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LE COLONEL ALI HAMLAT, ALIAS EL HADI, ALIAS YAHIA, AU SOIR D’ALGةRIE Voilà comment sont nés les services secrets algériens… Entretien réalisé par Mohamed Chafik Mesbah De manière paradoxale, la publication de ce témoignage doit beaucoup à un universitaire algérien qui, dans les idées qu’il développe, ne fait pas secret de son hostilité à l’institution militaire et aux services de renseignements en Algérie. Il lui est parfaitement loisible de professer de telles idées, ce n’est pas cet aspect des choses que je lui reprocherais. Dans l’examen de questions aussi sensibles, je l’aurais, volontiers, invité à plus de discernement grâce à une rigueur méthodologique plus éprouvée. En tous les cas, c’est bien par le biais de la lecture critique de l’entretien accordé par Addi Lahouari, durant l’hiver 1999, à l’organe disparu du FFS Libre Algérie, que j’en suis arrivé à rédiger ce témoignage. Examinant les rapports entre le président de la République Abdelaziz Bouteflika et l’Armée Nationale Populaire, l’auteur s’était livré, dans cet entretien, à des raccourcis excessifs qui ne reposaient ni sur une argumentation sérieuse ni sur des preuves probantes. Ainsi, notre auteur pour étayer, faussement, un présupposé (M. Abdelaziz Bouteflika fait partie du Malg, les services de renseignements durant la guerre de libération nationale) cultive-t-il l’amalgame entre les structures militaires de la Wilaya V et le Malg, proprement dit. Cela constitue, déjà, une contre-vérité historique. De manière plus contestable, cependant, c’est l’aspect moral des propos développés par notre auteur qui a le plus retenu mon attention. Addi Lahouari qui, sans les appuyer de preuves irréfutables, s’était livré à des jugements de valeur intempestifs sur les cadres de ce fameux Malg énonçait, avec force assurance, que «ces fameux enfants de Boussouf («les Boussouf’s boys») voyaient des traîtres partout et nourrissaient une haine pour les élites civiles». A la lecture de cette sentence, c’est l’image du Commandant Ahmed Zerhouni (Ferhat), depuis disparu, qui s’était imposée à mon esprit. Pour ne pas avoir toujours adhéré aux points de vue de cet ainé, je ne saurais lui dénier, cependant, ses qualités d’intelligence, de disponibilité aux activités de l’esprit ni occulter les relations d’harmonie qu’il entretenait avec une partie importante de l’élite intellectuelle du pays. Convaincu que la sentence prononcée énoncée par Addi Lahouari ne correspondait pas, au moins, au cas de l’officier que je viens d’évoquer, je fus amené à m’intéresser, globalement, à l’encadrement des services de renseignements algériens en tentant de recueillir des informations sur l’origine sociale de ceux qui en ont été l’ossature, sur leur cheminement intellectuel et leur itinéraire intellectuel. Les recherches effectuées ont permis de recueillir des données pertinentes sur le caractère éminemment intellectuel de la démarche qui, dès le départ, avait inspiré les fondateurs des services de renseignement algériens. Il s’agissait de regrouper dans un cadre organisé l’élite du pays, de lui faire subir une formation politique et militaire appropriée pour consolider en elle le sentiment patriotique et encourager les facultés d’analyse, puis de lui confier les tâches complexes qu’il fallait assumer dans le cadre de la confrontation ouverte avec la puissance coloniale. Des premiers pas du processus, c'est-à-dire depuis la mise en place des structures de la Wilaya V jusqu’à l’achèvement, en apothéose, de la mission confiée au Malg, la dimension intellectuelle n’a jamais été absente dans les activités de renseignements en Algérie. Ce témoignage vise, précisément, à corriger une injustice largement cultivée à l’encontre de ces «soldats de l’ombre» en levant le voile sur cette première promotion des cadres de la Wilaya V, dont les membres ont, effectivement, constitué, pour la plupart, l’ossature du Malg. Sur l’origine des stagiaires de cette promotion, le degré de leur engagement, la qualité de l’enseignement dispensé et le mode d’organisation des cours théoriques ainsi que la nature de la préparation militaire subie, ce sont les membres de la promotion eux-mêmes qui, légitimement, témoignent. Le Colonel El Hadi n’est, en réalité que le porte-parole de tous ses compagnons dont le témoignage, chaque fois que possible, a été recueilli. Il s’agit bien d’un témoignage collectif même s’il s’exprime par la bouche d’un témoin particulier. Il est souhaitable que ce premier essai soit suivi par d’autres tentatives destinées à reconstituer le fond commun de l’histoire nationale, y compris ses aspects liés aux activités de renseignements. C’est à ce prix que l’Algérie pourra réconcilier sa jeunesse et la convaincre de s’inspirer avec fierté du combat de ses ainés. A Belaïd Abdesslam qui était en charge de l’enseignement relatif à l’histoire du mouvement national algérien, Abdelhafidh Boussouf avait notifié cette brève consigne : «Ces jeunes combattants doivent comprendre que le Premier Novembre n’est pas tombé du ciel». Que nos jeunes comprennent que rien ne leur aurait été acquis sans le sacrifice de leurs aînés. C’est ainsi que se perpétue l’esprit de défense qui fonde les grandes nations. Entretien réalisé par Mohamed Chafik Mesbah Mohamed Chafik Mesbah : Je vous salue amicalement, Colonel Hamlat, vous qui êtes plus connu sous le pseudonyme de Si Yahia. Je vous remercie d’avoir accepté d’accomplir ce devoir de mémoire qui doit, notamment, nous éclairer sur l’apport de l’élite intellectuelle du pays à la guerre de Libération nationale. C’est bien de cela qu’il s’agit puisque notre entretien porte sur l’histoire de la première promotion des cadres de la Wilaya V, composée d’étudiants et de lycéens et organisée par le défunt Colonel Abdelhafidh Boussouf, durant les premières années de la guerre de libération nationale… Ali Hamlat : Oui, c’est une promotion particulièrement intéressante dont l’histoire gagne à être portée à la connaissance des Algériens. Notez, cependant, que je me soumets à l’exercice avec la condition expresse que les informations dont je fais état au cours de cet entretien soient validées par d’autres compagnons qui doivent conserver d’autres souvenirs des choses à propos des conditions de déroulement de cette promotion .Cette promotion est intéressante en ce qu’elle illustre, notamment, l’aboutissement d’une démarche intellectuelle laborieuse. Une démarche initiée par le défunt Si Abdelhafidh Boussouf (Si Mabrouk) lequel, tout homme de pouvoir qu’il n’était pas, était très pragmatique. Nationaliste et militant déterminé de la cause nationale, Abdelhafidh Boussouf avait décidé, donc, de créer, en Wilaya V, une école destinée à pourvoir l’ALN en cadres de qualité, intellectuellement outillés et militairement formés. Cette décision est le résultat d’un examen attentif de l’évolution de la lutte révolutionnaire, tout particulièrement, du système de guerre qui, de manière empirique, se mettait, progressivement, en place. La démarche ne sortait pas des laboratoires d’une école savante de type académique. C’est à l’épreuve du terrain, suffisamment tôt toutefois, que Abdelhafidh Boussouf s’était rendu compte qu’il fallait anticiper sur les évènements, qu’ils fussent d’ordre politique ou militaire. Sur le plan militaire, tout d’abord, Abdelhafidh Boussouf s’était rendu compte qu’il ne suffisait pas d’avoir un fusil et d’être armé de sentiments patriotiques pour gagner une guerre d’indépendance. Abdelhafidh Boussouf s’était rendu compte que le fusil ne pouvait pas, à lui seul, ramener la victoire. La victoire exigeait l’apport des étudiants et des intellectuels, c’est à dire de la sève intellectuelle. Je veux dire qu’Abdelhafidh Boussouf avait très vite compris que si la guerre révolutionnaire devait s’appuyer sur la masse, la victoire était subordonnée à l’implication de l’élite. Sur le plan militaire, justement, Abdelhafidh Boussouf avait pris acte que le moudjahed avait certes rapporté un certain nombre de résultats mais qu’ils étaient restés, hélas, inexploités. La raison ? L’absence de cette sève intellectuelle qui donne de la valeur ajoutée au résultat brut. Et sur le plan politique ? Je n’en ai pas terminé avec l’aspect militaire. Abdelhafidh Boussouf avait, en fait, compris que, dans la conduite d’une guerre révolutionnaire, la victoire militaire tenait, principalement, à la disponibilité d’une base arrière. Une base d’appui pour, à la fois, organiser le soutien logistique aux opérations militaires menées à l’intérieur et assurer la formation des cadres nécessaires au combat. Le commandement de la Wilaya V, la wilaya la plus étendue du territoire national, a disposé, en effet, rapidement de possibilités inattendues pour le développement de l’action révolutionnaire, sans pouvoir en tirer profit sur-le-champ. Pour preuve, les réseaux de transmission de l’armée française étaient très développés, avec donc des possibilités importantes d’intrusion de la part de l’ALN mais celle-ci était démunie de moyens techniques et de cadres rompus à l’utilisation des équipements, le recueil de l’information et, surtout, son exploitation. Au fur et à mesure du déroulement de la guerre de libération, il apparaissait combien le développement du réseau militaire français de transmissions offrait de possibilités. Il fallait, donc, dans un premier temps, organiser les réseaux d’écoute radio, c’était capital. C’est le commandant Omar Tellidji, originaire de Laghouat, qui a joué dans ce domaine, un rôle important parallèlement au développement des réseaux de liaisons générales. C’était un déserteur des rangs de l’armée française, officier des transmissions au sein d’une unité militaire stationnée au Maroc. Approché par Si Abdelhafidh Boussouf, il avait accepté d’accomplir son devoir national en rejoignant les rangs de l’ALN. Avec l’aide de certains intellectuels algériens originaires d’Oujda dans un premier temps et, dans un deuxième temps, avec d’autres Algériens qui résidaient au Maroc, il a réussi uploads/Marketing/ le-colonel-ali-hamlat.pdf

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  • Publié le Jul 08, 2022
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