FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 1 Les pratiques de l’herbo
FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 1 Les pratiques de l’herboristerie en Haute-Provence Vente à l’étalage de produits herboristiques, « Rendez-vous aux jardins », Mane, jardins du musée de Salagon 2-3 juin 2018. © Inès Gayral, 2018 Tisanes et produits cosmétiques d’une agricultrice herboriste, La Palud-sur-Verdon. © Inès Gayral, 2018. Herboristerie de la pharmacie « La Saunerie », Manosque. © Nicolas Le Plenier / mouv- in.com Description sommaire Dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’herboristerie est issue d’une histoire ancienne, qui a vu ses pratiques changer depuis les colporteurs et marchands droguistes du XVIIIe siècle. Plusieurs acteurs se partagent aujourd’hui le domaine des plantes médicinales dans le département. Ils agissent à différentes échelles et aux diverses étapes de l’élaboration du produit, de la plante à la vente. Paysans-herboristes, pharmaciens, magasins bio et grandes entreprises y coexistent, participant à la valorisation culturelle et économique du secteur des plantes médicinales. Si certains praticiens sont reconnus au plan juridique pour leur activité pharmaceutique, le certificat d’herboriste n’existe plus depuis 1941. Toutefois, dans les Alpes-de-Haute-Provence, un important travail ethnobotanique est mené depuis de nombreuses années sur les savoirs et les usages des plantes. C’est en grande partie sur la base de ces travaux que l’ensemble des praticiens de l’herboristerie alimentent leur savoir et leurs pratiques. Des institutions locales, telles que le musée des Alpes de Haute-Provence de Salagon et l’Artemisia Muséum, participent à la patrimonialisation des savoirs et pratiques de l’herboristerie. FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 2 I. IDENTIFICATION DE L’ÉLÉMENT I.1. Nom Les pratiques de l’herboristerie dans les Alpes de Haute-Provence I.2. Domaine(s) de classification Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers I.3. Communauté(s), groupe(s) associé(s) à la pratique Les plantes médicinales sont soumises à de multiples textes réglementaires. Le terme d’herboristerie renvoie à des activités professionnelles nombreuses et variées. Plusieurs acteurs et professionnels se rattachent aux savoir-faire et à la transmission de l’herboristerie. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, leur réseau englobe des professionnels d’horizons divers, dans une complémentarité de pratiques et de savoirs. Producteurs, cueilleurs et vendeurs directs de plantes médicinales, les « paysans- herboristes » constituent le premier groupe de ces professionnels. Selon la déléguée du Massif Alpes du syndicat SIMPLES, paysanne-herboriste à Castellane, les Alpes de Haute- Provence comptent six productrices de plantes médicinales, dont quatre adhérant au syndicat SIMPLES. Peu d’installations sont récentes sur ce territoire. Cette paysanne-herboriste soulève le problème du foncier, frein fréquent à l’installation : « La plupart ont du mal à acquérir du foncier, sauf s’ils ont une famille qui a des terres ». Au sein du regroupement Massif Alpes (Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Var, Drôme), le nombre de paysans-herboristes est toutefois en nette augmentation. Le syndicat SIMPLES envisage même de scinder en deux ce découpage territorial. Au début de l’année 2018, lors de la réunion du syndicat, ce regroupement réunissait 28 paysans-herboristes, dont de nombreux dans la Drôme. La majeure partie des plantes médicinales, en vente hors officine, est commercialisée sous forme de compléments alimentaires dans les magasins bio, les grandes et moyennes surfaces et les herboristeries. Les maisons de pays proposent des produits de producteurs locaux pratiquant l’agroécologie et offrent une plus grande visibilité aux paysans-herboristes. De nombreux « magasins bio » (Halle paysanne à Forcalquier, association AgriBio04, …) promeuvent aussi ce genre de produits. Aujourd’hui, en dehors des pharmacies, la loi autorise la vente de 148 plantes ou parties de plantes « libérées » du monopole pharmaceutique. Toutefois, « les normes et les conditions de mise sur le marché qui se mettent en place risquent d’éliminer ces petites structures artisanales si elles n’arrivent pas à s’organiser pour obtenir des dispositifs législatifs qui soient véritablement adaptés à leur échelle professionnelle » [Thévenin, op.cit., p. 83]. Ces produits à base de plantes médicinales mis sur le marché proviennent souvent de producteurs en gros, négociants, importateurs et laboratoires pharmaceutiques, spécialisés en compléments alimentaires. Les prescripteurs sont des médecins phytothérapeutes ou naturopathes. Souvent difficiles à différencier, ils ne bénéficient pas d’une formation spécifique officielle en France. Cependant, leur formation et leur spécialisation respectives leur confèrent une approche très différente de l’usage des plantes médicinales : « D’un côté, le médecin va chercher à diagnostiquer et guérir une pathologie, tandis que le naturopathe cherche à stimuler les fonctions naturelles d’autorégulation et de soutien de l’organisme. En réalité, la frontière n’est toujours pas aussi bien définie » [Thévenin, Plaidoyer pour l’herboristerie, 2013, p. 82]. Des fournisseurs spécialisés sont reconnus par l’État. Malgré leur formation en herboristerie souvent assez limitée, les pharmaciens d’officine ont le droit de vendre plusieurs centaines d’espèces et des milliers de références. En herboristerie, au plan légal, ils sont les seuls à pouvoir prodiguer des conseils thérapeutiques. FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 3 Dans les Alpes-de-Haute-Provence, comme ailleurs, les pharmacies jouent en effet un rôle dans le secteur de l’herboristerie. Si les paysans-herboristes ne conditionnent pas leurs tisanes en sachets individuels et ne promeuvent pas les plantes en gélules, la clientèle est de plus en plus à la recherche de produits faciles et rapides d’utilisation : « Ce n'est plus uniquement la plante sèche pure et dure. Les gens sont de plus en plus pressés. Ils ne veulent pas prendre le temps de faire une tisane. Ils vont se tourner volontiers vers l'aromathérapie où c'est beaucoup plus rapide » [témoignage d’une pharmacienne de Saint-Étienne-les- Orgues]. Certains clients se dirigent ainsi par commodité vers les produits proposés en pharmacie. Les pharmacies ont délaissé le champ de la botanique et de l’herboristerie d’officine, mais vendent en revanche, une grande diversité de gélules, d’ampoules et d’huiles essentielles à base de plantes en vente (pharmacies de Forcalquier, Manosque et Saint- Étienne-les-Orgues). Face à l’engouement croissant pour les produits thérapeutiques « naturels », la phytothérapie, l’aromathérapie et les fleurs de Bach sont des produits devenus courants en pharmacie. Certains pharmaciens approfondissent leurs connaissances sur les différentes médecines alternatives en lisant des ouvrages ou en suivant des formations similaires à celles des paysans-herboristes. Enfin, un large tissu d'entreprises de plus grande taille s'est développé dans les Alpes-de- Haute-Provence, formant un secteur économique autour des saveurs et des senteurs. Créée en 1976 par Olivier Baussan, l’entreprise « L’Occitane en Provence », qui fabrique des produits cosmétiques fondés sur les principes de l’aromathérapie et de la phytothérapie, en est un bon exemple. Elle utilisait à l’origine essentiellement des essences locales. En 1977, « Le Relais Occitane », premier magasin de la marque, a ouvert à Manosque, et en 1981, la première usine « L’Occitane » est créée à Volx. Onze ans plus tard, une boutique parisienne est inaugurée, puis d’autres boutiques ont vu le jour à New York, Hong Kong ou Tokyo. Pour insister sur l'origine de la marque, le nom originel « L’Occitane » est assorti de la localisation « en Provence ». Le réseau s’est développé à l'international : le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élevait en 2007 à 416 millions d’euros, avec 2000 boutiques, 6000 salariés et 86 % de la production exportée. Ainsi, plusieurs acteurs cohabitent et échangent dans cette mosaïque qui touche à la pratique de l’herboristerie de nos jours. Chacun participe, à travers la transmission professionnelle et la mise en valeur touristique, à une forme de patrimonialisation de ce savoir et de ces pratiques. Fig. 1. Schéma des différents acteurs participant à la production, à la transformation et à la vente de produits herboristiques en France [source : FranceAgriMer]. FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 4 I.4. Localisation physique Lieu(x) de la pratique Dans les communes de Castellane, Forcalquier, La Palud-sur-Verdon, Mane, Manosque et Saint-Étienne-les-Orgues, dans les Alpes-de-Haute-Provence, se concentrent les acteurs et institutions en lien étroit avec l’herboristerie. L’un des plus vastes de France (6925 km2), ce département est entouré par les Alpes-Maritimes, la Drôme, les Hautes-Alpes, le Var et le Vaucluse. Pratique similaire en France et/ou à l’étranger Selon l’archéologie, les plantes médicinales sont utilisées pour se soigner de très longue date et sur tous les continents, l’usage des plantes est un recours thérapeutique universel. L’herboristerie est aujourd’hui une pratique vivante dans de nombreux pays du monde. Dans certains d’entre eux, elle bénéficie d’une grande reconnaissance, comme en Chine, où la pharmacopée est reconnue Trésor national. La situation est différente en France : contrairement à l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, le Royaume-Uni ou la Suisse, la France est un des rares pays de l’Union européenne à ne pas reconnaître la profession d’herboriste. Dans l’hexagone et en outre-mer, l’herboristerie n’y est pas pour autant inexistante : « La France est un pays multiple, où chaque territoire et chaque communauté possèdent une pharmacopée originale » [Thévenin, op. cit., p. 119]. Dans l’hexagone, le département des Alpes-de-Haute-Provence est assez emblématique des régions de pratique contemporaine de l’herboristerie. I.5. Description détaillée Selon la définition la plus répandue de l’herboristerie, l’activité consiste à « préparer et éventuellement vendre des préparations galéniques simples, essentiellement des tisanes, confectionnées à partir de plantes médicinales achetées ou autoproduites » [Brousse, 2017, p. 18). Cependant, les acteurs enquêtés, impliqués dans cette activité, fournissent plusieurs points de vue, qui ne correspondent pas forcément à cette définition. En effet, l’herboristerie peut comprendre uploads/Marketing/ les-pratiques-de-l-x27-herboristerie-en-haute-provence.pdf
Documents similaires










-
35
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 14, 2021
- Catégorie Marketing
- Langue French
- Taille du fichier 0.5958MB