Richard Shusterman » a écrit, en 1992, le livre « l’art à l’état vif ». La prob
Richard Shusterman » a écrit, en 1992, le livre « l’art à l’état vif ». La problématique de l’ouvrage est de « présenter une théorie esthétique qui reprenne les méthodes et les enseignements de la philosophie pragmatiste. ». Ce livre se veut le mégaphone des arts populaires et leur défenseur contre les philosophies traditionnalistes. Pour se faire, Shusterman va confronter les deux courants philosophiques américains, analytique et pragmatique. John Dewey, père fondateur de l’esthétique pragmatiste, va tenter de répondre en partie à ce dilemme : la pragmatique liée à la pratique, s’oppose à l’esthétique désintéressée et autotélique. Il va tenter de réconcilier pratique et esthétique. 1) Définition de l’art Malgré plusieurs tentatives pour définir philosophiquement l’art, aucune ne fait consensus. Et Dewey ne fait pas exception avec son pragmatisme de l’art comme expérience, qui est tout aussi critiquable. Notamment par son manque de clarté (il inclut comme objet d’art, les activités sportives ou l’arrangement d’une maison). Pour certains intellectuels, il est vain et secondaire de tenter de poser une définition de l’art. Mais c’est une question centrale pour les philosophes pragmatistes. Et l’enjeu est d’effacer le désaccord entre le pragmatiste rejetant la théorie pour la pratique et le théoricien pragmatiste. Afin de résoudre ce dilemme entre l’art et sa théorie il est important de clarifier les finalités de la théorie de l’art. La définition de l’art a été le substrat favorisant l’éclosion puis l’épanouissement de la philosophie. 2) Histoire de l’art. La philosophie fît son apparition à Athènes en réfutant l’art. Socrate et Platon, par exemple, rejetaient la poésie, la rhétorique comme objet d’art. Les grecs qui voyaient chez les poètes le génie et la sagesse a conduit les philosophes à proposer une philosophie sans concession vis-à-vis de la mimesis. Platon rejette l’imitation qui n’est que mensonge. Et seule la philosophie permet d’atteindre l’essence des objets. Cette définition de l’art a été re-bornée par Aristote et sa poèsis, en réfutant la théorie de l’imitation de Platon, tout en gardant le cloisonnement des objets de l’art sur la vie. Depuis la théorie de la mimesis, aucune théorie a réussi à faire l’unanimité. La plupart se bornaient à faire de l’art, un casier à côté de la vie. Cependant, en 1955 Morris Weitz propose d’abandonner l’idée d’une définition esthétique. Selon lui la production artistique possède une nature qui lui est propre et donc différente de ses sœurs. Par conséquent, rechercher un caractère universel est impossible. Selon lui, il existe un panel d’œuvres connues (avec ses points communs) qui sert de modèle afin de valider et classifier les nouvelles productions comme objet d’art. Mais l’art évolue avec son époque et penser pouvoir cataloguer et borner une œuvre d’art naissante en fonction d’un panel d’œuvres passées est présomptueux voire impossible. Ainsi deux problématiques se dégagent. La difficulté à poser une définition de l’art est due aux usages « évaluatif et classificatoire ». L’usage évaluatif va dicter la façon de voir l’œuvre d’art en bornant ce qui doit être apprécié. Il est par conséquent critiquable et à écarter en vue d’un consensus. Quant à l’usage classificatoire, les œuvres d’art semblent n’avoir aucune essence commune. Cependant, cette essence, si elle ne se trouve pas dans la nature de l’œuvre, peut-être se trouve-t-elle dans l’intention créative. Et de cette théorie va naître de nouvelles définitions de l’art. Dickie propose une définition de l’art qui confère à l’objet un statut d’œuvre d’art, de part des critères conventionnels et extrinsèques. C’est une institution qui va valider « ceci est de l’art ». Dickie accorde de l’importance à l’aspect classificatoire de l’art tout en éludant l’aspect évaluatif. Cependant les limites de cette définition commencent à émerger. Seule l’institution peut statuer sur la validation d’une œuvre dans la sphère artistique, en faisant fi de toute valeur. Mais il est difficile de dissocier le monde de l’art de son environnement culturel et des valeurs qu’il véhicule. Dissocier l’art et valeur n’est pas possible. Cette théorie ne donne pas matière à comprendre l’art mais présente le monde de l’art et ses objets compartimentés, comme des « théories-emballages ». 3) Naissance d’une définition de l’art comme pratique complexe Arthur Danto, contrairement à Dickie, s’inscrit en faux au sujet de la théorie de l’institution. Avec l’exemple des boites de brillo d’Andy Warhol. Comment peut-il être possible d’élever au rang d’art l’ensemble des boites et refuser l’objet de « consommation » ou pourquoi la temporalité aurait une influence sur cette acceptation. Pour Danto tout œuvre d’art doit représenter quelque chose et avoir du sens. Le décodage de la boite de brillo nécessite au préalable une connaissance historique de l’art et une pratique, afin d’arriver à une théorie-emballage non dégradable temporellement. Plusieurs philosophes font de l’art « une pratique sociale et culturelle » où la bonne pratique est validée par des connaissances historiques, comme l’art du portrait, qui possède ses propres codes acquis à travers l’histoire. Une définition nouvelle commence à se dessiner. Une pratique compartimentée avec ses arts et sous compartimentée avec ses genres possédant des savoirs faire et des pratiques multiples que seul la narration historique permet d’éclairer. Cependant la réalisation d’une telle narration de l’histoire de l’art et de ses œuvres semble titanesque. Cela implique aussi que la pratique, au travers de l’histoire de l’art, suffit à comprendre et place le philosophe comme historien de l’art, tourné vers le passé. 4) Contraintes du duo pratique/esthétique L’esthétique pragmatiste de Dewey, tente de redonner du sens à l’art en posant une définition basée sur l’expérience. Le premier problème, est que la critique de la pratique reste l’affaire du microcosme de l’art. De plus, l’idée contraire et son but utilitaire est intolérable. L’assujettissement de l’art à la philosophie obscurcit la vraie qualité autotélique que devrait revêtir l’art. Cette qualité autotélique est constituée par l’expérience esthétique. Elle permet la mise en lumière des fondamentaux artistiques. L’expérience artistique a repoussé les bornes limitées de la pratique historique de l’art et est présente dans l’environnement de tous les jours (sport, médias.). Cependant certains tentent de minimiser la liberté de l’expérience esthétique en datant sa naissance à partir au XVIIIe siècle avec la naissance des beaux-arts. Si l’esthétique n’existait pas elle se trouve donc sous la dépendance de la pratique. Un autre péril menace le duo pratique et expérience esthétique. Le lien tend à se briser car les termes ont pris des connotations antinomiques. Quand la pratique revêt un caractère désagréable, l’esthétique, lui, porte le costume du bonheur assumé. Pour réconcilier ce duo, il faut redonner sens au but. Pour y parvenir, il faut détailler le procès de ce but à atteindre. Car toutes les étapes sont essentielles et concourent à la finalité. Les « moyens » sont à savourer autant que leur finalité :« la conduite souple et la vitesse grisante d’une voiture de sport peuvent être à la fois un instrument et une source de satisfaction immédiate quand on conduit ». Deux partis pris ont tendances à dénaturer les définitions de l’art : Le premier est que Platon s’est évertué à éloigner « art et réalité » en rendant l’objet « irréel », dénué de vérité. Mais l’art est bien ancré dans sa réalité et on ne peut séparer la pratique artistique de l’expérience de la vie dans son ensemble, et ce même si Kant prône le désintéressement de l’existence de l’objet d’art. Enfin cette scission « art et réalité » et les idées Kantienne de la théoria, favorisent une « spiritualisation désincarnée » qui conduisent à développer un élitisme de l’art excluant complètement le grand public. Le second parti pris est la poièsis d’Aristote. La production poétique n’a pas sa fin en elle-même mais dans l’objet. Ce qui tend à favoriser le culte de l’objet au détriment de « l’expérience artistique ». Favorisant aussi un public passif. L’enjeu sera de réinventer l’art comme « expérience » pour reconnecter l’œuvre à son public. 5) L’art comme « expérience esthétique » Pour y parvenir on doit écarter les contradictions de Dewey concernant l’expérience esthétique, qui est indéfinissable. Afin de contourner ce problème Dewey suggère d’appréhender le sujet de façon pragmatique afin de redéfinir la théorie philosophique. Il suggère de borner cette définition afin qu’elle nous guide sur le chemin de l’expérience esthétique et ainsi rendre à la culture populaire toute sa légitimité. Enfin, un dernier problème est à résoudre. Celui du lien théorie/pratique. La théorie fait autorité sur la pratique. Mais l’influence de la théorie sur la pratique se résume à un catalogue de l’histoire de l’art. Afin de résoudre ce conflit, il suffit d’appréhender cet argument de façon pragmatique en acceptant la prédominance de la pratique et de la capacité de la théorie à se placer dans l’action critique et jouant un rôle déterminant sur la pratique. On a vu qu’il était difficile de parvenir à une définition universelle de l’Art. Pour certains, l’idée contraire est légion tandis que pour d’autres, la beauté par exemple, est un concept évaluatif et par conséquent subjectif. Et dans une tentative d’esquisse de définition de l’art, elle doit, pour nous contemporains, susciter une uploads/Philosophie/ fiche-de-lecture 14 .pdf
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- Publié le Mai 21, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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