Juin 2015 L’X dans une nouvelle dimension Bernard Attali Préambule 1 Préambule

Juin 2015 L’X dans une nouvelle dimension Bernard Attali Préambule 1 Préambule ...................................................................................................................................................... 2 Le contexte : promesses ou menaces? ....................................................................................................... 3 Saclay : la clé? ................................................................................................................................................ 8 Apprendre à apprendre ? ........................................................................................................................... 20 Diversifier offres et méthodes ? ............................................................................................................... 25 Méritocratie ou panne d’ascenseur ? ........................................................................................................ 31 L’État, quels besoins ? ............................................................................................................................... 36 De l’École à l’entreprise ? .......................................................................................................................... 44 Une gouvernance améliorée ? ................................................................................................................... 48 L’X et la Défense : pour quoi faire ?........................................................................................................ 53 La recherche à l’X : qui pilote ? ................................................................................................................ 58 International : changer d’échelle ? ............................................................................................................ 63 Conclusion : l’École Polytechnique de Paris .......................................................................................... 70 Résumé des recommandations ................................................................................................................. 73 Liste des personnalités auditionnées ........................................................................................................ 78 Quelques références bibliographiques ..................................................................................................... 83 Préambule 2 Préambule Par lettre en date de 26 décembre 2014, le Premier Ministre a bien voulu me demander de conduire une mission sur l’avenir et la stratégie de l’École polytechnique. De nombreux rapports et recherches diverses ayant été rédigés sur le sujet dans la période récente, notamment un rapport parlementaire remarqué1, la présente réflexion en a évidemment tiré parti, tout en conduisant un grand nombre d’auditions (cf liste en annexe). L’abondance des données recueillies explique pourquoi j’ai souhaité me limiter ici aux aspects stratégiques du sujet. Qu'il me soit permis de remercier le Ministère de la Défense qui a apporté un soutien précieux à ce travail ; le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui l’a accompagné ; la Direction de l'École polytechnique, qui a joué le jeu avec transparence ; M. le député Cornut-Gentille qui, dans son rapport en date d’octobre 2014, a éclairé la situation de l'École avec lucidité ; et Hervé Grandjean, ingénieur de l’armement, rapporteur d’un très grand professionnalisme, à qui je prédis une très belle carrière. Je voudrais aussi souligner de manière plus générale la mobilisation des anciens élèves de l'École à l'occasion de notre travail: nombre d'entre eux ont en effet participé d'une manière très intéressante à l'appel à contributions que la Mission a lancé en mars dernier sur une adresse mail dédiée, adressé à quelques vingt-sept mille anciens élèves. Cette adresse mail2 restera d’ailleurs ouverte quelques temps après la publication de ce rapport. Elle permettra à ceux qui le souhaitent de réagir aux présentes propositions. Les remarques qui vont suivre ne doivent en aucun cas être mal interprétées. Elles ne sont en rien une critique de l’équipe actuellement en charge de l’École. J’ai au contraire été très impressionné par son dévouement et sa compétence. Tout en étant aussi frappé par le réseau de contraintes de toute nature qui bride son action. Il va de soi que je suis seul responsable des jugements hâtifs ou erronés que certains lecteurs pourraient découvrir au fil de la lecture. C’est la raison pour laquelle il m’a semblé normal de l’écrire à la première personne. B. Attali Conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes Président d’honneur d’Air France 1 « L’X dans l’inconnu », par M. le député François Cornut-Gentille 2 mission.battali.polytechnique@gmail.com Le contexte : promesses ou menaces? 3 Le contexte : promesses ou menaces? Soyons clairs dès le début : je fais partie de ceux qui défendent notre système de grandes écoles. Un modèle original n’est pas nécessairement un modèle inadapté. Dans le monde d’aujourd’hui, la sélection des talents et la recherche de l’excellence sont plus que jamais nécessaires au succès d’un pays. Fabriquer des élites, de toute origine sociale, constitue un devoir national. Sacrifier cette ambition au nom d’un idéal égalitariste illusoire n’a aucun sens. C’est dans ce contexte que s’inscrit la réflexion qui suit. Figure de proue des grandes écoles, l’École polytechnique est à l’évidence un grand atout pour la France : des élèves de haut niveau, une tradition prestigieuse, un corps professoral remarquable, une gouvernance modernisée, autant d’avantages que certains ont tendance à trop souvent sous- estimer. Il reste que le monde change vite et que l’École a pu donner le sentiment de ne pas accompagner ces changements à la vitesse requise en ce début du 21ème siècle. D’où les nombreuses attentes – souvent contradictoires – que suscite l’institution. Les jeunes étudiants en classes préparatoires rivalisent pour entrer à l’École polytechnique mais n’ont pas une idée précise de la carrière qui en découlera. Le Ministère de la Défense tient à conserver sa tutelle sur l’École, sans toujours lui donner un contenu concret. L’École forme les futurs hauts fonctionnaires techniques mais en nombre chaque année plus réduit et sans que l’État sache vraiment ses besoins, quantitatifs et qualitatifs. Les entreprises apprécient les talents issus de l’École mais constatent que les anciens élèves ont été souvent mal préparés aux fonctions qui vont être les leurs dans la vie professionnelle. L’articulation entre l’École et les universités, en dépit de l’énorme potentiel de Saclay, reste encore floue et trop souvent marquée par des querelles de préséance et parfois de clocher. A l’international, l’École polytechnique a fait de gros efforts dans la période récente. Elle manque néanmoins d’une stratégie d’alliances claire face à des concurrents de plus en plus redoutables : de Lausanne à Stanford, trop nombreuses sont les écoles qui l’ont dépassée en moyens et en résultats. Sans parler de son rang dans certains classements comme celui de Shanghai, qui fait parfois peine à voir. En bref : trop de priorités font oublier les vraies priorités. D’où un questionnement « quasi existentiel », un doute, que nos rencontres avec la communauté polytechnicienne a mis en évidence. En résumé, à l’image du pays, l’École polytechnique recèle beaucoup de talents, dispose d’un immense potentiel … mais manque d’un souffle, d’un élan, d’une ambition clairement assumés. Il faut la remettre en mouvement. « Pour la patrie, les sciences et la gloire », l’École repose depuis plus de deux cent ans sur un certain nombre de valeurs et de singularités, qui la distinguent de bien d’autres grandes écoles d’ingénieurs. Sa très haute sélectivité, d’abord : elle recrute chaque année, par le biais du concours d’entrée, 400 élèves parmi les tout meilleurs du système éducatif français. En sciences, seule l’École normale supérieure peut se targuer d’une qualité de recrutement aussi élevée. L’employabilité des élèves Le contexte : promesses ou menaces? 4 est excellente (le délai de recrutement varie entre 0 et 6 mois, pour un salaire moyen d’embauche de l’ordre de 45 k€), et les polytechniciens connaissent souvent des réussites professionnelles remarquables, que ce soit dans le monde économique, où de nombreux polytechniciens assurent la direction d’entreprises (un tiers des dirigeants du CAC 40 est issu de l’X), dans la recherche scientifique, à l’instar des 27 anciens élèves actuellement membres de l’Académie des sciences et du récent prix Nobel d’économie Jean Tirole, ou dans l’administration, au sein de laquelle de nombreux postes de direction générale sont occupés par des X (Trésor, Entreprises, Energie et climat, Aviation civile, …). En 2013, un classement3 qui distingue les établissements ayant formé le plus de dirigeants des 500 sociétés ayant le plus gros chiffre d’affaires au monde, a consacré Polytechnique à la quatrième position mondiale, derrière Harvard, l’université de Tokyo et Stanford, mais devant le MIT, Oxford, HEC… Les plus jeunes promotions se font remarquer également, en obtenant des récompenses prometteuses (un prix MIT des innovateurs de moins de 35 ans au niveau mondial en 2013, la distinction d’un jeune économiste d’avenir par le FMI en 2014), ou en étant assez largement présents dans les cabinets ministériels (6 polytechniciens au cabinet du Premier Ministre par exemple). La pluridisciplinarité de son enseignement y contribue : l’X revendique la diffusion chez ses élèves d’une large culture scientifique, gage d’adaptabilité et de maîtrise des projets complexes, ainsi qu’une place significative donnée aux humanités, qui confère aux polytechniciens culture et éthique. Mentionnons bien sûr la qualité du corps professoral de l’École polytechnique, qui compte notamment en son sein 5 académiciens. Des personnalités telles que le mathématicien et médaillé Fields Pierre-Louis Lions ou le physicien Alain Aspect, professeurs à l’X, sont à l’évidence un puissant facteur de rayonnement de l’X et d’attractivité pour les élèves. Le quasi-monopole de la formation des grands corps techniques de l’État, aussi: même si nous vivons dans une France moins colbertiste que par le passé, le besoin de compétences techniques de haut niveau au sein de l’État demeure. L’X et ses écoles d’application doivent répondre à ce besoin. C’est d’ailleurs une des forces de Polytechnique que de faire se côtoyer, au sein d'une même promotion, ceux qui demain, seront hauts fonctionnaires, chercheurs, entrepreneurs, dans tous les domaines de l'économie et du savoir, en France et à l'étranger. La qualité du dialogue État-Entreprises-Recherche est en effet une condition nécessaire pour faire émerger des réalisations technologiques d'exception. Son statut militaire, et le passage dans les armées, avec les traditions qui l’accompagnent, ont été dans le passé une force. Aujourd’hui encore cette appartenance au monde de la Défense est mise en avant par l’École et ses élèves comme un atout majeur pour développer une sensibilité au bien commun et au service public, avec des valeurs de loyauté et de solidarité vantées par les recruteurs. Le uploads/Management/ rapport-bernard-attali-polytechnique.pdf

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  • Publié le Mar 26, 2022
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