Le véritable sens de la pauvreté, par Kim Nataraja Dans les Conférences de Geth

Le véritable sens de la pauvreté, par Kim Nataraja Dans les Conférences de Gethsémani, John Main s’adresse à ses confrères moines pour qui le vœu de pauvreté est très important. Mais ce n’est pas seulement dans la vie religieuse que la vertu de pauvreté a du sens. Si l’on considère que la pauvreté est davantage dans la simplicité que dans le renoncement aux biens personnels, il est évident qu’elle concerne alors tout le monde. Aux yeux de John Main, la pauvreté représente surtout « ce degré d’altruisme qui nous permet d’être pleinement et profondément sensible à la réalité de l’autre, Dieu et notre prochain », plutôt que le simple abandon des biens personnels et le détachement du besoin de posséder des biens matériels. Souvent, la cause initiale de ce besoin de posséder vient d’un profond besoin de sécurité, « ce qui peut si aisément bâtir des barrières autour de chacun de nous … derrière ces barrières auto-isolantes, nous pouvons penser être bien en sécurité. » Pourtant, « notre vraie richesse et gloire réside en Lui, et non dans de simples possessions. » Ceci, pour John Main, s’exprime dans la manière dont nous prions et dans notre relation au Christ. Il cite le conseil de Jean Cassien, de « restreindre l’activité de notre esprit à la pauvreté d’un seul verset », l’essence de la méditation. « Alors, notre ‘sécurité’ n’est pas bâtie sur des forces négatives [égocentriques], mais elle s’enracine dans la seule force positive du cosmos, le Seigneur Dieu lui-même. » C’est là la véritable signification des paroles de Jésus : « Celui qui veut gagner sa vie doit d’abord la perdre. » Cette façon de prier sans retour sur soi, avec une seule phrase, est le premier pas que nous devons effectuer vers la pauvreté et la simplicité, vers une manière d’être centré sur Dieu plutôt que sur soi. Parce que nous dépassons ainsi provisoirement notre ‘ego’ construit sur des pensées, des perceptions et des illusions, et nous prenons conscience de notre être véritable, centré sur le Christ qui demeure en nous. Ceci ne signifie pas que les autres façons de prier n’ont pas de valeur : toutes les formes liturgiques de prière - louange, repentir et demande - ont aussi leur place dans notre cycle de prière, comme nous l’avons vu dans la lettre précédente. Mais la fin ultime de la prière consiste à sortir de la conscience de soi pour atteindre Dieu dans la simplicité, ce qui amène à une unité de l’être au niveau le plus profond. Il n’est pas facile d‘accepter la valeur de cette manière simple de prier, dans notre contexte sociétal actuel. Dans la Troisième Conférence, John Main raconte la réaction du moine Ramakrishna à qui il expliquait l’enseignement de la méditation chrétienne. Le moine répliqua qu’il était tout à fait d’accord avec l’explication de John Main, mais il ajouta ensuite : « Si vous dites cela à un groupe d’Occidentaux, ils ne vont pas vous croire parce que cela leur paraîtra trop simple. Alors ce que je vous conseille de faire, c’est de compliquer un peu la chose. Et lorsque des gens viennent, dites-leur que vous avez une connaissance ésotérique qui vous 4 a été transmise par votre ordre monastique, disons par Jean Cassien ; c’est un nom qui sonne bien, et les gens vont être intéressés. Mais cette connaissance est d’une telle importance qu’il faut leur dire que vous ne pouvez la leur transmettre que s’ils ont passé au moins 10 semaines dans votre centre de méditation, ou quelque chose de ce genre. Et vous pourrez alors finalement les initier en la matière ». Bien que John Main ait bien vu la pertinence du problème posé par le moine, il resta vrai dans son enseignement et répéta que tout ce qu’il faut faire, c’est « dire le mantra en toute simplicité, avec une totale fidélité. » uploads/Philosophie/ 4-4-le-veritable-sens-de-la-pauvrete-par-kim-nataraja-pdf.pdf

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