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Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com HUMAIN, TROP HUMAIN I Retrouver ce titre sur Numilog.com Du même auteur dans la même collection AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA. L’ANTÉCHRIST. AURORE. LE CAS WAGNER. CRÉPUSCULE DES IDOLES. ECCE HOMO. NIETZSCHE CONTRE WAGNER. LE GAI SAVOIR. GÉNÉALOGIE DE LA MORALE. HUMAIN, TROP HUMAIN I. HUMAIN, TROP HUMAIN II. Opinions et sentences mêlées. Le Voyageur et son ombre. LE LIVRE DU PHILOSOPHE. LA NAISSANCE DE LA TRAGÉDIE. PAR-DELÀ BIEN ET MAL. SECONDE CONSIDÉRATION INTEMPESTIVE. De l’utilité et de l’inconvénient des études historiques pour la vie. SUR L’INVENTION DE LA MORALE. Généalogie de la morale, deuxième traité (édition avec dossier). Retrouver ce titre sur Numilog.com NIETZSCHE HUMAIN, TROP HUMAIN I Traduction inédite, présentation, notes, chronologie, bibliographie et index de Patrick WOTLING GF Flammarion Retrouver ce titre sur Numilog.com © Flammarion, Paris, 2019. ISBN : 978-2-0812-7999-5 Retrouver ce titre sur Numilog.com PRÉSENTATION Le livre de la reconquête de soi La perplexité des commentateurs « En guise de plaisanterie, on peut aventurer cette comparaison : je ressemble à un homme qui a organisé un banquet et ses invités s’enfuient à la simple vue de tous les mets excellents qu’il a préparés 1. » Le moins que l’on puisse dire est que, au moment de la publication d’Humain, trop humain en 1878, le succès ne fut pas au rendez-vous, en effet. En poussant le sarcasme un éche- lon plus loin que ne le fait Nietzsche, on pourrait d’ailleurs avancer que cet ouvrage, le troisième que publie Nietzsche si l’on prend les Considérations inac- tuelles comme un ensemble, inaugure bien un tournant dans la carrière intellectuelle du philosophe : l’entrée dans une période durable de livres sans lecteurs, de pen- sées demeurant ignorées, de philosophie vouée à l’indif- férence — bref, le début d’une existence posthume. Et uniquement le début. C’est dix ans plus tard, en 1888, que l’autodérision combinée à la lucidité sur son apport fait proclamer à Nietzsche : « Seul l’après-demain 1. Lettre à Erwin Rohde du 16 juin 1878, in Correspondance, t. III, Gallimard, 2008, p. 313. Retrouver ce titre sur Numilog.com HUMAIN, TROP HUMAIN I 8 m’appartient. Certains naissent posthumes 1. » Pour l’heure, en 1878, prévaut le constat de l’absence d’enthousiasme du public. En juin 1879, Nietzsche relate à son ami et collègue de Bâle Franz Overbeck que les ventes de son dernier ouvrage, au bout d’un an, demeurent confidentielles, ne se montant qu’à 120 exemplaires, très loin du millier escompté initia- lement 2. S’il avait pu les entrevoir, les perplexités qui ont dura- blement caractérisé le commentarisme nietzschéen eu égard à Humain, trop humain auraient probablement amusé le philosophe. Car c’est un fait, l’une des particu- larités principales attachées à l’ouvrage de 1878 tient à l’extrême difficulté que les commentateurs ont toujours éprouvée à en situer le rôle exact au sein de l’œuvre de Nietzsche. Il est tout à fait frappant de constater que leur jugement est le plus souvent négatif et, simultanément, embarrassé : rares sont en effet les ouvrages, autre point frappant, qui s’efforcent vraiment d’entrer dans le détail du travail d’analyse qu’accomplissent les 638 aphorismes qui constituent ce livre. S’agissant du premier point, de manière très emblématique, même un esprit aussi modéré que Daniel Halévy se sentait contraint de concé- der : « De toutes les œuvres de Nietzsche, Humain, trop 1. L’Antéchrist, « Avant-propos ». Voir également Le Gai Savoir, § 365. 2. Voir la lettre à Overbeck du 15 juin 1879, in Correspondance, t. III, op. cit., p. 395. Sur toutes les questions liées à l’édition et à l’exploitation commerciale des ouvrages de Nietzsche, l’ouvrage de référence est celui de William H. Schaberg, The Nietzsche Canon. A Publication History and Bibliography, Chicago, The University of Chi- cago Press, 1995. Sur Humain, trop humain I, voir les p. 55 sq. et 133 sq. Retrouver ce titre sur Numilog.com PRÉSENTATION 9 humain est la moins réussie 1. » Formulé non sans brillant stylistique, le fond de sa pensée finit par s’avouer peu après : « L’adorateur de Dionysos » est « soudain devenu buveur d’eau 2 » ! C’est bien un sentiment qui motive profondément ce jugement condamnateur : le regret. Dans une veine plus techniquement philosophique, Eugen Fink s’efforce quant à lui d’enraciner sa justifica- tion dans le terrain méthodologique : Qui aborde Humain, trop humain après avoir lu les pre- mières œuvres de Nietzsche sera profondément déçu par le changement de celui-ci. En dépit de tous les raffinements de sa psychologie, sa pensée lui paraîtra singulièrement « plate », rapide et vraiment trop raisonnable. Elle a perdu ses grands dons d’intuition, ne s’alimente plus à une expé- rience fondamentale 3. Effort de légitimation rationnelle du verdict condam- nant l’ouvrage, certes… Mais singulier jugement pour un historien de la philosophie ! Plus que singulier ! Voudrait-on avant tout, en matière de pensée philo- sophique, de l’« intuition », du non-raisonnable, du non- argumenté, de l’expérience subjective dans toute sa contingence, et parfois tout son arbitraire ? Regretterait- on, en fin de compte, précisément tout ce que Nietzsche condamne, à travers la préface qu’il y ajoute en 1886, dans son premier ouvrage : la « métaphysique d’artiste » que l’« on peut bien qualifier […] d’arbitraire, de futile, 1. Daniel Halévy, Nietzsche, Grasset, 1944, rééd. Le Livre de Poche, 1977, p. 263. 2. Ibid., p. 264. 3. Eugen Fink, La Philosophie de Nietzsche, trad. H. Hildebrand et A. Lindenberg, Les Éditions de Minuit, 1965, p. 59-60. Retrouver ce titre sur Numilog.com HUMAIN, TROP HUMAIN I 10 de fantasmagorique 1 », le ton « arrogant et exalté 2 », le style « lourd, pénible, emporté et confus dans ses images 3 », l’absence de « volonté de droiture logique 4 » ? Tout ce qui y était accessoire, donc, et masquait plus qu’il n’exprimait le cœur de son entreprise ? Ton mesuré, absence de lyrisme, réhabilitation de la science, révision à la baisse du crédit accordé à l’art, recherche constante d’une argumentation rigoureuse, adossée à l’investigation psychologique, qui passe sur le devant de la scène, au grand déplaisir de certains : voilà le nouveau Nietzsche d’Humain, trop humain, dans lequel, dépité, le commen- tateur ne reconnaît plus l’auteur de La Naissance de la tragédie… Ou, peut-être, ne reconnaît plus l’image qu’il s’était faite de La Naissance de la tragédie et de son auteur…, de cet ouvrage qui, contrairement à Humain, trop humain, suscita incontestablement l’intérêt, enflamma les lecteurs (y compris dans l’hostilité), mais de cet ouvrage à propos duquel Nietzsche signale ce petit fait, qu’il l’a vu fréquemment évoqué sous un faux titre — baptême rectificatif qui en dit long sur la manière dont l’ouvrage a généralement été lu, et « compris » : J’ai plusieurs fois vu citer cet écrit comme « la re-naissance de la tragédie par l’esprit de la musique ». On n’a jamais eu d’oreilles que pour une nouvelle formulation de l’art, de l’intention, de la tâche de Wagner, — là-dessus on ne prêtait pas garde à ce que cet écrit comportait au fond de précieux 5. 1. La Naissance de la tragédie, « Essai d’autocritique », § 5. 2. Ibid., § 3. 3. Ibid. 4. Ibid. 5. Ecce homo, « La naissance de la tragédie », § 1. Nietzsche précise quel est le cœur de l’enquête menée par son premier ouvrage : « “Hellénisme et pessimisme” aurait été un titre moins équivoque car Retrouver ce titre sur Numilog.com PRÉSENTATION 11 En outre, les positions prêtées au Nietzsche d’Humain, trop humain, qui choquent et déçoivent le lecteur au motif qu’elles seraient le reniement éhonté de celles du flamboyant premier ouvrage, sont-elles bien en désaccord si entier avec celui-ci ? Si Humain, trop humain apporte certes des innovations, des inflexions et des approfondis- sements, la lecture attentive, et exhaustive, des très riches analyses de l’ouvrage de 1878 (et de celui de 1872) contraindrait à nuancer considérablement cette vision des choses, y compris sur le statut de la science et sur celui de l’art. Toujours est-il que la défaveur semble être la règle, et qu’elle est le plus souvent motivée par la com- paraison avec La Naissance de la tragédie. Égarement de commentateurs qui peut-être n’ont pas su ou pas voulu aller au-delà d’un rapport qui reste quelque peu distant à cet ouvrage ? On est beaucoup plus troublé lorsqu’on note le peu d’intérêt pour ce texte d’un connaisseur aussi subtil et clairvoyant que Walter Kaufmann, l’un des commenta- teurs les plus précis du philosophe. Dans son étude Nietzsche. Philosopher, Psychologist, Antichrist 1, Kauf- mann voit au mieux dans ce livre, comme dans tous les textes de la période dite intermédiaire, une œuvre de gestation, où se prépare et s’élabore l’idée de volonté de puissance. Il vaudrait par ce qui viendra ensuite, en il apprend pour la première fois comment les Grecs se sont débarras- sés du pessimisme, — comment ils l’ont surmonté… » La même faute de lecture, le recentrage du livre sur la relation à Wagner, donc une lecture largement biographique, et non philosophique, uploads/Philosophie/ 9782081279995.pdf

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