I . Freud et Lacan La philosophie comme arme de la révolution Comment lire “Le
I . Freud et Lacan La philosophie comme arme de la révolution Comment lire “Le Capital” Marxisme et lutte de classe Idéologie et appareils idéologiques d’Etat Soutenance d’Amiens Editions Sociales POSITIONS DU MÊME AUTEUR Montesquieu, la politique et l’histoire. P.U.F., 1959. Manifestes philosophiques de Feuerbach. P.U.F., 1960. Pour Marx. Collection « Théorie », Maspéro, 1965. Lire Le Capital. Collection « Théorie », Maspéro, 1965 (en collaboration). Lénine et la philosophie. Collection « Théorie », Mas péro, 1968. Presentation du Livre I du Capital. Garnier-Flamma rion, 1969. Réponse à John Lewis. Collection « Théorie », Mas péro, 1972. Philosophie et Philosophie spontanée des savants. Col lection « Théorie », Maspéro, 1973. Eléments d’autocritique. Collection « Analyse », Ha chette, 1973. Louis ALTHUSSER POSITIONS (1964-1975) FREUD ET LACAN. — LA PHILOSOPHIE COMME ARME DE LA REVOLUTION. — COMMENT LIRE « LE CAPITAL »? — MARXISME ET LUTTE DE CLASSE. — IDEOLOGIE ET APPAREILS IDEO LOGIQUES D’ETAT. — SOUTENANCE D’AMIENS. EDITIONS SOCIALES 146, rue du Faubourg-Poissonnière, 75010 Paris. Service de vente : 24, rue Racine, 75006 Paris. « La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de i article 41, dune part, que les « copies ou reproductions stricte- ment reservees à l’usage privé du copiste et non destinées à une umisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’ illustration, « toute représen tation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement ‘,auteur °>| de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinea 1er d e ^ l’article 40). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. » Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays. © 1976 Editions sociales, Paris. ISBN 2 209 05196-7/2336-4-76-2500 Note. On trouvera dans ce petit livre le recueil de quelques articles devenus, pour la plupart, difficilement acces sibles. Comme ils couvrent une période qui va de 1964 à 1975, on comprendra que j’aie tenu à les dater : non seulement pour rappeler le temps, c’est-à-dire les cir constances de leur parution (la psychanalyse, par exem ple, n’était pas en odeur de sainteté parmi les commu nistes, quand je publiai, en 1964, « Freud et Lacan »); mais aussi pour signifier que certaines propositions, qu’on pourra relever dans les premiers textes, datent. Je m’en suis expliqué, pour le principe, dans Eléments d’autocritique (Hachette, 1973). Les articles que voici sont présentés dans leur ordre de parution, sans modification ni correction. Novembre 1975. L. A. v S*> «!r / * —> K jü & *- " Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Kahle/Austin Foundation https://archive.org/details/positions19641970000alth FREUD ET LACAN' Note liminaire Disons-le sans détour : qui veut aujourd’hui tout sim plement comprendre la découverte révolutionnaire de Freud, non seulement reconnaître son existence, mais aussi connaître son sens, doit traverser, au prix de grands efforts critiques et théoriques, l’immense espace de préjugés idéologiques qui nous sépare de Freud. Car non seulement la découverte de Freud a été, comme on va le voir, réduite à des disciplines qui lui sont, en leur essence, étrangères {biologie, psychologie, sociologie, philosophie); non seulement de nombreux psychana lystes (notamment dans l’école américaine) se sont faits les complices de ce révisionnisme; mais, qui plus est, ce révisionnisme a lui-même objectivement servi la prodi gieuse exploitation idéologique dont la psychanalyse a été l’objet et la victime. Ce n’est pas sans raison que naguère {en 1948) des marxistes français dénoncèrent dans cette exploitation une « idéologie réactionnaire », servant d’argument dans la lutte idéologique contre le marxisme, et de moyen pratique d’intimidation et de mystification des consciences. Mais on peut bien dire aujourd’hui que ces mêmes marxistes furent, à leur manière, directement ou indi rectement, les premières victimes de l’idéologie qu’ils dénonçaient : puisqu’ils la confondirent avec la décou verte révolutionnaire de Freud, acceptant ainsi dans le fait les positions de l’adversaire, subissant ses propres conditions, et reconnaissant dans l’image qu’il leur imposait la prétendue réalité de la psychanalyse. Toute l’histoire passée des rapports entre le marxisme et la 1. La Nouvelle Critique, n° 161-162, déc.-janv. 1964-1965. 10 Positions psychanalyse repose, pour l’essentiel, sur cette confu sion et cette imposture. Qu’il fût particulièrement malaisé d’y échapper, nous le comprenons d’abord par la fonction de cette idéolo gie : les idées « dominantes » ayant, en l’espèce, joué à la perfection leur rôle de « domination », s’imposant à leur insu aux esprits mêmes qui voulaient les combat tre. Mais nous le comprenons aussi par l’existence du révisionnisme psychanalytique qui rendit possible cette exploitation : la chute dans l’idéologie commença en effet par la chute de la psychanalyse dans le biologisme, le psychologisme et le sociologisme. Que ce révisionnisme ait pu s’autoriser de l’équivoque de certains concepts de Freud, qui fut contraint, comme tout inventeur, de penser sa découverte dans des concepts théoriques existants, donc constitués à d’autres fins, nous pouvons aussi le comprendre (Marx ne fut-il pas lui aussi contraint de penser sa découverte dans cer tains concepts hégéliens ?). Il n’est rien en cela qui puisse surprendre un esprit un peu averti de l’histoire des sciences nouvelles, — et soucieux de cerner l’irré ductible d’une découverte et de son objet dans les concepts qui ïexprimèrent à sa naissance, et qui, rendus inactuels par le progrès des connaissances, peuvent ulté rieurement la masquer. Faire retour à Freud impose donc aujourd’hui : 1° Non seulement qu’on récuse comme une grossière mystification la couche idéologique de son exploita tion réactionnaire. 2° Mais encore qu’on évite de tomber dans les équi voques, plus subtiles, et soutenues par les prestiges de quelques disciplines plus ou moins scientifiques, du révi sionnisme psychanalytique, 3° Et qu’on se consacre enfin à un travail sérieux de critique historico-théorique pour identifier et définir, dans les concepts que Freud dut employer, le véritable rapport épistémologique existant entre ces concepts et le contenu qu’ils pensaient. Freud et Lacan 11 Sans ce triple travail de critique idéologique (1°, 2°) et d élucidation épistémologique (3°), pratiquement inauguré en France par Lacan, la découverte de Freud restera, en sa spécificité, hors de notre portée. Et, ce qui est autrement grave, nous prendrons pour Freud jus tement ce qu’on a mis à notre portée, que nous voulions le refuser (l’exploitation idéologique réactionnaire), ou que, plus ou moins inconsidérément, nous y souscrivions (les différentes formes du révisionnisme bio-psycho- sociologique). Dans les deux cas nous demeurerions pri sonniers, à des niveaux différents, des catégories expli cites ou implicites de l’exploitation idéologique et du révisionnisme théorique. Les marxistes, qui savent d’ex périence quelles déformations furent imposées par ses adversaires à la pensée de Marx, peuvent comprendre que Freud ait pu subir à sa manière le même destin, et quelle est l’importance théorique d’un authentique « retour à Freud ». Ils voudront bien admettre qu’un aussi bref article, qui se propose d’aborder un problème de cette impor tance, s’il ne veut pas le trahir, doive se borner à l’es sentiel : situer l’objet de la psychanalyse, pour en donner une première définition, dans les concepts qui permet tent la localisation, préalable indispensable à l’élucida tion de cet objet. Ils voudront bien admettre en consé quence qu’on fasse intervenir ces concepts autant qu’il se peut dans leur forme rigoureuse, comme le fait toute discipline scientifique, sans les affadir en un commen taire de vulgarisation trop approximative, ni sans entre prendre de les développer vraiment en une analyse qui exigerait un tout autre espace. L’étude sérieuse de Freud et de Lacan, que chacun peut entreprendre, donnera seule la mesure exacte de ces concepts, et permettra de définir les problèmes en suspens dans une réflexion théorique déjà riche de résultats et de promesses. L .A . 12 Positions Des amis m’ont, à bon droit, fait le reproche d’avoir parlé de Lacan en trois lignes 2 : d’avoir trop parlé de lui pour ce que j’en disais, et trop peu parlé de lui pour ce que j’en concluais. Ils me demandent quelques mots pour justifier et mon allusion, et son objet. Les voici, — quelques mots, où il faudrait un livre. Dans l’histoire de la Raison Occidentale, les nais sances font l’objet de tous les soins, prévision, précau tions, préventions, etc. Le Prénatal est institutionnel. Quand une jeune science naît, le cercle de famille est toujours déjà prêt pour l’étonnement, la jubilation et le baptême. Depuis longtemps, tout enfant, même trouvé, est réputé fils d’un père, et quand c’est un enfant pro dige, les pères se battraient au guichet n’était la mère, et le respect qu’on lui doit. Dans notre monde plein, place est prévue pour la naissance, place est même prévue pour la prévision de la naissance : « prospective ». A ma connaissance, dans le cours du xixe siècle, deux ou trois enfants naquirent, qu’on n’attendait pas : Marx, Nietzsche, Freud. Enfants « naturels », au sens où la nature offense les mœurs, le bon droit, uploads/Philosophie/ althusser-positions-1964-1975.pdf
Documents similaires
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 22, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 9.3858MB