le Yoga de l’amour divin BHAKTI YOGA 1 L’Amour et la triple voie La volonté, la
le Yoga de l’amour divin BHAKTI YOGA 1 L’Amour et la triple voie La volonté, la connaissance et l’amour sont les trois pouvoirs divins dans la nature humaine et dans la vie humaine ; ils indiquent donc les trois voies par lesquelles l’âme p eut s’élever jusqu’au Divin. L’intégralité des trois pouvoirs, l’union de l’homme et de Dieu en chacun des trois doit être, par conséquent, nous l’avons vu, le fondement d’un yoga intégral. L’action est le premier pouvoir de la vie. La Nature com- mence par la force et par les œuvres de la force qui, dès qu’elle est consciente en l’homme, devient la volonté et les réalisations de la volonté ; c’est donc en tournant son action vers Dieu que la vie de l’homme s’apprête le plus sûrement et le mieux à devenir divine. C’est la première porte d’accès, le point de départ de l’initiation. Quand la volonté en l’homme devient une avec la volonté divine et quand toute l’action de l’être procède du Divin et s’oriente vers le Divin, l’union dans les œuvres est parfaitement accomplie. Mais les œuvres touchent à leur plénitude dans la connaissance ; la totalité des œuvres, dit la Gîtâ, atteint son plein apogée dans la connaissance, sarvam karmâkhilam jñâne parisamâpyate. Par l’union dans la volonté et dans les œuvres, nous devenons un en l’Être conscient omniprésent dont notre volonté et nos œuvres sont issues et tirent leur pouvoir, et en qui elles accomplissent le cycle de leurs énergies. Et le couronnement de cette union est l’amour ; car l’amour est la félicité de l’union consciente avec l’Être en lequel nous vivons, agissons et nous mouvons, par lequel nous existons et pour lequel seul, finalement, nous apprenons à agir et à être. Telle est la trinité de nos pouvoirs, la triple union en Dieu à laquelle nous parvenons quand nous faisons des œuvres notre point de départ, notre voie d’accès et notre moyen de contact. La connaissance est le fondement d’une vie constante en le Divin. Car la conscience est le fondement de toute vie et de tout être ; or, la connaissance est l’action de la conscience, la lumière par laquelle elle se connaît elle-même et ses réalités, le pouvoir par lequel, partant de l’action, nous sommes capables de saisir les résultats intérieurs de notre pensée et de nos actes dans une soli de croissance de notre être conscient, jusqu’à ce que, par l’union, nous arrivions à l’accomplissement de notre être en l’infinitude de l’être divin. Le Divin vient à notre rencontre sous bien des aspects, et, de chacun de ces aspects, la connaissance est la clef, si bien que, par la connaissance, nous entrons en l’Infini et possédons le Divin en toutes ses manières d’être, sarvabhâvena1, de même que nous le recevons en nous et sommes possédés par lui dans toutes nos manières d’être. Sans la connaissance, nous vivons en lui aveuglément avec tout l’aveuglement du pouvoir de la Nature absorbée dans ses œuvres, oublieuse de sa source et de son possesseur, et, par consé - quent, nous ne vivons pas divinement, nous sommes privés de la pleine et vraie félicité de notre être. Par la connaissance, nous par- venons à l’unité consciente avec ce que nous connaissons, car c’est seulement par identité que l’on trouve une connaissance complète et réelle, et la division est guérie, la cause de toutes nos limitations, toutes nos discordes, toutes nos faiblesses et de notre méconten - tement est abolie. Mais la connaissance n’est pas complète sans les œuvres ; car Dieu n’est pas seulement l’être pur ni l’existence silencieuse et consciente de soi, il est aussi la Volonté dans l’être ; et si les œuvres trouvent leur sommet dans la connaissance, la 1. Bhagavad- Gîtâ. connaissance aussi trouve son accomplissement dans les œuvres. Et ici, de même, l’amour est le couronnement de la connaissance ; car l’amour est la félicité de l’union; or, l’unité doit être cons- ciente de la joie de cette union pour découvrir toutes les richesses de sa propre félicité. En vérité, la connaissance parfaite conduit à l’amour parfait, et la connaissance intégrale à une richesse d ’amour infiniment variée et complète. « Celui qui me connaît en tant que suprême Purusha, dit la Gîtâ, non seulement en tant qu’unité im- muable, mais dans le mouvement divin aux âmes innombrables, et aussi comme celui qui est supérieur à l’un et à l’autre et en lequel l’un et l’autre sont contenus divinement, celui-là, parce qu’il a la connaissance intégrale, me cherche par amour en toutes ses manières d’être. » Telle est la trinité de nos pouvoirs et la triple union en Dieu à laquelle nous parvenons quand nous faisons de la connaissance notre point de départ. L’amour est le sommet de tout être et le chemin de son épanouissement ; c’est par lui que nous nous élevons à toutes les intensités, toutes les plénitudes et à l’extase de l’absolue découverte de soi ; car s’il est vrai que la nature même de l’Être soit la conscience et que, par la conscience, nous devenons un avec lui, et donc que, par la parfaite connaissance, nous trouvons notre accomplissement dans l’identité, il est vrai aussi que la nature même de la conscience est félicité, et que l’amour est la clef et le secret de la suprême félicité. Et si la volonté est le pouvoir par lequel l’être conscient s’accomplit, si, par l’union dans la volonté, nous devenons un avec l’Être en son pouvoir infini, cependant toutes les œuvres de ce pouvoir commencent par la félicité, vivent en la félicité, ont la félicité pour but et pour fin ; l’amour de l’Être en soi et dans la totalité de lui -même manifestée par le pouvoir de sa conscience, tel est le chemin de la parfaite vastitude de l’Ânanda. L’amour est le pouvoir et la passion de la félicité divine ; sans amour, nous pouvons goûter la paix extatique de l’infini, le silence absorbé de l’Ânanda, mais non l’absolue profondeur de sa richesse et de sa plénitude. L’amour nous fait passer de la souffrance de la division à la béatitude de l’union parfaite, sans pour autant perdre la joie de l’acte d’union : c’est la plus grande découverte que l’âme puisse faire, et toute la vie du cosmos en est une longue préparation. Ainsi, s’approcher de Dieu par l’amour, c’est se préparer à l’accomplissement spirituel le plus grand qui soit. L’accomplissement de l’amour n’exclut pas la connaissance ; au contraire, il apporte lui -même la connaissance ; et plus la connais- sance est complète, plus la possibilité d’amour devient riche. « Par la bhakti, dit le Seigneur dans la Gîtâ, l’homme me connaît dans toute mon étendue, toute ma grandeur et tel que je suis dans les principes de mon être, et, quand il me conna ît dans les principes de mon être, il entre en Moi. » L’amour sans la connaissance est quelque chose d’intense et de passionné, mais aveugle, peu raffiné, souvent dangereux ; c’est un grand pouvoir, mais aussi une pierre d’achoppement ; l’amour limité en sa connaissance se condamne à l’étroitesse en sa ferveur, et souvent même à cause de sa ferveur, tandis que l’amour qui conduit à la connaissance parfaite apporte l’union absolue et infinie. Or, cet amour-là n’est pas incompatible avec le travail divin ; au contraire, il s’y jette avec joie, car il aime Dieu et il est un avec Lui dans tout son être, et, par conséquent, dans tous les êtres ; travailler pour le monde est alors une façon de sentir et d’accomplir innombrablement son amour pour Dieu. Telle est l a trinité de nos pouvoirs, la triple union en Dieu à laquelle nous parvenons quand nous commençons notre voyage par la voie de la dévotion, avec l’amour pour Ange du Chemin ; alors nous découvrons en l’extase de la félicité divine de l’Amant -de- tous l’ac- complissement de notre être, sa demeure sûre, son lieu béatifique et le centre de son rayonnement universel. L’union de ces trois pouvoirs étant la base de notre perfection, le chercheur d’un accomplissement de soi intégral en le Divin doit rejeter, s’il en a, les incompréhensions et le dédain que les adeptes de ces trois voies ont souvent les uns pour les autres. Ceux qui ont le culte de la connaissance semblent souvent, sinon mépriser, du moins regarder la voie de la dévotion du haut de leur éminence vertigineuse, comme si c’était une voie inférieure, ignorante, bonne seulement pour les âmes qui ne sont pas encore prêtes à s’élancer vers les cimes de la Vérité. Il est vrai que la dévotion sans la connaissance est souvent fruste, aveugle et dangereuse, comme l’ont trop souvent prouvé les erreurs, les crimes et les folies des religions. Mais c’est parce que leur dévotion n’avait pas trouvé sa propre voie ni son principe véritable, et qu’elle n’était donc pas vraiment entrée sur la voie; elle la cherche à tâtons, maladroitement, sur l’un des nombreux sentiers détournés qui y conduisent. Et à ce stade, la connaissance uploads/Philosophie/ sri-aurobindo-synthese-des-yogas-bhakti-yoga.pdf
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- Publié le Sep 14, 2021
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