Selon Philippe Meirieu, « tout renvoi systématique du travail scolaire à la mai

Selon Philippe Meirieu, « tout renvoi systématique du travail scolaire à la maison est, en réalité, un renvoi aux inégalités” (Les devoirs à la maison). On peut définir le terme « inégalités » comme ceci : « quand une personne ou un groupe détient des ressources, exerce des pratiques ou a accès à des biens et services socialement hiérarchisés et qu’une partie des autres ne détient pas. » (Observatoire des inégalités). https://www.inegalites.fr/Qu-est-ce-qu-une- inegalite#:~:text=%C3%80%20l'Observatoire%20des%20in%C3%A9galit%C3%A9s,des%20autres%20n e%20d%C3%A9tient%20pas%20%C2%BB. Ainsi, si l’on s’en tient à ce que nous dit Philippe Meirieu, donner des devoirs met l’accent sur les inégalités entre les élèves. En effet, en 2006, l’Académie du Nord de la France a publié un document intitulé « Devoirs à la maison : 50 ans de travail au noir. » Dans ce document, on retrouve sept arguments contre les devoirs à la maison et si l’on se penche sur l’argument dit « démocratique », on retrouve l’idée énoncée par Meirieu. L’INRP a publié en 1985 un rapport de recherches mené par E. Tedesco, D. Manesse et S. Vari dans lequel les chercheurs ont démontré que le travail scolaire constitue un « facteur de sélection sociale. » Les parents ne peuvent pas tous apporter l’aide nécessaire à leurs enfants lors des devoirs à la maison. Les parents « instruits » apportent ainsi une plus grande aide à leurs enfants que les parents dits « défavorisés ». Mais les inégalités ne s’arrêtent pas là. Certains enfants doivent travailler sur la table de la cuisine, dans des conditions qui ne sont alors pas optimales (lieu de vie de la famille donc bruyant et environnement peu propice au travail) alors que d’autres enfants ont la chance d’avoir un bureau dans leur chambre (endroit calme, personnel et propice au travail). De plus, tous les enfants n’ont pas accès aux mêmes ressources. Alors que certains disposent d’un ordinateur avec une connexion internet ou d’un dictionnaire, d’autres n’ont ni l’un ni l’autre. Tous ces facteurs qui varient d’une famille à une autre nous montrent bien que les devoirs renvoient aux inégalités et qu’ils peuvent les renforcer. En effet, si un élève issu d’une famille instruite et disposant de nombreuses ressources et qu’un autre élève issu d’une famille défavorisé, dont les parents ne parlent pas français ont un même devoir, ils ne le réaliseront pas avec les mêmes chances de réussite et avec la même facilité. Dans ce document publié par l’Académie du Nord, d’autres arguments contre les devoirs à la maison sont exposés notamment un argument « social ». Ici, il est expliqué que « La réalisation des devoirs diminue le temps de loisirs, le temps de repos, pèse sur les vacances, ce qui est particulièrement dommageable quand les devoirs sont mal choisis ou inefficaces. » Il est important pour les enfants qu’ils aient d’autres loisirs comme par exemple la pratique d’un sport, d’un instrument de musique ou l’implication dans une association ou un groupe (comme les scouts par exemple). S’ils ont des devoirs après chaque journée d’école (qui dure déjà environ 7h) cela devient compliqué pour eux d’avoir un loisir qui n’est pas scolaire. Or, cela est primordial pour le bon développement des enfants. De plus, les devoirs, qui sont secondaires pour les enseignants, sont pourtant prioritaires pour les parents. En effet, lorsqu’un élève est absent pour cause de maladie, les parents viennent chercher les devoirs qu’il doit faire à l’école mais ils ne se préoccupent pas, ou moins, des séquences manquées par leur enfant durant son absence. Les devoirs ont trop pris le pas sur ce qui est réellement important, à savoir, le temps passé à l’école et les apprentissages réalisés durant la journée. Un autre argument énoncé par ce document est un argument « psychologique ». A la maison, les parents font parfois usage de « chantage affectif » pour que leur enfant fasse ses devoirs, ou du moins, c’est de cette manière que c’est perçu par l’enfant dans certaines situations. L’enfant peut alors voir la situation ainsi : « je travaille donc je mérite l’amour de ma famille. » Cela biaise la réalité car même un enfant qui ne fait pas ses devoirs mérite l’amour de sa famille, autant que n’importe quel enfant. Le maître peut aussi utiliser ce type d’argument contre sa famille, pour se décharger lui- même de la responsabilité qu’il a en donnant les devoirs aux élèves. On entend souvent des enseignants utiliser l’argument suivant : « il ne fait pas ses devoirs parce qu’il n’est pas suivi à la maison. » Un argument « moral » est également avancé dans ce document. En effet, le Haut conseil de l’évaluation de l’école remarque que « le fait de donner des leçons et devoirs peut aussi être “guidé par des considérations d'image aux yeux des parents, voire des collègues. » Ce que l’on peut donc comprendre ici est que si un enseignant donne des devoirs à ses élèves, ce n’est pas toujours parce qu’il est convaincu que cela est positif mais c’est parfois pour éviter une pression de la part des autres acteurs de l’enseignement à savoir la direction, les collègues ou encore les parents. Les devoirs sont alors vus comme une sorte de « tradition ». On en donne car ça a toujours été comme ça mais on ne réfléchit pas forcément avant d’en donner. Donner des devoirs c’est « prendre l’image du bon enseignant ». Or, être un bon enseignent ne se résume pas à donner des devoirs ou non, loin de là. Le travail d’un enseignant est avant tout effectué en classe, c’est là la partie la plus importante et juger un enseignant sur le fait qu’il donne des devoirs ou non est quelque peu réducteur. Cela rejoint le dernier argument exposé dans le document, l’argument « pédagogique » dans lequel on peut lire que « La pratique des devoirs met davantage en avant des modèles naïfs de la réussite (l'effort, le travail), sans s'arrêter sur les conditions et les processus d'acquisition des connaissances. » Les devoirs qu’on donne peuvent être « mal centrés sur les notions importantes » et alors il peut y avoir une perte de sens de la part de l’élève. Pour en revenir aux inégalités évoquées précédemment, on constate aussi des familles dans lesquelles ce sont les parents qui font les devoirs à la place de leur enfant et alors quel est l’intérêt du devoir dans ce cas ? Un autre constat est celui que les parents expliquent différemment de l’enseignant et encore une fois, cela peut induire l’élève en erreur ou lui compliquer la tâche. Tous ces arguments énoncés dans ce document publié en 2006 rejoignent tous le même constat : les enfants font rarement leurs devoirs sans leurs parents et ce n’est pas le but lorsque l’enseignant donne des devoirs à la maison. Toujours dans ce document, l’Académie du Nord précise ce qui est attendu des parents par rapport à l’école. On peut donc lire : « on n’attend pas des parents qu’ils jouent au « professeur du soir », mais […] qu’ils montrent à l’enfant que l’école est importante de manière implicite, simple, en faisant réciter la leçon […], en dialoguant avec l’enfant. Ce qui est déterminant dans la contribution des parents, c'est bien le sens donné à l'école, la qualité des échanges avec l'enfant, plus que la quantité de travail. » Les chercheurs à l’origine de ce document insiste ici sur le fait que ce qui est important est que tout cela fasse sens et non de donner une grande quantité de travail à la maison. Pour que les parents maintiennent le lien avec l’école de leur enfant, il n’est pas nécessaire que celui-ci ait des devoirs. Ce qui est nécessaire, c’est que les parents soient à l’écoute de leur enfant, qu’ils dialoguent avec lui, lui posent des questions sur sa journée d’école, sur ce qu’il a appris. https://chicraote.cy-real.com/wp-content/uploads/sites/5/2015/07/devoirs-maison-dossier.pdf Dans Les devoirs à la maison de Philippe Meirieu (2005), l’auteur qui est un spécialiste en sciences de l’éducation et en pédagogie explique les désavantages des devoirs à la maison. Il commence par exposer l’argument suivant : les devoirs à la maison alourdissent « la charge des enfants et adolescents au détriment d’autres occupations comme le sommeil, le sport ou les activités culturelles » Le sommeil est un élément primordial au bon développement des enfants et parfois les élèves privilégient leurs devoirs au temps de sommeil qui joue lui aussi un rôle sur les apprentissages. Si les élèves ne dorment pas suffisamment, la mémorisation aura plus de mal à se faire. De plus, le sport est également quelque chose d’essentiel au bon développement tout comme la pratique d’activités culturelles comme lire, visiter des musées, etc. Un deuxième argument exposé par Philippe Meirieu est que les devoirs accroissent « les inégalités scolaires, en faisant effectuer le travail dans des contextes matériels, sociologiques et psychologiques très hétérogènes. » On retrouve cet argument dans « Devoirs à la maison : 50 ans de travail au noir. » Le dernier argument avancé par l’auteur est que les devoirs à la uploads/Philosophie/ analyse-reflexive-devoirs.pdf

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