Thom Latulipe Le Délire humain Essai 2 Le Délire humain A ma moitié qui, par un

Thom Latulipe Le Délire humain Essai 2 Le Délire humain A ma moitié qui, par une nuit d’hiver, m’a réinitié à la physique des référentiels. A l’heure où on l’accuse de détruire la planète, l’Humanité saura-t-elle lutter contre sa nature, et saisir sa chance ou plutôt son destin ? Dans cet essai métaphysique, il est proposé de nouveaux scenarios quant aux traditionnelles questions de l’origine de l’Homme et de son Univers, des scénarios dignes de romans de science-fiction. Le Délire humain 3 Introduction : Du délire d’un homme à la réalité de tous « Imposer au monde des structures qu’il n’a jamais réclamées et qui n’existaient jusque-là que comme projets nébuleux dans le cerveau de leurs créateurs », telle est la définition que R. Koolhaas propose pour l’architecture dans son essai New York Délire. La phrase est élégante, et sans doute qu’on peut la généraliser à toutes activités humaines de création, que ce soit de l’ingénierie, des recherches scientifiques, des activités artistiques, ou des réflexions philosophiques, etc. Ainsi, il naît tout d’abord dans le cerveau d’un homme des idées originelles, perçues comme délirantes par le cerveau des autres hommes, puis rarement, mais en quantité toutefois suffisante, quelques idées se diffusent vers la réalité, s’imposant à des hommes qui ne les avaient non seulement jamais réclamées, mais même jamais imaginées. Enfin, cette réalité s’efface pour évoluer vers d’autres réalités générées par de nouvelles idées délirantes. Le communisme né dans l’esprit de K. Marx est un exemple frappant d’un délire humain du 19ème siècle qui devenu réalité au 20ème, s’est imposé à des millions d’hommes, pour le meilleur comme pour le pire. Internet est autre type de délire humain, né dans les années 1960 de l’imagination de quelques chercheurs américains, aujourd’hui pratiquement accessible en tout point de la planète, pour le pire comme pour le meilleur. Ces idées et ces structures qu’on nous impose font d’ailleurs partie intégrante de notre vie, elle aussi imposée de l’extérieur, sans nous demander notre avis. Face à ces impositions multiples, il nous est néanmoins possible d’imposer à d’autres nos créations, ou même la vie. Cela nous suffit d’ailleurs presque pour accepter celle-ci. Malgré l’inquiétude légitime que l’on peut partager pour certains délires humains, ce petit essai est une apologie des ces délires humains et de leurs créateurs, nous tous, créatures lancées dans un monde dont nous ignorons tout, des origines et du destin. Ensemble, partons maintenant explorer certains de ces délires humains qui sont déjà réalité, ou qui peut-être le deviendront. 4 Le Délire humain Partie I Délires sur la nature du Temps I.1 Les délires d’A. Einstein sur le Temps et la Lumière En 1916, alors que certains perdaient leur vie dans la Matière boueuse des tranchés, d’autre délirait et imaginait des théories audacieuses et géniales, permettant de calculer la déviation de la Lumière autour du soleil. Il s’agissait d’A. Einstein et de sa théorie de la Relativité. Dans cette théorie, A. Einstein développait ou liait nouvellement de nombreuses idées physiques. Une première idée était celle d’un Temps déformable dont l’écoulement serait fonction de la vitesse. Une deuxième idée laissait imaginer la Matière comme des déformations de l’Espace Temps. Cette deuxième idée apparaissait particulièrement pertinente pour éclairer certains mystères de l’Univers, notamment celui de l’attraction gravitationnelle, et de la déviation de la Lumière par la Matière. En complément à ces idées physiques, A. Einstein utilisait nombres d’outils mathématiques, tels les tenseurs : des tableaux de données à quatre lignes et quatre colonnes (cause l’Espace Temps a quatre dimensions), et décrivant localement une propriété physique de l’Espace Temps. Pour A. Einstein, le tenseur fondamental, celui des g j i, , permettait de décrire les déformations de l’Espace Temps. Il imaginait ce tenseur fondamental comme équivalent au champ gravitationnel. Pourtant, il savait que sa théorie n’était pas achevée. Il manquait quelque chose. Il y avait inclus toutes les lois de la gravitation, il rêvait d’y ajouter les lois de l’électromagnétisme. Tout le reste de sa vie, pendant plus de quarante ans, il a cherché un tenseur fondamental, équivalent à la fois au champ gravitationnel et au champ électromagnétique. Pour cela, il a suivi une voie essentiellement mathématique. Il a ajouté des dimensions. Il a transformé les g j i, en complexe (ce qui équivaut, en partie, à ajouter des dimensions). Il a rendu le tenseur fondamental asymétrique. Et il est mort, sans résoudre ce mystère. Depuis A. Einstein, de nombreux physiciens et mathématiciens se sont succédés, et ont proposé des délires les plus élégants, pour inclure non seulement le champ électromagnétique, mais aussi deux autres interactions, forte et faible, découvertes ultérieurement à la théorie de la Relativité. Le Délire humain 5 On verra que certains physiciens ont proposé de restreindre l’explication du champ gravitationnel aux simples déformations de l’Espace, et d’expliquer les phénomènes électriques par les simples déformations du Temps. Rapprocher électricité et déformations du Temps implique alors, on y reviendra, des conséquences importantes, quant à la nature même du Temps. Mais commençons par montrer que dans la notion, imaginée par A. Einstein, de déformations du Temps, notion que l’on peut interpréter comme une avancée dans le Temps, l’idée d’un Temps à deux sens s’y trouve implicitement présente. I.2 Les délires (ou les délices ?) d’un Temps à deux sens Téléportons-nous sur un ferry navigant sur la mer Egée, cette magnifique mère des philosophes et des physiciens de la Grèce antique. C’est l’été, la mer est calme, un léger vent rafraichit l’atmosphère. Le ciel est bleu, pas un nuage à l’horizon. Quelques îlots découpés, aux falaises dorées, surgissent de la mer. Autour de nous, des éclats de rires et de bonheurs, des jeunes gens, des filles et des garçons, souriants et beaux, au teint bronzé, jouent de la guitare. Ils chantent des mélodies, dans toutes les langues de cette tour de Babel, qu’est l’Europe. A l’arrière du bateau, nous sommes attablés, buvant un délicieux raki Amorgou, au parfum miellé, accompagné de quelques loukoums. En face, l’être aimé. Il sourit malicieusement et ses yeux brillent. Heureux celui qui est contemplé avec autant d’amour. C’est le plaisir, intense, que nous offre parfois la vie, des instants que nous serions prêts à revivre, pour l’éternité. Parti ce matin du Pirée, notre ferry vogue vers Santorin, la mystérieuse île de l’Atlantide. Notre ferry, pourtant un peu vieillot, en dépasse un autre. Ce dernier n’est, il est vrai, qu’une coquille de noix. Il vogue lui aussi dans la même direction, vers l’Atlantide. Pour nous, quel est le mouvement de cette coquille de noix, qui avance sur la mer en direction de l’Atlantide, moins vite que notre ferry ? La réponse est simple, nous voyons reculer la coquille de noix. Nous nous considérons en effet immobile dans l’Espace ; un corps qui avance moins 6 Le Délire humain vite que nous dans l’Espace, dans la même direction, est perçu comme reculant dans l’Espace. Par analogie avec l’Espace, un corps qui avance « moins vite » que nous dans le Temps, peut être perçu comme reculant, c’est-à-dire comme remontant le Temps, avec un Temps qui a alors implicitement deux sens. Un Temps à deux sens ! Cela peut surprendre, tellement nous sommes habitués, dans notre vie, à avancer dans une seule direction temporelle, à ne pouvoir revivre nos instants, même les plus délicieux. Toutefois, il faut savoir qu’en physique, la plupart des lois sont réversibles dans le Temps. D’ailleurs, certains physiciens comme R. Feynman ont exploré cette caractéristique temporelle. Voyons alors, de plus près, quelques idées de R. Feynman. I.3 Les délires de R. Feynman : une antimatière qui remonte le Temps Dans les années 1950, on doit au physicien R. Feynman, inspiré par son ancien professeur J. A. Wheeler, l’idée géniale suivante : le positron (ou l’antiélectron) s’apparente tout simplement à un électron remontant le Temps. R. Feynman associe le suffixe anti et la propriété de remonter le Temps. Dans son discours de réception du prix Nobel de physique en 1965, R. Feynman raconte la genèse de l’idée d’un l’électron remontant le Temps, particule identique à l’antiparticule positron. Rapportons ici l’anecdote, particulièrement croustillante. Un matin, son collègue et ancien professeur J. A. Wheeler, tout excité, appelle R. Feynman par téléphone, il lui annonce une hypothèse audacieuse, permettant de résoudre l’existence d’une même charge et d’une même masse partagées par tous les électrons. R. Feynman l’écoute intrigué. Pour J. A. Wheeler, c’est l’évidence, il s’agit de la même particule effectuant des allers retours dans le Temps, autant de fois qu’il existe d’électrons dans l’Univers. Lorsque cette particule avance par exemple vers le futur, elle génère tous les électrons de l’Univers, lorsqu’elle avance vers le passé, elle génère tous les positrons. A un instant t quelconque, il est possible de trouver Le Délire humain 7 une multitude d’électrons et de positrons, en fait la même particule oscillant dans le Temps. _Mais, Monsieur, s’exclame R. Feynman, il n’y a pas autant de positrons que d’électrons ! _Oh ! Mais peut-être sont-ils cachés dans les protons ou quelque chose de ce genre, lui rétorque J. A. Wheeler. uploads/Philosophie/ le-delire-humain.pdf

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