48 année, N° 20 4° trimestre 1960. AR..GUMENTS SOMMAIRE ------------ LES INTELL
48 année, N° 20 4° trimestre 1960. AR..GUMENTS SOMMAIRE ------------ LES INTELLECTUELS PENSEURS ET INTELLECTUELS Intelligence et pensée (Daniel GUÉE). Les sophistes et Platon (Paul ELTHEN). Rousseau et les encyclopédistes (Georges LAPASSADE). Marx, le marxisme et les intellectuels (Michel MAZZOLA). Principes de la pensée (Martin HEIDEGGER). LA CRISE DES INTELLECTUELS Intellectuels : critique du mythe et mythe de la critique (Edgar MoRIN). Ecrivains et écrivants (Roland BARTHES). L'intervention des intellectuels dans la vie publique (Jean DuvIGNAUD). Le inot Intellectuel (Pierre FOUGEYROLLAS). Les intellectuels et l'économie (Bernard CAZES). EXPÉRIENCE SOCIALE ET IDÉOLOGIE Un fragment inédit sur l'esprit bourgeois (Bernard GROETHUYSEN) . • Une polémique sur la bureaucratie (B. RIZZI - P. NAVILLE}. Une déclaration de G. LUKACS. Rt»ACTION-ADMINISTRATION, 7, rue Bernard-Palissy, PARIS, 68 • LIT. 39-03. C.C.P. Arguments-Editions de· Minuit, 180-43, Paris. Abonnem'ënts (4 numéros) : 10 NF ; étranger : 15 NF ; soutien : 20 NF. Directeur-gérant : EDGAR MORIN. . Rédaction : K. AxELos, J. DUVIGNAUD, E. MORIN. Comité : c. AUDRY, F. FEJ"rô, P. FouGEYRoLLAs, S. MALLET, D. MAscoLO. Secrétaire de rédaction : RÉA AXEi.OS. 1 Le numéro : 3 NF. 1 IMP. D! L'OUl!IT • IA aOClll!UI LIBRAIRIES DEPOSITAIRES D'ARGUMENTS PABIS Quartiff Latin Librairie 73, 73, bd Saint-Michel Librairie Saint-Michel, place de la Sorbonne. Presses Universitaires de France, 49, bd Saint-Michel. Kiosque « Cluny », 23, bd Saint-Michel. Kiosque, 7, bd Saint-Michel. La Joie de lire, 40, rue Saint-Séverin. Montcbrestien, 180, rue Saint-Jacques. Croville, 20, rue de la Sorbonne. Sciences humaines, 13, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Le Zodiaque, 60, rue Monsieur-le-Prince. L'Escalier, 12, rue Monsieur-le-Prince. Le Labyrinthe, 17, rue Cujas. 6• aTTondissement La Hune, 170, bd Saint-Germain. L'Arche, 168, bd Saint-Germain. Le Divan, place Saint-Germain. Le Minotaure, 2, rue des Beaux-Arts. xx• Siècle, 185, bd Saint-Germain. Librairie des Sciences Politiques, rue Saint-Guillaume. Kiosque Deux-Magots, bd Saint-Germain. Kiosque, 147, bd Saint-Germain. L'Unité, 75, bd Saint-Germain. Rivière, 31, rue Jacob. Le Terrain Vague, 23, rue du Cherche-Midi. Cité universitaire : Librairie Montsouris, bd Jourdan. 7e arrondissement : Librairie Echanges. 11, avenue de la Motte-Picquet. Rive droite : Contacts, 24, rue du Colisée (8"). Grenoble : Naney : A~-en-Provence Toulouse : Strasbourg : BordeaU% : Lille: Perpignan Lyon : Montpellier : Bruzelles Genêve : Tunis : Buenos-Aires : Delattre, 133, rue de la Pompe (161.) Librairie du Palais Berlitz, 28 bis, rue Louis-le-Grand (9el Librairie Publico, 3, rue Ternaux (He). Librairie Joachim du Bellay, 9, rue Villebois-Mareuil (17•). PROVIRCB Librairie de l'Université, 2, square des Postes. Le Tour du Monde, 7, rue des Michottes. Librairie de l'Université, 12, rue Nazareth. Librairie Edouard Privat, 14, rue des Arts. Librairie Raach, 10, place de l'Université. Librairie Mollat, 15, rue Vital-Carles. Le Furet du Nord, 11-13, place du Général-de-Gaulle. Librairie André Jans, 35, rue des Augustins. Librairie pour Tous, 32, cours Roosevelt. Librairie La Proue, 15, rue Childebert. Librairie H. Sauramps, 34, rue Saint-Guilhem. ETRANGER Lefebvre, 7, rue des Colonies. Du Monde entier, 5, place Saint-Jean. Librairie Georg et c1e, 5, rue Corraterie. La Cité des Livres, 7, rue d'Alger. Librairie Galatea, Viamonte 564. (Les libraires de France et d'étranger désirant figurer sur cette liste sont priés de nous icrire.l ARGUMENTS LES INTELLECTUELS PENSEURS ET INTELLECTUELS Hegel dit quelque part que les philosophes des Lumières sont les sophistes des temps modernes, ou, plus exactement, que les sophistes étaient les premiers Aufklârer. Les sophistes seraient ainsi comme les u éclaireurs ,, des temps modernes, de véritables penseurs participant productivement au devenir de ta vérité. Pourtant, d'autres philosophes avaient déjà contesté cette possibilité. Le conflit qui oppose Platon et les sophistes, Rousseau et les encyclopédistes, Marx et les idéologues, Nietzsche et les professeurs, Husserl et les visions du monde, Heidegger et les humanistes, signifie essentiellement, nous semble-t-il, que te travail de l'intelligentsia ne se situe pas au m~me niveau que celui de la critique philosophique, de la pensée questionnante et productive. n semble que Les philo- sophes et les penseurs partent de l'intelligentsia à laquelle ils se1·aient tentés d'appartenir pour la contester et la dépasser. Arguments. t INTELLIGENCE ET PENSÉE A certaines époques de son histoire, l'hu.manité semble saisie d'une sorte d'ivresse d'optimisme:. Parce qu'il y a eu, dans telles régions du savoir, des succès reconnus, parce que les formes de la vie sociale et institutionnelle se stabilisent, alors l'esprit ressent comme l'assurance d'avoir prise sur tous les problèmes, de pouvoir tout améliorer à l'infini. On ne doute plus de triompher, à court terme, du mal et de la barbarie si l'adversaire est l'ignorance et que contre lui la culture vient de marquer des points. La culture, c'est-à-dire la diffusion· de toutes les espèces de savoirs propres à régénérer, en l'éduquant, l'espèce hu- maine, et à la transformer en l'instrui- sant. La loi de cet optimisme énonce que la multiplication, l'approfondissement et la diffusion des savoirs permettent. le progrès de l'humanité. Mais il faut compter avec les cata- strophes et les déceptions qui, à tous coups, sont venus bousculer ces espoirs. L'Occident est payé pour savoir comment se concluent ses crises d'euphorie. Et ce que nous a appris l'expérience, c'est, d'abord, que la culture engendre avec soi son équivalence de la barbarie qu'est la bêtise. L'évidence de cette bêtise, les intellectuels n'ont jamais été pressés de la reconnaître. Mais on sait comment d'autres en ont pris acte : Flaubert, ou Bnudelaire, par exemple ... Que,· surtout, le progrès de la culture ne corresponde pas à celui des individus qu'elle prétend former, qu'il soit rever- sible à l'excès, passible des pires déver- gondages, où la barbarie prend toutes ses revanches, cela, l'histoire l'enseigne à satiété. On le constate sans savoir quelles con- séquences en tirer. Les intellectuels ver- ront dans ces déboires non l'effet de la culture, mais l'insuffisance de sa péné- tration. Position d'autant .plus forte que celle qui consisterait à condamner l'in- telligence n'est décidément plus tenable. Mais tout change si le dilemme : pour ou contre la culture est un problème mal posé. Il ne s'agit pas, en effet, de con- tester les progrès que représentent la lutte contre l'analphabétisme ou l'exten- sion des procédés de prophylaxie. Là- dessus tout le monde s'accorde avec 2 monsieur Bornais. La question est d"éta- blir si le processus civilisateur trouve en soi sa justification et sa fin, et si son développement recouvre un progrès non en valeur relative - ce que nul ne conte,;te - mais bien en valeur absolue. Autrement dit : la culture peut-elle changer l'homme en l'éclairant ? L'ins- truction qu'elle dispense se traduit-elle en perfectionnement ? On pressent ici à quelles conditions une telle préte~tio~ serait recevable. Indiquons simplement qu'il faudrait, d'une part, une définition de l'homme comme « animal culturel n c'est-à-dire comme un être qui ne pour~ rait développer, actualiser, la plénitude de son essence que dans et po.r la cul- ture. D'autre part, il faudrait douer cette dernière d'une puissance capable de s'exercer sur les sphères formatives par excellence : la morale, la politique. Ce dernier point, c'est ce qu'affirment les tenants de la culture. Quand les intel- lectuels prétendent, en tant qu'intellec- tuels, avoir des droits de regard privi- légiés sur le monde éthico-politique ils n'affirment pas autre chose. La po~ses- sion des savoirs conférerait alors une légitimité de direction ; l'intellectuel, outre la profession d'informer, aurait le devoir d'éclairer. Et le passage de cette fonction de fait à cette prétention de droit s'opère avec une assurance si natu- relle que chacun a bientôt fait de l'ad- mettre. Au surplus les arguments de ceux qui s'élèvent là contre, sont géné- ralement propres à nous convaincre que, décidément, l'intelligence a du bon. Mais c'est que toute critique est vide tant qu'elle reste extérieure. Pour juger du sérail, encore faut-il en avoir par- couru les détours. La critique contre les intellectuels ne pourra venir que de la pratique même de leur exercice et sur leur propre biotope. Lancinant paradoxe qui permit de confondre Socrate avec les sophistes et accrédita l'accusation de duplicité contre quoi Rousseau dut lutter toute sa vie I Reste que ce paradoxe est inévitable et que l'exercice de la pensée devra faire l'expérience de la pratique intellectuelle avant de la dépasser en philosophie. Si la filiation procède en ce sens, c'est que l'entreprise philosophante ne part jamais d'une absence de pensée : dans l'ordre chronologique au niveau de l'in- dividu aussi bien qu'à celui de l'espèce - il n'existe pas, au départ, d'état de na- ture comme pure indifférenciation, degré zéro de l'esprit. La pensée ne peut faire que l'expérience de schémas culturels déjà présents, de réseaux tout faits d'évi- dences pratiques et cognitives qui la capturent et la mobilisent sans attendre. Cette sujétion immédiate n'entraîne pas le sentiment d'une dépendance imposée, car elle offre les avantages de l'effi.: cience et le prestige de l'autorité. Mais parce qu'il est dans la nature de la pen- sée de se ~épasser sans répit, de ne pas se complaire au niveau de l'acquis, de chercher ses fondements au delà des certitudes convenues, elle est appelée à transcender ce qui d'abord la normalise en la contenant. Seulement une fois que uploads/Philosophie/ arguments-n20.pdf
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- Publié le Dec 09, 2022
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