1 ÉCOLE POLYTECHNIQUE-ESPCI CONCOURS D’ADMISSION 2019 ENS : ULM, PARIS-SACLAY,
1 ÉCOLE POLYTECHNIQUE-ESPCI CONCOURS D’ADMISSION 2019 ENS : ULM, PARIS-SACLAY, LYON, RENNES Composition française, Filières MP et PC (XEULCR) SUJET DE L’ÉPREUVE DE FRANÇAIS Jean-Jacques Rousseau écrit dans Julie ou La Nouvelle Héloïse : « L’amour n’est qu’illusion ; il se fait, pour ainsi dire, un autre Univers, il s’entoure d’objets qui ne sont point, ou auxquels lui seul a donné l’être » (Entretien sur les romans, in Julie ou la Nouvelle Héloïse, éd. Erik Leborgne et Florence Lotterie, Paris, GF Flammarion, 2018, p. 912) Commentez et discutez ces propos en vous appuyant sur les œuvres au programme. Éditions utilisées Platon, Le Banquet, trad. Luc Brisson, Paris, GF Flammarion, 2018. Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, trad. Jean-Michel, Desprats, Paris, Folio Gallimard, 2018. Stendhal, La Chartreuse de Parme, Paris, GF Flammarion, 2018. La répartition des notes des candidats français est la suivante : Filière MP Filière PC 0<=N<4 16 1,05% 0<=N<4 19 1,38% 4<=N<8 291 19,18% 4<=N<8 342 24,89% 8<=N<12 656 43,24% 8<=N<12 642 46,72% 12<=N<16 428 28,21% 12<=N<16 298 21,69% 16<=N<=20 126 8,31% 16<=N<=20 73 5,31% Total : 1517 100% Total : 1374 100% Nombre de copies : 1517 Nombre de copies : 1374 Note moyenne : 10,43 Note moyenne : 9,71 Ecart-type : 3,43 Ecart-type : 3,29 REMARQUES D’ENSEMBLE Dans le sillage des années précédentes, nous constatons que la qualité du concours, pour l’épreuve de français, demeure élevée. Le jury rend hommage aux professeurs des classes préparatoires. Bien qu’ils soient fondamentalement des scientifiques, les étudiants ne négligent pas cette discipline. Nous avons lu beaucoup de copies riches, bien écrites, solidement argumentées et nourries par une connaissance précise des œuvres au programme. Les candidats et les professeurs ne baissent pas la garde sur des exigences cardinales : rigueur de la conceptualisation et de la réflexion, justesse de l’argumentation, précision des exemples, correction et clarté de la langue française, goût de la culture générale. La phrase de Jean-Jacques Rousseau ne présentait pas de problème d’interprétation. Les candidats normalement préparés pouvaient l’affronter sans être déroutés. D’emblée, elle offrait des éléments de réflexion et de discussion. Il était facile, à partir de la notion d’« illusion », particularisée par le reste du propos – « autre Univers », « objets qui ne sont point, ou auxquels lui seul a donné l’être » – de problématiser « l’amour » et de construire au moins les deux premières parties d’un 2 raisonnement opposant l’amour comme illusion, masque, tromperie, à l’amour comme lieu de sincérité, d’authenticité, de révélation de soi et de la nature. Nous avons valorisé les copies qui ont conceptualisé avec précision la corrélation entre « amour » et « illusion », puis qui ont développé des argumentations rigoureuses, tout en exploitant avec pertinence les œuvres au programme. Beaucoup de candidats ont bien interprété les enjeux du sujet. L’évaluation a donc reposé sur le niveau de conceptualisation, d’analyse et de synthèse, sur les qualités de mise en forme logique et rhétorique, sur la maîtrise enfin de la langue française. Le sujet énonce une proposition radicale – « L’amour n’est qu’illusion » – qui appelle la discussion et des nuances. L’analyse doit se focaliser rigoureusement sur les termes proposés à chaque étape du raisonnement. C’est pourquoi, comme nous l’avons souvent rappelé ces dernières années, l’utilisation inadéquate et mécanique d’un corrigé préexistant ou d’éléments de cours trop généraux peut nuire gravement à la pertinence de la démonstration. La bonne connaissance des œuvres constitue à nos yeux un critère essentiel. Nous avons été particulièrement sensibles aux références à des épisodes précis ainsi qu’aux citations fidèles du texte. Pourvu qu’elles restent modestes et bien dans l’axe du sujet, des allusions à d’autres œuvres ou d’autres auteurs peuvent nourrir la réflexion. On pouvait en l’occurrence évoquer d’autres écrits de Rousseau, d’autres dialogues de Platon, comme le Phèdre, d’autres pièces de Shakespeare, mais aussi beaucoup d’autres références qui traitent de l’amour. Nous valorisons la culture personnelle à condition qu’elle étaye vraiment l’analyse. Beaucoup de candidats ont su tirer parti du mode d’expression et d’énonciation des œuvres : dialogue philosophique, théâtre, narration. Le dialogue platonicien induit d’emblée une vision plurielle de l’amour. La complexité du dispositif dramatique chez Shakespeare suppose une métathéâtralité qui questionne en profondeur la relation amoureuse. Le récit stendhalien, mêlant de nombreux personnages et enchevêtrant les intrigues, associe constamment l’amour et ses masques, l’illusion de l’amour et son authenticité. Les trois auteurs définissent, chacun à leur manière, le sens de l’amour, sa capacité de produire de l’illusion, mais aussi de la vérité, de générer du fantasme et du mensonge, mais aussi de l’authenticité au service d’un désir de sincérité. Ils interrogent le sens de l’amour à l’aune des « illusions » qui le pervertissent ou bien qui le rendent intensément créateur. MAÎTRISE DE LA LANGUE, QUALITÉ DE L’ÉCRITURE La qualité de la langue et de l’expression constitue une exigence primordiale du jury. Nous invitons les candidats à poursuivre leurs efforts dans ce sens. Nous sanctionnons les copies qui multiplient les fautes de français. Il est nécessaire de travailler son style par la pratique régulière de l’écriture, d’être bien attentif à la correction grammaticale, notamment aux accords, de bien connaître le sens des mots et les nuances des synonymes, de veiller au rythme et à la fluidité du discours. Attention aux noms propres et aux mots qui particularisent les œuvres. Nous voudrions attirer l’attention sur quelques fautes souvent relevées : 1) L’orthographe des noms propres et des noms grecs en l’occurrence Il n’est pas normal qu’au bout d’un an de fréquentation des textes on fasse des fautes d’orthographe sur les noms propres les plus fréquents : Shakespeare, sans e final, Thisbée au lieu de Thisbé, Hypolitta au lieu d’Hippolyta, Athène au lieu d’Athènes… On peut conseiller aux candidats de se faire une petite liste des noms propres les plus fréquents. Beaucoup de candidats ne font pas la différence entre grec et Grec, entre l’adjectif et le nom. 2) La morphologie verbale – des formes de présent : « il renvoie » / « il voit » ; « il connaît » / « il apparaît »; « il conclut », « il exclut » / « il ne faudrait pas qu’on en conclue » ; « il substitue », « il attribue » (verbes du premier groupe, présent) ne doivent pas être confondus avec « il connut », « il perçut » (passés simples). – des participes passés en -i confondus avec des formes de présent / passés simples en -is, -it. Il suffit de mettre les premières au féminin pour ne pas se tromper. 3 – du participe passé accordé en genre et en nombre avec le cod placé avant l’auxiliaire avoir : « les obstacles qu’a rencontrés Fabrice » – du futur et du conditionnel : on confond la désinence de futur (je montrerai que) avec celle du conditionnel (je voudrais dire que) 3) Les accords La plus grande vigilance s’impose avec les accords (« les amoureux se sont mal comportés »). Attention aux inversions : « Attentifs à la morale la plus conventionnelle, certains amoureux… » ; « Comme le prouvent les œuvres au programme… » 4) L’emploi des prépositions – « indifférent À » / « curieux DE »… 5) Les registres de langue – « on se moque de » et non « on se fiche de »… « Fabrice et Gina font une promenade sur le lac de Côme » et non « une virée »… 6) Les adverbes en -AMMENT / -EMMENT On écrit « excellent » / « excellemment », mais « méchant » / « méchamment ». 7) bien que et quoique sont des conjonctions suivies du subjonctif. 8) Expressions courantes du discours argumentatif Il importe de bien maîtriser certains mots ou locutions : « voire », « de par », « aller de pair », « une pléthore de », « quelles que soient les difficultés », « quelque difficile que ce soit », « quoi qu’il fasse », « quoiqu’il soit immoral ». Ne pas confondre : n’avoir de cesse que et ne pas cesser de + infinitif. Ne pas confondre : se demander quelle est la vraie nature ; se demander ce qu’elle fera. Attention : on se demande dans quelle mesure, et non dans quelles mesures… 9) Alinéas et sauts de ligne Nous rappelons qu’un paragraphe ne commence pas au début de la ligne, mais après un alinéa d’un ou deux centimètres, qui marque une division du texte. C’est essentiel pour la clarté et le confort de lecture. Il faut aussi aérer la présentation, sauter des lignes entre les diverses parties de la démonstration. 10) Accentuation Nous rappelons que l’accentuation des mots fait partie intégrante de l’orthographe. Beaucoup trop de copies n’accentuent aucun mot, ou bien accentuent les mots de façon hasardeuse. 11) Attention à ne pas confondre la syntaxe de l’interrogation directe et celle de l’interrogation indirecte On ne dit pas « nous nous demanderons qui est-il » mais « qui il est ». Il faut relire sa copie avec l’attention d’un correcteur qui uploads/Philosophie/ 2019-mp-pc-rapport-ecrit-francais-xeulcr 1 .pdf
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- Publié le Fev 11, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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