Quinze années d’analyse d’air comprimé au sein du laboratoire de la Marine de T

Quinze années d’analyse d’air comprimé au sein du laboratoire de la Marine de Toulon De nombreux professionnels respirent de l’air comprimé en bouteille dans le cadre de leurs activités. Parmi ceux-ci, les personnels de la Marine Nationale y recourent dans deux circonstances : la plongée et les interventions en milieu pollué (appareils respiratoires isolants). Afin de limiter les risques d’intoxication chimique, la Marine Nationale réalise depuis plusieurs dizaines d’années un programme de contrôle de la qualité de l’air produit par compression. Les laboratoires d’expertise sont une composante clé de ce programme. L’objectif principal de cet article est de présenter une étude sur 15 ans de résultats de mesures obtenus par le Laboratoire d’analyses de surveillance et d’expertise de la Marine (LASEM) de Toulon. Cette analyse rétrospective met notamment en évidence un taux de non- conformités inférieur à 10 %, humidité exclue, et en dépit de normes très strictes. Des perspectives d’amélioration des prestations analytiques sont proposées afin de garantir une meilleure évaluation des risques chimiques liés à l’air comprimé. h Aurélie Gollion, Gérald Provini, Lucien Valente, Marie-Françoise Cordat, Jean-Ulrich Mullot, Laboratoire d’analyses de surveillance et d’expertise de la Marine, BCRM Toulon h Aurore Bousquet, Hôpital d’Instruction des Armées Percy, Clamart 3 Air comprimé 3 Plongée 3 Qualité 3 Gaz comprimé 3 Humidité 15-year compressed air analysis at a French Navy laboratory in Toulon Breathing compressed air is a common practice for many professionals. Among them, French Navy personnel use compressed air for diving and operations conducted in polluted environments (closed respiratory systems). The Navy has implemented a monitoring plan for several decades to limit chemical toxicity risks associated with compressed air usage. Laboratories offering expert surveys are a key component of this programme. This paper’s main aim is to present compressed air analysis results obtained over the last 15 years by the Naval expert survey and surveillance laboratory (LASEM) in Toulon. This retrospective analysis shows in particular that the overall non-compliance rate is less than 10%, excluding humidity measurements, despite the very stringent standards. Prospects for improving analytical services are proposed for guaranteeing better assessment of compressed air-related chemical risks. 3 Compressed air 3 Diving 3 Quality 3 Compressed gas 3 Humidity L a Marine Nationale, par l’inter- médiaire des Laboratoires d’ana- lyses de surveillance et d’exper- tise de la Marine (LASEM), contrôle depuis de nombreuses années la qualité de l’air comprimé utilisé par les plongeurs, les marins-pompiers et les personnels des brigades de sécurité. Cette surveillance est réalisée par l’analyse de contenants régulièrement soumis à essai : appareils respiratoires isolants (ARI) et bouteilles de plongée. Il s’agit d’une pra- tique historique au profit de la santé et de la sécurité au travail (SST), régie par deux instructions ministérielles applicables au sein des armées. L’objectif de cet article est de pré- senter une analyse critique des résultats obtenus depuis 15 ans au LASEM de Toulon, afin de déceler d’éventuelles tendances, d’estimer un taux global de non-conformités et d’identifier de pos- sibles axes d’amélioration des pratiques. ND 2344 - 224 - 11 HST INRS - Hygiène et sécurité du travail - 3e trimestre 2011 - 224 / 3 etude BiBlioGraPhiQue réFérentiels réglementAires et normAtiFs En milieu militaire, deux instruc- tions propres au ministère de la Défense traitent des aspects de surveillance de la qualité de l’air comprimé : 1 l’Instruction Ministérielle (IM) n° 14 de 2010 relative au contrôle de la qualité de l’air de plongée [1] ; 1 l’IM n° 102 de 2006 relative à la qualité de l’air comprimé pour appareils respiratoires isolants à circuit ouvert utilisés en milieu normobare [2]. Ces instructions sont les versions les plus récentes de textes nationaux internes remontant au moins jusqu’en 1981 et dont les modalités pratiques et tech- niques ont relativement peu évolué dans le temps. A l’échelle internationale, le document de normalisation OTAN – STANAG 1458 UD – traitant de la qua- lité de l’air de plongée, complète ce cadre réglementaire [3]. Pour s’assurer de la qualité de l’air délivré, les référentiels Marine prévoient des contrôles de deux niveaux : 1 contrôles de premier niveau, au sein des formations ; 1 contrôles de deuxième niveau, dans un laboratoire spécialisé. Les contrôles de premier niveau sont réalisés par le personnel responsable du remplissage des bouteilles d’air compri- mé. Ils sont effectués à l’aide d’un appa- reil portatif adapté détenu par l’orga- nisme pour l’analyse de l’air comprimé sur lequel sont fixés des tubes colorimé- triques ou un moyen équivalent. Les mesures sont réalisées exclusivement à partir de prélèvements d’air effectués au niveau de la robinetterie d’un bloc ou d’une bouteille (cf. Figure 1). Le contrôle de premier niveau est effectué dans les cas suivants : 1 au minimum tous les 3 mois ; 1 après toute maintenance préven- tive ou corrective touchant le circuit d’air du compresseur (air respirable) ou pas (air de plongée) ; 1 dans les cas de maintenance préventive ou corrective suivants : rem- placement d’un flexible usagé, rempla- cement d’un filtre usagé ; 1 en cas de doute sur la qualité de l’air. Les contrôles de second niveau de la qualité de l’air produit par un compres- seur sont principalement réalisés par les LASEM. Le contrôle de second niveau s’effectue dans les cas suivants : 1 au minimum tous les 6 mois (air de plongée) ou au minimum une fois par an (air respirable) ; 1 après un arrêt du compresseur de plus de 2 mois (air de plongée) ; 1 après toute maintenance pré- ventive ou corrective touchant le circuit d’air du compresseur autre que celles citées plus haut ; 1 lorsque des contrôles de premier niveau donnent des résultats non satisfai- sants sans que la cause soit identifiée ; 1 après un accident de plongée ou un accident survenu à un porteur d’ARI utilisé en milieu normobare mettant en cause la qualité de l’air comprimé. Le prélèvement d’air est effectué par la formation, en utilisant une bouteille parfaitement propre, spécialement réser- vée à cet usage. En milieu civil, il est possible d’iden- tifier les référentiels suivants : la norme européenne EN 12021 de 1999 relative à l’air comprimé pour ARI [4] et le tout nouveau décret n° 2011-45 du 11 janvier 2011 relatif à la protection des travail- leurs intervenant en milieu hyperbare, complémentaire de l’historique décret 90-277 modifié [5, 6]. Le Tableau I récapitule les valeurs retenues comme limite de qualité de l’air comprimé selon le référentiel adéquat. Les méthodes de mesure à mettre en œuvre sont définies dans les normes AFNOR de la série 8573. Cependant, à ce jour (janvier 2011), les modalités d’ana- lyse par un tiers ne font l’objet d’aucune recommandation ou exigence réglemen- taire claire (arrêté d’application cité dans le décret non encore paru). FIguRe 1 bouteilles de plongée et d’ari soumises à analyse Tableau I valeurs limites admissibles pour les paramètres mesurés dans l’air comprimé selon le référentiel retenu IM 14 Air de plongée IM 102 Appareil respi- ratoire isolant NF EN ISO 12021 Décrets 90-277 et 2011-45 STANAG 1458 Air de plongée Oxygène - O2 20,5 - 21,5 % / 21 ± 1 % 16 - 25 % (à 1 bar) 21 ± 1,0 % Dioxyde de carbone - CO2 ≤ 500 ppm ≤ 500 ppm ≤ 500 ppm ≤ 10 000 ppm (à 1 bar) ≤ 500 ppm Monoxyde de carbone - CO ≤ 5 ppm ≤ 5 ppm ≤ 15 ppm ≤ 50 ppm (à 1 bar) ≤ 10 ppm Composés organiques volatils totaux - COVt ≤ 5 mg/m3 ≤ 5 mg/m3 / Limites d’exposition professionnelle ≤ 20 mg/m3 Humidité - H2O ≤ 100 mg/m3 ≤ 50 mg/m3 (contenant à 200 bar) 35 mg/m3 Entre 60 et 80 % d’humidité relative si exposition de plus de 24 heures 35 mg/m3 ≤ 35 mg/m3 (contenant à 300 bar) ≤ 100 mg/m3 ARI composite avec liner interne polyamide Odeur Absence Absence Absence / Pas d’odeur nuisible Huile ≤ 0,5 mg/m3 ≤ 0,5 mg/m3 ≤ 0,5 mg/m3 ≤ 0,5 mg/m3 ≤ 0,5 mg/m3 Particules / / / Limites d’exposition professionnelle / Pour des raisons de lisibilité, les valeurs limites des décrets ont été rapportées à une pression de 1 bar par calcul à partir des pressions partielles INRS - hygiène et sécurité du travail - 3e trimestre 2011 - 224 / 4 Analyse de la qualité de l’air produit par des compresseurs La surveillance de la qualité de l’air comprimé est fondamentale dans le cadre de la santé et de la sécurité au travail [7], mais également pour la plongée de loisir. Cependant, en dehors de situations acci- dentelles particulières [8 - 9], la littéra- ture relative aux résultats de ces analyses en situation « normale » de fonctionne- ment des compresseurs est relativement peu abondante [10]. En 2007, une étude suédoise a porté, à un instant donné, sur l’évaluation de la qualité de l’air compri- mé distribué par des sociétés et magasins de remplissage de blocs de plongée [11]. Sur 20 structures étudiées, 5 ne répon- daient pas aux spécifications applicables à la qualité de l’air comprimé définies par uploads/Management/analyses-d-x27-air-etude-retrospective.pdf

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  • Publié le Jan 27, 2022
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