Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 1 COURS HIST
Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 1 COURS HISTOIRE DES IDEES ET DES ARTS AU XXème SIECLE Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 2 LE SURREALISME Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 3 Pour une présentation du surréalisme « Tant va la croyance à la vie, à la vie dans ce qu’elle a de plus précaire, la vie réelle s’entend, cette croyance se perd. » André Breton Dans le Manifeste du surréalisme de 1924, André Breton développe la conception du surréalisme en énumérant les sources et les composantes littéraire, artistique et intellectuelle de tel mouvement, qui s’efforce de rompre d’avec les formes d’expression traditionnelles. 1. L’apport de Guillaume Apollinaire et de Tristan Tzara : un esprit nouveau « Las de ce monde ancien » Le terme surréalisme est de Guillaume Apollinaire. Dans une lettre adressée à Paul Dermée, il écrit : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Le mot “surréalisme” n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. »1 Ce terme apparait dans une pièce bouffonne intitulée Les Mamelles de Tirésias (1917). Apollinaire est un précurseur de l’écriture surréaliste, lequel va être récupéré par le mouvement. Il incarne à lui le « chaos » du XXème siècle : « naissance illégitime, statut d’apatride en France, amours tourmentées et irruption mortelle de la guerre dans un bouillonnement créateur. »2 Avec lui, c’est 1 Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du surréalisme, France, A.T.P. et Le Seuil, Chamalières, 1996. p. 17. 2 Geneviève Winter, 100 fiches sur les mouvements littéraires, France, Bréal. 2010. P. 162. Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 4 surtout l’aventure de l’écriture qui occupe ses œuvres où il réécrit les topoi des romantiques, en témoigne Alcools, entre autres, et où l’ancien côtoie le nouveau (nature romantique/ urbanisme ; vers classique/vers libre ; absence de ponctuation…). Dans Calligrammes, il s’agit d’un travail sur l’espace de la page et les mots pour imiter le collage. Gorges Duhamel et Jules Romains sont également des écrivains innovateurs, en ce qu’ils croyaient en un esprit collectif et une « communion spirituelle » entre les hommes dans une modernité galopante.3 Influencé par Tristan Tzara chef du mouvement dadaïste (Le Manifeste dada, 1919) et par sa rencontre avec Sigmund Freud (1859- 1939), André Breton souligne l’importance du rêve dans les travaux de ce psychanalyste, en ce que la création et littéraire et artistique ressemble fort bien à l’activité onirique. Ainsi, le surréalisme est défini comme le refus de toute considération logique (on annonce le déclin de la Raison avec la destruction qu’a provoquée la Première Guerre de 1914-1917, la fin de la croyance en l’Homme…), esthétique (l’art n’a pas pour fonction de plaire, le jeu désintéressé de la pensée) et morale (C’est le propre de la métaphysique. Ecrire ce qui vient à l’esprit, sans se préoccuper du sens). Le principe fondamental de cette pensée est qu’il n’est plus d’opposition entre le Réel et l’Imagination, entre l’Art et la vie. L’apparition du surréalisme est due à « trois grands axes analytiques qui mettent en évidence, en premier lieu la disparition de la bourgeoisie en tant que « (…) groupe social doté d’un sentiment d’identité collective, de codes moraux caractéristiques et d’un habitus culturel » (Anderson, 2010, 119) ; deuxièmement, la banalisation de la technologie et surtout de la technologie de l’information dans notre quotidien, et finalement la déchéance des idéologies révolutionnaires 3 Voir Ode à la foule (1909), La Vie unanime (1926). Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 5 directement attachées au communisme soviétique. »4 Cela est souligné par le développement de trois concepts qui mettent le rationalisme en crise : relativisme (Einstein), intuition (Bergson), inconscient (Freud). Le poète travaille en dormant (analogie entre le rêveur et le poète). Pour Breton, l’Homme est un « rêveur définitif ». Cela veut dire que la « vie » perd de sa substance réelle et que le rêve s’y substitue, puisque les frontières entre les deux sont poreuses. Les deux activités sont en réalité régies par le processus de l’imagination. Ainsi, la production surréaliste est caractérisée par : - Le sommeil hypnotique : on note ses délires et ses hallucinations ; - L’écriture automatique : pas de correction, pas de remaniement ; - L’association des mots (relier deux mots ou plus au hasard) : ex. Le cadavre exquis boira le vin nouveau ; - Le rapprochement des images fort distantes : ex. La terre est bleue comme une orange… Le surréalisme est donc : « un automatisme psychique par lequel on se propose de s’exprimer, soit verbalement soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ». Philosophiquement, le « surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute- puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée ».5 Plus, l’imagination est un acte qui « rend compte de ce qui peut être » ou ce qui permet de lever le « terrible de l’interdit ». Cette imagination est synonyme de « la grande liberté d’esprit ». Faut-il rappeler à cet égard que 4 Pablo Bergami, G. Brabosa, Le surréalisme sans inconscient – cinéma et inconscient, inconscient et contemporanéité, in Revue Topique° 119, 2012. p. 124. https://www.cairn.info/revue-topique-2012-2-page-123.htm# 5 André Breton, Le Manifeste du surréalisme 1924. France, Folio. P. Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 6 l’imagination comporte toute production comme le fantasme, l’hallucination, le délire, le rêve, l’illusion, et même la folie (la médecine décrète les fous « êtres anormaux » et en fait « victimes de leur imagination ») ? Cependant, il s’agit d’un « grand confort » où jouissance, liberté, sensualité coexistent. Le surréalisme se donne comme vocation de « changer le monde », sinon l’individu, à l’instar de Rimbaud qui pense que la poésie doit « changer la vie ». 2. Critique du réalisme La critique du réalisme par le surréalisme s’explique par le fait que celui-là est conçu comme une production mimétique. Il se réfère à un Réel dont il se veut une reproduction ou une représentation. Or, le surréalisme se propose comme la négation de cette dominance du Référent. Héritage du positivisme, du Saint-Thomas à Anatole France, l’attitude réaliste représente une sorte de « médiocrité », une « haine » et une « plate suffisance ». En fait, la « vraie littérature » n’existe pas encore. Pour Breton, c’est l’image qui doit se substituer au réel. C’est le cas de Pierre Reverdy. « L'image est une création pure de l'esprit. Elle ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités seront lointains et justes, plus l'image sera forte- plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique."6 Ex : Ma femme à la chevelure de feu de bois (André Breton) Ensuite, l’écriture réaliste est caractérisée par une « information pure et simple ». C’est une écriture circonstancielle. L’énoncé « La Marquise sortit à cinq heures » en constitue une illustration où l’observation, 6 In Nord-sud (1918) cité par Geneviève Winter, 100 fiches sur les mouvements littéraires, France, Bréal, 2011. p. 171. Histoire des idées et des arts au XXème siècle M. Bouchta FARQZAID 7 comme réduction de l’imagination, domine. C’est ce qui explique le pullulement du roman dans ce mouvement. Puis, l’une des déficiences du roman réaliste s’exprime dans la description qui, très souvent, témoigne d’une sorte de « notations » ennuyeuses et banales, qui manquent d’originalité. De ce fait, la description fonctionne comme un lieu commun, une sorte de carte-postale ; elle exprime chez les écrivains réalistes des « moments de dépression, de faiblesse, de paresse » et un « manque de sentiment ou de ressentiment ». Enfin, Breton s’attaque à la psychologie du personnage dans le roman réaliste. Car, le personnage y est présenté comme un « type bien formé, défini » et un destin tracé par l’écrivain. Au reste, il faut rappeler qu’une littérature romanesque va se développer au sein de ce mouvement surréaliste. Louis Aragon détourne l’interdit de Breton et écrit Le Paysan de Paris (1926) où il déjoue le « réalisme socialiste »7 et qu’il abandonne dans La Semaine sainte (1958). 3. La part du merveilleux Il faut noter que le surréalisme défend le merveilleux et rejette le fantastique qui ne peut être traduit en art que de manière exceptionnelle. Toutefois, le fantastique « s’éloigne de la reproduction photographique du réel. » Intervention du surnaturel dans le réel, il est en rapport avec la peur, le doute et l’hésitation chez le récepteur. Le merveilleux, comme acceptation du surnaturel, se caractérise par uploads/Philosophie/ 1-m25-gr1-2-s04-histoire-des-idees-et-des-arts-pr-farqzaid.pdf
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- Publié le Oct 25, 2021
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