ARGUMENTER EN PHILOSOPHIE - DÉVELOPPER SES IDÉES Cette fiche vous donne un aper

ARGUMENTER EN PHILOSOPHIE - DÉVELOPPER SES IDÉES Cette fiche vous donne un aperçu complet sur la question de l’argumentation, ce pourquoi elle vous donne très peu d’exemples concrets : un ensemble d’exercices vous permettra de comprendre et de vous approprier les différents points abordés ici. L’argumentation est un des moyens essentiels de la réflexion philosophique : c’est grâce à elle que, dans bien des cas, vous arriverez à développer vos idées. Argumenter consiste d’abord à discuter d’une thése pour établir sa signification, sa portée, ses limites, et déterminer si on doit la tenir pour vraie. Le but de l’argumentation est donc de prendre une position justifiée sur la valeur d’une affirmation dont, au départ, on ne sait pas si elle est juste ou non. L’argumentation implique ensuite la construction d’un raisonnement logique : toutes les raisons ne sont pas bonnes, et de bonnes raisons peuvent perdre tout impact au sein d’un discours décousu, incohérent, ou confus. Enfin, l’argumentation suppose une certaine neutralité : chaque fois que vous examinez une thèse, qu’elle vous paraisse au départ fondée ou pas, que ce soit ou non « votre » idée, vous devez essayer de la comprendre, de la défendre, et aussi d’envisager ses limites, bref, de l’interroger, pour vous prononcer sur sa vérité ou sur sa fausseté en fin de compte. A. POSEZ-VOUS LES TROIS QUESTIONS ESSENTIELLES Il s’agit moins ici d’une étape que de trois objectifs qui vous guideront tout au long de votre travail et vous permettront d’interroger vos propres idées : 1. « Que veux-tu dire ? » : vous explicitez votre pensée. 2. « Qu’est-ce qui te permet d’affirmer cela ? » : vous justifiez votre pensée. 3. « Si je te dis “ Oui, mais… ”, que réponds-tu » : vous formulez une objection et vous cherchez à y répondre. B. IDENTIFIER CLAIREMENT LE SENS DE LA THÈSE QUE VOUS VOULEZ EXAMINER 1. Formulez cette thèse en une phrase, la plus simple possible, dont vous pourrez expliciter les termes essentiels. 2. Précisez l’idée dont vous allez discuter : distinguez-la des thèses qui pourraient lui être opposées, ou qui, au contraire, pourraient s’en rapprocher, sans se confondre avec elle. 3. Évaluez la nature et l’intérêt de cette thèse : s’agit-il d’une évidence commune, que l’on aurait naturellement tendance à accepter, sans l’avoir examinée en détail ? S’agit-il au contraire d’une opinion polémique, peu défendable a priori, mais dont l’analyse peut s’avérer intéressante pour comprendre le problème ? S’agit-il d’une idée paradoxale, dont l’explication, par sa nécessaire complexité, amènera à dépasser des représentations spontanées ? C. RECHERCHER DES IDÉES ET DES ARGUMENTS Il y a plusieurs moyens de développer une idée. En voici la liste à peu près complète : 1. Déterminer le sens d’une notion. En philosophie, il n’existe pas de définition toute faite (type définition du dictionnaire). Seule une analyse logique vous permet de dégager le sens d’une notion, en construisant celui-ci. Interroger les notions qu’elles comprennent vous permettra d’expliciter vos idées. Vous en tirerez bien souvent des principes indispensables à votre argumentation. Demandez- vous : Il n’y a aucune raison de débattre d’une thèse si elle va de soi ; son examen ne pourrait rien apporter d’intéressant. Chercher les objections que l’on pourrait vous faire, lorsque vous défendez une idée, est un des meilleurs moyens de problématiser votre réflexion et de la développer. Une thèse est faite pour être débattue : cela suppose que vous n’acceptiez a priori aucune thèse comme évidente, ni que vous rejetiez trop vite des idées qui vous paraissent absurdes au premier abord. - quels sont les différents sens de cette notion ? (faites le tri !) - quelles autres notions sont indispensables à sa compréhension ? - à quelles autres notions elle s’oppose ? - quels sont ses caractères essentiels ? comment sont-ils reliés entre eux ? - en quoi permet-elle de comprendre, de justifier ou au contraire de discuter l’idée que vous examinez ? 2. Analyser un domaine de la pensée ou de l’action humaine. Tous les sujets renvoient à des réalités sur lesquelles vous devez réfléchir. Vous devez identifier ces domaines (la connaissance scientifique, les croyances religieuses, les pratiques artistiques, la perception sensible, les échanges économiques….). Puis, vous devez faire apparaître la nature de ces réalités. Demandez-vous : - quels mécanismes généraux ordonnent ce phénomène ? - quelles raisons les hommes peuvent-ils avoir de se faire telle ou telle opinion sur une réalité donnée ? - quelles sont les motivations de nos actions dans ce domaine ? - quelles sont les fins (les buts) de nos actions dans ce domaine ? 3. Chercher des exemples problématiques. Un exemple est un cas particulier dont l’étude doit apporter un éclairage précis sur un problème général. Cet exemple peut être emprunté à l’actualité, à la vie courante, à l’histoire, à la littérature, aux arts, aux sciences, aux techniques, etc... Analysez ses mécanismes de façon à montrer que ce qu’il établit ne lui est pas particulier, mais touche à l’essence même du phénomène étudié. Demandez-vous : - si votre exemple correspond précisément au problème que vous êtes en train de traiter. - s’il n’est pas trop banal, si son analyse va vous permettre d’approfondir votre réflexion. - si vous le connaissez suffisamment pour en dégager quelque chose d’intéressant. - en quoi il est l’illustration du problème général que vous pouvez traiter à travers lui. - quelle conclusion vous allez en tirer pour comprendre, justifier ou contester la thèse en discussion. 4. Utiliser des références et des citations. Les textes des philosophes peuvent constituer une des sources essentielles de votre réflexion. Ils traitent, directement ou indirectement, les mêmes problèmes que ceux posés par vos sujets de dissertation. Très souvent, ils vous aideront à comprendre ces problèmes et vous fourniront de très forts arguments pour les résoudre. Cependant, ils ne peuvent pas remplacer votre propre réflexion : eux-mêmes devront faire l’objet d’une explication et d’une discussion (pas d’argument d’autorité en philosophie ! Une citation n’a pas de valeur si elle n’est pas expliquée). Demandez-vous : - si votre références se rapporte bien au problème que vous traitez, et sous quel angle exactement. - si vous donnez toutes les explications indispensables à sa compréhension. - quels arguments vous pouvez en tirer pour construire votre raisonnement. - quelle(s) conclusion(s) vous pouvez dégager du texte ou de la citation que vous utilisez. D. RECHERCHER DES OBJECTIONS À LA THÈSE EXAMINÉE Faire des objections à une thèse consiste à envisager les critiques qu’on pourrait lui adresser. Cela implique une évaluation de sa portée et de ses limites éventuelles. Cet aspect de votre travail est essentiel pour trois raisons : d’une part, il met en oeuvre votre capacité à interroger vos propres énoncés, et vous aide donc à problématiser votre réflexion ; d’autre part, il implique une véritable discussion pour savoir si l’objection est fondée ou non, recevable ou pas ; enfin, il vous permettra dans bien des cas de construire des transitions entre les différentes parties de votre copie. Vous pouvez : 1. Chercher les limites : avez-vous pris en compte toutes les composantes du domaine que vous avez examiné ? Avez-vous oublié tel ou tel aspect de la réalité que vous analysez, de la notion que vous déterminez… ? 2. Changer de point de vue : demandez-vous s’il n’existe pas des opinions ou des théories qui, a priori, s’opposeraient à celles que vous venez d’examiner et permettraient de relancer votre réflexion. 3. Trouver un contre-exemple : une thèse ne peut se poser comme vraie que si elle est universelle. Si, dans un seul cas, elle ne se vérifie pas, sa validité peut être entièrement remise en question… 4. Envisager les implications théoriques ou pratiques d’une idée : une thèse a toujours des conséquences. Si ces conséquences sont absurdes logiquement, ou intenables moralement, la thèse elle-même doit être mise en question. [Exemple : la thèse de Calliclès sur la loi du plus fort a des conséquences très difficiles à accepter d’un point de vue moral] Attention : il ne suffit pas d’adresser une objection à une théorie pour détruire celle-ci, car toutes les objections ne sont pas fondées. Vous devez donc discuter de la valeur de ces objections elles-mêmes. Si une thèse répond victorieusement aux objections qu’on lui adresse, sa vérité n’en sera que mieux établie [Exemple : dans son texte sur la raison, Malebranche évoque (implicitement) une objection de type 3 (contre exemple) : certains hommes ne semblent pas voir pas les mêmes vérités que lui. Il répond (explicitement) à cette objection en affirmant que ces hommes-là ne raisonnent pas vraiment, puisqu’ils ne consultent pas la souveraine raison ; cette analyse renforce donc sa thèse.] uploads/Philosophie/ argumenter-et-developper-ses-idees.pdf

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