La troisième J.Lacan Intervention au Congrès de Rome (31.10.1974 / 3.11.74) par
La troisième J.Lacan Intervention au Congrès de Rome (31.10.1974 / 3.11.74) paru in Lettres de l'Ecole freudienne, n°16, 1975, pp.177-203. Avertissement: ce texte non revu par Lacan présente imperfections et malentendus, une transcription récente (2002-2003) à partir de la bande sonore a été réalisée à Paris par un groupe de travail de l'Ecole de Psychanalyse Sigmund Freud (secrétariat : 01 47 07 48 59) La troisième (c’est le titre). La troisième, elle revient, c’est toujours la première, comme dit Gérard de Nerval. Y objecterons-nous que ça fasse disque? Pourquoi pas, si ça dit ce que. Encore faut-il, ce "dit-ce-que", l’entendre, par exemple, comme le disque-ours de Rome. Si j’injecte ainsi un bout de plus d’onomatopée dans lalangue, ce n’est pas qu’elle ne soit en droit de me rétorquer qu’il n’y a pas d’onomatopée dans lalangue qui déjà ne se spécifie de son système phonématique, à lalangue. Vous savez que pour le français, Jakobson l’a calibré. C’est grand comme ça. Autrement dit, c’est d’être du français que le discours de Rome peut s’entendre disque-ourdrome. Je tempère ça à remarquer que "ourdrome" est un ronron qu’admettraient d’autres lalangues, si j’agrée bien de l’oreille à telle de nos voisines géographiques, et que ça nous sort naturellement du jeu de la matrice, celle de Jakobson, celle que je spécifiais à l’instant. Comme il ne faut pas que je parle trop longtemps, je vous passe un truc. Ça me donne l’occasion simplement, cet ourdrome, de mettre de la voix sous la rubrique des quatre objets dits par moi "a", c’est-à-dire de la revider de la substance qu’il pourrait y avoir dans le bruit qu’elle fait, c’est-à-dire la remettre au compte de l'opération signifiante, celle que j'ai spécifiée des effets dits de métonymie. De sorte qu’à partir de là la voix - si je puis dire - la voix est libre, libre d'être autre chose que substance. Voilà. Mais c'est une autre délinéation que j'entends pointer en introduisant ma troisième. L'onomatopée qui m'est venue d'une façon un peu personnelle me favorise - touchons du bois - me favorise de ce que le ronron, c'est sans aucun doute la jouissance du chat. Que ça passe par son larynx ou ailleurs, moi je n'en sais rien ; quand je les caresse, ça a l'air d'être de tout le corps, et c'est ce qui me fait entrer à ce dont je veux partir. Je pars de là, ça ne vous donne pas forcément la règle du jeu, mais ça viendra après. "Je pense donc se jouit". Ça rejette le "donc" usité, celui qui dit "je souis". Je fais un petit badinage là-dessus. Rejeter ici c’est à entendre comme ce que j'ai dit de la forclusion, que rejeter le "je souis" ça reparaît dans le réel. Ça pourrait passer pour un défi à mon âge, à mon âge où depuis trois ans, comme on dit ça aux gens à qui on veut l'envoyer dans les dents, depuis trois ans, Socrate était mort! Mais même si je défuntais, à la suite – ça pourrait bien m'arriver, c'est arrivé à Merleau-Ponty1, comme ça, à la tribune - Descartes n'a jamais entendu à propos de son "je souis" dire qu'il jouissait de la vie. Ce n'est pas ça du tout. Quel sens ça a, son "je souis"? Exactement mon sujet à moi, le "je" de la psychanalyse. Naturellement il ne savait pas, le pauvre, il ne savait pas, ça va de soi, il faut que je lui interprète: c'est un symptôme. Car de quoi est-ce qu'il pense avant de conclure qu'il suit - la musique de l'être, sans doute? Il pense du savoir de l'école dont les Jésuites, ses maîtres, lui ont rebattu les oreilles. Il constate que c'est léger. Ce serait meilleur tabac, c'est sûr, s'il se rendait compte que son savoir va bien plus loin qu'il ne le croit à la suite de l'école, qu'il y a de l'eau dans le gaz, si je puis dire, et du seul fait qu'il parle, car à parler lalangue, il a un inconscient, et il est paumé, comme tout un chacun qui se respecte ; c'est ce que j'appelle un savoir impossible à rejoindre pour le sujet, alors que lui, le sujet, il n'y a qu'un signifiant seulement qui le représente auprès de ce savoir ; c'est un représentant, si je puis dire, de commerce, avec ce savoir constitué, pour Descartes, comme c'est l'usage à son époque, de son insertion dans le discours où il est né, c'est-à-dire le discours que j'appelle du maître, le discours du nobliau. C'est bien pour ça qu'il n'en sort pas avec son "je pense donc je souis". C'est quand même mieux que ce que dit Parménide. L'opacité de la conjonction du noetn, et de l'?, il n'en sort pas, ce pauvre Platon; s'il n'y avait pas lui, qu'est-ce qu'on saurait de Parménide? Mais ça n'empêche pas qu'il n'en sort pas, et que s'il ne nous transmettait pas l'hystérie géniale de Socrate, qu’est-ce qu'on en tirerait? Moi, je me suis échiné pendant ces pseudo-vacances sur le Sophiste. Je dois être trop sophiste, probablement, pour que ça m'intéresse. Il doit y avoir là quelque chose à quoi je suis bouché. J'apprécie pas. Il nous manque des trucs pour apprécier. Il nous manque de savoir ce qu'était le sophiste à cette époque. Il nous manque le poids de la chose. Revenons au sens du souis. Ce n'est pas simple. Ce qui, dans la grammaire traditionnelle, se met au titre de la conjugaison d'un certain verbe être - pour le latin, alors là tout le monde s’en aperçoit, fui ne fait pas somme avec sum. Sans compter le reste du bric à brac. Je vous en passe. Je vous passe tout ce qui est arrivé quand les sauvages, les Gaulois se sont mis à avoir à se tirer d'affaire avec ça. Ils ont fait glisser le est du côté du stat. Ce ne sont pas les seuls d'ailleurs. En Espagne, je crois que ça a été le même truc. Enfin la linguisterie se tire de tout ça comme elle peut. Je ne m'en vais pas maintenant vous répéter ce qui fait les dimanches de nos études classiques. Il n'en reste pas moins qu'on peut se demander de quelle chair ces êtres - qui sont d'ailleurs des êtres de mythe, ceux dont j'ai mis le nom là : les Undeuxropéens, on les a inventés exprès, c’est des mythèmes - on peut se demander qu'est-ce qu'ils pouvaient mettre dans leur copule (partout ailleurs que dans nos langues, c'est simplement n'importe quoi qui sert de copule) - enfin quelque chose comme la préfiguration du Verbe incarné? On dira ça, ici! Ça me fait suer. On a cru me faire plaisir en me faisant venir à Rome, je ne sais pas pourquoi. Il y a trop de locaux pour l'Esprit Saint. Qu'est-ce que l'Etre a de suprême si ce n'est par cette copule? Enfin je me suis amusé à y interposer ce qu'on appelle des personnes et j'ai touché un machin qui m'a amusé: m'es-tu-me; mais-tu-me; ça permet de s'embrouiller: m'aimes-tu mm? En réalité, c'est le même truc. C'est l'histoire du message que chacun reçoit sous sa forme inversée. Je dis ça depuis très longtemps et ça a fait rigoler. A la vérité, c'est à Claude Lévi-Strauss que je le dois. Il s'est penché vers une de mes excellentes amies qui est sa femme, qui est Monique, pour l'appeler par son nom, et il lui a dit, à propos de ce que j'exprimais, que c'était ça, que chacun recevait son message sous une forme inversée. Monique me I'a répété. Je ne pouvais pas trouver de formule plus heureuse pour ce que je voulais dire à ce moment-là. C'est quand même lui qui me l'a refilé. Vous voyez, je prends mon bien où je le trouve. Je passe sur les autres temps, sur l'étayage de l'imparfait. J'étais. Ah ! qu'est-ce que tu étaies? Et puis le reste. Passons parce qu'il faut que j'avance. Le subjonctif, c'est marrant. Qu'il soit - comme par hasard! Descartes, lui, ne s'y trompe pas: Dieu, c'est le dire. Il voit très bien que Dieure, c'est ce qui fait être la vérité, ce qui en décide, à sa tête. Il suffit de dieure comme moi. C'est la vérité, pas moyen d'y échapper. Si Dieu me trompe, tant pis, c'est la vérité par le décret du dieure, la vérité en or. Bon, passons. Je fais là jusqu'à ce moment-là quelques remarques à propos des gens qui ont trimballé la critique de l'autre côté du Rhin pour finir par baiser le cul d'Hitler. Ça me fait grincer des dents. Alors le symbolique, l'imaginaire et le réel, ça c'est le numéro un. L'inouï, c'est que ça ait pris du sens, et pris du sens rangé comme ça. Dans les deux cas, c'est à cause de moi, de ce que j'appelle le vent dont je sens que moi je ne peux même plus le prévoir, le vent dont on gonfle ses voiles à notre époque. Car c'est uploads/Philosophie/ a-terceira-frances.pdf
Documents similaires










-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 25, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2937MB