Actualité de la mythocritique hommage à Gilbert Durand Numéro de la revue inter
Actualité de la mythocritique hommage à Gilbert Durand Numéro de la revue internationale francophone de sciences sociales Esprit Critique réalisé en partenariat avec l’Association des Amis de Gilbert Durand. Sous la direction de Fatima Gutierrez et Georges Bertin. 1 Sommaire Editorial p. 4 Epistêmés p. 6 Mythocritique, Mythanalyse, Mythodologie, la théorie fondatrice de Gilbert Durand et ses parcours méthodologiques, Fátima Gutiérrez p 6 Gilbert Durand ou le Nouvel esprit anthropologique, Georges Bertin p.23 Petite histoire d’un étudiant des années 1960 en quête de mythanalyse, Hervé Fischer p. 37 Pour un nouvel esprit anthropologique. « Trajet anthropologique » et « structures d’accueil », Blanca Solares p. 43 Entre phantasia et realia. Le visage de l’anthropologie de l’Imaginaire, Constantin Mihai p.59 La mythodologie comme organisateur épistémique, Patrick Legros p .61 La Mythocritique est bien une mythanalyse. Une contribution à l’herméneutique du mythe, Jean-Pierre Sironneau Alberto Filipe Araújo p.71 Mythocritiques. Gilbert Durand : la féminité sous le signe de la dualitude Ionel Buse p. 92 Dynamiques sociales brésiliennes : le regard de Gilbert Durand, Danielle Perin Rocha Pitta p. 100 2 Les structures fondamentales de l’imaginaire dans L ’Épopée des Trois Royaumes de Luo Guan-zhong Contribution à la Mythocritique durandienne, Chao Ying Durand p. 113 Les Barbares à l’ombre de l’Europe, Serge Dufoulon et Gilles Rouet p. 128 L´Imaginaire du sacré aujourd’hui : mythes, rites et spectacularisation, Nizia Villaça p 146 Pédagogies. p. 156 Gilbert Durand, dans le souvenir et dans la pensée critique d’un professeur espagnol, Javier del Prado Biezma p. 156 De la pédagogie de l’imagination à la pédagogie imaginale, Paolo Mottana p. 163 Gilbert Durand (1921-2012) n’est plus, ses contributions à l’Education, Georges Bertin p. 172 Postface, Chao Ying Durand p. 176 Bibliographie sommaire de Gilbert Durand p.179 Notes de lecture p. 181 Lerbet Georges. L ’expérience du symbole Vierne Simone, Les mythes de la Franc maçonnerie Besnier Jean-Michel, Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Chawaf Chantal, Le corps et le verbe, la langue en sens inverse. Le serment d’Hermés de Gilbert Durand…p. 199 3 Editorial La disparition du Professeur Gilbert Durand, le 7 décembre 2012, a laissé un grand vide intellectuel pour tous ceux qui, se réclamant de sa pensée, avaient entrepris dans son sillage de mettre au jour des significations culturelles et sociétales bien souvent enfouies au coeur du construit social. Elle nous incite à revisiter une œuvre que nous considérons comme fondamentale pour l’époque que nous vivons. Son apport essentiel (au sens étymologique) aux sciences se préoccupant de littérature, de sociologie, d’anthropologie et de philosophie, provient du fait qu’il n’érigeait pas en domaines séparés ces diverses disciplines. Sa préoccupation était, de fait, celle d’une anthropologie fondamentale revisitant tous les aspects de la connaissance de l’homme en société. Il nous a ainsi légué une véritable mise sur la voie, une méthode – la « mythodologie » (mythocritique et mythanalyse) – dont nombre de travaux universitaires continuent à s’inspirer. Elle n’a jamais sans doute été aussi actuelle en ces temps qui constatent la défaite des pensées construites, quand une civilisation de l’image omniprésente tend à tuer la pensée symbolique, consacrant le triomphe d’un mythe du progrès mu par ce qu’il nommait les schèmes « héroïco ascensionnels » de l’imaginaire. De fait, le mythe, « objet irréel pourtant constitutif d'un désir fait de deux mystères » (Cassirer), relève du pensé et du vécu. Mieux, il interroge profondément les catégories de la Modernité. Ainsi, le fait d’y recourir comme catégorie princeps conduit à en proposer une critique radicale. Antinomique du réel dans le langage courant, il se donne à voir comme réel. On peut cependant se demander si sa réalité ne s'impose pas à la recherche. Ainsi a-t-on pu soutenir le paradoxe établissant le fait que toute pensée scientifique est d'abord une pensée mythique. Ceci interroge nos certitudes les mieux établies, entre l'ordre du sensible et celui de l'intelligible, quand, par exemple, la science s'applique à réintégrer le domaine du sensible en retrouvant l'origine des croyances et rites populaires. Loin d'un rationalisme nous imposant le morcellement des phénomènes sociaux et culturels alors que tous les domaines qui les concernent sont liés, chaque expérience de la vie collective peut, 4 dès lors, être lue comme ce que Mauss appelait « un fait social total ». C'est justement l'atout majeur de la pensée symbolique-mythique que de pouvoir, dans l'ordre du spéculatif, combiner les éléments qu'elle accumule en leur donnant une suite significative. « Croire aux Images est le secret du dynamisme psychologique » écrivait Gaston Bachelard. En effet, comme ce qui importe dans le mythe c'est la forme et non le contenu, sa capacité de s'appliquer à n'importe quel objet, il apparaît bien comme un fait transversal en nous parlant simultanément à plusieurs niveaux : il est quête de l'immortalité, nous enseigne l'origine des choses, il est vécu dans un calendrier précis, profondément inscrit dans une temporalité matérialisée par la fête, il est éminemment social, instituant l'individu comme membre du groupe et le groupe dans les traditions qui sont communes à ses membres, il s'oppose en cela à l'individualisme, il réincarne l'Âme au centre d'un Monde où il se reconnaît alors que l'épistémé moderne est régie par la séparation du sujet et de l'objet, l'homme n'y étant plus qu'un point quelconque de l'univers. La résurgence moderne des images, des surréalistes aux psychanalystes via le Nouvel Esprit Scientifique, nous questionne sur la capacité, qui se manifeste particulièrement dans les mythes, à dresser une espérance contre le monde objectif de la mort. Dans ce sens, nous observons, en ce début du 21e siècle, d’une manière parfois exacerbée, « un retour du mythe et la restauration du mythique comme procédure de connaissance». D’où l’usage, que nous voudrions généralisé, de la mythocritique en sciences humaines et sociales, en littérature, etc. Car « la mythocritique, écrivait Gilbert Durand, s’interroge en dernière analyse sur le mythe primordial tout imprégné d’héritages culturels. Elle vient intégrer les obsessions et le mythe personnel lui-même. Elle ouvre la voie à une réconciliation entre « le moi, et ses affaires personnelles, le çà et ses distorsions de la bête, et le surmoi socio culturel ». Nouvelle critique, elle devient mise en évidence, actualisation, du « langage sacré, restaurateur et instaurateur de la réalité primordiale constitutive du mythe 5 spécifique ». Ce numéro de la revue Esprit Critique est destiné à proposer, de ce fait un inventaire, des courants et des pratiques issus de l’apport de Gilbert Durand et une réflexion critique. Il s’est fixé le but de poursuivre cette tâche assignée à ses disciples et s’est efforcé de mettre en évidence ce en quoi nos méthodologies de la recherche, nos pédagogies, peuvent aujourd’hui faire surgir sur les territoires de la recherche et de l’enseignement (œuvres, enquêtes de terrain, mouvements sociaux, création artistique, modes, utopies sociales) comme les conflits synchroniques entre les représentations de la défiguration de l’homme et les images de la figure traditionnelle de l’homme. Il s’organise donc en trois grandes parties : Epistémés, Mythocritiques et Pédagogies auxquelles nous avons joint plusieurs comptes rendus de lecture. Nous tenons à remercier vivement tous les contributeurs de ce numéro et en particulier Madame Chao Ying Durand pour l’accueil qu’elle a réservé à ce projet et pour son soutien. Fatima Gutierrez et Georges Bertin. 6 Epistêmés. MYTHOCRITIQUE, MYTHANALYSE, MYTHODOLOGIE La théorie fondatrice de Gilbert Durand et ses parcours méthodologiques Fátima Gutiérrez Universidad Autónoma de Barcelona, GREF Résumé : D’un point de vue tant théorique (origines et méthodologie) que pratique (Lautréamont et le Décadentisme), ces réflexions veulent situer et la méthode d’analyse littéraire et l’école critique créées par Gilbert Durand dans l’espace épistémologique qui est le leur, bien loin d’un comparatisme qui, paradoxalement, en se servant de son nom, celui de mythocritique, semble vouloir nier son essence même. Mots clefs : Gilbert Durand. Mythocritique, Mythanalyse. Nouvelle Critique. Lautréamont. Décadentisme. Cette réflexion se fait d’autant plus nécessaire lorsque, depuis un certain temps, nous observons l’emploi, a notre avis abusif et inexact, du terme mythocritique. Emploi qui a très peu ou, dans certains cas, n’a rien à voir avec le concept établi par Gilbert Durand et cultivé par son école. C’est ainsi que l’on trouve même des revues universitaires, sans doute excellentes (celle de la Complutense de Madrid en est un cas) mais où se confond dès le titre (Amaltea. Revista de Mitocrítica) le sens que son créateur donna au terme, car il s’agit d’une revue de Littérature Comparée où l’on parle de mythes. Or, la prestigieuse et traditionnelle Littérature Comparée et la Mythocritique sont deux courants herméneutiques bien différents qui se servent de méthodes différentes aussi, comme nous tâcherons de le démontrer au cours de ce travail en hommage à Gilbert 7 Durand. La date de naissance de la confusion terminologique et méthodologique dont nous parlons remonte, sans doute, à 1992, avec la publication de l’essai de Pierre Brunel : Mythocritique. Théorie et parcours (PUF). Déjà dans la quatrième du livre nous pouvons lire : La mythocritique n’a jamais constitué une école critique. Il s’agit plutôt d’une tendance diffuse uploads/Philosophie/ actualite-de-la-mythocritique.pdf
Documents similaires
-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 16, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.5354MB