Frédérique HELIAS Cnam CCE001 – 1. Introduction à la communication 1 1. INTRODU

Frédérique HELIAS Cnam CCE001 – 1. Introduction à la communication 1 1. INTRODUCTION A LA COMMUNICATION 1.1. Que fait-on quand on communique ? 1.1.1. Définitions de la communication Étymologiquement, le mot « communication » vient de la racine latine qui a donné : commun (communis, « mettre en commun »), communiquer (communicare, « s’associer, partager ») et communication (communicatio, « le fait d’être en relation avec »). Aujourd’hui, le mot désigne l’action de communiquer, de transmettre quelque chose à quelqu’un. Il peut aussi renvoyer aux moyens et aux techniques permettant la diffusion d’un message auprès d’une audience plus ou moins vaste, mais aussi à l’action pour quelqu’un ou une organisation d’informer et de promouvoir son activité auprès d’autrui, d’entretenir son image par tout procédé médiatique. La communication est une science partagée par plusieurs disciplines qui ne répond pas à une définition unique. Elle est d’abord définie comme un processus mais les points de vue, selon les disciplines et les approches divergent pour la qualifier. Daniel Bougnoux le dit : « Nulle part ni pour personne n’existe LA communication. Ce terme recouvre trop de pratiques, nécessairement disparates, indéfiniment ouvertes et non dénombrables »1. 1.1.2. Le schéma de base de la communication Ce schéma de la communication a été conçu au début des années 1960 par Roman Jakobson, linguiste et théoricien de la communication. Si ce schéma est relativement primaire et qu’il a depuis connu de 1 Daniel Bougnoux, Introduction aux sciences de la communication, Paris, La découverte, « Repères », 2001. Frédérique HELIAS Cnam CCE001 – 1. Introduction à la communication 2 nombreux développements et enrichissements, il a toutefois le mérite d’être un modèle qui permet de réfléchir sur la communication et de comprendre les nombreux facteurs intervenant dans chaque situation de communication. Le destinateur : celui qui envoie le message oralement ou par écrit. Il peut s’agir d’un individu ou d’un groupe. Le destinataire : celui qui reçoit le message. Il peut s’agir d’un individu, d’un groupe, d’un animal ou même d’une machine (ordinateur). Le contexte : l’ensemble des conditions sociales (lieu et temps) auquel le message renvoie/ dans lequel il s’inscrit. Le message : le discours, le texte, ce qu’il faut faire passer. Le canal (préféré à contact) : la liaison physique ou psychologique entre le destinateur et le destinataire. Moyen oral ou écrit. Le code : l’ensemble de signes et de règles de combinaison des signes. La langue française par exemple. 1.1.3. « On ne peut pas ne pas communiquer » (Paul Watzlawick) Pour l’école de Palo Alto, la communication est fondamentale et essentielle pour l'homme. La célèbre phrase de Paul Watzlawick, « on ne peut pas ne pas communiquer », implique l’impossibilité de ne pas communiquer ou l’obligation de communiquer. Dans nos actes, tout a valeur de message, tout est communication : que ce soit un soupir, un silence, un regard, une intonation dans la voix, que l’on se taise ou que l’on parle, des gestes, une posture, des mimiques, une façon d’être, une façon de dire, une façon de ne pas dire. Tout ce langage non verbal « parle » à notre récepteur, il est aussi important que notre langage verbal, tous ces actes donnent un sens à notre communication. • Un collègue est seul attablé devant un café, le regard plongé dans sa tasse. Son expression, l’évitement du regard des autres peuvent indiquer qu’il a envie qu’on le laisse tranquille. Manifestement, il a envie d’être seul. • Lors d’un rendez-vous, mon interlocuteur m’affirme que ce que je dis l’intéresse mais dès que je tourne les yeux, il regarde sa montre. Il serait peut-être bon de lui demander s’il ne vaudrait pas mieux reporter cette rencontre à un moment où il sera plus disponible. Tous ces comportements ont une signification qui pourra être interprétée par notre interlocuteur. Il n’existe pas de « non-comportement », le comportement n’a pas de contraire. Dans les deux exemples qui suivent, aucun besoin de parler : les actes en disent plus sur les pensées que les paroles. Frédérique HELIAS Cnam CCE001 – 1. Introduction à la communication 3 1.2. Parole transportée et parole mise en forme Le transport des messages se distingue de leur mise en forme. Le transport s’effectue grâce aux moyens de communication (l’oral, l’écrit, le geste, l’image) et aux supports (le papier, le téléphone, Internet). La mise en forme renvoie aux genres de la communication (le descriptif/ l’informatif, l’argumentatif, l’expressif). Transport et mise en forme sont deux modalités complémentaires qui interagissent l’une sur l’autre. 1.2.1. Les moyens de la communication Comment l’homme communique-t-il ? Quels moyens utilise-t-il pour faire passer sa parole ? La présentation suit une progression historique, des premiers hommes qui utilisent le geste, puis l’oral, et enfin l’image, jusqu’à l’invention de l’écriture. 1.2.1.1. Le geste Le premier moyen de communication humaine est peut-être une sorte de langage de signes gestuels, éventuellement associé à l’émission de sons vocaux limités. C’est en tout cas l’hypothèse formulée en son temps par Darwin et aujourd’hui par de nombreux préhistoriens. Le plein oral ne serait donc pas le premier moyen utilisé. Son usage n’est de toutes les façons possibles que vers moins 100 000 ans, période où l’appareil phonatoire (appareil respiratoire, larynx, cavités de résonance) devient suffisamment développé pour articuler une variété de sons assez vaste pour délivrer la parole. D’une façon générale, le geste a gardé, on le sait, un rôle important d’appui et de soutien de la parole orale. Plus qu’un reste fossile d’une période où le geste était pleinement signifiant, celui-ci s’inscrit dans une dynamique de communication, en complément actif de l’oral. La « langue des signes » montre cependant que l’on peut délivrer pleinement une parole sans bénéficier des ressources de l’oralité. 1.2.1.2. L’oral La plupart des sociétés accordent un privilège constant à cette modalité du langage. La communication orale directe inscrit tous les participants dans le même espace sonore, visuel, physique, qui est l’espace le plus complet pour la communication. L’oral a d’ailleurs absorbé le geste dans une modalité orale/ gestuelle assez complète. L’oral est le canal de multiples langues parlées aux quatre coins du monde. Les linguistes dénombrent trois mille langues parlées actuellement (quatre mille auraient disparu), tandis qu’à peine une centaine d’entre elles sont effectivement retranscrites grâce à l’écriture (alphabétique ou idéographique). Frédérique HELIAS Cnam CCE001 – 1. Introduction à la communication 4 1.2.1.3. L’image Les dessins et les points géométriques dans les grottes sont très anciens. Nombreuses sont en effet les scènes animalières dans « les grottes ornées » comme la grotte de Lascaux ou, découverte plus récemment, la grotte de Chauvet. Premières formes d’art ? Manifestations religieuses pour conjurer le destin ? Esquisse d’un langage codifié ? Début de l’animation cinématographique ? Les thèses sont nombreuses même si nos catégories contemporaines semblent à la fois trop étroites et trop éloignées de la réalité humaine des débuts de l’homo sapiens pour que nous puissions interpréter avec certitude ces multiples manifestations de ce qui pourrait bien être malgré tout une forme de communication pleine et entière. Quoi qu’il en soit, l’image va devenir, jusqu’à aujourd’hui, un moyen universel de communication. Elle permet de décrire des situations en les représentant, sous forme de documentaire ou de reportage filmé. Elle autorise également la construction de véritables récits, de la fiction cinématographique jusqu’aux formes les plus abstraites de l’art vidéo. 1.2.1.4. L’écrit Le quatrième grand moyen de communication est l’écriture. Chronologiquement, c’est le plus tardif. Au regard de l’immense histoire de l’être humain, celle-ci apparaît dans les derniers instants puisque les premières traces d’écriture connues datent du IVe millénaire avant notre ère (moins 6000 ans). L’écriture alphabétique est inventée deux millénaires plus tard. Au début les premières écritures sont des dessins stylisés (pictogrammes), puis, par un mouvement d’innovation interne, l’écrit se rapproche du monde des sons. L’inventeur de l’alphabet a réussi à faire la décomposition d’une langue dans ses sons les plus simples et a créé des signes graphiques pour représenter ces sons (phonèmes). Le système d’écriture phonique grec est le premier à noter tous les sons, aussi bien les consonnes que les voyelles. Cette innovation a permis de transformer la lecture en une sorte d’automatisme. L’écriture alphabétique constitue la dernière invention au sens strict d’un moyen pour la communication humaine. A côté de ces quatre moyens de communication et malgré les spectaculaires progrès dans le transport du son, de l’image et de l’écriture, aucun nouveau moyen de communication n’est apparu. Ce sont les supports de la communication qui connaissent un fort et ininterrompu développement technique. C’est un vaste mouvement d’innovation qui se met en place au service de la communication et du transport de la parole. Frédérique HELIAS Cnam CCE001 – 1. Introduction à la communication 5 1.2.2. Les supports de la communication 1.2.2.1. Supports de l’oralité La communication orale connaît de multiples développements techniques, des premières techniques acoustiques qui permettent de porter loin la parole des orateurs antiques, jusqu’à l’invention de la radio et du téléphone qui vont permettre à des interlocuteurs de se parler et de s’entendre d’un bout à l’autre de la uploads/Management/intro-a-la-comm-cce001.pdf

  • 43
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Nov 01, 2022
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.6356MB