- – Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2014-2015 ANALYSER UN SUJET DE DISSE

- – Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2014-2015 ANALYSER UN SUJET DE DISSERTATION – IDENTIFIER LE PROBLEME POSE PAR LE SUJET « Faut-il avoir peur du progrès technique ? » I) Définitions générales : problématique, problème, problématisation Comprendre un sujet de dissertation, c'est mettre au jour son caractère paradoxal, c'est identifier le ou les problèmes qu'il pose, c'est le problématiser. Tout sujet de dissertation est donc, par définition, paradoxal, en ce sens qu'il invite à questionner un préjugé. Ne pas confondre la question posée par le sujet (avec un pont d'interrogation) et le problème qui lui est sous-jacent (qui ne s'énonce pas nécessairement sous la forme d'une question). Une question (par exemple, « quelle heure est-il ? ») appelle généralement une réponse. Un problème, lui, appelle une discussion, parce que la réponse ne va pas de soi. On entend par problème l'obstacle placé sur le chemin de la réflexion qui en empêche l'avancée et dont la solution est toujours incertaine. Le problème est ce qui produit l’étonnement. Poser un problème, c’est expliquer pourquoi une question se pose, et doit se poser, non à tel ou tel individu, mais pour tout esprit raisonnable. Il y a problème quand deux notions sont associées ou dissociées, association ou dissociation qui n’ont rien d’évident au premier abord et qui semblent donc étranges. Exemple 1 : « Peut-on avoir peur d’être libre ? » Le problème posé par ce sujet est celui de l’association de la peur et de la liberté. Exemple 2 : « Le droit est-il toujours juste ? » Le problème posé est celui de la dissociation du droit et de la justice. Exemple 3 : « Tous les hommes ont-ils droit au respect ? » Le problème posé est celui de la dissociation entre le droit au respect et tous les hommes. D'un côté, en tant qu'ils sont hommes justement, tous les hommes ont droit au respect. D'un autre côté, ne doit-on pas soutenir que certains hommes ont perdu ce droit en raison de ce qu'ils ont fait ? Ou bien tous les hommes sans aucune exception ont droit au respect, ou bien certains ont perdu ce droit, donc tous n'y ont pas droit » (ces deux idées ne peuvent pas être soutenues conjointement). On appelle problématique la manière dont va être traité le problème posé, la recherche d'une solution à ce problème. Comment faire pour résoudre le problème ? Par quelles étapes va-t-il falloir passer pour l’examiner, puis le résoudre ? La problématique d’un sujet, c’est donc l’ensemble des problèmes, des obstacles que l’on aura à résoudre. En dégageant la problématique, on annonce ainsi indirectement son plan. 1 - – II) Comment construire une problématique à partir d’un exemple de sujet de dissertation La problématique résulte de l’analyse du sujet (cf. travail de préparation), ici « Faut-il avoir peur du progrès technique ? » 1) Analyser le sujet et préciser le sens de la question La première étape face à la question posée, préalable à toutes les autres, est l’analyse de la signification des termes du sujet (tous les termes). Une dissertation est l’analyse précise, rigoureuse, du libellé du sujet. Analyser signifie décomposer, aller d’une totalité vers les éléments de cette totalité. Analyser le sujet signifie le décomposer en ses différents éléments. Il convient de déterminer les différentes significations valant pour chacun des termes du sujet, y compris les « petits mots » du sujet, les verbes, etc. L’idée est de montrer qu’on peut entendre la question en divers sens. a) Définir les termes du sujet Définir, c’est délimiter, circonscrire une notion (cf. fiche de méthode sur la définition). De quoi parle-t-on au juste ? Telle est la question qu’il convient de se poser pour commencer. L’expression essentielle sur laquelle il va falloir travailler est celle d’un devoir de peur à l’endroit du progrès technique. Il ne va donc pas s’agir de parler du progrès technique en général mais de la technophobie en particulier. -Faut-il : est-il nécessaire, convient-il, doit-on… Le verbe falloir indique que la peur du progrès technique renverrait à une nécessité, à un besoin, voire à une exigence morale. Etre attentif au verbe utilisé dans l’intitulé du sujet; lors du travail de préparation, tous les termes du sujet doivent être mis à plat et définis précisément. C’est justement ce travail d’analyse des termes du sujet qui fait défaut dans les copies. -Avoir peur : s’alarmer, s’effrayer, s’inquiéter, redouter. La peur est un phénomène psychologique à caractère affectif, marqué par la conscience d’un danger, d’un mal, d’une menace réels ou imaginés. -Progrès technique : l’expression « le progrès technique » renvoie à l’amélioration, au développement positif de l’ensemble des procédés par lesquels on applique des connaissances scientifiques pour obtenir un résultat déterminé. Amélioration continue de nos outils et savoir-faire. La signification du sujet est la suivante : est-il nécessaire et légitime de redouter l’amélioration continue de nos instruments et savoir-faire ? b) Rechercher les distinctions centrales Distinguer deux termes signifie mettre en évidence ce qui les sépare, les différencie, voire les oppose. Pour ce faire, on peut s’aider de la liste des repères du programme (exemple : obligation/contrainte). 2 - – Ici, les deux termes opposés sont : « peur » et « progrès technique ». Comment le progrès technique pourrait-il inspirer de la peur, alors que dans « progrès technique », il y a le mot « progrès », c’est-à-dire le passage graduel du moins bien vers le mieux, selon une transformation positive, la transformation graduelle dans le sens d'un mieux. c) Identifier le présupposé contenu dans la question Un présupposé (ce qui est « supposé avant ») est une affirmation implicitement contenue dans la question, affirmation que l’on considère comme acquise et qui devra être identifiée, discutée, dépassée. Le sujet présuppose que le progrès technique est bel et bien l’objet d’une inquiétude et qu’il existe donc une véritable technophobie ; il conviendra d’explorer les formes que revêt cette technophobie ambiante, ainsi que les causes. d) Identifier ce que le sens commun répondrait à la question Il s’agit ici, après avoir identifié le présupposé du sujet, de se demander quelle serait la réponse immédiate à la question posée. Qu’aurait-on tendance à répondre à cette question (« Faut-il avoir peur du progrès technique ? ») ? Quelle serait la réponse a priori évidente ? Le sens commun hésite entre une attitude « technophobe » et « technophile », entre la peur et la fascination aveugle : d’un côté, on fait une confiance aveugle dans le progrès technique et attend qu’il résolve tous nos problèmes ; d’un autre côté, on accuse le progrès technique de tous les maux. L'idée de progrès par la technique verse dans celle de la technique cause de tous nos maux e) Imaginer une situation dans laquelle on serait amené à se poser la question Il peut être utile de chercher une situation dans laquelle il serait possible de se poser cette question. Dans quel cas peut-on être amené à se poser cette question ? Les catastrophes nucléaires de Fukushima (le 11 mars 2011 au Japon, à la suite du séisme et du tsunami de la côte Pacifique du Tōhoku) et de Tchernobyl (26 avril 1986). Les constats que chacun peut faire fournissent une première explication au sentiment général d'inquiétude que les technologies cristallisent, notamment celles qui n'ont pas été testées sur une longue période : les organismes génétiquement modifiés, les téléphones portables, les nanotechnologies, etc. Que ce soient le nucléaire, les manipulations génétiques ou encore les risques écologiques, chacun voit bien que la puissance que l'homme acquiert sur la nature et sur lui-même fait peser sur l'humanité une double menace : celle d'une mise en cause des équilibres biologiques; celle d'une altération eugénique des fondements biologiques de l'humanité. L'homme, dont le comportement est désormais contrôlable par le moyen d'agents chimiques, est lui-même passé au rang d'objet de la technique. Ainsi, ce n'est pas le progrès technique en tant que tel qui inquiète (une machine à laver vaut somme toute mieux qu'un lavoir, un vaccin mieux qu'un grigri !), mais la démesure, l'ampleur, l'accélération, les effets pervers des mutations technologiques depuis 1945. 3 - – 6 Le problème et la problématique a) Identifier le paradoxe contenu dans le sujet Un paradoxe (du grec para, « contre », et doxa, « opinion commune ») est une affirmation contraire à l’opinion commune, une affirmation qui semble étrange parce qu’elle déroge à ce que nous avons l’habitude de penser. Pour identifier le paradoxe contenu dans le sujet, il faut au préalable avoir identifié ce que le sens commun répondrait à la question, puisque le paradoxe s’oppose à l’opinion commune. Ce qui est paradoxal dans le sujet, c’est de faire de la peur du progrès technique un impératif éthique (« faut-il avoir peur… »). N'est-il pas étonnant de faire d'une émotion ressentie face à un danger, réel ou imaginé, l'objet d'une exigence éthique ? Le verbe «falloir» de l'intitulé du sujet suggère, en effet, que la «technophobie» est une crainte motivée susceptible de provoquer une réaction salutaire d'autolimitation. Or uploads/Philosophie/ apprendre-a-problematiser-faut-il-avoir-peur-du-progres-technique-correction.pdf

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