Dans cet extrait tiré de la Phénomonologie de la perception paru en 1945, Merle

Dans cet extrait tiré de la Phénomonologie de la perception paru en 1945, Merleau- Ponty se propose de définir l’homme, sa nature même. Pour cela il évoque les possibles de l’homme, celles qui sont utilisées en général, puis il démontre qu’aucune de ces définitions n’est exactement vraie. Cette recherche, ce besoin de savoir la nature de l’homme, a alimenté de grandes réflexions des philosophes au cours du temps, et continue toujours à les faire réfléchir, car l’homme veut savoir ce qu’il est… Quelle est donc la nature de l’homme ? Est-il un esprit ? N’est-il qu’un simple corps, un objet ? Pourquoi telle ou telle définition ne peut correspondre parfaitement ? Il faut reconnaître à l'homme une manière d'être très particulière : l'être intentionnel. Le thème du texte est donc le statut et la nature de l'homme : son “être”. La thèse qui est soutenue est que l'on ne peut saisir l'être de l'homme ni comme une chose ni comme une conscience, mais selon une certaine manière d'être intermédiaire, que nous aurons à préciser. « Il y a deux vues classiques ». L'auteur s’intéresse au débat philosophique sur le statut de l'homme, qu'il oppose sous le nom de “ vues ”. Ce terme équivaut à la notion de point de vue. Or un point de vue est souvent partiel sur les choses. Si on prend tel point de vue, on ne voit pas nécessairement les choses telles qu'elles sont, mais telles que ce point de vue les révèle. Parmi toutes les définitions que l’on pourrait donner à l’homme, Merleau- Ponty considère que seulement deux définitions seraient valables, il les considère comme « classiques ». La première définition dont il parle consiste à traiter l’homme comme un objet, un corps qui est « le résultat des influences physiques, physiologiques et sociologiques ». Dans ce cas l’homme est donc une victime, il subit, il est comme cela parce que telles choses lui sont arrivées, elles le détermineraient du dehors. Ce raisonnement consiste donc à dire que « l’homme est une chose entre les choses », un homme parmi tant d’autres… car tous les hommes sont le résultat de certains facteurs. On comprend alors pourquoi l'étude scientifique de l'homme, qui cherche à déterminer les règles ou les lois “ physiques, physiologiques ou sociologiques ” qui auraient pour “ résultat ” l'homme, transforme celui-ci en une chose. Dans cette définition il y a également une idée de détermination de ce qu’un homme va être, il n’en a pas le choix. En effet un homme ne choisira pas le milieu social dont il fera partie (dès sa naissance), il ne choisira pas son physique, son environnement etc…, il en est simplement « le résultat ». Cette pré-détermination fait de lui ce qu’il est. Cette première vue consiste donc à voir l’homme comme un objet, une chose, un corps, le résultat de certaines influences. Merleau-Ponty aborde ensuite la deuxième définition, celle qui pourrait définir l’homme. Elle consiste à voir l’homme comme un esprit, un esprit qui « construit la représentation des causes mêmes qui sont censées agir sur lui ». Cette définition permet de différencier l’homme de tous les autres hommes ; ici l’homme est un esprit qui pense et qui réfléchit, indépendamment des autres, il possède « une liberté acosmique ». Il y a donc 1 une idée de conscience, qui passe par la reconnaissance de l’autre, ce qui permet également de me différencier d’autrui. L’homme n’est plus un résultat, c’est désormais lui qui décide, il n’est pas influencé. Merleau-Ponty résume ensuite ces deux vues en une seule phrase : « D’un côté l’homme est une partie du monde, de l’autre il est conscience constituante du monde ». Cela résume parfaitement le problème. Soit l’homme est cette « chose entre les choses » (il est donc au même niveau que tous les autres ; il y a dans cette partie de phrase l’idée de pré-détermination, ce résultat dont l’homme est la victime), soit l’homme est cet esprit qui a conscience de lui-même, qui décide de plein gré, ce qui le rend différent des autres hommes. Après avoir exposé les deux définitions susceptibles de définir l’homme, Merleau-Ponty déclare : « Aucune de ces deux vues n’est satisfaisante ». Il explique ensuite pourquoi. La première vue, où l’on voit l’homme comme cette « chose entre les choses », voudrait dire que l’homme est comparable à un objet, « il serait, comme cette chaise ou comme cette table, enfermé dans ses limites », alors que l’on ne peut comparer en tout point un homme à un vulgaire objet, car l’homme possède malgré tout une conscience, sinon l’homme serait « présent en un certain lieu de l’espace » et serait donc « incapable de se les représenter toutes » (ces autres choses). En effet l’homme a conscience de l’autre, il n’est donc pas seulement cette « chose entre les choses ». En effet l’homme, « un être intentionnel, vise toutes choses mais ne demeure en aucune ». Mais après avoir réfuté la première définition, Merleau-Ponty n’approuve pas pour autant la deuxième vue, car si c’était le cas, si nous admettions que « par notre propre fond nous sommes l’esprit absolu », on rendrait incompréhensibles nos attaches corporelles et sociales, notre insertion dans le monde, on renoncerait à penser la condition humaine ». En effet l’homme ne peut être cet « esprit absolu » car l’esprit et le corps sont indissociables. Un esprit ne peut exister, d’un point de vue extérieur, que s’il agit en conséquence ; la pensée doit être suivie d’action, sinon on renoncerait à penser la condition humaine. L’homme a donc besoin pour exister de cette insertion dans le monde, ce qui fait de lui une partie intégrante de la société. Cette deuxième définition n’est donc pas satisfaisante car l’homme n’est pas seulement un esprit, il est, en quelque sorte, cette chose qui fait partie du monde. D’un point de vue personnel, tout comme Merleau-Ponty, ces deux vues classiques ne sont pas satisfaisantes. En effet on ne peut dire de l’homme soit qu’il est un objet, soit qu’il est un esprit. Aucune définition ne pourrait définir l’homme, cet être complexe, car aucun homme ne se connaît réellement lui-même ; on peut parler par exemple de 2 l’inconscient. Pour définir l’homme, on pourrait tenir compte de ces deux vues classiques, ce qui nous permettrait de dire que l’homme est bien cette « chose entre les choses » mais qu’il possède également un esprit, une conscience, sans pour autant être un « esprit absolu ». L’homme est donc libre dans une certaine mesure, libre en tant qu’esprit, mais il n’est pas libre en tant que « chose entre les choses », car il fait « partie du monde », malgré tout. Mais, pour se rapporter au texte, aucune de ces deux vues classiques n’est satisfaisante. On trouvera toujours à redire sur celles-ci. Afin d’essayer de déterminer la nature de l’homme, Merleau-Ponty s’est basé sur les deux vues classiques, soit l’homme est une partie du monde, soit il est conscience constituante du monde. Il en est arrivé à cette conclusion : « Aucune de ces deux vues n’est satisfaisante ». En effet l’homme ne peut être un « esprit absolu » ni « une chose entre les choses ». L’homme est plutôt un mélange des deux, « un esprit dans un corps », ce qui lui permet de réfléchir, d’avoir une conscience, tout en faisant partie du monde, ce qui lui permet de « penser la condition humaine ». 3 uploads/Philosophie/ explication-de-texte 1 .pdf

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