ISO 26000 Nouvelle norme pour la responsabilité sociétale Martine Otter et Thom
ISO 26000 Nouvelle norme pour la responsabilité sociétale Martine Otter et Thomas Morisse Le 1er avril dernier, à Paris, l’AFNOR a démarré son Tour de France pour présenter la norme internationale IS0 26000 qui décrit les principes et thèmes que recouvre la responsabilité sociétale et en propose une méthode d’appropriation et de mise en œuvre dans une organisation. ADELI y était et vous en rapporte quelques propos. Principes et thèmes de la responsabilité sociétale La norme ISO 26000, dont nous présentions déjà les grandes lignes en octobre 2007 à l’occasion d’une présentation de l’AFNOR, puis en juin 2008 lors d’une rencontre ADELI (compte rendu dans la Lettre n°73), devrait être enfin publiée par l’ISO en novembre 2010, à l’issue d’une élaboration particulièrement laborieuse. Mais d’abord, de quoi s’agit-il ? L'ISO 26000 présente des lignes directrices pour tout type d'organisation cherchant à assumer la responsabilité des impacts de ses décisions et de ses activités et d’en rendre compte. Elle donne un cadre international de comportement à tout type d’organisation (entreprises, collectivités, ONG, syndicats…), quels que soient sa taille et ses domaines d’actions. La norme ISO 26000 respecte les grands textes fondateurs internationaux comme la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les conventions de l’Organisation Internationale du Travail… La responsabilité sociétale est définie comme la responsabilité qu’exerce l’organisation vis-à- vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui : contribue au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société ; prend en compte les attentes des parties prenantes, c'est-à-dire de toute personne ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation (actionnaires, collaborateurs, clients, concurrents, fournisseurs, communautés locales, riverains, pouvoirs publics, financiers , banques,….) ; respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales et des droits de l’homme ; est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations. La responsabilité sociétale se positionne comme la contribution des organisations au développement durable. La norme ISO 26000 est ainsi un outil commun international pour tout acteur voulant construire sa légitimité « responsable ». Pour définir le périmètre de leur responsabilité sociétale, la norme ISO 26000 invite les organisations à articuler leur démarche autour de sept axes. Chaque axe est lui-même décomposé en domaines d’action. La Lettre d’ADELI n°80 – Été 2010 45 Fig. 1 : Les axes de la responsabilité sociétale 46 La Lettre d’ADELI n°80 – Été 2010 À l’origine de cette norme on trouve naturellement les associations de consommateurs qui ont exprimé dès 2005 le besoin de définir des bonnes pratiques qui s’appliqueraient à toutes les parties prenantes. Il faut souligner ici que la notion de partie prenante couvre l’ensemble des acteurs du monde politico-économique, depuis les consommateurs jusqu’aux gouvernements, en passant par les entreprises, les ONG, les syndicats et les consultants. On comprend que l’accord de tous sur un texte consensuel fut particulièrement difficile et que le prix à payer pour le consensus fut le refus d’une certification internationale sur la base de cette norme. En d’autres termes, il n’y aura pas de certification ISO 26000, mais des initiatives nationales d’évaluation tierce partie. Nous reviendrons sur la démarche française en matière de certification. La dimension économique n’apparaît pas comme une question centrale car elle est considérée comme transversale et devant être intégrée dans chacune des 7 questions de responsabilité à aborder. Néanmoins, lors de la mise en œuvre de la démarche ISO 26000, les moyens financiers propres à chaque organisation détermineront la priorité des actions à mettre en œuvre. La mise en œuvre de la responsabilité sociétale La mise en œuvre de la responsabilité sociétale, telle que définie dans la norme ISO26000, implique : d’analyser la relation entre les caractéristiques de l’organisation et la responsabilité sociétale ; d’appréhender la responsabilité sociétale de l’organisation (pertinence des différents domaines d’actions en fonction de la nature, de la taille et du site de l’organisation) ; d’intégrer la responsabilité sociétale dans la gouvernance, les procédures, les compétences de l’organisation ; de communiquer sur la responsabilité sociétale ; d’accroître la crédibilité en matière de responsabilité sociétale (dialogue avec les parties prenantes, programmes spécifiques de certification) ; de revoir et améliorer les pratiques (contrôle, évaluation puis amélioration des performances) ; de choisir des initiatives sur la responsabilité sociétale (participation à des initiatives volontaires comme le Pacte Mondial des Nations-Unies). La mise en œuvre de la responsabilité sociétale se construit pas à pas, en appliquant la démarche suivante : réaliser un état des lieux pour identifier les priorités d’actions. Le diagnostic est le point de départ pour passer à l’action en étant pragmatique avec des objectifs de progrès pertinents et réalistes. Il permet de prendre conscience des impacts de l’organisation sur la société, de reconnaître toutes ses parties prenantes, de mesurer ses forces et ses faiblesses et de hiérarchiser ses priorités…; déployer les actions au sein de l’organisation ; communiquer sur la responsabilité sociétale tant en interne auprès des collaborateurs, qu’en externe auprès des parties prenantes et du grand public. Les trois étapes : diagnostic, déploiement et rendre compte appuyées sur un dialogue avec les parties prenantes apportent des garanties de pertinence et d’efficacité de la démarche pour assurer la crédibilité. La formation des décideurs ainsi que la sensibilité des collaborateurs sont des éléments clés dans la réussite de la démarche. Mettre en œuvre une démarche ISO 26000 est un investissement au service de la performance. La vraie question est le coût de la non prise en compte des principes de la responsabilité sociétale dans les décisions et activités futures. La norme ISO 26000 n’impose pas d’exigences, mais un changement dans le comportement. Le coût est donc lié à la conduite du changement à travers la mise en œuvre du projet. La Lettre d’ADELI n°80 – Été 2010 47 Qu’est-ce qu’apporte l’ISO 26000 à l’organisation ? La responsabilité sociétale est une démarche de progrès qui s’inscrit dans une recherche de performance globale de l’organisation. Elle pousse à remettre en question les pratiques des organisations qui s’y engagent : en réduisant les risques ; en améliorant la qualité du dialogue social ; en favorisant les rapports de l’organisation avec son territoire ; en présentant une meilleure attractivité pour de futurs embauchés ; en améliorant les relations avec les entreprises, les fournisseurs, les pairs, la communauté au sein de laquelle elle intervient, productivité…) ; et, plus généralement, en incitant à travailler différemment. L’organisation est fondamentalement incluse dans notre société. Elle ne peut vivre en autarcie et rester indifférente aux problèmes économiques, sociaux ou environnementaux qui se posent. Une démarche ISO 26000 peut ainsi constituer un formidable levier de croissance pour l’organisation. Les principaux bénéfices attendus sont : la fidélisation des clients au travers des performances en matière de responsabilité sociétale ; la valorisation des actions auprès des actionnaires et partenaires (fournisseurs…) ; un accès facilité aux marchés financiers (Investissement Socialement Responsable…) ; la reconnaissance en interne des initiatives menées par les collaborateurs ; l’amélioration de l’image de l’entreprise auprès de la société (consommateurs, pouvoirs publics, collectivités territoriales…). Son positionnement par rapport aux autres normes Les normes de système de management – ISO 1400111, ISO 90012… – sont complémentaires et compatibles avec la norme ISO 26000. 1 Système de Management Environnemental 2 Système de Management de la Qualité Cette dernière est davantage une norme de recommandation et permet d’alimenter la réflexion stratégique des organisations. Elle se situe donc plus en amont et peut conduire par exemple à engager une démarche ISO 9001 pour optimiser la relation client ou une démarche ISO 14001 pour organiser et crédibiliser la prise en compte de l’environnement dans le fonctionnement de l’organisation. Il en va de même pour les outils tels que OHSAS 1800133, le GRI4, les écolabels, le bilan carbone®… qui apportent des réponses méthodologiques, opérationnelles ou de reconnaissance sur certains aspects de la mise en œuvre de la norme ISO 26000. Quelle certification pour l’ISO 26000 ? L’ISO 26000 n’est pas officiellement une norme internationale de certification, cela a été affirmé haut et fort pour rassurer les états inquiets de l’impact économique qu’entraîneraient de telles exigences. Cependant les initiatives d’évaluation n’ont pas attendu la validation de la norme pour se mettre en place. La reconnaissance de la mise en œuvre de la responsabilité sociale par un organisme tierce partie s’avèrerait particulièrement difficile si elle devait être binaire, comme cela est le cas pour l’ISO 9001 : c’est donc une logique de niveau de maturité qui est retenue en matière de responsabilité sociétale. AFAQ 1000 NR AFAQ AFNOR a ainsi anticipé en mettant en place le dispositif AFAQ 1000 NR (1000 points pour de nouvelles responsabilités), qui permet d’évaluer la démarche de développement durable d’une entreprise à l’issue d’un diagnostic rapide. 3 Système de Management de la Santé et de la Sécurité au Travail 4 La Global Reporting Initiative (GRI) uploads/Management/ principes-et-themes-de-la-responsabilite-societale.pdf
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- Publié le Jan 30, 2021
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