Revue Marocaine de Management Logistique et Transport –N°1 Juin 2016 12 Les Clu

Revue Marocaine de Management Logistique et Transport –N°1 Juin 2016 12 Les Cluster Supply Chains : Une nouvelle piste pour améliorer l’agilité des chaînes logistiques BENBBA BRAHIM Enseignant-chercheur - ENCG de Tanger Résumé La chaîne logistique et les clusters industriels sont deux pistes pour améliorer la compétitivité des entreprises. En discutant les points de convergence et de divergence entre les deux notions, cet article cherche à montrer que leur combinaison pourrait donner naissance à des « Cluster Supply Chains agiles » capables de s’approprier un avantage concurrentiel durable se traduisant par une amélioration significative de la performance. En s’appuyant sur l’approche basée sur les capacités dynamiques, cette contribution a pour objectif d’élaborer un modèle conceptuel mettant en relation les concepts de chaîne logistique agiles, cluster industriel, avantage concurrentiel et performance de la Supply Chain Mots clés : Management de la chaîne logistique, Chaîne logistique agile, Cluster industriel, Capacités dynamiques, Avantage concurrentiel Abstract Supply chain and industrial clusters are two ways to enhance firm’s competitiveness. By discussing the links and differences between the two concepts, this article shows that their combination is possible and may give rise to agile cluster supply chains which are able to appropriate a sustainable competitive advantage resulting in improved supply chain performance. Thus, based on dynamic capabilities approach, this research aims to explain the linkage between the constructs of agile supply chain, industrial cluster, competitive advantage and supply chain performance. Key words: Supply chain management, agile supply chain, industrial cluster, dynamic capabilities, competitive advantage. Revue Marocaine de Management Logistique et Transport –N°1 Juin 2016 13 Introduction Le Maroc s’est lancé l’année dernière dans une nouvelle vision permettant d’accélérer le développement du secteur industriel en démantelant ses écueils majeurs. Cette nouvelle stratégie nationale, qui s’étale sur sept ans (2014-2020), ambitionne de transformer le secteur en véritable moteur de la croissance et de l’emploi. Ainsi, la nouvelle vision comprend-elle dix mesures dont la mesure phare est la constitution d’écosystèmes. Ces derniers étant des regroupements de leaders industriels et de PME dans des zones industrielles dédiées visant à constituer de véritables filières technologiques, autour de programmes ciblés de coopération aboutissant à des contrats de fourniture à long terme et des transferts technologiques. Ainsi, la stratégie insiste sur l’intérêt de favoriser des industriels leaders, locaux ou étrangers, qui sous-traitent à des fournisseurs locaux de premier niveau en leur transférant la technologie et le savoir-faire. Ceux- ci confient, eux aussi, une partie du travail à des fournisseurs de deuxième niveau. Cela étant dit, l’intérêt de notre thème parait évident, car la concentration géographique est vue comme moyen de booster la performance des chaînes logistiques. Sur le plan théorique, nombre de chercheurs dans le domaine de la chaîne logistique ont souligné l’intérêt des réponses agiles pour survivre et évoluer dans un environnement turbulent marqué par la complexité et l’incertitude (Goldman, Nagel, & Preiss, 1995 ; Jorroff, Porter, Feinberg, & Kukla, 2003 ; Shafer, 1997). Ainsi, une chaîne logistique agile possédant la capacité de répondre rapidement au changement, exige de la part de tous ses membres, le développement de certaines capacités dynamiques qu’elle peut déployer dans un environnement dynamique. Le cluster industriel, en offrant aux entreprises l’avantage de la proximité géographique, peut contribuer à l’amélioration de l’agilité (Dauda, 2008) permettant ainsi à la chaîne logistique de se constituer un avantage concurrentiel durable et une amélioration de la performance. À travers cet article, nous visons à explorer la relation entre la concentration géographique des chaînes logistique dans le cadre de clusters industriels et le développement de capacités agiles indispensables à leur performance. Ainsi, nous allons présenter d’abord les concepts de chaîne logistique agile (I) et du cluster industriel (II), proposer ensuite une piste pour intégrer les deux concepts (III) avant de présenter l’approche basée sur les capacités dynamique en tant que cadre théorique mobilisé pour notre recherche (IV). Un modèle conceptuel sera proposé enfin pour mettre en relation les concepts de cluster industriel, chaîne logistique agile, avantage concurrentiel et performance de la chaîne logistique (V). Revue Marocaine de Management Logistique et Transport –N°1 Juin 2016 14 I. La chaîne logistique agile (« the Agile Supply Chain ») 1. Le concept de chaîne logistique L’évolution des marchés depuis le début des années quatre-vingt a conduit à une remise en cause profonde des modèles organisationnels classiques (hiérarchiques et centralisés) et à l’émergence d’un nouveau paradigme post-bureaucratique (Desreumaux, 1996). De nouvelles formes organisationnelles se structurant autour de processus de gestion transverses orientés vers les clients sont apparues (Louart, 1996). Ces structures qui vont de l’entreprise réseau à l’entreprise agile en passant par l’entreprise apprenante, virtuelle, transversale, hybride, imaginaire et fluide (Allouche et Huault, 1998), possèdent des caractéristiques communes de flexibilité, de coordination horizontale, d’adaptabilité et d’anticipation (Tarondeau et Wright, 1995). Le concept de chaîne logistique (« Supply Chain ») est l’une de ces structures émergentes qui ont permis aux entreprises de dépasser la transversalité intra-organisationnelle pour intégrer une réflexion inter-organisationnelle (Håkanson et Snehota, 1990). L’apparition de ce concept marque l’évènement d’une nouvelle ère de compétition inter-réseaux. En effet, la compétition n’est plus désormais une affaire de firmes isolées mais plutôt de chaînes logistiques (Christopher, 1992). Le tableau ci-dessous qui présente quelques définitions du concept de chaîne logistique, laisse constater que le concept est souvent abordé en faisant référence au réseau d’entreprises ou d’entités participant, en amont et en aval, aux différents processus et activités qui créent de la valeur sous forme de produits et de services apportés au consommateur final (Christopher, 1992). À noter que les concepts de chaîne et de réseau sont souvent utilisés de manière interchangeable, cependant, certains auteurs précisent que la différence entre les deux concepts réside dans le fait que la chaîne logistique suppose la linéarité des flux et des relations alors que le réseau sous-entend la complexité des interactions entre entreprises et organisations. Malgré cette différence, les réseaux logistiques sont souvent considérés comme une extension des chaînes logistiques (Harland, 1996; Lamming et al., 2000). Revue Marocaine de Management Logistique et Transport –N°1 Juin 2016 15 Tableau 1 Définitions de la chaîne logistique (source : Auteur) Auteurs Définition Christopher, 1992 La chaîne logistique peut être considérée comme le réseau d'entreprises qui participent, en amont et en aval, aux différents processus et activités qui créent de la valeur sous forme de produits et de services apportés au consommateur final. En d'autres termes, une chaîne logistique est composée de plusieurs entreprises, en amont (fourniture de matières et composants) et en aval (distribution), et du client final. Lee et Billington, 1993 La chaîne logistique est un réseau d'installations qui assure les fonctions d'approvisionnement en matières premières, de transformation de ces matières premières en composants puis en produits finis, et de distribution des produits finis vers le client. La Londe et Masters, 1994 Une chaîne logistique est un ensemble d'entreprises qui se transmettent des matières. En règle générale, plusieurs acteurs indépendants participent à la fabrication d'un produit et à son acheminement jusqu'à l'utilisateur final - producteurs de matières premières et de composants, assembleurs, grossistes, distributeurs et transporteurs sont tous membres de la chaîne logistique Stadlter et Kilger, 2000 Une chaîne logistique est constituée de deux ou plusieurs organisations indépendantes, liées par des flux physique, informationnel et financier. Ces organisations peuvent être des entreprises produisant des composants, des produits intermédiaires et des produits finis, des prestataires de service logistique et même le client final lui-même Mentzer et al, 2001 Une chaîne logistique est un groupe d'au moins trois entités directement impliquées dans les flux amont et aval de produits, services, finances et/ou information, qui vont d'une source jusqu'à un client 2. Le management de la chaîne logistique : L’intérêt de l’intégration et de la coordination Le succès des réseaux dynamiques réside dans le fait que chaque organisation utilise ses compétences distinctives (Miles and Snow, 1987) dans un but de complémentarité et non pas de compétition avec les autres membres du réseau. Christopher (2000) affirme que pour réussir dans un environnement turbulent, les entreprises doivent réunir les forces et les compétences de tous les partenaires au sein du réseau sous forme de collaboration poussée engageant tous les maillons de la chaîne. La gestion des chaînes logistiques est donc spécifique car elle se fixe comme objectif la création de valeur ajoutée pour le client ainsi que pour tous les acteurs de la chaîne logistique. Le management des chaînes logistiques (SCM) doit être fondé sur deux piliers : l’intégration et la coordination. Le SCM s’entend donc comme «la démarche permettant l’intégration d’unités organisationnelles le long de la chaîne logistique et la coordination des flux physiques, informationnels et financiers dans le but de satisfaire le consommateur final et d’améliorer la compétitivité de la chaîne dans son ensemble » (Stadtler, 2005). L’ampleur de la Revue Marocaine de Management Logistique et Transport –N°1 Juin 2016 16 coordination au sein de la chaîne logistique va de la simple harmonisation des processus internes jusqu’à une coordination inter-organisationnelle plus poussée reposant sur l’efficacité des systèmes décisionnel et d’information. Dans ce sens, Rose et al (2002) définissent la coordination comme « la formalisation des processus d’échanges périodiques et/ou uploads/Management/les-cluster-supply-chains-une-nouvelle-piste-pour-ameliorer-l-agilite-des-chaines-logistiques.pdf

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  • Publié le Jan 03, 2021
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