, hygiénistes industriels, ergonomes, infir- mières du travail… qui ont reçu une cer- taine formation et qui ont donc développé une motivation particulière pour recon- naître, évaluer et prévenir les risques. La formation et la compétence de ces per- sonnes peuvent être variables, mais nous ne ferons pas de distinction, du fait qu’à ce niveau les différences individuelles de compétence sont souvent du même ordre que les différences systématiques. Dans certains cas et pays, ces personnes sont appelées « conseillers en prévention ». Le cas des grandes entreprises nous intéressera peu ici parce que moins de 40 % de la population des salariés y tra- vaillent, que les problèmes y sont déjà bien traités, qu’elles disposent de préven- teurs internes bien formés, que les com- pétences sont disponibles, que les organes de concertation y fonctionnent plutôt bien et que les taux de fréquence et de gravité 40 Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 186, 1er trimestre 2002 des accidents et des maladies profession- nelles y sont inférieurs de moitié à ceux des petites et moyennes entreprises (PME). En ce qui concerne ces PME, les pré- venteurs proviennent en général de ser- vices externes de prévention regroupant une ou plusieurs disciplines. Ces préven- teurs sont ou devraient être des généra- listes de la santé au travail, parce qu’ils sont confrontés tantôt à des problèmes de sécurité dans un garage, tantôt à des pro- blèmes de maladies professionnelles dans un nettoyage à sec, tantôt encore à des problèmes de stress dans un bureau de services. Ils ne disposent en général que d’un matériel de base pour des mesurages stéréotypés. Nous appellerons experts les per- sonnes venant en général de laboratoires spécialisés, qui disposent des compé- tences et des moyens méthodologiques et techniques pour approfondir un problè- me particulier. En règle générale, cepen- dant, ces compétences et moyens sont limités à un aspect particulier : électricité, toxicologie, acoustique, charge mentale, problèmes relationnels… Sont appelés facteurs de risque tous les aspects de la situation de travail qui ont la propriété ou la capacité de causer un dommage. Ces facteurs peuvent être relatifs à : la sécurité : les machines, les échelles, l'électricité…, la santé physiologique : la chaleur, la pollution, les mouvements répétés…, la santé psychosociale : les problèmes de relation, de contenu du travail, d'orga- nisation temporelle… Lorsqu'un usage rigoureux des termes s'impose – et donc dans les discussions entre spécialistes et dans les réglementa- tions – nous proposons d'abandonner totalement les termes de danger (utilisé principalement pour les facteurs de risque de sécurité) ou de nuisance (utilisé plutôt pour les facteurs d'ambiance, dans la zone d'inconfort). Les termes facteurs de risque traduisent donc au mieux le terme hazard anglais. Il serait illusoire de vouloir imposer cette terminologie rigoureuse dans les entreprises. Cependant, une clarification de ce que les interlocuteurs sous-enten- dent par ces termes s'impose dans maintes occasions. Cette acception des termes facteurs de risque est différente de celle adoptée en médecine, où, par exemple, le cholestérol est appelé un facteur de risque d'infarctus. Comme on en discutera ci-dessous, ces caractéristiques individuelles (âge, genre, poids, sensibilité personnelle…) seront désignées par l'expression cofacteurs de risque. Un facteur de risque n'existe que dans la mesure où l'opérateur y est exposé. Dans le cas d'un facteur de risque lié à la sécurité, l'exposition doit être évaluée en termes de durée pendant laquelle, ou de fréquence à laquelle, l'opérateur y est confronté. Dans le cas des agents chimiques et physiques, il est souvent recommandé de quantifier l'exposition par des mesurages du niveau moyen équivalent d'expo- sition : concentration moyenne sur 8 h, niveau personnel d'exposition sonore…, [2 à 4]. La tendance est de penser que cette quantification est nécessaire, voire indis- pensable, et la plupart des manuels d'hy- giène du travail sont essentiellement, et parfois exclusivement consacrés à ces méthodes de quantification. Ce point sera discuté en détails ci-des- sous. Dans la majorité des cas cependant, ces quantifications ne conduisent pas plus directement et sûrement à la prévention que la simple évaluation de la durée uploads/Management/ nd2165-pdf.pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 11, 2022
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 0.1414MB