1 Chapitre III_________ENJEUX, FINALITÉS ET PERSPECTIVES PHILOSOPHIQUES Introdu
1 Chapitre III_________ENJEUX, FINALITÉS ET PERSPECTIVES PHILOSOPHIQUES Introduction La comparaison entre la philosophie et la science aboutit souvent au rejet de la philosophie perçue comme une discipline inutile. Dans cette comparaison, les résultats de la philosophie paraissent presque nuls alors que ceux de la science semblent impressionnants. Le rapprochement entre ces deux disciplines donne l’idée que la philosophie est une réflexion vide, une spéculation qui ne génère que des illusions. Dans tous les cas, nous allons examiner les fonctions de la pensée philosophique, ce qui revient à répondre à la question « pourquoi philosopher? ». Ensuite, nous analyserons les rapports que la philosophie entretient avec l’idéologie. Est-ce des rapports d’exclusion ou d’inclusion ? Autrement dit, la philosophie rejette-t-elle l’idéologie, la combat-elle ou bien est-elle elle-même une idéologie ? Pour terminer, nous verrons si la philosophie est utile ou inutile dans ce monde qui subit de plus en plus l’impérialisme de la science ? I- Les fonctions de la pensée philosophique Au regard de sa nature, la philosophie se donne pour mission essentielle la recherche de la vérité. Cette quête de la vérité est traduite assez souvent comme la quête de l’être qui est aussi la quête du sens, de l’origine ou du fondement de toute chose. Pour la philosophie, connaître c’est permettre à l’homme de satisfaire sa curiosité et de parvenir à un étal de totale satisfaction. L’homme qui parvient à un état d’équilibre et d’harmonie atteint la sagesse, au sens où l’on pourrait dire que le but de la philosophie est de rendre l’homme sage. A ce propos, Socrate affirmait : « La philosophie ne consiste pas tant dans la connaissance d’une multitude de choses qu’à rendre l’homme tempérant (vertueux) », et il ajoute : « La philosophie ne vaut que lorsqu’elle est vécue ». A la suite de Socrate, beaucoup d’autres philosophes se donnent pour mission de rechercher la vérité. Chez les stoïciens et les épicuriens, la finalité de la philosophie, c’est la recherche du bonheur. Il nous apparaît alors que plus qu’une quête de la vérité, la philosophie peut se présenter comme la recherche du bonheur. Leibniz s’inscrit dans cette même lancée en affirmant que la philosophie ne servirait à rien si elle ne permettait pas d’être heureux. La philosophie est une interrogation sur le sens de la vie et sur les moyens de donner un sens à celle-ci. On dira alors que la philosophie est un art de vivre ou un code de conduite. Mais il y a lieu de se demander pourquoi l’homme en général et le philosophe en particulier s’évertuent à rechercher le bonheur. Deux raisons peuvent être avancées. 2 La première, c’est qu’il existe chez tout homme une aspiration à la paix profonde de l’âme et du corps qui se traduit par un état psychologique et physique d’épanouissement. La deuxième raison tient du fait que le monde immédiat dans lequel nous vivons pose problème. C’est surtout quand il y a un manque profond, un déchirement ou un désespoir que l’homme sent et exprime le besoin d’autres choses, d’autres réalités. En effet, c’est lorsque les repères sont perdus ou que le trouble s’installe chez l’individu ou dans la société que naît véritablement un besoin de philosopher, de rechercher le bonheur comme ce fut le cas pour les stoïciens et les épicuriens. Texte : Pourquoi philosopher ? La philosophie naît (…) d’une conscience angoissée, d’une conscience sommée de s’adapter à un univers devenu étranger, inhabituel, un univers dont le silence, parce qu’il nous laisse démunis, inquiète et trouble. La philosophie naît des situations troubles. S’il y a donc un besoin de philosophie, c’est qu’il y a un manque dans la réalité, de l’irréalité dans la réalité, de l’inhumain dans l’humain. La philosophie vient de ce qu’il y a un désir d’autre chose, d’une autre organisation de la société, et de ce que ce désir ne peut s’affranchir des vieilles formes sociales. C’est à partir du manque que nous discernons dans le réel que nous philosophons comme pour résoudre, supprimer l’insatisfaction née de la prise de conscience de ce manque ou de cette absence. La philosophie n’est pas, ne saurait être cette spéculation brumeuse détachée de la réalité et des problèmes concrets des hommes, concrets dans les situations elles-mêmes concrètes… L’initiative philosophique est indétachable des préoccupations pratiques. Et l’initiative philosophique ne saurait être qu’une intention créatrice de grande envergure à l’échelle des sociétés humaines. Ebénezer Njoh Mouelle, Jalons, Ed. Clé, 1970 Sujet * La philosophie promet-elle le bonheur ? * La réflexion philosophique nous détache-t-elle du monde ? 3 Pour permettre à l’homme de comprendre un monde où les repères sont perdus, la philosophie procède à une critique sans complaisance du monde et de la société. La critique philosophique est tournée vers la connaissance, toute forme de connaissance au sens où on dirait avec Marcien Towa que « toute pensée aussi vénérable soit-elle ne peut être admise sans être passée au crible de la pensée critique ». Pour la philosophie donc, toute connaissance, théorie ou discours doit se soumettre à un examen critique. La critique philosophique est aussi dirigée contre la philosophie elle-même ; en ce sens, la vérité philosophique serait le fruit d’un débat contradictoire et c’est cela qui fait dire à Hegel que « l’esprit acquiert la vérité à condition de se retrouver dans l’absolu déchirement ». Ainsi, plus qu’une fonction critique qu’on peut reconnaître à la philosophie, on devrait plutôt dire que la critique fait partie de la philosophie. On pourra dire alors avec Vladimir Jankélévitch que « la fonction de la philosophie c’est de critiquer, son destin c’est d’être critiquée ». Avec cette fonction critique, l’activité philosophique n’épargne point les traditions ni même les préjugés qu’on retrouve dans les diverses formes de connaissances, le sens commun et la société. Le préjugé peut être défini ici comme une vérité établie avant tout examen et qui, dans certains cas, prend la forme d’une croyance. Philosopher consiste donc à se débarrasser des préjugés qui nous empêchent d’accéder à la vérité. D’ailleurs, Descartes assigne à la philosophie la mission d’éclairer et de réguler la vie. Il écrit : « C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir sans philosopher ; et le plaisir de voir les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et enfin cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas ». Préface aux principes de la philosophie. La philosophie serait ainsi l’œil de l’âme qui permet à l’homme d’orienter sa conduite et de déterminer sa voie selon la raison. Elle garantit une vie normée et régulée. Epicure développe la même idée en ces termes: « Celui qui prétendrait que l’heure de philosopher n’est pas encore venue ou qu’elle est déjà passée, ressemblerait à celui qui dirait que l’heure n’est pas encore arrivée d’être heureux ou qu’elle est déjà passée ». Pendant que certains philosophes assignent à la philosophie une fonction utilitaire, Aristote, lui, avance que la philosophie n’existe pas en vue d’une finalité précise ou déterminée. Elle est une activité libre par définition ; elle est à elle-même sa propre fin, elle existe par elle-même et pour elle-même. Aristote veut dire que la philosophie ne se fixe aucune finalité, qu’elle ne vise que la simple connaissance comme il le suggère dans la Métaphysique : « Ainsi donc, si ce fut bien pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c’est qu’évidemment ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. (…) Je conclus que, manifestement, nous n’avons en vue, dans notre 4 recherche, aucun intérêt étranger. (…) Ainsi, cette science est aussi de toutes les sciences, qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin ». II- Philosophie et idéologie Il s’agit ici de procéder à une analyse des rapports que la philosophie entretient avec l’idéologie : les deux entretiennent des rapports très complexes. Certaines idéologies qui soutiennent la supériorité des races et des cultures ont été soutenues par des théories philosophiques. C’est le cas de Hegel et de David Hume qui considèrent que le Noir est inférieur au Blanc. Mais en même temps, c’est par la philosophie et par un travail de déconstruction que de telles idéologies racistes ont été combattues et rejetées. Fidèle à sa mission, la philosophie se veut avant tout, travail critique qui porte sur tout ce qui préoccupe l’homme et particulièrement les idées qui guident ses actions et les gouvernent. Si l’idéologie fonctionne comme une vérité acceptée et admise par des hommes, elle n’est pas toujours exempte de reproche. Marx, dans son fameux ouvrage L’idéologie allemande coproduit avec Engels, opère une critique sans complaisance de la société allemande mais surtout de l’idéalisme comme idéologie qui détourne les hommes des situations concrètes. Il estime qu’une philosophie n’a de sens que lorsqu’elle permet à l’homme de uploads/Philosophie/ 3-enjeux-finalites-et-perspectives-philosophiques.pdf
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- Publié le Oct 27, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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